CULTURE

Xavier Douroux, un homme de l'art

Xavier Douroux est décédé. Président du Consortium à Dijon, il avait superbement assuré le commissariat artistique de l’exposition Hartung à Landerneau.

On rend finalement assez peu hommage à ceux qui, par passion ou par professionnalisme, donnent leur énergie à la scène artistique. Scénographes, médiateurs de la culture, conservateurs, professeurs d’art, commissaires d’expositions: ils sont dans l’ombre des artistes ou des œuvres mais ils sont en fait les artisans-militants d’une offre culturelle de qualité.

 

Xavier Douroux se savait condamné. Alors qu’il travaillait avec notre équipe pour présenter la première grande rétrospective Hartung à Landerneau, il nous avait d’abord fait partager sa joie d’une possible rémission puis signifié qu’il s’agissait d’un trajet sans retour. De fait, à Landerneau, il nous a tout donné.

 

J’aimais bien cet homme, cofondateur en France d’un réseau de centres d’art dont à Dijon le Consortium fut le phare. Découvreur non marchand de belles figures de l’art contemporain, il sut les voir et les promouvoir: Cattelan, Lavier, Mosset, Veilhan, … Pionnier encore dans l’édition, il créa les Presses du réel. Généreux et désintéressé financièrement, c’est le Consortium qui fut destinataire de son contrat de commissariat, alors que c’est lui personnellement qu’on avait choisi.

 

Il prit souvent parti, il eut des coups de sang, au point d’apparaître dogmatique à certains, quand lui disait simplement sa passion. Passion pour la peinture française et européenne, passion pour un rapport décomplexé à l’art, pour la démocratisation et pour l’accès à la culture. Il aimait mettre les œuvres en résonance, un Twombly face à Hartung, un Polke face à Schneider, rapprochement évident et réaliste mais aussi provocateur et de pure imagination, histoire d’amener le public et les critiques d’art à sortir d’un champ de vision trop codifié.

 

Je l’ai côtoyé une dizaine de fois ces deux dernières années, à Antibes, à Paris dans les bureaux de MEL Publisher, notre jeune société d’édition d’art, et à Landerneau dont il arpentait les rues avec bonheur. Les yeux plantés dans les vôtres, il pouvait être, mine de rien, un sacré manipulateur d’idées et d’émotions. Mais, bienveillant, il obtenait l’attention, l’écoute, pratiquait sur vous une sorte de maïeutique qui vous enrichissait car au final il vous accordait ainsi la reconnaissance et le plaisir de partager un même regard sur l’art.

 

En venant nombreux, le public a dit son adhésion. A Landerneau, il laisse la trace d’une exigence aiguë mais aussi d’un homme chaleureux, pédagogue et fraternel.

Toute l’équipe du Fonds Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau lui souhaite longue vie là où il s’en est allé.

2 Commentaires

RIP! Je ne connaissais pas l'homme, mais vous lui rendez un bel hommage, très touchant.
Xavier Douroux. Le contraire de ces parasites qui prolifèrent dans le milieu de l'art, au crochet des amateurs, des mécènes, des artistes même, bavards pompeux et hautains de tous âges, frustrés ineptes : des creux avec du vide autour.
Xavier Douroux vous a accompagné pour cette formidable exposition au FHEL. Quelle chance! Quelle chance nous avons eue, spectateurs, et vous plus encore cher Mel, dee l'avoir ainsi rencontré.
Le monde des amateurs simples et authentiques est bien triste.

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