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« LECLERC-FOURNIER » : retour sur l’hyper duel

Comme beaucoup de téléspectateurs, j’ai regardé, jeudi dernier 5 mars  sur France 5, le documentaire « Leclerc/Fournier, l’hyper duel ». Le réalisateur, Philippe Allante, souhaitait illustrer l’impact de la révolution commerciale sur la société française (consommateurs, industriels, commerçants) en mettant en parallèle les parcours d’Edouard Leclerc et de Marcel Fournier (fondateur de Carrefour). Eh bien, vraiment : le « produit » est réussi. C’est un bon documentaire avec beaucoup d’images qui sont comme autant de témoignages passionnants, même si les commentaires donnaient place à des interprétations assez éloignées de la vérité historique.

Après en avoir reparlé avec ma mère (dont le témoignage dans le documentaire est celui d’une co-fondatrice, ne l’oublions pas), avec d’anciens adhérents et des salariés du mouvement, je dois le dire avec autant d’abnégation que j’avoue avoir snobé le réalisateur, cette saga devrait susciter l’intérêt de tous ceux qui observent aujourd’hui la nouvelle mutation commerciale.

Les nuances que j’exprimerais se situent plutôt sur le plan historique, parfois anecdotiques, mais touchant quand même quelquefois à l’essentiel.

1)    La forme d’un duel, si elle a le mérite de rythmer le film, constitue évidemment un parti pris ex post qui donne à croire que les deux hommes étaient obsédés l’un par l’autre…et conduit forcément à des stéréotypes.

En l’occurrence, Edouard n’a jamais été obsédé par la personnalité de Marcel Fournier et ne l’aurait pas été par Carrefour si ce n’est à partir des années 80 sous la pression d’adhérents qui découvraient la force du concept dans leur zone de chalandise. Certes, Marcel et Edouard se sont rencontrés et ont débattu à Annecy. Marcel ne représentait pas encore Carrefour (une puissance, un concept). A ma connaissance (opinion partagée par Hélène Leclerc), il n’est même pas sûr qu’ils se soient rencontrés par la suite.

De toute façon, Edouard (c’est un peu ce que disait Olivier Dauvers dans le documentaire) ne voulait pas se laisser influencer par les autres. Et puis vous savez quoi, je crois pouvoir affirmer que de lui-même, mon père n'a jamais pris l'initiative d'aller visiter le magasin d'un concurrent.

Sur le terrain, notamment en Bretagne, les concurrents s’appelèrent Rallye ou Record avant que les implantations de Carrefour ne soient vraiment substantielles dans les années 90. Bien après la fin de période couverte par ce documentaire.

Ensuite, si cette « peopolisation » des deux hommes a une raison d’être (ils « incarnaient » vraiment leurs idées et leur action), la focalisation sur ce prétendu duel a occulté le rôle très important d’autres acteurs de la distribution de l’époque : Jean Haas, fondateur d’Asseco, puis co-fondateur d’Euromarché, qui mit fortement à l’épreuve le modèle des Centres E.Leclerc à Grenoble (années 55-56). Et le dynamisme formidable, la capacité de rebond de quelques grandes familles propriétaires de réseaux succursalistes : les familles Halley (Promodès/Continent), Cam (Rallye), Decré (le frère de celui dont on a la version industrielle dans le documentaire), les Guichard-Perrachon (Casino) et les familles Meyer-Houzé dont les magasins furent en fait les principaux concurrents des centres E.Leclerc jusqu’à la fin des années 80.

Ce prisme, cette manière de privilégier le duel Leclerc/Carrefour a peut-être sa raison d’être comme point de départ vu qu’aujourd’hui les deux enseignes aiment se positionner l’une par rapport à l’autre. Mais je veux témoigner qu’Edouard, sauf à prôner « les parkings couverts » dans notre Bretagne pluvieuse, n’était pas un pro de l’innovation technologique, et s’il fut sceptique sur la formule hypermarché, il n’en fut pas moins le premier Leclerc à en ouvrir un. Peut-être aussi, tout simplement, ces querelles d’apparence quasi idéologique masquaient l’incapacité financière, même des plus puissants adhérents E.Leclerc, pour acquérir des fonciers et construire un immobilier dont les montants furent longtemps loin de leur portée.

2)    Stéréotype ou, en tout cas, facilité…que de vouloir expliquer le départ d’adhérents importants avant 69, y compris la scission avec Intermarché, par un supposé refus d’Edouard de faire accéder son enseigne à l’hypermarché. Que nenni !

Le départ de puissants adhérents, vers les années 65, tels Lemaire, Degaey dans le Nord, Brand dans l’Est ou Montlaur dans le Sud, était explicitement motivé par le fait que leurs leaders, après avoir fait leurs armes dans l’enseigne E.Leclerc souhaitaient mettre leur nom sur les frontons de leurs magasins. Ces départs n’ont pas donné lieu à de violentes polémiques. Encore moins, personnelles. Edouard était le parrain de la fille des Degaey. Les Montlaur qui étaient amis de mes parents, voulaient une exclusivité régionale et en quelque sorte récréer un système succursaliste à l’intérieur du mouvement. Certains compagnons de la première génération ont hésité, mais finalement chacun a joué la partition qu’il souhaitait sans vraiment de déchirement. De l’amertume, des interrogations, forcément !

Pas plus les partisans de Jean-Pierre Le Roch qui créèrent l’enseigne « Ex-Offices de distribution » avant de fonder Intermarché, ne quittèrent l’Association des Centres E.Leclerc…pour créer des hypermarchés. Au contraire, ceux qui restèrent avec Edouard (André Jaud à Laval, Michel de Guitarre à Poitiers, les Nantais Payraudeau, Fourage, Jonchère à Angers) se sentaient prêts à accéder à la gestion de magasins de 3 à 4 000 m². A l’inverse, Jean-Pierre Le Roch ne croyait pas à la capacité des plus petits magasins de franchir ce pas et préconisait une organisation structurée, faite de participations croisées entre magasins et centrales régionales, ce dont Edouard ne voulait pas entendre parler.

Les scissionnaires dans ces années-là ne sont donc pas partis pour construire des hyper quand Edouard s’y serait opposé. Mais incontestablement, c’est l’ouverture de Carrefour et l’accélération du rythme d’implantation des hyper, notamment perçue par Jean-Pierre Le Roch, qui sont à l’origine de la querelle. La précision est d’importance si l’on veut par exemple comprendre l’écart qui sépare les options choisies par les adhérents E.Leclerc (« tout sur l’hyper ») et les difficultés stratégiques que vivent les associés U aujourd’hui.

3)    Enfin, si j’ai trouvé passionnante et riche d’enseignements cette relation épique de l’évolution des deux personnages, elle ne donne pas à comprendre comment ces deux-là ont pu évoluer, souvent bien au-delà des principes qu’ils affichaient. C’est qu’évidemment ces deux hommes, sans leurs adhérents ou leurs associés et actionnaires, auraient certes construit leur entreprise révolutionnaire (Edouard et Hélène Leclerc ont bien construit leur magasin seuls, sans attendre d'émules),  mais sans les développements qu'on leur connaît aujourd'hui.

Olivier Dauvers, s’agissant d’Edouard, parle éventuellement d’opportunisme. Probablement vrai ! En fait, concernant les aspects techniques ou même pratiques, les positions d’Edouard ont évolué au gré des échanges avec ses adhérents-leaders ou au gré de leurs pressions.

Pour Edouard, un supermarché ou un hypermarché ça reste « un chapiteau », ou vu de son Landerneau, « un parapluie » qu’on ferme ou qu’on ouvre. De même que chez Intermarché, c’est un associé (Rioton à Chartres) qui a osé ouvrir l’enseigne à l’aventure de l’hyper, chez E.Leclerc, les André Jaud (Laval), Claude Hervé (au Mans), De Guitarre (Poitiers), les Nantais (Payraudeau et Fourage) ont converti mon père mais aussi tous les autres adhérents à la nécessité d’augmenter les surfaces, de développer les gammes et même, très tôt, le non-alimentaire.

Les marques de distributeur ? Autant les produits libres étaient un coup génial de l’ancien journaliste Etienne Thil avant d’être celui de Jacques Séguéla, autant les adhérents E.Leclerc préféraient (déjà) faire porter la comparaison sur les marques connues, ce qui valorisait leur système. Le revirement sur le sujet fut moins idéologique que pragmatique. La conversion des centres E.Leclerc à la MDD est venue de la loi Galland limitant la baisse des prix sur les marques. La MDD pouvait alors devenir un vecteur de prix.

De même pour Marcel Fournier. Présenter le départ de cet homme parce qu’il aurait été animé par une vision purement financière de la chose ou jaloux du succès des Defforey…tout cela est quand même très réducteur. De même qu’Edouard est venu à la distribution sans avoir été épicier (il aurait aussi bien pu être industriel), de même Marcel Fournier n’est pas l’homme d’un seul projet. On l’entend bien d’ailleurs dans le documentaire. A la question de savoir où il investirait l’argent de l’introduction en bourse de Carrefour, il évoque toute une série d’investissements qui n’ont rien à voir avec l’hypermarché.

4)    Le documentaire n’évoque finalement que très peu la relation avec les industriels. Le témoignage du patron de Frigécrème, l’un des frères Decré, est tout de même symptomatique d’un vrai revirement au milieu des années 60. Mais s’il est vrai que « le crédit fournisseur » contribua à l’essor financier de la distribution moderne, ce serait trop réducteur de limiter la lecture des rapports de force à cette question. Au départ, les industriels ont joué la carte de l’expérience Leclerc. Comme d’ailleurs il est vrai que certains comités d’entreprise (Merlin Gerin, la Mécanique de Nanterre) voulaient se lancer directement dans l’aventure (ce qu’on n’imagine pas aujourd’hui !). Puis les succursalistes ont fait pression sur les fournisseurs, d’où l’origine des vagues de refus de vente contre lesquelles se battirent mes parents qui saisirent le politique (Fontanet, Debré) de cette question. Les Leclerc furent re-livrés mais à quelles conditions ? Le propos de Decré livré un court instant dans ce documentaire est tout à fait réaliste. A partir de cette époque, les Leclerc se sont organisés. Ils ont créé le Groupement d’Achats, découvert combien les premiers Leclerc achetaient cher malgré la révolution du circuit court, et Edouard naïvement abusé. Oui, au milieu des années 60, les Leclerc ont changé de tactique vis-à-vis des industriels et ont commencé sérieusement à négocier. Mais somme toute, il s’agissait d’une mise à niveau. L’histoire (qui n’en finit pas, n’est-ce pas !) a fini par coller sur les centres E.Leclerc cette image de négociateurs pugnaces.

Voilà, j’ai été un peu long, mais l’histoire de la distribution ces soixante dernières années est particulièrement riche d’enseignements.

Et à l’heure d’une mutation (Internet, la digitalisation) au moins aussi puissante que la création du premier hypermarché, j’invite étudiants et professionnels à s’en nourrir.

Il y a deux ans, j’ai demandé à ce que le Mouvement s’associe avec l’université (chaire d’histoire de la Sorbonne) pour que des étudiants viennent trier, sélectionner et interpréter tous ces documents qui constituent son histoire. Je vous invite à consulter de temps en temps le site « Histoire et Archives E.Leclerc » ou à contacter Anaïs Legendre (anais.legendre@e-leclerc.com).

13 Commentaires

Précisions plus que structurantes, très éclairantes et réellement passionnantes!
Merci pour ces informations complémentaires très utiles qui permettent de dépasser les partis-pris visiblement un peu réducteurs du documentaire...
Impossible de trouver un contact, je pense qu'une arnaque est en train de se faire via téléphonique. On vous informe avoir gagné un panier de 150 euros avec un numéro de bon à l'appui, mais vous devez contacter le 08XXXXXX pour obtenir la validité. Je l'ai fait et si l'on décroche personne ne répond, ensuite nous avons des numéros étranges qui appellent. Je voulais juste avertir.
Merci pour cette alerte, je préviens nos services. Bien à vous. MEL
L ' un c 'est l hypermarché a la française , pour Carrefour c 'est l hypermarché a l

américaine !
Bonjour MEL,
Un peu long ? peut-être, mais tes commentaires sont clairs et reflètent assez bien la réalité.
De même que les "Leclerc" voulaient des prix bas sur les marques fortes, les "Carrefour" également; j'ai souvenir d'un bref échange avec Denis Defforey à la SAMOD sur les marques de distributeurs terminé par un péremptoire :
"le discount c'est sur les marques ! Lesieur, Kronenbourg, Amora, Astra, ..." C'était clair dans son esprit, mais c'était fin 1974, un an et demi avant les Produits Libres (sic) !
Encore un point commun, ils ne voulaient pas de logistiques élaborées, chez Carrefour un patron de magasin était une sorte de seigneur sur son établissement, décentralisation oblige, un peu comme les adhérents de la première génération.
Mais pour le reste je pense que le reportage a effectivement oublié le volet évolution sociétale en opposant deux HOMMES qui, se ressemblaient, mais pas pour tout.
Monsieur Marcel Fournier était un bon vivant qui quand il visitait l'un de ses magasins invitait tout l'encadrement à faire une "bonne bouffe" le soir de sa visite, repas au cours duquel il ne manquait pas de rappeler quelques principes de base de Carrefour !
Merci quand même à Philippe Allante pour son travail, merci à toi Michel pour tes commentaires éclairés du vécu.
Je vais suivre ton conseil, et aller visiter Histoire et archives E.Leclerc.
Bonjour Michel,

je n'ai malheureusement pas pu visionner ce documentaire,savez-vous s'il est disponible quelque part ( youtube ....) ? .
Il est disponible sur http://www.france5.fr/emissions/duels/diffusions/05-03-2015_306471 jusqu'à jeudi minuit.
Pour prolonger la passionnante intervention de Michel-Edouard Leclerc, je pense que la "querelle" Leclerc-Fournier est un peu anachronique car, à l'époque, Marcel Fournier a toujours été reconnaissant à Edouard Leclerc de l'avoir éclairé sur le concept du discount et il a toujours salué la réussite de son concurrent, "un véritable épicier" disait-il. J'aurais pu ajouter dans le documentaire la réponse de Marcel Fournier lorsqu'on lui demandait les clés de la réussite de Carrefour : " 80% grâce à Trujillo et 20% grâce à Leclerc".
Merci à Hervé Paturle (auteur de 'Marcel Fournier, l'hyperman" éditions La Martinière), pour ce rappel que lui seul pouvait faire ! ;-) Amitiés. MEL
Cela rappelle évidemment la fameuse réplique de Bernardo Trujillo : "Il faut 80% de tripe, 18% de chance et 2% capital" pour débuter dans le secteur... ;-)
Michel Edouard Leclerc

votre entrée dans la mêlée, sur la toile, est une nouvelle fois celle d’un arrière inspiré qui plutôt que de botter simplement en touche relance magnifiquement le propos.

En tant que réalisateur, je suis à la fois agréablement surpris par la justesse de votre regard de spectateur certes forcément « un peu particulier ».
Je concède bien évidemment que la notion de « DUEL » est un principe qui a ses limites, et que le « mano à mano » entre Edouard LECLERC et Marcel FOURNIER, même s’il se pose sur un fait bien concret, d’un soir de décembre 1959 à Annecy, est ensuite cerné en forçant un peu le trait.
Mais tout au long du montage, j’ai orienté le récit pour qu’il ne tombe jamais dans la caricature.
Il fallait être simple sans être simpliste. Réaliser un tel documentaire, c’est être aussi un peu funambule et beaucoup artisan. Alors, quand, j’ai vu la masse de faits et d’histoires à synthétiser entre les deux duellistes, il y avait de quoi avoir le vertige.

Mais c’est vrai qu’au tout départ, j’ai eu le souhait de réaliser en concertation avec Yves Soulabail, un film qui raconte de manière un peu plus large, l’étonnante histoire de la révolution des modes de consommations des français et surtout des françaises, il y a un peu plus de deux ans. Il s’agissait d’être au rendez-vous de la date clé de l’anniversaire de Juin 1963 et l’ouverture du premier hypermarché à St Geneviève des bois.

En effet, j'ai toujours considéré que l’histoire en télé devait être vivante et connecter les spectateurs à l’évolution de leur quotidien. C’est pour cela que j’ai réalisé plusieurs séries documentaires à propos de l’Histoire de la Cuisine ou de la Mode, en revisitant la grande histoire à travers le prisme de cette vie de tous les jours.
Ce scénario a intéressé France Télévision, mais n’a pas abouti, car la grande histoire économique est difficile à placer dans une case, même après 22h30.
Donc quand France 5 a lancé la série DUELS, j’ai immédiatement pensé que l’opposition de visions entre EDOUARD LECLERC et MARCEL FOURNIER, à propos des débuts de la grande distribution, comportait tous les ressorts pour enfin raconter cette période fascinante de la mutation du visage économique et commercial de la France.
Certes cela imposait une grammaire de narration un peu systématique dans la manière de mettre en exergue l’opposition, qui pour le coup c’est faite grandement à distance.
Les ficelles du DUEL, ont néanmoins un effet positif, c’est d’organiser un récit tendu, tonique et à priori palpitant, qui se démarque du ton des documentaires classiques.
Et «  ce produit » s’il vous a semblé réussi a captivé l’attention de plus de 360 000 personnes lors de sa diffusion, et le décompte des nombreux visionnages sur internet via PLUZZ ne sont pas encore achevés.
Si ce n’est que des chiffres, cela permettra de savoir si finalement l’histoire de ces deux visionnaires ouvre la voie à d’autres histoires autour du commerce à la télévision française, un domaine qui mériterait d’être mis beaucoup plus en lumière.
Car c’est le commerce qui a obligé l’humanité à se lancer dans l’écrit avec les premières écritures Cunéiformes, il y a plus de 3000 ans. Et aujourd’hui, il mène le monde, tout autant que des assemblées qui gesticulent dans des hémicycles.
Et pourtant, les rendez-vous sont rares, quand il s’agit de raconter des histoires économiques et décryptant des rouages.
Il faut néanmoins souligner que l’équipe de la programmation de DUELS avec à sa tête Isabelle Morand, a déjà proposé de belles histoires en la matière, comme le face à face entre PINAULT et ARNAULT ou Steve JOBS et Bill GATES, racontant indirectement là aussi des mutations inouïes dans le luxe ou l’informatique.
Fin de la parenthèse.

Donc tout cela pour dire, que je vous concède l’impression d’un certain « stéréotype », j’en suis tout à fait conscient. Et il va de soit aussi, que certains points auraient mérités d’êtres plus détaillés, le raccourci en histoire est toujours un exercice de style très délicat. Mais, on sait très bien que le média télévisuel ne tolère pas la parenthèse, comme je viens de le faire.
Effectivement, la concurrence entre Carrefour, Leclerc et les autres enseignes a été aussi une véritable géostratégie avec d’autres grandes familles et succursalistes.
Et bien sûr, que Jean Haas, les familles Halley, Cam, Decré, Guichard-Perrachon, Meyer-Houzé, Jung sans oublier Mulliez, ont tous été de grands artisans, du tout sous un même toit et d’un discount des prix en réduisant les intermédiaires, dans la foulée d’Edouard Leclerc et de Marcel Fournier. Et cela serait aussi la trame d’une histoire passionnante ou même d’une série et vos éclaircissements, Michel Edouard, à ce sujets sont déjà très précieux.

Mais ce que je souhaitais par dessus tout, c’était au-delà des faits, démontrer la fabuleuse intelligence d’adaptation, le flair économique et politique, de deux hommes aux profils radicalement opposés, qui ont su devenir des précurseurs.
En définitive, je trouve que les paroles d’Olivier Dauvers, collent finalement bien à Edouard comme à Marcel : « il fallait être sacrément gonflé… ». Ils l’étaient tous les deux, totalement, avec leurs caractères, leurs vices et beaucoup de vertus dont certaines restent exemplaires.

Résultat, ce DUEL à non seulement influencé la construction d’un modèle économique « à la française » qui s’est exporté à travers le monde, mais il a eu le mérite un demi-siècle plus tard d’ouvrir un intérêt pour une histoire qui a modelé nos existences.
Un intérêt qui peut se perpétuer, en continuant à échanger des témoignages entre historiens et spécialistes, comme s’apprête à le faire Jean-Marc Villermet, en Savoie.
Autre point mis à jour par ce film, c’est le poids des images, dont certaines étaient diffusées pour la première fois à la télévision. Et je sais qu’avec Anaïs Legendre, vous accordez un intérêt particulier pour préserver, documenter, ce qui est aujourd’hui un patrimoine précieux qui doit être relayé aux générations futures.
Un souci, qui devrait être partagé par d’autres acteurs majeurs de la grande distribution...

Car si l’écriture de cette histoire, fut quelque fois un véritable casse-tête pour trouver le bon tempo entre oppositions de deux visions tout en posant à chaque fois le contexte économique, il fut aussi un pari très complexe pour trouver des images à la hauteur du récit.
Alors, la réussite de ce film repose aussi sur des passions individuelles, comme celle d’Yves Soulabail à collecter des trésors comme celui légué par Etienne Thyl, ou celle d’Hélène Zinck. Comme archiviste, elle a véritablement mené des enquêtes dans les fonds d’archives en Bretagne, en Savoie ou aux Etats-Unis, pour retrouver des images qui ont magnifiquement collé au récit.

En définitive, l’histoire de la grande distribution est passionnante sous bien des formes et des aspects, parce qu’elle révèle des personnages passionnés et passionnants, et votre intérêt pour cette page d’histoire le révèle aussi, comme l’ont été les témoignages dans ce film d’Hervé Paturle, Jean Méo, Claude Sordet, Paul Dubrule ou Jacques Seguela.
Mais mon ultime regret, face à mon combat contre le chronomètre des 52 minutes, c’est de n’avoir pas pu accorder encore plus de place au témoignage d’Hélène Leclerc. Car cet entretien fut riche avec celle qui fut véritablement la « co-fondatrice » de l’expérience Leclerc. J’ai sincèrement admiré son courage pour raconter avec précision, simplicité et néanmoins émotion, les tournants du début de ce qui fut une véritable aventure et qui mériterait là aussi un documentaire à part entière.
Quand, j’avais parlé avec elle du projet d’interview, je lui avais dit : « s’il y a une femme qui doit intervenir, dans cette histoire un peu trop masculine à mon goût, c’est vous ! ».
Et je pense, que sa présence, donne un éclat tout particulier à ce film.

Voilà, je lâche la mêlée, pour reprendre la préparation d’une série documentaire, cette fois pour ARTE, à la découverte des nouveaux eldorados du goût en Amérique, mais cet Hyper Duel aura été pour moi, aussi une histoire de très belles rencontres, ici comme tout au long des 8 mois de la réalisation de ce film.

P.A
"Comme beaucoup de téléspectateurs" vous indiquez en début d'article... nous avons eu les chiffres : 358.000 téléspectateurs (0,6% de point d’audience et 1,5% de part de marché) + 7000 en Pluzz. Un bon score sur la moyenne de la case, comme l'on dit.
Cliente depuis 1999, voue êtes le groupe commerciale le plus propre et bien approvisionné de Nantes.
Celui que je préfère et chez qui je fais mes courses depuis des années. toutes les semaines avec mes enfants, qui elles aussi les faisaient chez vous.
Je vous ai laissé depuis ces années les milliers de francs puis d'euros.
Maintenant J'ai 71 ans, et il serait temps impérativement de prendre en compte les gens qui vous sont fidèles ,qui vous on fait vivre depuis des années, et qui vieillissent.
J'ai besoin comme tant d'autres à mon âge de me faire porter mes courses trop lourdes à domicile, et personne ne se bouscule au portillon.
C'est grave, car tout est fait à grand coups de pub qui valent des millions pour les familles jeunes et qui travaillent....mais les personnes âgées qui avons contribué à votre développement n'entrent pas en compte. J'ai envie de pleurer de me sentir lâchée. Rien n'ai fait pour nous !.
Repensez rapidement a cette demande avant que je ne décède. 13/05/2156

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