Négociations commerciales 2019 : le point
ÉCONOMIE Actus / Débats

Où en est-on dans le feuilleton des négociations commerciales ?

Objet de tous les fantasmes, motif d'éructation ou d'accusation avant même qu'elles ne commencent (mais chaque lobby tente de justifier ainsi de son utilité), et feuilletonné dans les médias spécialistes de l'alimentaire, cet épisode singulier de la vie des affaires commerciales françaises est toujours éprouvant pour ceux qui y sont confrontés. Et quand bien même ceux-là veulent bien faire, ils ne seront jamais (hélas!) valorisés.

C'est d'ailleurs un sujet de plaisanterie pour nos partenaires européens qui n'en reviennent toujours pas. Les équipes de négo de Rewe (Allemagne), d'Ahold-Delhaize (Etats-Unis, Pays Bas, Belgique) ou de Coop Italia ironisent en découvrant une France kafkaïenne avec ses formalismes insensés et la politisation permanente des enjeux commerciaux.

Quand dans toute l'Europe, la négo est libre et permanente, en France elle est surveillée par une administration qui oblige à des rapports d'étapes et s'invite à la discussion. Elle commence un peu avant Noël pour se finir… sous la pression du salon de l'agriculture. Vous voyez le contexte !

Pourtant, aujourd'hui, je peux confirmer : les discussions entre E.Leclerc et ses fournisseurs ont plutôt bien démarré, et c'est la bonne nouvelle que j'ai présentée à Didier Guillaume, le nouveau ministre de l'Agriculture (que j'ai trouvé ouvert et au fait des dossiers), lors de notre rencontre la semaine dernière. Je lui ai confirmé que les E.Leclerc appliqueront les EGA et qu'il est inutile de leur faire par avance un mauvais procès. Et je l'ai briefé sur l'avancée d'un certain nombre de dossiers.

  • Les PME : le mot d'ordre donné aux négociateurs reste bien d'utiliser le discernement, avec un objectif d'avoir bouclé les négo pour la mi-janvier afin d'offrir aux PME une visibilité renforcée. On fera le bilan dans quelques jours.
     
  • Valorisation des nouveaux modèles alimentaires : les E.Leclerc mettent la dernière touche à plus de 125 accords avec les fournisseurs bio, et lancent en parallèle des filières HVE (Haute valeur environnementale) avec financement de transition alimentaire. Ce dossier concerne autant les marques nationales que la marque de distributeur (Bio Village, Nos Régions ont du Talent et Marque Repère).
     
  • Circuits courts : 1500 nouveaux partenariats "Alliances locales" ont été conclus et portent le total des fournisseurs de proximité à 15.000. La tendance est la bonne.
     
  • Le mass-market et les grandes marques : là-aussi je crois qu'on pourra annoncer début janvier, quelques beaux accords (notamment sur des produits dits sensibles) à l'instar de ce qu'a déjà fait Thierry Cotillard pour Intermarché. Mais il s'agit encore de s'assurer que le niveau de rémunération de l'amont (donc des producteurs français) sera positivement impacté. On attend la confirmation par certains industriels avant que de communiquer.
     
  • Autant sur le lait je pense que les acheteurs obtiendront les engagements nécessaires des fournisseurs, autant sur le porc c'est plus compliqué. Kermené, l'abattoir du groupement E.Leclerc (qui s'approvisionne déjà en porc 100% français…dont breton ?) est en train d'organiser des filières d'approvisionnement plus valorisées. C'est d'ailleurs Kermené qui achète le plus cher au marché au cadran de Plérin.
     
  • Pour les charcutiers de grandes marques, et quelques grands transformateurs, il faut trier dans les demandes d'inflation tarifaire car les importations représentent parfois jusqu'à la moitié de leurs approvisionnements. Ah ! s'ils achetaient français, ce serait plus facile…

Même Christiane Lambert en conviendrait, la loi EGA n'ont pas été pensée pour revaloriser le porc allemand, espagnol ou polonais.

Dans un courrier que je lui ai écrit récemment, je lui ai confirmé que nous serions bons élèves des EGA, et en tenant chronique sur ce blog de nos avancées, je peux dire sans la moindre hésitation qu'E.Leclerc sera au rendez-vous de 2019 pour participer à la revalorisation du revenu agricole.

Pour le reste, je persiste à penser que nous obliger à augmenter le Ricard, le Coca-Cola et le Nescafé dès le 1er février en magasin n'aura aucun impact sur le niveau de vie des agriculteurs français. Ceux qui ont inventé ça sont vraiment des tordus, bon courage aux responsables politiques de LaREM pour le vendre aux consommateurs dans quelques semaines !

 

Photo : Cheick Saidou.

2 Commentaires

Salut Mel, vous avez bine raison de faire ce bilan d'étape vous même plutôt que de laisser ce soin à vos détracteurs.
C'est clair et concis. Charité bien ordonnée...
Mais bon, si j'ai bien tout suivi, les prix vont tout de même augmenter!?!?
Ca va pas être facile pour le politique de mettre cela sur le dos de Benalla, même si ce dernier semble se donner beaucoup de mal pour se prendre des portes en pleine figure...
Bonnes fêtes de fin d'année! En attendant les hausses...pfff...
La nouvelle loi, c’est grosso merdo 34% de remise Max sur l’alimentaire. Pourtant les offres du premier catalogue de l’année s’affichent avec 50% de remise sur la carte certes ce n’est pas une baisse immédiate mais lorsque je lis origine de la viande française sur certains produits je me demande quel est le tour de passe qui permet de le faire quand d’autres se contente de 34%.
Toujours est-il qu’avec des remises qui vont jusqu’à la gratuité voir plus du produit, il va être compliqué d’arrêter la perfusion du consommateur. Tout cela dans un contexte fort tendu entre gilet jaune et scepticisme lié au prélèvement à la source
Joyeuses fêtes

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