Alimentation : tirer le modèle nutritionnel français vers le haut
ÉCONOMIE Consommation

États généraux de l'alimentation : tirer le modèle nutritionnel français vers le haut

Vendredi soir, j'étais invité de Jean Leymarie, sur France Info, pour évoquer les enjeux des Etats généraux de l'Alimentation qui approchent.

Nous avons échangé sur l'engagement de E.Leclerc auprès des éleveurs de vaches laitières, dont nous souhaitons que les industriels leur reversent l'intégralité des bénéfices. Extrait vidéo ici. Mais les enjeux des États généraux de l'Alimentation vont bien au-delà de ce sujet, c'est  l'ensemble du modèle alimentaire français qui doit être redéfini. Voici l'intégralité de mon entretien avec Jean Leymarie (version texte puis version video).

 

Franceinfo : Êtes-vous prêts à tout changer ?

Je peux tout mettre sur la table dans la transparence. Mais surtout dans la volonté de sortir de ces querelles très corporatistes qui n'existent pas dans les autres pays comme l'Espagne, pourtant à forte tradition agricole. Tous les étés, il y a une raison de protester contre le mode de fixation des prix du lait, de la viande. Pour ça, les États généraux de l'alimentation peuvent constituer une formidable opportunité de remettre un peu chacun en responsabilité. Au producteur de dire quel système de production il veut développer. Aux industriels de mettre en scène une autre manière l'offre agricole nationale transformée. Et au distributeur de mieux la valoriser.

Franceinfo : Quelles propositions allez-vous avancer lors de ces États généraux de l'alimentation ?

Les centres E. Leclerc répondront très positivement à toutes les tables rondes, même si pour l'instant c'est un peu flou. Je pense que l'occasion nous est donnée par le gouvernement de tirer le modèle nutritionnel français vers le haut. On aime tous les traditions, mais c'est beaucoup de gras, de sel, de sucre. C'est le moment de mettre le curseur qualitatif à la hausse. Ce sera l'occasion de mieux rémunérer le producteur. C'est en ça que les États de généraux l'alimentation peuvent être une grande cause nationale.

À quoi êtes-vous prêts sur les rémunérations des producteurs ?

Nous achetons à des transformateurs. Et voyant la détresse de certains producteurs, on n'attend pas les tables rondes, on dit ce qu'on est prêts à payer. Par contre on exige des transformateurs qu'ils répercutent aux producteurs ce supplément d'argent. On leur demande un engagement, mais pour le moment nous n'avons pas de réponse.

Êtes-vous favorable à un système de prix garanti ?

Seul l'État peut cautionner un système collectif comme ça, sinon c'est une entente, et c'est prohibé par la loi. C'est au consommateur aussi de s'exprimer. C'est à l'État de prendre ses responsabilités. Par contre, sur le moyen terme et le long terme, plutôt que de régler le problème comme ça, en gestion de crise, il vaut mieux aider les entreprises, les groupements de producteurs, qui ont tous fait des efforts et qui entraine le système vers un mieux disant qualité. Il faut les aider à considérer que ça peut constituer une rémunération supplémentaire.

Cette guerre des prix que vous avez menée est-elle finie ?

La moyenne des prix français était plus élevée que la moyenne des prix européens. Dans les filières, des personnes s'en mettaient plein les poches. Aujourd'hui on est à la fin d'un cycle qui a remis le prix français dans la moyenne des prix européens. La concurrence va continuer mais l'effet de mise à niveau des prix français est fini. Le prix français était 7% plus cher que la moyenne européenne il y a 5 ou 6 ans. Aujourd'hui nous sommes dans la moyenne européenne. Moi je vois que les Français ont envie d'avoir des produits de meilleure qualité, mais ils n'ont pas envie de se les payer à des prix inabordables.

2 Commentaires

Bonjour MEL,
Ca ne me parait pas bien parti cette histoire d'états généraux de l'alimentation?!?! Je ne sais pas ce que vous en pensez mais ça donne un peu l'idée que le gouvernement veut passer l'été au sec vis à vis de la FNSEA plutôt que d'accompagner l'ensemble des acteurs à repenser en commun leurs filières?
Un truc opportuniste pour éviter l'agitation dans les campagnes...
Le Pacte Citoyen de l’Alimentation

Parce que l’alimentation est au cœur de nos vies de citoyens, il faut un contrat moral et social qui engage la Nation envers ceux qui la nourrissent :

Pour que partout les paysans puissent vivre dignement de leur travail :
La transparence sur les marges et le prix payé au producteur tu observeras attentivement
Sur le prix le plus bas tu ne focaliseras pas toujours mais sur la qualité
La valeur ajoutée tu répartiras équitablement tout au long des filières
Ainsi par des emplois non délocalisables tu assureras le dynamisme des territoires
La traçabilité et la sécurité sanitaire de la fourche à la fourchette tu exigeras assurément.
La diététique de cette première médecine tu vulgariseras
Le goût de l’authentique et les saveurs de terroir tu favoriseras
L’approvisionnement des cantines tu garantiras au moins pour moitié en produits locaux.
Le gaspillage alimentaire tu éviteras et pour comprendre que la nourriture a une valeur :
La gratuité des produits alimentaires tu interdiras dans les étals en promotion
Le surplus tu donneras aux associations caritatives
Les tendances alimentaires et les rites confessionnels de chacun tu respecteras
L’environnement et la biodiversité tu préserveras
De tous ces beaux paysages cultivés tu t’émerveilleras
Le bilan carbone de l’étable à la table tu amélioreras sans cesse vers la neutralité
De la condition animale mais aussi du bien-être des éleveurs tu te soucieras
Par l’aide au développement et la paix tu réduiras la faim dans le monde et les migrations
A la souveraineté alimentaire de la Nation tu veilleras stratégiquement
Nos traditions culinaires et notre gastronomie tu transmettras
Avec tous ces bons produits issus de la terre et de la mer tu cuisineras
Ainsi par le partage et la convivialité, tu perpétueras cet art de vivre à la française.
A table, citoyens !

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