ÉCONOMIE Energie

Affichage C02 des produits alimentaires à Templeuve et Wattrelos

img_blog_160408_co2_etiqC’est parti. Lors du Grenelle de l’environnement, nos adhérents s’étaient engagés. J’ai parlé ici, à plusieurs reprises, d’initiatives au sein de l’enseigne : la suppression des sacs de caisse, les agro-carburants (désormais contestés), les couvertures solaires sur les magasins, etc. Depuis le début du mois d’avril, les adhérents E. Leclerc de Wattrelos et Templeuve (famille Pocher) ont décidé de faire figurer sur les étiquettes de milliers de produits alimentaires les quantités d’émission de gaz à effet de serre, converties en équivalent carbone. L’opération a été possible grâce à l’investissement personnel (j’oserais dire militant) de Thomas Pocher et de ses équipes. Ils se sont entourés des conseils et des prestations de l’ADEME. Ils ont su, malgré les difficultés, mobiliser le savoir-faire informatique d’INFOMIL, société organiquement rattachée à l’enseigne, pour proposer un affichage sur les étiquettes produits, mais surtout, véritable innovation, une information sur le ticket de caisse. En effet, celui-ci permet de calculer le total du poids carbone des achats, en cumulant tous les produits alimentaires achetés par le client. Le Conseil Régional a apporté son soutien au projet dont les données (calcul du CO2 émis) ont pu être scientifiquement établies grâce aux prestations de GREENEXT. Parallèlement à ce balisage en rayons, Thomas Pocher a mis en ligne le site www.jeconomisemaplanete.fr qui détaille les méthodes de calcul et permet au consommateur de s’initier aux concepts et aux problématiques liées à l’empreinte carbone. Je laisse parler Thomas Pocher : L’origine du projet : « Avec mon équipe, j’avais été sensibilisé au traitement des déchets ménagers. Ca m’a permis de comprendre à la fois l’intérêt, mais aussi la complexité des sujets dont on parle facilement sans imaginer à quel point les mises en œuvre peuvent être lourdes et difficiles. J’ai regroupé plusieurs partenaires compétents, dont GREENEXT. Et à partir d’informations génériques, chaque catégorie d’aliments a été affectée d’un poids « CO2 ». Ce ne sont pas moins de 20 000 produits, toutes marques confondues, qui porteront l’indication de leur équivalent en carbone. Quelle information ? Le calcul inclut, dans un premier temps, l’impact de fabrication, de l’emballage, et celui des manipulations et stockage dans le magasin. A terme, le calcul portera sur la totalité du cycle de vie du produit : de l’extraction des matières premières à sa transformation incluse. Nous ne prétendons pas à l’exhaustivité. Nous restons pour le moment sur des informations qui sont des « moyennes ». Mais tout cela est fortement pédagogique. J’ai moi-même découvert, par exemple, que les yaourts, de la vache à la petite cuillère, pèsent presque l’équivalent de leur poids en CO2 (environ 0,4 kg équivalent point CO2 vs 4 fois 125 g de produit). La réaction des consommateurs ? Le public a d’abord été interloqué, mais nous avons beaucoup communiqué. Il a fallu clarifier l’information. Nous avons profité de ce projet pour revoir tout le balisage en rayons et le rendre plus lisible. Et comme pléthore d’informations nuit à la qualité de celles-ci, nous avons décidé de supprimer l’information du prix « en franc » pour laisser sa place à cette information environnementale. img_blog_160408_co2_tdcQuels développements prévoir ? Casino (dont on attend l’initiative) dit vouloir procéder à une démarche plus fine, applicable à chaque produit et à chaque marque, dans chaque zone de chalandise. Pour notre part, nous nous sommes rendus compte que cet objectif générait des contraintes quasi insurmontables, du moins à notre niveau. Je ne parle pas que des aspects financiers : un bilan CO2 inscrit sur le produit lui-même ? Mais voyez-vous, une bouteille d’eau qui part du Massif Central n’a pas le même impact sur l’environnement selon qu’elle est vendue à Wattrelos, à Dreux, à Blagnac, et encore plus à Brest. Le coût environnemental n’est évidemment pas le même selon les distances de transport. Ce genre de calcul qui nécessite une réelle expertise, n’est pas à la portée d’une PME locale. Faire faire les calculs par une société experte au niveau national ? Cela supposerait que les modes d’approvisionnement ne changent pas,...etc. On peut le faire sur quelques produits. Nous étudions cette voie. Mais c’est quasiment impossible d’étiqueter 25 000 références d’autant qu’il nous faudrait assumer les risques d’erreur ou d’approximation que nous ne maîtrisons évidemment pas. Mais déjà, l’étiquetage générique permet au consommateur d’orienter ses choix, d’éviter les suremballages, de privilégier une offre de proximité par rapport à une offre importée. Ce n’est pas le seul critère bien sûr. Il reste le prix, la qualité, la praticité, etc. Mais la donnée CO2 est désormais composante intégrale de l’offre. Trois pistes sont actuellement explorées. La première consiste à élargir progressivement le spectre des produits concernés. Nous nous intéressons actuellement à des produits non alimentaires comme les produits d’entretien dont on connaît les capacités polluantes. Nous allons aussi créer un club affinitaire de consommateurs avec lesquels nous discuterons de l’évolution de l’opération. Enfin, cette opération a techniquement été construite pour pouvoir être dupliquée dans les autres points de vente de l’enseigne. D’autres collègues s’apprêtent à faire la même expérience dans leur zone de chalandise. » Si cette expérience vous intéresse, je propose que vous interpelliez directement, ici, sur ce blog, les équipes de Thomas Pocher qui n’hésiteront pas à solliciter leurs correspondants à l’ADEME ou à GREENEXT pour plus de détails.

51 Commentaires

Félicitation pour votre initiative.

A terme, ce "poids CO2" converti en € devrait-être ajouté au prix HT des produits en lieu et place des taxes usuelles (TVA, ...). Ce nouveau prix TTC inciterait les industriels qui prônent à outrance le gaspillage (transport, emballage, Pub, ...) à réviser leur comportement, et les consommateurs sensibilisés par le porte-monnaie. Car c'est toujours par l'argent que l'on influence les comportements. Le produit de cette contribution carbone servirait à dépolluer la planète, s'il est encore temps !

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