Abeilles nicotinoïdes
SOCIÉTÉ Actus / Débats

L’Europe interdit enfin des insecticides

L’Europe interdit enfin les pesticides tueurs d’abeilles.

C’est une bonne décision pour les apiculteurs, bien sûr, et pour les consommateurs ! Mais il y a des déclarations qui vous laissent sur le cul !

Ecoutez cette réaction de Jean Jacquez, de la Coordination Rurale, à la décision européenne d’interdire les insecticides tueurs d’abeille : "Il est certain que si l’on en donne aux abeilles, elles en meurent. Il n’est pas dit qu’en les interdisant, elles cessent de mourir"...

Ou même, celle-ci, du DG de la confédération des betteraviers : "Nous sommes abasourdis par cette décision qui ne correspond pas aux engagements d’Emmanuel Macron" ! On se pince...

Et ce sont ces gars-là qui ont fait obstacle durant 20 ans à l’interdiction des nicotinoïdes auxquels toutes les études scientifiques attribuent la décimation de nos ruches françaises ?

J’ai trouvé très pédagogique le billet de Stephane Foucart, éditorialiste au Monde. Il compare l’attitude passée de la Commission Européenne (face aux arguments des lobbyistes pro-pesticides) à celle d’un médecin qui attendrait la mort du patient pour confirmer un diagnostic du cancer.

Oui, cette longue procédure d’expertise est un non-sens. On ne peut invoquer le principe de précaution et attendre, en charge de preuve, qu’on ait atteint un palier spectaculaire, donc incontestable, de la mortalité des abeilles. D’un point de vue sanitaire tout autant que juridique, on est dans la négation de la notion de responsabilité.

Quand à l’argument économique, il est encore plus imparable. Je lis qu’un représentant de la FNSEA invoque, comme conséquence de l’interdiction, "une baisse de rendement de 12%". Ne comprend-il pas, cet homme de la terre, qu’en l’absence d’insecte pollinisateur, c’est pour sûr 100% des exploitations fruitières ou florales qui sont menacées ! Pas sympa pour les collègues !

Que vivent les abeilles ! ?

3 Commentaires

Cher Mel, concernant votre ébahissement aux réactions peu compréhensibles des deux représentants syndicaux agricoles que vous citez et qui se plaisent en Cassandre, je vais vous livrer une réflexion. J'ai la chance d'avoir une petite maison à la campagne et depuis des décennies, concernant les précipitations, c'est toujours trop ou trop peu... Alors on demande par sympathie pour des gens que l'on connaît, on écoute la réponse poliment, mais on ne l'intègre pas comme une vraie information, plutôt comme une manifestation de leur résilience par rapport à quelques choses qui les dépasse de toutes façons... En conclusion : ne pas y prendre garde.
Concernant l'essentiel maintenant, la décision européenne, je m'associe totalement à votre point de vue : c'est une grande et bonne nouvelle. Car, là où se trouve cette maison de campagne, il y a aussi des ruches. :-)))
Bonne soirée à vous
Enfin une bonne nouvelle en provenance de Bruxelles pour les supporters de l'Europe! Et pour les amateurs de miel...
La position complète de la Coordination Rurale :

La Coordination Rurale considère que l’interdiction européenne des néonicotinoïdes ne règlera pas le problème sanitaire des abeilles. Il est certain que si l’on donne des néonicotinoïdes aux abeilles, elles meurent : il est moins certain qu’en les interdisant, elles cessent de mourir.


Comme l’a démontré le dispositif de suivi des causes de mortalité des abeilles, mis en place fin 2014 par le ministère de l’Agriculture, les produits phytos n’y ont qu’une faible part, 6% des cas de mortalité, contre 39% pour les maladies, 14% pour les mauvaises pratiques apicoles et 11% pour la faim. D’ailleurs, nombreux sont les apiculteurs disposant leurs ruches à proximité de cultures traitées par enrobage de semences, qui n’observent pas de mortalité particulière sur les abeilles, alors qu’un facteur de stress tel que le froid peut faire des ravages sur les ruches.


De plus, les alternatives existantes à l’enrobage de semences consistent en des traitements en végétation à base de pyréthrinoïdes, beaucoup plus toxiques pour les abeilles que les néonicotinoïdes eux-mêmes.


L’interdiction, déjà légiférée au niveau français va supprimer 3 600 usages dont certains vont être très compliqués à combler. Les impasses techniques pourraient être nombreuses.


Enfin, une interdiction franco-française nous mettait en distorsion de concurrence avec le reste de l’Europe. Une interdiction européenne mettra celle-ci en distorsion de concurrence avec le reste du monde.


Pour plus d’infos :

Néonicotinoïdes, le bouc-émissaire de la problématique sanitaire des abeilles
https://www.coordinationrurale.fr/62189-2/

Mortalité de l’abeille : après le fantasme, retour à la réalité!
https://www.coordinationrurale.fr/mortalite-de-labeille-apres-fantasme-retour-a-realite/

Mortalité des abeilles : nouvelle hypothèse du facteur stress
https://www.coordinationrurale.fr/72169-2/

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