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Répondant à Greenpeace et UFC-Que Choisir, E.Leclerc déclare la guerre aux pesticides !

On ne va pas tergiverser. Les campagnes de Greenpeace visant notre enseigne ont profondément irrité les adhérents E.Leclerc qui en ont fait les frais (Toulouse, Bois d'Arcy…).

 

Pas méchantes, elles avaient toutefois le défaut de se tromper de cible puisque tous les responsables du développement durable et de la qualité de l'enseigne avaient inscrit dans le programme "E.Leclerc 2020", le projet de faire monter le groupement sur le podium des mieux-disant européens sur le sujet.

 

Il se trouve d'ailleurs que les distributeurs cités pour leurs meilleures pratiques sont souvent nos partenaires à l'international, et qu'a minima, nous entendions bien nous aligner sur eux. Donc, oui, E.Leclerc va s'engager à fond pour la réduction des pesticides dans l'alimentation.

QUI VEUT MANGER DES PESTICIDES ?

Les adhérents E.Leclerc pas plus que les militants de Greenpeace ou les lecteurs de Que Choisir ne veulent consommer des fruits et légumes gavés de pesticides. Les enquêtes scientifiques, mais aussi les expériences personnelles des uns et des autres, nous ont sensibilisés à leur nocivité.

Quand je demande aux centres E.Leclerc de devenir numéro 1 sur le bio d'ici 2020, c'est une manière concrète de prouver nos intentions.

Seulement, les responsabilités ne sont pas les mêmes selon que l'on soit ONG ou producteurs, ou même distributeurs. Renverser la table et proclamer du jour au lendemain qu'on est contre les pesticides, n'est qu'un effet de posture si on ne s'engage pas dans un stratégie concrète.

Greenpeace
Jean-François Julliard me remet un exemplaire collector de l'affiche que Greenpeace avait collée quelques heures à Landerneau cet été :-)

UN AUDIT GENERAL

Pour pouvoir annoncer un plan d'action et le mettre en œuvre, il faut partir d'un audit objectif et sans concession de ce qui est proposé à la consommation.

Ça concerne les grandes marques comme les petites. Ça concerne aussi nos marques de distributeur.

Lundi prochain, je proposerai au Comité stratégique des centres E.Leclerc, et sur la base de préconisations de scientifiques, le lancement d'une campagne d'investigation, confiée à des laboratoires indépendants.

Il n'y aura pas d'obstacle. Tous les leaders du groupe sont d'accord pour que la préoccupation santé/sécurité alimentaire prime sur toute autre considération.

IDENTIFIER LES URGENCES

Le résultat des audits permettra d'identifier tout d'abord les filières à fort volume. Il faut s'attaquer tout de suite à ce qui pèse le plus lourd dans le panier, plutôt qu'à ce qui serait facilement "médiatisable" mais resterait anecdotique.

J'ai proposé aux centres E.Leclerc qu'ils se dotent d'un comité scientifique, capable de dire les urgences et d'évaluer les nouvelles préconisations.

Je consulte actuellement plusieurs experts (biologistes, chimistes, médecins, nutritionnistes…) pour leur proposer d'y entrer.  Il sera opérationnel dès le premier semestre 2017.

UN CONTRAT DE PROGRES AVEC LE MONDE AGRICOLE

Il n'est pas question pour E.Leclerc d'ouvrir un contentieux avec le monde agroalimentaire, d'autant qu'à ma connaissance, personne n'a été pris en défaut pour non-respect des normes.

Notre objectif consiste à la fois à faire évoluer la norme (en retard par rapport à la recherche, selon les scientifiques) et parallèlement à faire changer les pratiques.

Nous allons donc interpeller les politiques, et autant que faire se peut en partenariat avec les producteurs et les associations qui le souhaitent.

Mais je refuse toute stigmatisation. Ce genre de pratique est contre-productif. S'il existe des professionnels qui s'en foutent, la plupart des industriels comme des agriculteurs prennent le sujet au sérieux. Certains d'entre eux l'ont même payé et le payent encore, de leur santé.

L'idéal, c'est d'agir ensemble, même si chacun, à son niveau, doit prendre ses responsabilités. 

L'engagement d'E.Leclerc sur la réduction des pesticides dans les fruits et légumes va d'abord se concrétiser par une meilleure valorisation des pratiques alternatives (contrats de filières, valorisation des labels, rémunération de l'effort-qualité…). D'autant qu'il existe déjà, ici ou là, des bonnes pratiques mises en place par des groupements d'agriculteurs qu'il conviendrait de mieux identifier et de mieux faire connaître.

Enfin, les consommateurs seront incités à les choisir.

NOTRE STRATEGIE POUR L'ACTION

Parallèlement, les cahiers des charges qualitatifs du Groupement d'achat d'E.Leclerc et de la Scamark (qui produit nos MDD) seront rendus plus exigeants. Mais même dans ce cas, le dialogue et la pédagogie restent prioritaires.

Nous pourrons compter sur les expériences de nos partenaires à l'international, Rewe, Ahold-Delhaize et Coop Italia.

Notre plan d'action est en cours de finalisation. Il y aura encore des ajustements mais la collaboration national/local est bonne sur ce dossier.

Cela passera nécessairement par des expérimentations avec quelques pionniers, certaines centrales régionales E.Leclerc ont déjà répondu qu'elles voulaient en être dans ce dossier et se sont portées candidates.

La dynamique est enclenchée. J'ai dit à Jean-François Julliard, le Directeur général de Greenpeace, qu'on pouvait partir sur un objectif de réduction de 50% des pesticides d'ici 2020. Cet objectif, qui aura besoin d'être affiné (il en convient) en fonction des résultats de nos audits, traduit d'ores et déjà notre détermination à agir sur le sujet.

L'année 2017 sera celle de la formalisation et de la concrétisation d'une ambition qui, comme nous venons de le faire sur les emballages cancérigènes (avec Foodwatch), fera bouger en profondeur, et la distribution et l'agriculture françaises.

17 Commentaires

bravo, MEL ! mais surtout: "chiche" ! Si vous tenez vos engagements, je vous tirerai mon chapeau .... Rendez-vous dans neuf ans, en espérant que vous et moi serons encore en bonne santé (j'ai 63 ans).
Pour vous, 5 lettres et un point d'exclamation : B R A V O !
Pour l'autorité publique en charge de ce type de problématiques, 5 mots et un point d'interrogation : comptez-vous vous les sortir?
Quand on vous lit, on est tentés de vous dire bravo.
Mais il y a des écueils et une question :
- les écueils : allez vous jouer la transparence sur les résultats et contrats avec vos fournisseurs, l'audit sera-t-il choisi en accord avec Greenpeace et Que Choisir, les politiques - qui n'ont jamais brillé par leur courage quand il s'agit de santé ou d'environnement - vous suivront-ils et sortiront-ils de la tutelle de la FNSEA etc..allez, on veut y croire !
- la question : mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
Merci à MEL de cet engagement.

Deux souhaits qui reflètent deux craintes : autrefois, "expert indépendant" voulait dire "indépendant des entreprises et des organismes privés", donc c'était un expert des organismes de recherche publics (type CNRS ou Université). Aujourd'hui "indépendant" veut dire "appartenant au privé", donc indépendant de l'Etat. Nombre d'économistes qui se disent "indépendants" travaillent dans des banques et pour elles. Ma question est la suivante : comment allez vous garantir la réelle indépendance des experts en question, leur absence de conflits d'intérêt, le fait que leur labo ne reçoit que des financements qui ne les ligotent pas?

Même crainte et même question concernant le "comité scientifique" que vous envisagez de créer.

Bonjour et merci pour votre interrogation, tout à fait pertinente. Nous nous sommes évidemment posés la question. Comment associer les meilleurs talents pour le "bien commun" sans que la machine à broyer les bonnes intentions n'y voit là : manipulation, corruption ou je ne sais quelle autre forme de remise en cause (réelle ou supposée) de l'éthique ?Nous répondrons prochainement à cette question en vous présentant ce comité scientifique et son fonctionnement (y compris sur le plan de la rémunération). Réponse(s) dans quelques semaines donc ;-) MEL
Nous vous encourageons dans votre démarche, réduire les pesticides est important pour les consommateurs et pour l'environnement.
Merci pour votre message positif Xavier. Amitiés. MEL
Salut Mel!
Nous ne pouvons qu'être reconnaissant de l'impulsion qui a été donné à l'agriculture et à l'industrie agroalimentaire qui donne à la France une puissance internationale et permet de faire reculer la faim dans le pays et dans le monde. Il ne faudrait pas oublier que les ceux qui viennent s'installer sous une tente à Paris fuient la famine autant que la guerre. Voilà que les connaissances progressent et que des réglages sont nécessaires pour continuer à progresser en qualité et en volume. Faut-il installer des médecins et des biologistes dans les entreprises pour contrôler les productions et les pratiques? Notre pays a instauré pendant trop longtemps un barrage à la formation médicale. Pensez-vous qu'il faut libérer la formation en médecine pour que les bons réflexes et les bonnes pratiques deviennent une habitude plus qu'une contrainte? Est-ce que le respect du corps humain et de son environnement sont aujourd'hui la priorité? Nous sommes ce que nous mangeons, nous buvons et ce que nous respirons...et ce que nous partageons. Alors je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et merci pour les actions que vous menez.
Bonjour M.E.L,

Un commentaire sur le premier article Greenpeace de cet été auquel je n'avais pas eu de réponse :

"Je suis Jeune Agriculteur en Champagne-Ardenne et je suis en phase avec votre argumentaire. Nous sommes également producteurs de légumes secs et nous travaillons actuellement avec environ 25 magasins E.Leclerc.
Je suis un peu partagé sur les objectifs du mouvement E.Leclerc à propos des pesticides lorsque je vois les difficultés à faire référencer nos produits en magasin ou même en SCA, alors même que les linéaires sont remplis de légumes secs importés (Canada, Amérique du Sud etc.) où parfois les pratiques sont bien lointaines des nôtres (utilisation d'OGM, utilisation de produits défoliants, de glyphosate pour faire mûrir etc.). Alors OUI pour produire mieux mais OUI aussi pour distribuer mieux.
Je tiens tout de même à remercier les magasins E.Leclerc qui nous font confiance et qui distribuent nos produits. Comme quoi tout est possible entre Distributeurs et Agriculteurs... !"

Au passage belle initiative que de vouloir réduire les pesticides (ou produits de la santé du végétal, c'est moins négatif!) par deux, mais serez-vous aussi intransigeant sur les produits importés ?
Ne faites pas comme l'état qui lave plus blanc que blanc avec ses producteurs mais qui autorise l'importation de denrée alimentaire de n'importe où, contenant souvent des résidus de pesticides non autorisés en France. Malheureusement les exemples sont multiples : OGM, légumes secs au Roundup, cornichons au Lindane etc. etc.
Lors de l'audit vous découvrirez que certains fruits ou légumes importés contiennent des pesticides, qui bien sûr ne dépassent pas la limite maximale de résidus ou LMR, mais qui sont interdits d'usage en France.
Bonjour Guillaume, merci pour votre sollicitation. Concernant les pesticides, la démarche vaut pour tous les produits, français ou importés. Sinon cela n'aurait aucun sens vous en conviendrez... Bien à vous. MEL
Merci pour la planète et merci de la par de mes enfants
Bonjour MEL, je n'ai pas compris pourquoi Greenpeace ne s'attaquait qu'à l'enseigne Leclerc, alors que toutes les grandes enseignes , à mon avis, sont concernées de la même manière. Comme d'autres clients Leclerc j'ai été agacée par ces attaques qui revenaient en boucle, notamment sur certains réseaux sociaux.
Je viens de vous voir (et vous découvrir un peu plus)ce matin sur BFMTV, interviewé par Jj Bourdin, qui, pour une fois n'a pas été agressif et vous a laissé vous exprimer pleinement en toute courtoisie. J'ai donc bu toutes vos paroles en même temps que mon café, admirative de l'homme que vous êtes (votre manière simple de dire les choses, vos analyses et vos engagements). Et puisque nous sommes à l'heure des vœux, je vous souhaite le meilleur dans vos engagements et entreprises pour 2017
Merci pour votre message et vos encouragements. Bonne année à vous. MEL
? ☺ Bonjour monsieur Leclerc.

J'aime bien vous écouter parler.
J'aime les magasins E. Leclerc
car c'est bon et pas trop cher.

C'est bien si ce que nous mangeons
ne nous empoisonne pas.

Cordialement.
Béa
Et merci à vous chère Béa pour ce commentaire positif ! :-) A bientôt. MEL
Excellente initiative, qui déplaira peut-être à certaines multinationales, mais face au danger pour la santé il faut être courageux. Surveiller l'alimentation est essentiel pour la santé mais il y a d'autres produits qui peuvent nous empoisonner plus ou moins (par exemple certains traitements pour le bois ou certains aérosols) donc il faut rester vigilants.
"Manger 5 fruits et légumes par jour !" … avec ou sans pesticides ?

En rapport avec votre article, une série de dessins clin d'oeil à l'oeuvre de René Magritte "Ceci n'est pas une pomme"
La légende diffère cependant. Sous l'image d'un fruit ou d'un légume la liste exhaustive des produits phytosanitaires que contiennent pommes, fraises, pomme de terre ... : " Ceci est du Abamectine , Acequinocyl , Clofentézine , Etoxazole ..."
A découvrir la série en cours de réalisation : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html

Bonne dégustation !

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