SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Biocarburants : Incorporation directe d’éthanol, une idée qui progresse

img_blog_290905_biocarburan Ca bouge sur le front des biocarburants. Depuis que Dominique de Villepin a clairement engagé le gouvernement dans le développement des biocarburants, l’Administration (Industrie et Agriculture) n’arrête pas d’organiser des réunions. Objectif : Atteindre 5,75 % d’incorporation de biocarburant à l’horizon 2008. Lancé le 21 octobre 2005 au Ministère de l’Economie, un cycle de discussions devrait permettre à Dominique Bussereau et François Loos d’annoncer, le 21 novembre, quelques mesures concrètes. Parmi celles-ci, l’initiative conjointe de notre groupement et de l’Union des Indépendants du Pétrole (UIP) qui regroupe les autres grandes surfaces. Elle concerne la filière essence. 1) Pour cette filière, deux thèses s’affrontaient : a) L’une, soutenue par l’UFIP (Union Française de l’Industrie Pétrolière, qui regroupe les majors), défend la technique ETBE. La voie royale pour TOTAL qui détient 90 % des agréments au travers de 3 unités de productions d’ETBE en France (en co-investissement avec les éthanoliers) et un autre groupe indépendant, LYONDELL. Le développement de ce type d’incorporation ne rencontre pas beaucoup de problèmes techniques (fin 2005, SIPLEC (Société Pétrolière E. Leclerc) aura incorporé 6 millions de litres d’ETBE depuis les installations LYONDELL de Fos-sur-Mer). La difficulté est d’ordre commercial. Si seule cette filière subsistait, tous les distributeurs seraient obligés de passer par les fourches caudines de ces deux opérateurs et ce, pour la totalité des volumes d’essence commercialisés à l’échéance 2008 . b) La filière bio-éthanol : L’éthanol d’origine agricole peut s’incorporer directement dans le supercarburant sans plomb 95 et 98. L’offre est pléthorique. Elle ne nécessite pas d’investissement lourd. Elle peut être élaborée par un plus grand nombre d’opérateurs. Mais encore faut-il que les majors livrent les bases essence de basse volatilité nécessaires à ce mélange. 2) Jusqu’ici, mon groupe a été le seul opérateur incorporant directement l’éthanol. Le mélange et la distribution s’effectuent dans les installations de RUBIS TERMINAL à Strasbourg. (Un autre distributeur indépendant (DYNEFF) a réalisé une expérience positive, mais très confidentielle, sur son dépôt de Port-la-Nouvelle). L’expérience est pour nous concluante. En six mois (du 1/01/05 au 31/05/05), 1 600 000 litres d’éthanol ont été incorporés par nos soins. Une soixantaine de stations ont été livrées, sans incident. Malgré ces performances, l’UFIP ne cessaient de faire la fine bouche. 3) Poussée dans ses retranchements par une administration elle-même sous pression du Premier Ministre, l’UFIP a, le 3 novembre dernier, lancé l’idée d’un nouveau test, à Bordeaux. Une condition expresse ? Elle exigeit la participation de l’ensemble des acteurs pétroliers, raffineurs et distributeurs. Comme par hasard, cette expérience se déroulerait dans le dépôt Docks de Pétrole d’Ambès dont l’actionnaire majoritaire est…TOTAL. Refus de Leclerc qui n’y voyait aucun intérêt, compte tenu du caractère probatoire de sa propre démarche. 4) Mais, du coup, la SIPLEC, avec le soutien de l’UIP, a annoncé, à la surprise de tous les acteurs pétroliers présents, le lancement d’une opération d’ampleur industrielle à Rouen : l’additivation de 400 000 m3 d’essence à 5 % d’éthanol (dont 160 000 m3 pour Leclerc). Il s’agit de la réplique de notre expérience strasbourgeoise et, cette fois, en ayant avec nous les autres grandes surfaces dans le projet. Lancement prévu : février 2006. 5) Du coup, déstabilisée par cette annonce, l’UFIP s’interroge sur la pertinence du test bordelais (il y a de quoi !). Mais preuve que le contexte change, l’UFIP a finalement proposé que soit établie une spécification intersyndicale dans l’élaboration d’une base essence éthanolable, et que soient définis ainsi les paramètres incontestés et normalisés d’un produit « marchand échangeable et commercialisable ». Bien entendu, l’UFIP pose des conditions : un engagement de contrôle qualité irréprochable de la part de la distribution (normal). Et des conditions tarifaires équitables entre les filières éthanol et ETBE (à approfondir !). Voilà qui dégage l’horizon pour l’incorporation d’éthanol. De toute façon, il me semble qu’il n’y avait pas d’autre choix. Vu l’ambition du plan biocarburant, il faut faire feu de tout bois. Pas de raison de privilégier telle ou telle filière. Et surtout, pourquoi bloquer celle-ci alors que toutes les grandes surfaces se proposent d’y investir. Le dossier vient de progresser sérieusement. Avec le développement de ces deux techniques, les constructeurs automobiles, plutôt frileux sur les biocarburants, n’auront même pas à investir pour promouvoir cette filière (qui concerne la quasi totalité des 35 millions de véhicules français !).

56 Commentaires

interesting
Sorry :(

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Promesse tenue : rencontre avec les agriculteurs de Castelnaudary

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Non aux maltraitances animales !

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Comment lutter efficacement contre la faim dans le monde ?

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Fermes urbaines : quel avenir ?