SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Salon de l'agriculture : la distribution a plié les gaules

 Cette année, les grandes enseignes de distribution ne sont plus présentes au salon de l'agriculture. La Fédération du Commerce et de la Distribution avait, depuis quelques années, incité Carrefour, Auchan ou Intermarché à tenir étalage, porte de Versailles à Paris, pour afficher leur volonté de partenariat. Notre enseigne n'y a jamais cru. Cette année, la leçon a été tirée. On ne tapotera pas le cul des vaches ensemble.
Il faut dire que depuis trois ou quatre ans, les discours des syndicalistes comme des politiques invités au salon, on fait leur lit de diatribes acerbes contre la distribution. L'année dernière, c'est dans cette enceinte que tour à tour Jean-Pierre Raffarin, Renaud Dutreil et Hervé Gaymard avaient dénoncé notre campagne pour la défense du pouvoir d'achat.

Quelque soit la part de vérité que peut contenir toute critique sur les comportements d'une centrale d'achat, sur les pratiques commerciales d'une enseigne ou sur la gestion d'un dossier spécifique, le caractère systématique de la charge a de quoi décourager tout chef de rayon.
L'agriculture a besoin de vendre. Pour tirer un profit plus substantiel de ses productions, elle a besoin de partenaires engagés dans un même processus de valorisation des signes de qualité, des marques de terroirs. Or, l'agriculture a peu de moyen à consacrer à la publicité, au marketing, à la promotion des ventes. C'est la distribution qui est naturellement son alliée objective. Il suffit de regarder les résultats des foires aux vins dans les grandes surfaces pour se convaincre de l'efficacité du partenariat producteur-distributeur. On évoquera aussi le rôle des «chefs boucher» dans les hypers, qui ont été les vrais acteurs de la reconquête des consommateurs après la crise de la vache folle. Ce sont eux qui ont su rétablir la confiance en s'engageant sur la transparence, la traçabilité et la qualité des fournisseurs.
 
A force de dénigrer leur principal débouché sur le marché français, les leaders agricoles savent pertinemment qu'ils scient la branche sur laquelle ils sont assis (dépit des vendeurs, remise en cause de la préférence nationale pourtant effective dans les enseignes françaises). Une seule explication : quand ça va mal et que l'on n'a pas d'autres solutions, on se cherche un bouc émissaire. En ce moment, les sujets compliqués sont légions. Révision de la PAC, diminution et réaffectation des subventions, concurrence accrue des pays de l'Est nouvellement intégrés à l'Europe, agressivité marketing des producteurs du Sud... La réponse à tous ces problèmes nécessiterait de douloureuses remises en question. Alors, c'est sûr, taper sur la distribution, ça permet de faire l'économie de bien des autocritiques.
 
Les enseignes ne vont plus au salon ! Quand elles y étaient, on les invectivait. Elles n'y sont plus. C'est Pascal Coste, secrétaire général adjoint de la FNSEA, qui signe la duperie : « Si elles ne sont pas là, c'est peut-être qu'elles ont quelque chose à se reprocher...». Incorrigible ! Comme quoi de toute façon...

4 Commentaires

La paille dans l'oeil, la poutre dans la grange...
Il est évidemment plus facile de "tirer à boulet rouge sur le baudet" (quel carnage !), car la grande distribution à toujours le dos large sur le sujet agricole... Vous-même avez souvent dénoncé la propre désorganisation de la filière agricole comme première cause de certaines aberrations (pourtant soigneusement mises sur le dos de Leclerc et consorts !). Mais je ne comprends toujours pas pourquoi les grossistes (alimentant marchés et primeurs) et industriels sont méticuleusement épargnés dans les diatribes syndicales agricoles ! Dans de nombreuses filières, la grande distribution n'est pourtant pas l'unique -ni même le principal- client des agriculteurs... Que je sache, Danone mêt toujours du lait dans ses yaourts et Daucy des petis pois dans ses conserves ?
B-R-A-V-O
Je partage tout à fait votre point de vue. L'agriculture anglaise s'est restructurée avec une grosse casse sociale il y a plus d'un siècle. Ce phénomène est désormais digéré. Il sera difficile de ne pas entamer un processus de même nature également ici. Un jour... En ce qui concerne la France, le dogme désormais inepte et dispendieux de l'autosuffisance agricole n'en fini pas d'être maintenu contre toute raison par des politiques d'une lâcheté abyssale sur la question.
En tant que contibuable, je revendique le droit de continuer à être solidaire (ce que je suis à travers une imposition quasi délirante en ce qui concerne la part réservée au secteur agricole directement en France ou via la CE), mais sur des solutions de réformes profondes et durables de l'ensemble de la Filière. Il y aura donc des métiers agricoles qui ne seront plus faits en France : parce que leur rapport qualité prix du point de vue du consommateur ne le justifieront plus. So what?
En France : moins de types de production, mieux produits, plus rentables. So what?
Ce n'est pas moins de types de production qu'il nous faudrait...
Mais surtout moins de surproduction! En effet certains exploitants agricoles n'hésitent pas à surproduire. L'état laisse faire, pire il légalise. Je pense notamment en Bretagne aux extensions porcines, de ce coté là je crois qu'il y a une certaine omerta de la part des producteurs. Pourtant les plus petits, ceux qui respectent la loi, sont les plus concernés. Dans la mesure où ceux sont eux qui sont le plus touchés (cf. crise agricole), et on ne les entends pas s'en prendre, aux autres les gros ceux qui en surproduisant font baisser les cours. En effet cela ne coûte pas plus cher d'élever un cochon que 2, résultat le surproducteur peut vendre 2 cochons pour le prix d'un cochon de petit exploitant. Le petit exploitant n'a plus qu'à s'aligner sur le gros et baisser ses prix donc de revendre à perte, et remarquez que en aucun la grande distribution n'est intervenue dans l'affaire. Quant à nous consommateur, nous allons évidement payer moins cher notre roti de porc, mais de l'autre que coté le surplus de lisier nous sucre abonnement la facture de dépollution de l'eau et pour les habitants des cotes notamment les baies de Douarnenez et Saint-Brieuc un coût d'enlèvements des algues sur les plages.
A quand l'agriculture BIO + subventionnée que la polluante? Et pourquoi sont-ce les producteurs BIO qui doivent payer des labels BIO, et non pas les autres qui devraient nous prouver qu'ils ne font rien de néfaste pour l'environnement?
J'aimerais connaitre le nom des magazines consacrer (autre que LSA) à la grande distribution, (même interne à Lecler). Quel est le fournisseur de charriots de Leclerc? Quels sont les foires et les salons dédiés à la grande distribution?
merci par avance
Fanny Chevalier (étudiante en école de commerce)

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Promesse tenue : rencontre avec les agriculteurs de Castelnaudary

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Non aux maltraitances animales !

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Comment lutter efficacement contre la faim dans le monde ?

SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Fermes urbaines : quel avenir ?