SOCIÉTÉ Industrie / Agriculture

Un piège pour les distributeurs !

Les paysans ont le blues : baisse de revenus, concurrence des pays de l'Est, baisse des subventions... Mais l'agriculture française est surtout malade de la politique. A force de traiter les problèmes en « gestion de clientèle », nos dirigeants continuent d'entretenir l'illusion d'une politique d'assistance permanente, retardant les nécessaires adaptations du monde rural. Prenez le problème de la réforme de la PAC. Le principe en a été entériné en 1999, en Conseil des ministres. Jacques Chirac et les différents ministres de l'agriculture ont fait croire qu'ils pourraient en repousser l'échéance. Las ! En 2004, notre Président de la République et Hervé Gaymard ont bien dû en convenir : non seulement la programmation faisait son chemin, mais on avait perdu 5 ans. Trouble dans les rangs du syndicalisme agricole ! Impression d'avoir été lâché ! Comment ne pas s'étonner d'un sentiment de panique dans les exploitations. Pris en étau entre la baisse des subventions européennes et la pression sur les prix consécutive à l'ouverture des marchés, le monde paysan s'en est pris à la distribution. On peut lui en vouloir. Mais là où ça déraille, c'est quand l'Etat démissionne et, plutôt que de s'investir dans la résolution des problèmes, il attise ces rivalités interprofessionnelles et désigne lui-même les commerçants comme boucs émissaires. Ca donne des textes parfois débiles (Cf. prix agricoles, blogs du 2 et 4/02). Illustration encore ce jour avec une réunion organisée par les pouvoirs publics sur le thème : « Gestion de crise des prix agricoles ». Eh bien, savez-vous ce que l'on demande aux distributeurs ? Rien moins que de signer, par avance, un projet d'accord volontaire de limitation de marge pendant la période de chute des cours. Avec l'engagement de fournir à l'Etat tous les éléments comptables nécessaires au suivi de cet accord ! Qu'est-ce que cela veut dire concrètement : 1) Il sera de la responsabilité de chaque commerçant de suivre tous les jours l'actualité d'un site internet édité par le « Service des nouvelles des marchés du Ministère chargé de l'agriculture ». (Vous imaginez que les chefs de rayon font ça quotidiennement ! ! !). Sur ce site, l'Etat pourra lancer une alerte de crise. Le commerçant sera tenu de maintenir sa marge commerciale sur les produits désignés jusqu'à un nouveau signal de fin de crise. S'il n'obtempère pas, amende et sanctions pénales ! ! ! Dans l'absolu, l'idée de bloquer les marges peut se défendre. Rarement les consommateurs bénéficient de la chute des cours (idem d'ailleurs pour le carburant). Mais est-ce vraiment aux professionnels d'organiser une telle pratique collective. Pour moi, la réponse est non. Dans tous les pays libéraux, seul l'Etat peut organiser des dérogations au principe de concurrence. Il intervient par la loi ou par décret, peut fixer des prix minimum, des prix de retrait ou mettre en place un système d'aide financière temporaire. C'est l'Etat qui justifie la qualité d'un tel dispositif au regard de l'intérêt public, et qui doit garantir aussi qu'il ne lèse aucune autre corporation. Et s'il y a contestation, c'est contre l'Etat que consommateurs et professionnels peuvent se retourner. Vous voyez donc le piège dans lequel nous entrons avec cette proposition d'accord volontaire. Non seulement, les pouvoirs publics se défaussent de leur responsabilité (même pas une publication au JO) mais ils la font reporter sur les commerçants. Ils se donnent le beau rôle, n'assument aucune conséquence financière dans ce dispositif, et se revêtent des habits d'un simple arbitre. Un arbitre qui, par la loi, dispose pourtant d'un pouvoir de sanction exorbitant (parmi les plus considérables en Europe, nous y reviendrons). Eh bien non, je n'engagerai pas mon groupe dans cette voie. Si l'Etat veut bloquer les marges des commerçants, qu'il le fasse. Mais qu'il ne nous demande pas d'être maso !

7 Commentaires

"Errare Politicum Est"
... et pour être plus juste avec nos politiques -car la critique est toujours aisée- le problème qui leur est posé par l'agriculture française est particulièrement épineux : quel politique peut en effet déclarer à la cohorte de petits exploitants français : "pour vous, point de salut ! Laissez tomber vos fourches et apprenez la compta ou la mécanique auto, car vos exploitations sont vouées à disparaître, mondialisation oblige...".
Même en y mettant les formes, c'est un suicide politique, plus efficace qu'un 600m² dans le 8ème !
Pour autant, comment procurer à nos agriculteurs un équilibre financier perenne, tout en se battant avec des concurrents qui jouent :
- de leur taille (gros volumes / faibles marges... ça ne vous rappelle rien M. Leclerc ?),
- de faibles charges (dumping social),
- de législations plus laxistes (environnement, hormones...)
- d'avantages climatiques ou de sols (!!!)
- de subventions "masquées" (spécialité, paraît-il, de nos amis américains...).
Certaines industries, confrontées aux mêmes problèmes de concurrence (la PAC en moins) ont dû se restructurer, se concentrer, se développer sur des niches, où elles avaient un avantage compétitif à faire valoir...
On est encore bien loin de cette solution, et reconnaissons tout de même que les leviers politiques pour y parvenir ne sont pas évidents...
Indéniablement plus facile de dire aux distributeurs de baisser leurs marges !!!
"La paille et le grain"... et le blé"
Pas tout à fait d'accord avec OGM pour dire que les subventions agricoles sont en fait des subventions aux consommateurs : bien souvent, elles ne font en fait que compenser les écarts entre les cours mondiaux (bas) et des cours minimums garantis aux agriculteurs européens (et surtout français) plus élevés : c'est donc bien un déficit de productivité (dus aux rendements / surcoûts / efficacités / qualités ?) de l'agriculture française qui est payé par le contribuable européen...
Honnètement, je comprends que le contribuable allemand ou anglais -et ses représentants politiques- en aient ras-le-bol d'abonder dans un système dispendieux pour subventionner un secteur de l'économie française sous-performant (aïe, propos tellement politiquement incorrects...).
D'autant que ce système est sans fin, aucun problème de fond n'étant véritablement abordé, sans parler de solutions ou de sortie du tunnel !
Et n'oublions pas la dualité structurelle française, qui -certes, de façon caricaturale- juxtapose de grosses exploitations gavées de subventions et une multitude de petits agriculteurs, survivant tant bien que mal en 'cachetonnant' au gré
des productions (ou arrachages) subventionné(e)s...
Et MEL d'épingler à juste titre nos politiques, qui se débattent pathétiquement pour sauvegarder les apparences (autant que les électeurs), et mettre un pansement de plus sur la jambe de bois, décidemment vermoulue...
"Boucs émissaires"
Il ne faut pas oublier que les subventions agricoles sont en réalité des subventions aux consommateurs versées aux agriculteurs pour leur permettre d'approvisionner le marché à des coûts souvent inférieurs au coùt de production.
Déconnecter ainsi le prix de revient et le prix de vente ne facilite pas uns gestion saine et la complexité des aides exaspèrent les agriculteurs encore plus que leur montant.
Mais quand on dépend autant d'aides extérieures, la stratégie du bouc émissaire risque de se retourner contre leurs auteurs et les agriculteurs doivent y prendre garde. Ils sont à deux doigts de le devenir eux même et celà risque ensuite de durer très longtemps.
"la télécommande"
Vous savez celle qui fixe les prix en rayon sur les afficheurs digitals, vous devriez la remettre directement au gouvernement pour qu'ils décident du prix, et à vous de porter plainte contre le gouvernement s'il vous fait revendre à perte. Cela éviterait bien des conflits que ce soit sur les crises agricoles ou sur les marges arrières, du moins ce ne sont plus les hypermarchés qui seraient sacagés en temps de crise. ;)
Plus sérieusement tant que les agriculteurs n'auront pas réglés leur problèmes en interne (surproduction) le problème ne sera pas résolu comme nous le disions précédemment.
La paille et le grain... – Réponse à Enée (05/04/2005)
Plutôt d’accord avec Enée. Les subventions à l’agriculture française constituent essentiellement des aides aux revenus. Pour exemple, 50 à 60 % du revenu des éleveurs de moutons proviennent de ces mécanismes d’aide français ou européens.
Personne n’a jamais voulu faire le bilan global de ces contributions. C’est un système très onéreux. Je n’en conteste d’ailleurs pas le principe. Pourquoi ne pas aider des catégories professionnelles qui participent par ailleurs à l’aménagement rural, à l’entretien de zones en voie de diversification et qui contribuent à l’autosuffisance alimentaire. Deux aspects me semblent plus choquants que la dénonciation du principe :
a) Ces aides sont inégalement attribuées. Ce sont pour l’essentiel les grands producteurs (blé, betteraves) qui en profitent. Il eût été préférable, non pas de faire du misérabilisme, comme le soutiennent certaines organisations agricoles complètement focalisées sur la petite agriculture autarcique, mais de financer les recherches de valorisation : agriculture raisonnée, modes de production bio, prise en charge des développements marketing et logistiques pour des groupements qui font des efforts de qualité supplémentaires. José Bové a mille fois raison de rappeler que l’agriculture fruitière et le maraîchage ne touchent pratiquement rien de cette manne.
b) La distribution de ces subventions devrait être limitée dans le temps et liée à une obligation de résultat. D’où tire-t-on qu’il faudrait financer à vie une production ou une catégorie d’exploitants ? Ca n’a pas de sens.
La télécommande – Réponse à Erosoft (05/04/2005)>/b>
L’un des problèmes majeurs des agriculteurs français, c’est qu’ils ne sont pas en phase avec leurs collègues européens. Sur un aussi vaste territoire et avec des conditions météo aussi variées, les mises en marché se télescopent. L’effet est d’autant plus perturbateur que chaque pays essaie de prolonger ses périodes de production, souvent « contre nature ».
Exemple : les agriculteurs espagnols ou portugais devraient pouvoir tirer profit de la commercialisation de leurs fraises avant que celles de Plougastel ou du Périgord ne soient sur le marché. Mais avec la culture sous serre et la sélection génétique, voilà que les Périgourdins vendent leurs produits au moment où les cours de la fraise espagnole s’effondrent. Comment voulez-vous que les Français en tirent une valorisation suffisante ?
Ce qu’il faut changer à la FNSEA, c’est le « n » de national. Il est temps qu’il y ait une coordination européenne des groupements de producteurs. A défaut, nos problèmes agricoles resteront confinés aux querelles de clocher.

cliente de chez leclerc depuis toujours, grâce ou à cause de mes parents, j'ai commandé un téléviseur dans le catalogue de la "fête des pères", il n'était pas disponible..........
Nous avons choisi (mes 4 frères et soeur et moi) de conserver la commande pour l'anniversaire de ma belle-soeur le 23 juillet............
L'article du catalogue expirant le 18 août est enfin disponible à ce jour : le 02/08/2005.........ouf !
Bon, cet article est maitenant disponible, relativement cher mais sans destinataire.............
Vous : Monsieur Leclerc, que pensez-vous de ma demande de dédommagement concernant un article en promotion jusqu'au 18 juin et disponible le 02 août?
Ne croyez-vous pas que la fidélité de vos clients, finalement , pas trop riches ( n'est-ce pas un de vos chevaux de bataille ?) pourrait être récompensée ?
Voilà, mon Papa, pas en bonne santé serait sans doute un peu réconforté par un geste sympathique de votre part......;
mais, j'ai un peu l'impression d'envoyer une lettre au Père Noël.....
Et c'est dommage..........
am chweudura-pryfer

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