ÉCONOMIE Echos de la distribution

Fnac-Darty, Lidl, Monoprix, Amazon et le Sénat qui débat des médicaments

Riche actualité dans la distribution française ces derniers jours. Je profite de ce début de semaine pour en aborder quelques-uns.

La Fnac veut racheter Darty

Contrairement à l'image entretenue par l'habile communication du talentueux Alexandre Bompard, la Fnac n'est pas encore définitivement sortie de ses années de marasme. La tendance est bonne, le chiffre  revient, mais les résultats sont faibles et précaires. En tous les cas insuffisants pour que l'offre de la Fnac (qui consiste pour le moment à payer son investissement en actions maison) puisse – à mon avis – faire suffisamment saliver les actionnaires de Darty.

Le no comment de ceux-ci, ces deux derniers jours, était éloquent. D'autant qu'en parallèle, la maison Darty, elle, semble avoir retrouvé une petite forme dans le déploiement de sa stratégie multicanal.

Alors, esbroufe, coup de menton, ou vraie lancé de cochonnet ? Wait and see.

Hors ces considérations tactiques, la proposition de la Fnac, sur le papier, ferait plutôt sens si les deux groupes savaient tirer profit de la complémentarité de leurs réseaux. Il y a certes des doublons, mais pas tant que ne le disent les mauvaises langues.

A l'heure d'un multicanal assumé, l'addition de l'expertise des deux enseignes, le partage des coûts logistiques et la généralisation du modèle de service "à la Darty" (le fameux contrat de confiance)… tout ça peut constituer une belle promesse consommateur.

Contrairement à la construction d'un simple réseau relais (points de retrait), de deux marques emblématiques, l'addition des deux offres commerciales pourrait s'appuyer sur un véritable réseau expert avec showroom et stocks disponibles.

Reste à savoir qui serait le leader ? C'est toujours le leader qui inspire la promesse commerciale. Si c'est Darty, c'est un accès à de nouvelles sphères, et ce sera une victoire pour la relation consommateur à la sauce Darty. Si c'est la Fnac, qui étofferait donc son accès à l'offre de produits techniques, ce serait assurément une opportunité d'accroissement de chiffre d'affaires, mais ce serait aussi une forme de démission : la revanche du contenant sur le contenu.

L'agitateur culturel qui se dissout au milieu des tambours de machines à laver : ce n'est pas pour déplaire à Houellebecq, mais pas sûr que le reste du monde de l'édition, déjà inquiet de l'évolution de l’offre digitale, n'y retrouve ses petits.

Plus que jamais, j'invite mes collègues des Espaces culturels à se différencier, et à s'investir plus encore dans la défense des contenus. Il y a une position à conforter pour nos Espaces culturels.

Amazon tisse patiemment sa toile

On est habitué aux annonces choc d'Amazon. J'attends toujours ma livraison de courgettes par drône ;-)

Derrière la joke, je ne suis pas pour négliger ce concurrent.

Beaucoup de commentaires mitigés de la part d'adhérents et de brillants analystes (Dauvers, LSA, Linéaires…) qui pointent la faiblesse de l'offre et la sous-performance prix. C'est un fait.

Mais on aurait tort de ne pas prendre la bonne mesure de l'initiative. Amazon prend date, teste ses circuits, regarde la réaction de ses clients…

Personne ne peut contester à Amazon sa constance et la linéarité de son développement.

Sur l'alimentaire, il prend le pouls de ses fournisseurs (il n'a pas la puissance d'achat). Ses prix sont élevés ? Pourquoi chercherait-il à ce stade à activer la réaction de ses concurrents ? Amazon a l'image, Amazon a le temps.

Plutôt que d'aller chercher les clients des hyper, archi-nourris à la guerre des prix, Amazon se contente de proposer une offre alimentaire aux clients déjà acquis à la marque. C'est cher mais seuls ceux-là peuvent bénéficier de la réduction.

De toute façon, pour moi, sauf sur les grandes villes où il pourra éventuellement copier Cdiscount, il lui faudra des points relais ou une armée de livreurs pour distribuer de l'alimentaire. C'est bien de vouloir augmenter le panier moyen en augmentant la fréquentation par  les achats quotidiens ! Mais sans réseau dédié, ça va coûter une fortune. Et là, question prix, on l'attend de pied ferme.

Lidl veut s'embourgeoiser

Cela faisait un moment que les observateurs de la distribution notaient le repositionnement de Lidl et sa sortie progressive du hard discount : produits frais, cuisson du pain, marques nationales… la mue était entamée depuis deux à trois ans.

Elle s'accélère aujourd'hui avec l'annonce de la nouvelle ambition de cette enseigne ; se centrer sur des MDD de qualité, sur le modèle de Migros.

Cette marche vers la premiumisation risque de déboussoler le cœur de la clientèle de Lidl, c'est sûr. En attendant, en bon sportif, nous saluerons la sortie du match. Avec regret, amis de Lidl, car vous fûtes des concurrents bien stimulants !

Monoprix et la parapharmacie : debout les gars !

En ce moment, Monoprix fête les 25 ans de sa parapharmacie et nous inonde de pubs sur le sujet.

Alors un petit message de service à l'attention des adhérents E.Leclerc. Vous avez été les pionniers, vous parlez d'internet, mais faudrait voir à rechausser les crampons. Quelques OP commerciales sur la para, ça crédibiliserait bien le discours ! Je suis acheteur !!

Médicaments : ça frémit au Sénat

Je conclus ce blog-note par un coup de chapeau au Sénateur (UDI) Olivier Cadic qui a eu le courage de défendre ses convictions jusqu'au bout, et ce malgré une pression immense des lobbies.

En déposant un amendement pour ouvrir le monopole de dispensation de médicaments aux pharmaciens des parapharmacies, il savait j'imagine qu'il n'aurait pas la partie facile.

D'autant que quelques jours plus tôt, la combattive Sénatrice (PS) Patricia Schillinger avait (sans succès elle aussi) tenté d'ouvrir une brèche en proposant l'ouverture du monopole de dispensation des substituts nicotiniques.

Lors de la discussion de l'amendement Cadic, j'ai relevé que sur les 9 Sénateurs qui se sont exprimés pour combattre cet amendement, un tiers des orateurs étaient des pharmaciens. On n'est finalement jamais mieux défendu que par soi-même !

9 Commentaires

En effet, comme vous le soulignez : ça bouge dans le commerce : quel dynamisme! En revanche, comme vous le notez également, le politique s'agite, mais ne fait pas mouvement : quel immobilisme!
Bonjour
Ne m apprenez pas à pêcher donnez moi une canne à pêche , très bien ce que vous faites pour la population française si seulement on avait une centaine de Mr leclerc heureusement il n'y a qu un seul .
Je saisi cette occasion pour vous demander de bien vouloir me donner une chance de créer une pharmacie avec votre soutien personnel.merci
Salutation.
L'un de vos engagements.
"no comment", "wait and see", la "joke"...en toute sincérité c'est désagréable tout ces anglicismes, et çà n'apporte rien à votre vocabulaire ( ce serait même limite ringard pour tout vous dire.."has been" si vous comprenez mieux)...+ le titre de l'article suivant !!: "what else"..Vous citez O.Dauvers, je lui ai fait la même remarque...dire que le commerce à longtemps été épargné par cette faiblesse morale...

En ce qui me concerne, je me dis que si vous abandonniez mon langage et cédiez aux sirènes anglicistes, et bien j'abandonnerais moi aussi tout espèce de patriotisme, j achèterais du fromage philadelphie, du vin chilien, etc, mais pas chez vous, dans une enseigne de préférence étrangère.

Vous menez des combats respectables, respectez celui de votre langue, et kenavo.
Promis, je tiendrai compte de vos remarques ! Kenavo :-) MEL
La GMS et ses clients ont besoin autant de français que d'anglais, d'allemand, d'italiens ... ce n'est pas interdire le breton mais aussi rester ouvert évidement le latin pour le dimanche !
Franchement, c'est quoi le commerce....

Dire dire que je suis moins cher par rapport à Super U, Auchan, Carefour.... cela ressemble à quoi.... cela dévalorise l'image de l'enseigne mais à un niveau plus bas que terre.

Comment on peut dire que l'on va favoriser l'agriculture local, et qu'on va vendre moins cher que tous le monde, alors que l'on sait bien que les charges en France pèse très lourd.

Le commerce, c'est comme la monnaie, cela doit rester un outil d'échange....

Moins de commerces moins d'échange, moins de monnaie...
Bonsoir,
Juste une petite remarque concernant la partie pharmacie, j'ai noté dans votre article : "et ce malgré une pression immense des lobbies". Venant de vous c'est un peu l'hôpital que se moque de la charité non ?
De plus concernant les pharmaciens soit disant "présents" dans vos parapharmacies il y a matière à discuter (sans parler de la "non" formation des personnels présents).
Conclusion, peut-être serait-il temps de vous occuper de vos rayons de fruits et légumes dont les concentrations en pesticides ne sont pas spécialement recommandés pour la santé et laisser exercer les vrais professionnels de santé ?
Effectivement pas facile cette libéralisation des médicaments qui donnerait du pouvoir d'achat au français et du vrai conseil au comptoir dans les parapharmacies. Au lieu de s'intéresser à l’avenir lucratif des pharmacies qui peinent en ce moment en ouvrant les capitaux et donner des moyens de dispensations d'actes de consultation aux docteurs de pharmacie en lieu et place des déserts médicaux de médecins généralistes par exemple.....NON l'ordre des pharmaciens et certains politiques continuent de bloquer cette libéralisation devenu nécessaire pour les citoyens devant la flambée des prix différents des uns des autres d'une pharmacie à l'autre sur les produits "libérés" en officine exclusivement. Mais tout de meme de quoi essayer de récupérer des voix comme en témoigne cette lettre de NDA aux pharmaciens...:

Le 30/11/2015

Lettre de Nicolas Dupont-Aignan aux pharmaciens


Madame, Monsieur,


Régulièrement interpellé par nombre d’entre vous, pharmaciens, lors de mes déplacements à travers la France, il m’a semblé important de vous écrire pour vous exprimer mon soutien.

Je veux, lors élections régionales qui auront lieu les 6 et 13 décembre prochains, défendre un projet d’équilibre territorial et de proximité pour l’ensemble des régions de notre pays. En tant que pharmacien, vous garantissez un service incomparable que les Français veulent préserver. La volonté du gouvernement, avec le soutien du pouvoir régional actuel et des Républicains (ex-UMP) de libéraliser les professions réglementées, telle que la vôtre, représente une menace pour la qualité des services garantis à des millions de Français.

Défendre votre profession, ce n’est pas privilégier une minorité mais c’est avant tout servir l’intérêt général des Français et défendre un service public. Prise en tenaille entre les choix du gouvernement de diminuer les prix des médicaments et les industriels de la pharmacie qui augmentent les prix de leurs produits, votre profession est mise en danger.

Devenir pharmacien nécessite des études souvent longues pour un niveau de formation élevé. Vous êtes dépositaires d’une responsabilité particulière et constituez un tissu social et territorial de compétence. Le pharmacien n’est pas seulement un dispensateur de médicament, il est également un précieux conseiller médical. Son accès facile guide le malade dans sa quête d'information et dans son parcours médical.

Briser le monopole des pharmaciens en matière de vente de médicaments sans ordonnance aurait des conséquences catastrophiques. Les consommateurs n’auront plus accès aux conseils d’un professionnel, ce qui risque de banaliser la consommation de certains médicaments, entraîner la surconsommation et aggraver le gaspillage des médicaments qui ruine le Sécurité sociale.

Si le monopole des pharmaciens est remis en cause, de nombreuses pharmacies en milieu rural et dans certains quartiers risquent de disparaître, accroissant, une fois de plus, les inégalités dans l’accès aux soins entre urbains et ruraux.
Je m’oppose donc fermement au projet de libéralisation de votre profession, notamment soutenue par mes concurrents, et je souhaite protéger votre métier nécessaire à l’équilibre territorial que je défends lors de ces élections régionales.

N’hésitez pas à me solliciter ou à solliciter mes colistiers et les membres de mon parti si vous souhaitez approfondir l’ensemble de ces questions avec nous.

Vous pouvez nous joindre facilement par téléphone au 01.69.49.17.37 et par courriel sur regionales2015@debout-la-france.fr.

Veuillez recevoir, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération distinguée.

Bien cordialement,

Nicolas Dupont-Aignan
Député-Maire d'Yerres (91)
Président de Debout La France
www.debout-la-france.fr
Merci pour ce courrier très intéressant, et qui comporte quelques inexactitudes notamment sur les médicaments OTC (qui ne sont pas remboursés par la Sécu, donc aucun péril budgétaire de ce côté là !). Au contraire même, toutes les simulations montrent qu'une plus grande automédication soulagerait la Sécu de certaines dépenses... ah là là, les campagnes électorales ne sont décidément pas les meilleurs moments de cheminement vers la vérité ! ;-)

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