ÉCONOMIE Echos de la distribution

Négo 2015, Lidl et les agriculteurs, le cartel du lait, la TASCOM et les annonces de Madame Delga…

Un cadre nouveau pour les négo

J’ai dit hier dans une interview aux Echos que finalement, le round de négo s’est bien achevé le 28 février chez E.Leclerc, contrairement aux prévisions de certaines fédérations qui criaient au loup. J’ai eu l’occasion d’en discuter avec pas mal d’industriels présents au Galec pour la clôture des négo. L’accouchement fut douloureux, mais ce n’était pas seulement pour des questions de prix.

Cette année en effet, les discussions étaient complexifiées par un cadre juridique qui a encore évolué. C’était l’année d’application de la Loi Hamon sur la consommation : renforcement des CGV, clause de revoyure, comptes rendus obligatoires des négo…

De plus, comme les sanctions ont été renforcées, et que certains textes souffraient de problèmes d’interprétation, chaque partie a fait preuve de prudence. Dans les box de négo, il y avait quasiment autant de juristes que d’acheteurs !  Mais au final, il y a quand même eu beaucoup d’échanges positifs et même de la souplesse de part et d’autre.

Pour les PME, les adhérents E.Leclerc ont tenu parole en concluant les négo le plus tôt possible, afin de leur donner une visibilité de long terme. Aussi, ils se sentent encouragés à poursuivre ce travail au vu des déclarations de Dominique Amirault, le président de la FEEF, qui s’est réjoui publiquement des résultats de cette politique de discernement.

Concernant les tarifs, le jeu n’était pas facile pour nos équipes. En face, seuls les industriels avaient une vue précise des demandes de chaque centrale d’achat. Alors que pour les acheteurs, il leur était difficile d’évaluer la pression des concurrents reconfigurés en super centrales.

Qui a gagné ? Celui qui lèvera le doigt est à peu près sûr d’avoir perdu :-)

Reste à savoir comment ces conditions trouveront une traduction concrète pour les consommateurs. Il faudra prendre un peu de recul, pondérer les avantages tarifaires avec les perspectives de vente. Mais si certains secteurs restent baissiers (produits transformés issus de céréales, du sucre ou conditionnés avec du PET), les dégradations de prix seront nettement moins fortes que l’année dernière.  Il y aura des hausses (café, chocolat, noisette…), mais je pense sincèrement qu’on s’achemine vers un atterrissage en douceur.

Lidl au Salon de l’agriculture : la comm’ et les responsabilités ?

C’est une bonne nouvelle cette arrivée en fanfare de Lidl au Salon de l’agriculture. Car au-delà du symbole, je veux y voir le message politique (et commercial) que Lidl a décidé de rompre avec sa stratégie passée qui le tenait loin des problématiques des agriculteurs français. A défaut, cette présence imposante au Salon relèverait de la supercherie.

Il n’était en effet pas normal que les agriculteurs ne puissent compter sur Lidl, ou même Aldi, pour répondre présent lors des interpellations de la profession et des pouvoirs publics pour obtenir leur contribution au soutien des  prix du lait (français), du porc (français) ou de la volaille (française)… Voyons donc si les bonnes intentions sont suivies d’effet.

Le cartel des laitiers

Comme toujours dans ce genre d’affaires, on nage en plein polar : des réunions dans des hôtels en bord de route, des lignes téléphoniques secrètes, des prête-noms, des codes, et des protagonistes qui finissent par se balancer les uns les autres… c’est du Ellroy !

Apparemment ce feuilleton n’est pas une production exclusive des maisons françaises. Mêmes pratiques en Espagne nous dit Le Figaro d’aujourd’hui.

On verra sur quoi débouchera l’enquête de l’Autorité de la concurrence. Bien sûr, les distributeurs auront certainement été arnaqués. Bis repetita après l’histoire des lessiviers le mois dernier. Voilà en tous les cas des exemples qui justifient le métier de négociateur.

N’oublions pas qu’au final, c’est le consommateur qui trinque.

Vous avez demandé Bercy, ne quittez pas…

Comme les autres distributeurs, j’avais été choqué par le fait qu’en quelques minutes et en pleine nuit, une poignée de députés avaient voté la hausse de 50% de la taxe sur les surfaces commerciales (TASCOM). On se réveillait un beau matin de décembre, avec la désagréable impression de s’être fait faire les poches la veille!

Quelques fédérations se sont émues du procédé auprès de nos Ministres du Budget et des Finances. Deux mois après, ces derniers ont enfin pris la peine de répondre et d’avouer le « larcin ». Dans une lettre au président du CDCF, Michel Sapin et Christian Eckert confirment : il fallait récupérer le CICE dont profite « indûment » le secteur de la distribution…

Je me suis déjà exprimé sur ces arguments qui ne valent pas grand-chose et qui cachent mal avant tout une répugnance ancestrale de nos élites politiques pour le commerce (lire la précédente note)

Comble du comble, voilà que la ministre du Commerce, à l’époque absente des débats (lire Les commerçants contre la TASCOM : où êtes-vous Mme Delga ?), plaide maintenant « pour une révision à la baisse de la taxe sur les surfaces commerciales »…

On se pince. Il y a comme un problème dans le timing.  Que croyez-vous qu’il arrivera ? La prochaine Loi de finances, c’est pour la fin d’année. Madame Delga ne sera plus ministre (elle quittera le gouvernement en septembre pour se présenter aux régionales). Voilà bien une promesse à pas cher !

2 Commentaires

Bonjour monsieur Leclerc,
Le 1er paragraphe : pour le consommateur, on ne sait pas de quelle manière les négociations vont se traduire positivement pour le consommateur, mais on sait déjà que cela sera moins baissier que l'année dernière!!!!
Le 2e paragraphe : RAS, oufff...
Le 3e paragraphe : les industriels du lait se retrouvent pour ripailler, nous allons payer l'addition!!!!
Le 4e paragraphe : les politicards décident et votent des taxes que nous allons payer, ils l'avouent de surcroît!!! Cynisme, inconscience, faute avouée ne sera JA-MAIS pardonnée. J'espère que les électeurs de la ministre Delga bientôt candidate Delga lui feront payer cher tout ce qu'elle et ses complices nous font payer, cher, très cher, trop cher.
Il ya des jours monsieur Leclerc, je vous envie, parce que vous avez l'air sympathique, plutôt sincère et je me dis que votre vie doit être assez rigolote!?! Et dans le même temps, avoir à côtoyer ces baltringues de la politique, ça doit vraiment pas être drôle, salissant même...
Bon, essayez quand même de faire ce qu'il faut dans les magasins, parce que là, nous, on en peut plus!!!!!
Bonne journée quand même.
Antoine
Bonjour MEL,

Lidl au salon de l'agriculture comme McDonald's jadis mais ou allons-nous ? ce groupe se rachète une virginité pour essayer d'oublier ses pratiques d'antan ?
Je comprends que Lidl soit dans une stratégie de sortie du HD en référençant les grandes marques (Coca cola, Nutella, Ricard....),avec la guerre des prix présente dans la distribution depuis ces dernières années, il n'est plus compétitif sur les prix mais je pense que nous savons tous que la qualité des produits Lidl laisse fortement à désirer.
Ce groupe à aussi un sérieux problème à résoudre, celui du management de ses collaborateurs, je vais éviter de faire état des méthodes employées, digne de la Stasi qui ne peuvent persister dans notre pays.
Mis a part ces quelques points, Lidl devient effectivement l'un des 5 plus grands groupes de distribution dans le monde. D'ailleurs en 2014, il a supplanté les champions Européens comme Carefour, Tesco et METRO.

Pour réagir sur un autre des sujets évoqués, l'entente illicite entre les industriels de la consommation est courante, médiatisée ces dernières années avec l'Autorité de la concurrence, je pense qu'elle est présente depuis la création de la distribution généralisée et mondiale. MEL, nous éviterons "les coopérations commerciales "que vous pouvez avoir avec certains de vos fournisseurs ( qui me fascine je dois vous l'avouer).

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