ÉCONOMIE Engagements

Prix du lait : E.Leclerc confirme sa contribution aux producteurs, via un fonds de soutien ou un versement aux collecteurs

En lisant mon Télégramme et mon Ouest France ce week-end j’ai pris connaissance des propos du ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll qui a demandé au Médiateur « de pousser les industriels et les grandes surfaces à conclure un accord garantissant une hausse de 25 € les 1 000 litres de lait du prix payé aux producteurs pour avril, mai et juin. J'ai eu Michel-Édouard Leclerc au téléphone, il est d'accord avec cette proposition ».

Je confirme cet échange téléphonique et la position favorable de notre enseigne à la demande du ministre. Reste à en définir les modalités d’application, ce qui n’est pas le plus simple.

La proposition d’E.Leclerc permettait d’agir dès la paie d’avril

Les adhérents E.Leclerc avaient fait au Médiateur une proposition assez simple, que j’ai présentée à plusieurs syndicats agricoles dont la Coordination rurale et les Jeunes Agriculteurs (j’attends encore le coup de fil de Xavier Beulin qui depuis 10 jours dit aux journalistes qu’il va m’appeler…).

Notre solution en créant un fonds temporaire de soutien à hauteur de 180 millions d'euros permettait :

1. D’être opérationnel immédiatement, assurant ainsi la paie dès avril aux producteurs,

2. De porter sur l’ensemble de la collecte de lait en France (et pas que le lait de consommation) ;

3. D’éviter l’enlisement dans des discussions sans fin entre industriels et distributeurs sur la composition de chaque produit transformé sur laquelle se fonderaient les augmentations tarifaires proportionnelles à la quantité de lait ;

4. D’impliquer l’ensemble des intervenants de la filière (dont les hard discounters) en fonction de leur part de marché, ce qui aurait été une décision juste et légitime ;

5. De s’assurer que le soutien apporté par ce fonds irait bien aux producteurs français et pas à des producteurs de lait étranger (car qui me dit que dans tel biscuit ou yaourt de tel industriel, c’est du lait français et pas allemand qui est utilisé ?) ;

6. D’éviter tout risque de sanction puisque les cotisations «volontaires» versées dans ce fonds n’influaient pas sur les conditions de la négociation commerciale et dès lors évitaient l’écueil de « l’entente », que la loi punit.

Pour le moment seul le Président de la FNSEA a rejeté cette proposition d’un revers de la main, et dans l’heure qui a suivi sa formulation. Trop rapide pour être honnête ? Surprenant en tous les cas. D’autant que l’idée du fonds que nous proposons est assez similaire à celui qu’il souhaite mettre en place !

Les pouvoirs publics et d’autres syndicats agricoles n’ont pas opté pour un tel refus. Au contraire même, les éleveurs avec qui j’étais en dialogue ce week-end trouvaient que notre solution avait deux mérites : répondre rapidement à une situation d’urgence et à hauteur des besoins exprimés par les éleveurs (3 centimes par litre collecté).

La seule objection entendue chez les Jeunes Agriculteurs comme chez le Médiateur, viendrait de ce que les pouvoirs publics ne souhaitent pas le gérer. Un tel point de vue peut-il encore évoluer ?

A défaut d’un fonds, quelle solution serait aussi efficace ?

Les adhérents E.Leclerc sont ouverts à toute suggestion. Le Médiateur ne semblait pas insensible à l’idée qu’à défaut de passer par un fonds de solidarité, chaque contributeur verse sa quote-part aux transformateurs qui en répercuteraient le bénéfice aux producteurs. Pourquoi pas. Ce serait alors aux pouvoirs publics de nous garantir la transparence du système et que ce sont bien les producteurs français qui en bénéficieraient.

Alors qu’ils pourraient relayer cette idée, les industriels ne jurent que par une demande de hausse tarifaire et donc la réouverture des négociations commerciales avec les distributeurs. Allons…Qui croit qu’on pourrait faire aboutir de nouvelles négociations commerciales en quelques jours, alors même qu’il faut 4 à 5 mois chaque année pour y parvenir et alors même que le cadre légal s’y oppose !

Ce type de solution (soutenue par mon collègue de Système U) présente deux inconvénients majeurs. D'abord, il nous expose à des risques d’entente. Comment qualifier une hausse collective, même avec les apparences du volontariat, qui serait proposée par tous les fournisseurs, en même temps, à tous les distributeurs ?

Mais surtout, augmenter les tarifs, sauf à supposer que Nestlé, Danone et consorts ne collectent pas de lait étranger, rémunérerait tout autant le lait français que le lait allemand importé.

Au fait, comment se fait-il que les hard discounters ne soient pas sollicités ?

Ne pas se tromper de combat…

Les propositions faites par les adhérents E.Leclerc sont sincères et directement applicables. Tout le monde peut constater qu’aucun argument sérieux ne nous a été opposé jusqu’ici. La question est : qu’est-ce qui gêne dans notre solution ? Quel est le vrai dessein de ceux qui refusent nos propositions ?

J’avoue avoir été assez surpris de voir s’organiser il y a quelques jours une conférence de presse commune (!) entre la FNSEA et les principaux lobbies des industriels et des multinationales (Ania, Illec) pour demander en chœur une révision de la Loi de modernisation économique (LME).

La manip’ est quand même un peu grosse. Vous ne trouvez pas ça étonnant vous de voir le boss de la FNSEA siéger aux côtés des clients de l’agriculture (où les multinationales sortent 10% de rentabilité annuelle) pour demander un effort aux seuls distributeurs ? Quoi…un représentant des agriculteurs qui exonère par avance les industriels de leurs propres contributions ? Curieux attelage...

N’est-ce pas apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent qu’on instrumentalise la cause des producteurs de lait pour servir les intérêts à long terme des grands industriels ?

Cher Xavier, nous aurons l’occasion de débattre de la réforme de la LME (ou de la LMA) puisqu’elle sera à l’agenda des débats politiques dans les prochains mois. Mais pour l’heure, il faudrait lire les pancartes des manifestants vendredi dernier : « on veut du cash maintenant ». Concentrons-nous donc d’abord sur l’immédiat : la crise du lait.

De quelle couleur sera la fumée ?

On attend de connaître la couleur de la fumée qui sortira de la cheminée du Médiateur. Stéphane Le Foll souhaite prendre les choses en main. Pas de souci de mon côté, je n’ai jamais contesté le primat du politique.

Versement à un fonds de soutien « à la sauce E.Leclerc » ou versement payé aux collecteurs qui distribueront aux producteurs ? La contribution des centres E.Leclerc est prête.

6 Commentaires

Salut Mel!
Le sujet n'est pas simple et parait même très épineux.
La crise du lait est-elle française, européenne ou mondiale?
Alors que dans votre article précédent vous mettez en avant votre engagement pour l'Europe, ici vous distinguez le producteur de lait français du producteur de lait allemand. Quelles sont les différences entre les deux? Je ne vois pas de différences dans la réalisation de votre chiffre d'affaires.
Le prix payé à l'un et à l'autre ne serait- il pas le même par Danone?
Pourquoi le moyen de la subvention classique n'est pas applicable pour soutenir les exploitations en difficulté?
Avez-vous déjà vu le montant des cotisations versées par les différents "adhérents" de la FNSEA ?
Et les différents accords tacites passés entre la FNSEA et des sociétés agro-alimentaires garantissant fourniture du fichier des adhérents contre versement d'un pourcentage sur le chiffre d'affaires ?
Messieurs Beulin et consorts ne vont pas se priver de tout cet argent au motif de soutenir les producteurs de lait. Ce serait indécent !!!!!!
Bonsoir.
Etant producteur de lait,je me réjouis de l'initiative prise par la grande distribution notament leclerc pour faire face a la crise qui touche les producteurs.
Je ne comprend pas la réticence des transformateurs,ainsi que de certains qui sont censés defendre nos interets.
La hausse du prix du lait attribuée pour le moment ne serait en fait qu'une avance de trésorerie.
Il ne faudrait pas que cette rétribution de la grande distribution serve a augmenter les marges de nos laiteries ainsi que certaines indemnitées de nos soit disant représentants par le biais des coopératives.
Ayant contacté une de vos enseignes,étant responsable syndical(cr), je trouve dommage que celle ci préfère me racrocher au nez plutôt que d'avoir un dialogue constructif.
Salutations distinguées.
Salut Mel!
Le sujet n'est pas simple et parait même très épineux.
La crise du lait est-elle française, européenne ou mondiale?
Alors que dans votre article précédent vous mettez en avant votre engagement pour l'Europe, ici vous distinguez le producteur de lait français du producteur de lait allemand. Quelles sont les différences entre les deux? Je ne vois pas de différences dans la réalisation de votre chiffre d'affaires.
Le prix payé à l'un et à l'autre ne serait- il pas le même par Danone?
Pourquoi le moyen de la subvention classique n'est pas applicable pour soutenir les exploitations en difficulté?
Avez-vous déjà vu le montant des cotisations versées par les différents "adhérents" de la FNSEA ?
Et les différents accords tacites passés entre la FNSEA et des sociétés agro-alimentaires garantissant fourniture du fichier des adhérents contre versement d'un pourcentage sur le chiffre d'affaires ?
Messieurs Beulin et consorts ne vont pas se priver de tout cet argent au motif de soutenir les producteurs de lait. Ce serait indécent !!!!!!
Bonsoir.
Etant producteur de lait,je me réjouis de l'initiative prise par la grande distribution notament leclerc pour faire face a la crise qui touche les producteurs.
Je ne comprend pas la réticence des transformateurs,ainsi que de certains qui sont censés defendre nos interets.
La hausse du prix du lait attribuée pour le moment ne serait en fait qu'une avance de trésorerie.
Il ne faudrait pas que cette rétribution de la grande distribution serve a augmenter les marges de nos laiteries ainsi que certaines indemnitées de nos soit disant représentants par le biais des coopératives.
Ayant contacté une de vos enseignes,étant responsable syndical(cr), je trouve dommage que celle ci préfère me racrocher au nez plutôt que d'avoir un dialogue constructif.
Salutations distinguées.

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