J'ai flashé Portraits

Eloi Leclerc, une belle figure chrétienne

Mon oncle Eloi Leclerc a rejoint avec sérénité un autre état du monde, celui auquel il croyait depuis sa conversion à François d'Assise. Il avait 95 ans. Né à Landerneau, frère de mon père Edouard, et personnage lumineux d'une fratrie de 13 enfants, il avait fréquenté plusieurs institutions religieuses, notamment le collège franciscain de Fontenay-sous-Bois, et le noviciat d'Amiens.

Il avait pris en 1939, le nom de frère Eloi, délaissant, comme c'est la tradition, son prénom Henri: "quitte tes biens, les biens, et suis-moi"… rapporte l'Evangile. Il suivait ainsi le chemin de ses 6 frères et sœurs rentrés dans les Ordres eux aussi.

Son histoire, comme celle d'un autre de ses frères, Louis, a pris un tour tragique lors de la Seconde Guerre mondiale.

Envoyés en Allemagne dans le cadre du STO, ils retrouvent plusieurs séminaristes qui travaillent à la gare de Cologne. Dans un contexte de répression, et alors que des résistants sont chargés de réacheminer les parachutistes anglais sous les wagons des trains allemands à destination des ports du Nord, une rafle a lieu : les séminaristes sont amenés à la prison de Cologne, où certains sont torturés. C'est là qu'Henri nouera des liens amicaux et intellectuels avec le futur Chancelier allemand Adenauer.

Finalement, Louis est acheminé au camp de Flossenbürg à la frontière de la Tchécoslovaquie. Henri est quant à lui déporté à Buchenwald jusqu'en avril 1945, où il partage le sort des opposants à l'Allemagne nazie. A partir de cette date, il fait partie du convoi qui le destine à Dachau. En fait le train va errer pendant un mois, dans un chaos total où la cohabitation avec la souffrance et la mort confirmera Henri dans ses engagements apostoliques.

Le récit qu'il fit, de cet effroyable voyage vers les camps de la mort constituera un témoignage poignant.

Sauvé de justesse par les troupes américaines, il fut ordonné prêtre quelques années après la Libération et consacra sa vie à la réflexion, à l'écriture et à l'enseignement.

Dans la famille Leclerc, haute en couleurs, Eloi a toujours su mêler les gestes d'affection et une certaine distance. Il a manifesté un soutien important à mes parents, et surtout à mon père, dans des moments très controversés.

C'est lui qui a baptisé mes quatre enfants. C'est surtout durant l'été qu'il nous rendait visite et l'on parlait alors philosophie, histoire, religion, art. Il a notamment écrit un livre magnifique sur le Retable d'Issenheim de Matthias Grünewald.

Mais s'il était fier de son appartenance familiale, et venait prendre systématiquement des nouvelles de la soixantaine de mes petits cousins et neveux, s'il aimait parcourir le chemin des pèlerinages et des enclos paroissiaux en compagnie de Guy Leclerc, une de ses plus jeunes frères, c'est plus encore à sa communauté religieuse qu'il destinait ses marques d'engagement. C'est d'ailleurs auprès de ses coreligionnaires qu'il a passé pratiquement toute sa vie.

Auteur prolixe, il a publié une vingtaine de livres dont beaucoup furent consacrés à Saint-François d'Assise, ou inspirés par lui.

L'ouvrage « Sagesse d’un pauvre » lui apporta une belle notoriété et devint un livre de référence pour de nombreux chrétiens qui revendiquaient son influence. Ainsi d'Emmanuel Faber, DG de Danone, qui s'était lié d'amitié avec lui, ou encore Patrick Hetzel, député du Bas-Rhin, son ancien élève au Collège Saint-Antoine de Phalsbourg.

8 Commentaires

Sincères condoléances à vous et à votre famille. Flo
Salut Mel!

La vie est surprenante et imprévisible. Il y a toujours un espoir de voir une éclaircie dans la pire des situations tant qu'il y a de l'énergie et de l'espoir. C'est peut être cela le secret de la religion: la concentration de l'énergie en évitant la dispertion et la culture de l'espoir en idéalisant des actes et des mots magnifiés par l'art. Paix à son âme; son chemin a été utile! Je le ressents à travers vos écrits. Quoi de plus beau pour un homme d'avoir servi et d'avoir été utile aux autres? Il a réussi sa vie.
La richesse de l'esprit et de la connaissance fait monter l'ame plus vite aux cieux.
Mes sincères condoléances Monsieur Leclerc.

Mon grand-oncle de Landerneau, prêtre lui aussi, connaissait votre oncle.

Monsieur, je souhaiterais vous envoyer un mail, à quelle adresse puis-je vous écrire?

Sincères salutations.
Gérard PENNEC

gerard.pennec@hotmail.com
Un magnifique témoignage d'un chrétien authentique.
Cher Monsieur,

permettez-moi de commencer ces lignes par mes plus sincères condoléances pour la perte de votre oncle Eloi. Peu douée pour les recherches informatiques, et surtout désireuse d'éviter les polémiques stériles, je n'ai trouvé que cette messagerie pour vous faire part d'un petit problème né de la rencontre de l'esprit franciscain et du Groupe Leclercq. Je vous prie donc de m'excuser si le présent commentaire devait être, ici, incongru.
J'ai quitté ma Belgique natale au mois de mars 2016 en renonçant à tout bien dans une logique de dénuement inspirée par St François, et je parcours l'Europe (sic) à pieds, avec pour objectifs Saint-Jacques de Compostelle, Assise, Rome, etc. Le prix des chaussures (même chez Leclercq) étant trop élevé pour ma maigre bourse, je fais ce voyage à pieds nus. Ma tenue est néanmoins décente, mes pieds sont propres et même pédicurés. Nonobstant, je me suis fait "épingler" par un vigile du Leclercq de Pineuilh (Gironde), qui m'a priée de me chausser pour des raisons d' "hygiène et de sécurité" , conformément à des "consignes" qu'il aurait reçues, mais dont je n'ai trouvé aucune trace. Je n'ai aucun reproche à faire à ce vigile, parfaitement courtois. Mais je voudrais juste savoir si le port de chaussures est obligatoire chez Leclercq, et , si oui, en vertu de quel règlement ?
Leclercq envisage-t-il l'ouverture d'une polémique sur la burki-tongue ?
Qu'en pense Monsieur le Président du groupe ?
Recevez, cher Monsieur, mes salutations distinguées
Joëlle Merlot-Dumas
Cher monsieur.
Aujourd hui c est votre oncle Guy .....frere guy..... qui a franchi l autre côté du miroir..... le 16 décembre dernier.... il déjeunait avec ma famille a lanveoc... il était fatigué mais avait garde son humour legendere ..... nous nous étions retrouvé par hasard a piégut (24) dans le bureau de poste et depuis nous nous sommes vus régulièrement.... un homme passionnant et passionné. Il va nous manquer. Du fond du cœur, j espere q une rue ou un endroit portera le nom de guy.... a chateaulin. sincère et respectueuse condoléances.

PS.
... j etais sur chateaulin et je l ai vu une dernière fois..... il est déjà parti écrire le nouveau livre de sa vie.
Frederic morvannou.
En retraite à Saint Guilhem le Désert, après 2 mois de marche de Arles à Lourdes, je souhaitais faire un temps de pause avant de revenir à la vie "normal".
Intrigué par le message du Christ, je suis depuis longtemps en recherche de compréhension de la vie de ces personnes que l'on nomme les "Saint".
Là je tombe sur les écrits d'Eloi Leclerc. En 3 jours j'ai dévoré 3 de ces ouvrages.
Whaou !!! Quelle autenticité.
Merci Eloi Leclerc de m'avoir amené à une compréhension plus facile de ce que peut être "Marcher dans les pas du Christ".
Visiblement vous avez touché à cette vie de véritable Chrétien.

Laisser un commentaire

Cette adresse n'apparaîtra pas à la publication
J'ai flashé Portraits

Eloi Leclerc, une belle figure chrétienne

J'ai flashé Portraits

Hermann, le franc-parleur

J'ai flashé Portraits

William Vance, l’homme tranquille