J'ai flashé Portraits

Hermann, le franc-parleur

C’est ainsi que Frédéric Bosser qualifie l’inclassable Hermann Huppen, dit « Hermann ». L’éditeur de la revue DBD lui a consacré un « dossier » fort documenté (09/2002).

C’est ainsi que Frédéric Bosser qualifie l’inclassable Hermann Huppen, dit « Hermann ». L’éditeur de la revue DBD lui a consacré un « dossier » fort documenté (09/2002). Et dans sa préface, il rejoint tout à fait l’opinion de Sophie Flamand qui posait, dans Bodoï (02/2005), la question récurrente : « Hermann Président ? »…du Festival d’Angoulême, bien sûr. Oui, le bonhomme étonne et détonne dans ce milieu du 9ème art, souvent retranché derrière une ironie qualifiée « de gauche », et qu’il conviendrait toujours d’interpréter au second degré. Hermann, lui, affiche des gènes…disons plus « bruts de béton » : « Je l’avoue, je suis peut-être un peu rugueux…J’ai des tics…J’ai un penchant à l’indignation plus fort que la plupart des gens, et ça ne me simplifie pas l’existence… ». Autant le dire tout de suite, Hermann est impitoyable avec lui-même. Rendez-lui visite, rentrez dans ses meubles, brossez-vous les pieds sur le paillasson de sa méfiance et…passé le temps d’un apprivoisement réciproque, vous découvrirez un être terriblement attachant. « Je râle, je grinche, donc je suis ! ». Peut-être, mais nous, on ne vit pas avec…alors, profitons simplement de cette rencontre avec ce grand maître de la Bande Dessinée. Quel talent ! Tous les dessinateurs de renom lui rendent hommage. Son œuvre force le respect. Inégale ? Absolument. Il ne s’en défendrait pas. Car pour lui, point de rente, il est toujours en recherche ! Avec Greg, il a « commis » « Bernard Prince », « Comanche ». Avec Vernal « Jugurtha ». Mais de l’aventure au polar, du western à la science-fiction, il saute par dessus les genres romanesques, et s’émancipe…de son propre style. Même si « la patte » reste visible, la composition et l’écriture graphique des « Tours de Bois-Maury » (Glénat) n’ont rien de commun avec la nervosité du trait dans « Jeremiah ». Du crayon, il passe à de superbes encrages, excelle aux pastels, découvre et prend plaisir à la « couleur directe »…toujours en « prise de risque ». Avec son fils, enfin, il signe les « Liens de sang » (dont j’apprécie beaucoup moins la dernière livraison, trop phraseuse à mon goût…Désolé, Hermann !). A sa sortie, « le milieu » avait moins apprécié « Sarajevo-Tango ». Le public, habitué des histoires plus « ados », découvrait un artiste militant, oubliant qu’il avait déjà balisé toute son œuvre d’un engagement total contre les injustices sociales et toutes les formes d’hypocrisie. Les apparences ne sont qu’apparences. De droite, Hermann ? Probablement. D’extrême droite ? Personne n’a osé le dire, nombreux aimeraient le « prendre en faute ». Disons avec Frédéric Bosser que l’homme est « entier » et que sa « franchise » tranche forcément dans une époque où le politiquement correct règne en maître absolu. Reconnaissons « qu’être populaire » ou « plaire » n’est pas son souci. « Le public s’indigne, mais il veut du spectacle ». Des ennemis ? Forcément, du côté des intégristes de tout poil. « Il y a des suceurs de bible qui n’hésitent pas à bousiller des tas de gens » (allusion autant à Bush qu’aux ayatollahs). Je lui ai rendu visite deux fois, dans son modeste et discret appartement de Bruxelles. La musique est sa maîtresse (pardon, Madame Huppen). Son univers témoigne de l’amitié partagée avec d’autres dessinateurs dont les œuvres peuplent les murs. Je vais vous dire : ce type est exigeant : « J’aime bien que ça grimpe. Le plat m’ennuie ». Il parle de vélo. Il parle de sa vie… Il n’a pas fini de nous étonner.

N.B. : Les citations sont extraites des deux publications précitées. Celles que je lui ai « volées », je les garde pour le tome 2 « d’Itinéraires dans l’Univers de la Bande Dessinée », album d’entretiens pour lequel j’ai pris (aussi) un sacré retard…

15 Commentaires

J'étais venu aujourd'hui sur votre blog dire que, pour quelqu'un qui voulait parler BD ici (comme mentionné dans le Bédéka de ce mois-ci, dans le dossier blog graphiques), je trouvais qu'il y avait peu de notes sur le sujet...
Et vlan, une autre rencontre...
Juste une chose : il n'était pas possible de mettre une planche ou deux de son travail ?
Bonjour Monsieur Leclerc,
Au sujet de la Bande dessinée...
Dans mes vertes années, j'aimais la bande dessinée, et je dévorais tous les "Tintin & Milou", surtout l'hiver, assis près du poële à bois, dans l'atelier de mon père qui était situé à côté de chez Maxence Van Der Meersch.
Ensuite, il y a eu des années creuses en cet art... Aujourd'hui, je pense qu'il faut savoir bien trier, mais je préfère voir ma fille de dix ans lire les grands auteurs, et jouer du piano, ce qui l'incite à écrire elle-même depuis plusieurs années déjà, et même à composer. Personne ne l'oblige, mais en bandes dessinées, elle aussi a lu surtout "Tintin" et "Lucky Luke"
ainsi que"Astérix etc."
Personnellement, je vous promets de m'y intéresser plus prochainement, afin de parfaire mes connaissances.Il faut ajouter que pour l'orthographe et le vocabulaire en général, ce n'est pas le meilleur modèle.
Merci à vous, et bien cordialement vôtre. Guy Maës.
Bonjour et bravo pour cette presentation de Hermann Huppen.
Tout d'abord puis je indiquer que je vous avais pose une question au sujet de fromages dans un autre post mais je ne semble pas avoir recu de reponse de votre part, a moins d'un probleme de mon cote.
Pouvez vous me confirmer l'un ou l'autre ?
Merci.
L'ecrivain Musicien Guy Maes vient de faire une mauvaise note...quel dommage qu'il en soit encore a considerer le 9eme art comme le petit frere pauvre de la musique et de la litterature.
En novembre 1998, Roger Lecureux m'ecrivait au sujet de sa collaboration avec Lucien Nortier et Christian Gaty que l'evocation de heros tels que Sam Billie Bill et le Grele 7/13 "...reveillait des souvenirs du temps ou la BD n'avait pas droit de cite. Ce temps aujourdhui balaye grace au courage d'homme comme Lucien Nortier et de scenariste comme votre serviteur..."
Faire reference a Tintin, Asterix et Lucky Luke n'est ce pas oublier un peu vite qu'avec Spirou, Tintin et Pilote il y avait aussi Pif puis Pif Gadget et puis enfin Metal Hurlant, l'Echo des Savannes, Fluide Glacial et meme Charlie...
Cette vision etriquee de la bande dessinee limite a 3 caracteres ne semble pas representer une image exacte de l'etat du 9eme art mondial.
C'est aussi oublier la censure gouvernementale qui jusque dans les annees 80 n'hesitait pas a intervenir de facon negative dans le cadre de la creation.
Retour a Hermann Huppen.
Je ne le connaissais que par ses bandes dessinees, Commanche, Bernard Prince, Jeremiah.
Je l'avais decouvert dans Tintin en 1968 et depuis il est reste l'un de mes auteurs de BD preferes.
Sa contribution au 9eme Art est telle que le festival d'Angouleme se ridiculise en ignorant un tel talent.
Mais Hermann Huppen accepterait il d'en etre le president pour une saison?
Pour la BD meme mieux que pour lui il faut l'esperer.
N'aillant pas les moyens de visiter Hermann Huppen en Belgique ou en France j'ai utilise la correspondance epistolaire pour le contacter et voila trois fois qu'il a deja accepte de repondre a son correspondant americain.
Au risque de faire hurler certains professionnels de la BD qui levent leurs boucliers contre les dedicaces alors meme qu'ils sont les organisateurs de ces seances de dessins organises, poussant meme le vice a creer des systemes de loteries, il a accepte de me faire trois jolis dessins " par avion" tout en me donnant par ecrit son opinion sur Jugurtha et le prix de ses planches.
Hermann Huppen semble etre dans le cadre tres limite de notre contact comme ses heros, honnete, direct, attentif, curieux et libre.
Sans oublier TALENTUEUX.
Bonjour,
Grand fan de Hermann, admiratif de son trait, de ses univers, un peu moins de certains de ses scenarii, je suis pourtant toujours resté sur une note un peu amère à son sujet. Je trouve qu'il y a parfois quelque chose de populiste, une certaine forme de poujadisme. Je ne sais pas exactement d'où cela vient. De certains de ses personnages, certainement, d'une remarque dans l'album Simon à propos de la peine de mort, fort probablement. On voudrait tellement que les personnes que l'on admire soient moralement irréprochables dans notre propre échelle de valeurs... Il vaudrait souvent mieux ne rien connaître d'eux ;-)
Pour en revenir à Hermann, qu'en pensez-vous ? Illusions de ma part ou fond de vérité ?
Cdt,
JP
Re Aurélien (17/09/05)
Je ne pense pas, Aurélien, qu’Hermann, ou son éditeur, serait opposé à ce que je publie, ici, l’un ou l’autre de ses dessins. Il faut cependant respecter les droits d’auteur et obtenir l’accord de l’éditeur. Vous avez raison.
Re L’Ecrivain-Musicien Guy Maës (18/09/05)
Attention à quelques idées préconçues, cher Ecrivain-Musicien. Il y a des auteurs dont l’obsession n’est certes pas l’orthographe. Mais pour Sfar ou Peeters, Christin-Bilal ou Giardino, Yslaire ou Mattotti…, l’exigence esthétique n’a de sens que si elle s’accompagne d’un scénario bien écrit. J’ai une formation littéraire. J’ai toujours alterné, dans mes lectures, romans, essais, BD, revues. Personne, dans le 9ème art, ne recommande la lecture exclusive de la BD. Personne n’a cette prétention. Mais surtout, ne tombons pas dans l’excès inverse. La bande dessinée, pour ses meilleurs auteurs et ils sont nombreux, est un formidable outil d’accès à la culture.
Re Ralph de Butler (18/09/05)
Je pense qu’Hermann, tout comme Van Hamme, Dufaux ou Christin, pour ce qui concerne les scénaristes, n’ont plus d’états d’âme à l’égard d’Angoulême. Mais à l’inverse, si on leur offrait ce bouquet de reconnaissance, je suis persuadé qu’ils donneraient au Festival le meilleur d’eux-mêmes.
Re Le Jé (18/09/05)
Oui, j’en conviens. Il y a chez Hermann des affirmations, des prises de position, des attitudes que l’on pourrait qualifier « de droite ». Mais tout ça est très complexe et paradoxal.
Regardez, par exemple, au cinéma. Des mises en scène de Patrice Chéreau, de Pasolini, ou encore un film comme « Portier de nuit » ne produisent-ils pas finalement le même effet. On n’en parle pas dans les mêmes termes. Mais d’un homme de gauche, on ne dénoncera pas la complaisance dans une forme de violence, quelquefois même de sadisme. Alors que d’un homme que l’on aura qualifié « de droite », on dira que tout cela est dérangeant et complaisant.
D’un artiste, comme vous dites, nous ne sommes pas obligés de tout prendre. Ce qui compte, à mon sens, c’est l’effet que produit sa création sur nous-mêmes. Jodorowsky, Gimenez, ou même Frank Miller ont fouillé, plus encore qu’Hermann, et exploité la partie sombre de notre être. Ils y ont probablement éprouvé aussi une certaine délectation. Avouez que c’est quand même un paradoxe d’être méfiant à l’égard d’Hermann, et de consommer « sans réagir » les Méta-Barons ou Sin City.
Ok, j'avoue, mais en partie seulement. Faute à demi avouée à quart pardonnée ? ;-)
Un Orwell, un Bradbury, un Kubrick, un Eisenstein, et bien d'autres (je n'ai pas les mêmes référents, mais j'imagine que cela revient à peu près au même), provoquent pour critiquer le système de base. Hermann me semble plus flou. Entre la critique par le contre-exemple et la défense de valeurs d'un monde ancéstral, la limite peut être extrêmement subtile et celle d'Hermann me paraît moins claire que celle de ces autres artistes.
Pour le reste, je ne juge pas par séparation "gauche/droite", que je n'ai jamais profondément comprise, mais par valeurs "humaniste/non humaniste", qui ne me semble tout de même pas du tout la même chose( heureusement ;-)).
Et l'analyse un rien consensuelle que vous livrez ici est celle d'un homme de gauche ou de droite ?
(je pose la question naïvement ... souvent déconnecté de la société, je n'en sais strictement rien).
Enfin, et pour résumer ce que j'essaie tant bien que mal d'exprimer, ce n'est pas l'exploration de la "partie sombre" de notre être qui me trouble, bien au contraire, mais plutôt le fait que certaines de ces "parties sombres" décrites me semblent plus être présentées comme un modèle à suivre...
Allez, je vous souhaite la bien bonne soirée.
Bonsoir:
pas d'accord avec Le Je.
A moins d'un appel au meurtre ou a des actions qui sont definies dans le cadre de lois mondiales comme des crimes, chacun a droit a ses opinions.
N'est ce pas l'interet de l'echange?
Oublions Hermann Huppen pour un moment et parlons de Guy Mouminoux, alias Dimitri.
Voila un auteur talentueux de bandes dessinees qui fut incorpore dans l'armee allemande pendant la seconde guerre mondiale.
Son parcours en BD est sans fautes; Pif, Spirou, Pilote, Tintin, Charlie hebdo et enfin l'echo des savanes.
Il est aussi capable de communiquer:
http://cf.geocities.com/ralphdebutler/dedicaces.html
Bonjour Mr Leclerc,
Quelques mots au sujet d'Hermann. Je le connait un peu, en tout cas lors de ses passages à Nantes nous passons des heures à discuter dans de petits cafés, en ville.
Je sait qu'il n'aime pas être constament juger sur ce qu'il est ou pas, Hermann est un "pro" de la BD qui bosse sur sa planche non stop. Sa valeur essentielle est le travail, l'effort, la remise en question permanente. C'est aussi un homme libre, qui ressemble à ses héros, mais qui lui, voyage par l'esprit, là dessus c'est un sacré bonhomme. Comme pour vous ou moi, c'est un être complexe qui cherche à être un homme dans le meilleur sens du terme.
La derniére chose à faire serait de le classer dans une petite case, dés que vous auriez le dos tourné, il s'en échapperait.
J'aime bien discuter avec lui, on ne parle pas géopolitique si passionnement avec tout le monde, ni de l'univers de la BD, une de ses raisons de vivre.
Et comme pour tout mes amis, son absence me pése.
Alain.
Re Alain Le Coz (30/9/05)
Tout à fait d’accord avec le portrait que vous faites de lui.
Bonjour,
les gens de votre service clientèle confondent l'auto et le loto. Ils sont dans l'incapacité de vous donner l'adresse d'un centre l'auto Leclerc quand vous leur donnez un code postal. Vos recrutements laissent à désirer.!
Dommage nous irons chez feu vert
bonne soirée
muriel
Bonjour;
Etudiant en BTS Managment des Unités Commerciales, je suis en contrat en alternance dans un centre l'auto leclerc à Montélimar, dans le 26.
Je recherche des renseignement sur le marché de la distribution automobile particuliaire au centre l'auto.
Merci de m'aider dans ma quete.
salutations
Coin Coin dit :Je suis totalement oppose9 au vote ooligatbire. La de9sertion des isoloirs est la conse9quence de l'incurie des politiques depuis des de9cennies, de leur absence d'exemplarite9, de leur collusion avec les lobbys capitalo insdustriel (e0 droite comme e0 gauche) et de leur mensonges et tromperies re9pe9te9es. Pour faire venir les citoyens voter, il faut tenir ses promesses, parler vrai et eatre exemplaire. Une quelconque obligation serait un de9saveu de9mocratique pour la France, pour ses dirigeants eux meames e9lus par des artifices le9gislatifs et aussi totalement contreproductif e0 terme. Le Frane7ais ne souffre pas la contrainte.

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