SOCIÉTÉ Concurrence

Grandes marques : La France plus chère que l’Europe

C’est encore une fois confirmé. La France figure dans le peloton de tête des pays de l’U.E. où les prix des produits de grande consommation (PGC) ont le plus augmenté au cours des 10 dernières années. Après diverses études publiées par des cabinets de consultants internationaux, Nielsen-Panel de Gestion ou Morgan Stanley, c’est au tour de Sophie Haincourt, directrice d’études au BIPE, de proposer une analyse des prix et des réglementations comparés en Europe. Blog_160505_indice_prix.jpgNB : les prix des PGC en France sont publiés par l’INSEE ; les prix hors France ont été calculés par le BIPE en s’appuyant sur la méthodologie INSEE et les coefficients budgétaires publiés par EUROSTAT (année 1999) Voici un résumé de ses conclusions : 1) C’est à partir de l’an 2000 que l’inflation sur les PGC (grandes marques) s’est fortement accentuée en France. « Entre 2000 et 2004, la hausse des prix sur ces produits a atteint 2,8 % par an, en moyenne, pour une inflation sur l’ensemble des biens et services de 1,9 % par an ». Plus vite qu’en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni ! « Cette évolution s’est produite en dépit du développement des marques de distributeur et des premiers prix dont les prix ont moins augmenté que la moyenne ». 2) L’introduction de l’euro n’a eu, dans ce phénomène, qu’un impact marginal. La Commission Européenne a chiffré à 0,2 point le surplus d’inflation au premier trimestre 2002 dû à l’introduction de la monnaie en janvier de cette année-là. Mais le passage à l’euro a servi de révélateur. Tout le monde s’est mis à regarder les étiquettes. « La perception par les ménages d’une accélération des prix à cette époque…reflète plus une prise de conscience tardive des hausses des PGC » qu’elle n’en explique le déclenchement. 3) « Les mesures Sarkozy de mai 2004 ont permis de renverser quelque peu la tendance des prix », ces derniers mois. Mais globalement, sur 4 ans, par rapport aux consommateurs britanniques ou italiens, les consommateurs français ont perdu du pouvoir d’achat sur ce segment de marché (PGC). 4) L’explication « tient aux différences de contexte réglementaire des différents pays… La loi Galland n’a pas d’équivalent dans d’autres pays de l’Union Européenne… En particulier, la définition des conditions générales de vente est une particularité de l’hexagone. Ailleurs en Europe,…les contrats particuliers font l’objet d’une négociation entre les parties et ne sont pas assujettis à des conditions générales de vente ou barèmes de prix fixés ex ante sous peine de sanction pénale ». Sophie Haincourt tire deux conclusions de cette analyse : a) L’Espagne exceptée, les environnements réglementaires plus souples des autres pays européens ont permis d'éviter la hausse relative des prix des PGC. b) Et alors qu’elle pose la question de la réforme du cadre réglementaire français, elle énonce cette vérité : dans les autres pays européens où les prix ont été plus sages, la liberté des prix n’a pas induit « tous les maux que l’on annonce suite à une réforme de la loi Galland, à savoir guerre de prix conduisant éventuellement à des phénomènes de déflation, disparition du petit commerce, fragilisation de l’amont de la filière, etc… ». Je me précipite pour faire envoyer, à tous les députés et sénateurs, cette analyse très documentée et chiffrée pour qu’elle enrichisse le débat parlementaire.

9 Commentaires

En plus des différences d'environnement réglementaire, constate-t-on des différences d'intensités concurrentielles entre les pays ?
C'est aussi en 2000 que sont apparus les premiers bons d'achats, est-ce qu'il ne pourrait pas y avoir un lien de cause à effet dans le cas Français? Et n'oubliez pas que votre groupement est présent en Espagne c'est peut-être lui qui le fateur inflationniste de l'inflation des prix là-bas ;)
Tiens la France dans les pays où la vie est plus chère, étonnant. Nicolas Sarkozy a donc raté son pari de baisses de prix dans les hypers. Personnellement, je crois que le problème ne se résume pas à la seule loi Galland.
Re Jérôme Perani (16 mai 2005)
Oui, la concurrence s’exerce à des degrés différents. En Italie, par exemple, les enseignes n’avaient pas, jusqu’à nos amitiés (association Leclerc/Conad), de politique nationale de prix. En Espagne, il y a des obstacles réglementaires aux implantations (Catalogne) qui limitent la guerre des prix. Mais c’est bien la preuve de la bêtise de notre loi Galland. Nous avons le plus fort taux théorique de concurrence, le plus d’enseignes théoriquement discount, mais elles sont obligées de vendre plus cher qu’en Italie ou en Allemagne. CQFD.
Re Erosoft (16 mai 2005)
Non, notre enseigne n’a pas cette influence en Espagne. Ce serait bien présomptueux que de l’affirmer… Nous n’y avons, en effet, que 8 magasins. Quant aux bons d’achat, ils ont été testés en France en 2001, dans la région toulousaine. Leur généralisation dans notre enseigne date de 2002, et de 2003 pour nos concurrents. Quels que soient les arguments à leur encontre, ils ne sauraient expliquer une inflation observée dès 1999.
Re Jérôme Charré (17 mai 2005)
Pas d’accord avec vous, Jérôme. Sans me sentir obligé de lui servir la soupe, je vois au contraire dans cette étude que la baisse engagée par Nicolas Sarkozy a permis de limiter l’inflation, notamment à la fin de l’année dernière et en ce début d’année.
MEL, dans les magasins que je fréquente, qui ne sont pas des centres Leclerc, mais une grande marque où le PDG a été débauché pour une trentaine de millions d'euros, la fameuse baisse des prix je ne l'ai pas vu. A vrai dire, une baisse de 1 à 2% alors que les prix ont augmenté de 5%, ça ne pèse pas très lourd.
Jérome,
J'ai l'occasion de recevoir toutes les publicités des magasins en bretagne. Et régulièrement je constate que plusieurs articles identiques (même codes barres) sont vendus 2% moins chere chez les commerçants indépendants que chez les autres qui ont des comptes à rendre à leurs actionnaires.
MEL,
Les bons d'achat sont distribués depuis l'année 2000 nationnalement et je souveniens en avoir reçu à l'automne 1999 sur Brest. Maintenant en supposant que cette explication soit-plosible pour le cas français, dans la mesure où l'on observe une inflation chez les autres qui ne donnent pas de bons il devient indéniable que ce ne sont pas eux qui font gonfler les prix.
Re Jérôme Charré (20/05/06) – Re Erosoft (23/05/06)
Chers amis, mon groupe est évidemment concurrent de Carrefour. Cela ne m’empêche pas de valoriser ce qui est bien fait chez nos homologues. Oui, je le confirme, depuis six mois, Carrefour a baissé ses prix dans ses magasins. La baisse, chez Carrefour, est largement supérieure à deux points sur plusieurs centaines d’articles. A tel point que de nombreux concurrents, et même mes adhérents, accusent Carrefour de vendre à perte outrageusement !
Pour qu’une baisse de prix soit profitable à une enseigne, il faut qu’elle soit durable. C’est là que j’attends mon concurrent au tournant !

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