Fermer l’ENA ?
SOCIÉTÉ Politique

Fermer l’ENA ?

En tant qu’universitaire, j’ai toujours ressenti une forme d’ostracisme de l’administration à l’égard de nos filières de formation. Sentiment conforté depuis que j’ai accepté la présidence de NEOMA BS ! On n’est pas du même monde. ? Mais la proposition d’Emmanuel Macron de supprimer une école renommée comme l’ENA me laisse perplexe !

Les énarques seraient-ils à leur tour objet de ce mépris et désormais victimes expiatoires de six mois de convulsions sociales incarnées par le mouvement des Gilets Jaunes ?!

Les critiques sont anciennes : absence de mixité sociale, esprit de corps, renvois d’ascenseurs pouvant s’assimiler à des privilèges... Tous ces reproches sont établis. Notre Président n’est d’ailleurs pas le dernier à nommer à des postes importants tous ses camarades de promo. ?

Mais quoi, l’ENA est-elle la seule grande école qui souffre de toutes ces insuffisances ? Que dire de l’ENS (Normale Sup’), autre grande école à produire de hauts fonctionnaires et des hommes politiques ? Et Polytechnique ? Et l’École des mines ? Je serai à Sciences-Po, je m’inquiéterais. ? Toutes ces grandes écoles revalident chaque année avec beaucoup d’application la théorie bourdieusienne de la reproduction sociale.

Pour être franc, je ne suis pas très fan de ce discours anti-élite. Bien sûr qu’il faut ouvrir les portes et les fenêtres de ces grandes écoles. Mais est-on obligé de tout casser pour autant ?

Dans ma vie pro, j’en ai croisé des énarques (et pas qu’à Bercy !). Certains étaient très conscients de leur valeur et totalement imbuvables. D’autres étaient ouverts et curieux de tout. Bref, une communauté humaine... tout comme les architectes, les ingénieurs, les médecins ou... les commerciaux !

Si c’est juste une initiative sacrificielle pour se dédouaner, et surfer sur la vague populiste, je trouve que c’est faire peu de cas de la valeur des hommes et femmes qui ont choisi de servir l’Etat plutôt que de faire du business ! Mais après tout : il y a peut-être aujourd’hui une nouvelle filière "Administration publique" à créer pour nos étudiants de NEOMA ? ?

3 Commentaires

Bonjour Michel-Edouard, ton propos est mesuré ; c'est appréciable.
Dans ta typologie, il manque quand même les pires : ceux qui se servent de l'Ena pour faire du Business. Qq années dans la haute-fonction publique puis pantouflage dés que possible pour faire du fric, à tous prix, si possible en captant de l'argent public : chasseurs de subventions, de marchés publics, dépeceurs...
Fermer l'école, je ne sais pas! En punir très lourdement quelques-uns des plus nauséabonds histoire de foutre les chocottes aux autres, sans aucun doute ; dans tous les cas réformer d'urgence!
Se faire mépriser par un des leurs devenu président (si ce mépris est sincère) et se faire honnir par la très grande majorité de la population est quand même ce qui peut arriver de plus juste à la plupart des énarques!
Pour un Louis Gallois d'exception, combien de fripouilles bouffies de la suffisance qui ne masque même plus leur insuffisance.
Depuis le début des années soixante dix ils ont massivement quitté l'administration pour polluer l'ensemble du système. Les énarques "gèrent" la France depuis 40 ans : administration, politique, parlement, grandes entreprises publiques, entreprises privées... La France qui en résulte est en failitte avec une dette publique qui dépasse son PIB et un taux de prélèvements obligatoires qui fait de notre pays le champion de l'OCDE dans un domaine... Il y a des titres dont on pourrait se passer, mais on ne peut pas : la plupart des énarques excelle dans l'inutilité.
Quel gâchis tout de même.
Voir un patron défendre l’enarchie, on se pincerait presque pour y croire ! Votre propos est toutefois assez juste. L’ENA a été créée après-guerre pour redonner une ossature administrative à la France et le concours pour permettre la montée des meilleurs aux responsabilités et non des plus pistonnés. Ok il y a beaucoup à redire désormais sur ce concours. Mais elle a joué ce rôle et la fermer aujourd’hui est un symbole fort et pas forcément positif. Si j’en crois Le Monde de ce week-end Monsieur Macron préfèrerait remplacer nos énarques tricolores par de brillantes élites mondialistes ayant fait leurs classes à la Kennedy School d’Harvard. Avec tout ce que cette belle institution charrie de pensée ultraliberale et anti-étatique... Pas sure que notre république y gagne à la fin...

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