SOCIÉTÉ Politique

Homme du privé, intérêt public !

 Thierry Breton s'est installé à Bercy. Voilà un homme que l'Etat n'aura pas à loger. Un homme qui accepte de diviser par dix son salaire, qui ne gérera plus en direct son patrimoine d'actions. Démissionnaire de France Télécom, il ne touchera pas les indemnités de départ fastueuses auxquelles il pouvait prétendre par contrat. Il accepte de rentrer dans la fosse, en chaussant les bottes encore sales de Gaymard, pour entrer dans une équipe qui a promis de faire baisser le chômage (au moment où il passe la barre des 10% !), de baisser les impôts, les prix dans les hypers, et les dettes de l'Etat. Pour accepter de tels défis, cet homme, qui n'a pas l'air naïf, a forcément une énorme ambition personnelle. Mais lui faire par avance procès de délit d'intérêt avec la chose publique, parce qu'il était administrateur de quatre ou cinq sociétés privées de renom, voilà qui démontre combien nous sommes tombés sur la tête. Pourquoi ce procès ? Pourquoi chercher déjà une polémique, en le comparant à Nelly Kroes, ex-ministre néerlandaise des transports, qui avait administré plusieurs sociétés avant de devenir commissaire européenne de la concurrence. Qu'il rende des comptes, qu'on lui impose une charte déontologique, qu'on le prive de la gestion de certains dossiers en les déléguant à un autre ministre... Pourquoi pas. Mais il faut savoir ce que l'on veut.

Tous les jours, on reproche aux hommes politiques leur isolement, leur incapacité de « sentir » la vie des Français et leur méconnaissance de l'entreprise. Tout au mieux, nos dirigeants sont « passés » par une entreprise nationalisée où ils ont, sur proposition d'un ministre, assuré une présidence quand d'autres, dans l'ombre, tenaient véritablement les rênes. La société américaine n'a plus ce genre de dilemme, puisqu'à chaque changement d'équipe présidentielle, les fonctionnaires retournent au privé, tandis que les entreprises refournissent à la fonction publique une partie de leurs cadres.

« Je suis un ingénieur et un entrepreneur, j'ai souhaité mettre ma capacité d'entrepreneur au service de mon pays ». Thierry Breton a présidé aux destinées de Bull, privatisé Thompson et France Télécom. Je ne le connais pas. Je ne l'ai rencontré que de rares fois. Je ne sais pas la réalité des succès qu'on lui attribue, ni s'il s'agit de réussites durables (l'Etat est intervenu massivement au capital des sociétés qu'il dirigeait !). Mais si l'on veut un jour attirer les meilleurs cadres du privé, pour qu'ils apportent leurs compétences à l'Etat, il faudra bien arrêter de faire la fine bouche. Applaudissons quand les bénévoles poussent le portail.

3 Commentaires

gestion etique de l'etat
Au moins tous nous laisse croire qu'il peut et qu'il va bien faire son boulot. c'est le genre de personne habituer au perte, arbritrage, et gestion du business. Breton fais partie des personnes qui savent trouver, manipuler, fabrique de l'argent grace au marcher financier.
A qui va profiter ses talent? lui meme, le peuple ou simplement l'etat. on a la chance de pas avoir un messier! car la, on se serai meme pas poser la question.
L'etat n'est pas encore mort
Le choix de Thierry Breton révèle, je crois, que, contrairement à ce que prétendent certains Cassandre, l'Etat n'est pas encore mort et qu'au contraire il exerce toujours une certaine fascination, y compris sur les esprits les moins naïfs.
Comment expliquer, en effet, ce sacrifice financier et ce choix d'une mission si difficile, autrement que par le désir de reconnaissance ?
Le service de l'intérêt général est ainsi vécu comme une consécration symbolique pour des gens qui, a priori, ont déjà tout.
Preuve que l'Etat n'est toujours pas perçu comme une organisation "comme" les autres mais qu'elle demeure encore "au-dessus" des autres.
Ne faut-il pas comprendre, justement, l'affaire Gaymard, comme la manifestation par l'opinion et la presse du refus d'une certaine morale, d'un certain comportement, de la part de serviteurs de l'Etat. Ils ne sauraient être comme tout le monde.
On ne prend soin qu'aux jouets qu'on aime bien. On n'est jaloux, envieux ou triste que parce qu'on est d'abord amoureux.
Malgré la mondialisation, ou plus sûrement à cause d'elle, "l'attente d'Etat" reste forte.
mon blog
Observer, Reflechir, Agir
Bonjour,
Je ne doute pas que vous bénéficiez de cette "ORA" : Observer, Réfléchir, Agir. Aussi je vous invite expressement à venir faire un "De Quoi Je Me M.E.L" lors du festival de la BD d'Aix en Provence qui se tiendra du 19 mars au 10 avril 2005.
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