SOCIÉTÉ Politique

« Travail, rigueur, compétition, fierté nationale… » Les valeurs sportives sont-elles de droite ?

img_blog_170806_medaille_at.jpg © 2006 Yahoo! Essayez de parler de la famille, du travail, de la patrie. Dans la presse, mais même dans votre entourage. Erigez ces thèmes en valeur, dîtes votre adhésion… Et vous serez d’office catalogués. Au mieux, vous serez relégués au cœur du peloton des ringards, des conservateurs, des vieux. Au pire, vous serez renvoyés, sans passer par la case purgatoire, dans la galaxie des Villiers, des Le Pen, jusqu’à la droite de la droite ! Des valeurs de droite ? Ségolène Royal a tenté de briser ce tabou : elle a osé parler d’une revalorisation de la politique familiale. Elle a même été jusqu’à fustiger les effets négatifs des 35 heures sur notre enthousiasme national. Aussi sec, son propre camp, n’a eu d’autre réaction que d’assimiler son comportement à celui de Sarkozy, symbole diabolisé de la droite institutionnelle. Tout de suite, on lui a fait un procès de mimétisme. Seules quelques voix issues de la base, l’ont soutenue pour dire que des thèmes comme la famille ou la sécurité ne sauraient être des valeurs exclusives de la droite. Même réaction, même si ce fut plus mitigé, dans le domaine économique. Quand T. Breton parle de champions nationaux, ou quand D. de Villepin évoque les intérêts de la nation en matière industrielle, ils suscitent un franc scepticisme, ne serait-ce que parce qu’il est difficile de ne pas y voir un effet d’esbroufe. Mais au-delà du sarcasme et de la critique sur la gestion des moyens, l’appel à la nation n’est pas un thème, qui hormis Chevènement ou Max Gallo, mobilise le peuple de gauche ! Contradictions françaises Vu de l’étranger, on a vite fait de relever un paradoxe typiquement gaulois. D’une manière un peu maso, nous fustigeons le nationalisme des autres peuples (polonais, américain, russe…) mais dans la pratique, nous sommes les premiers à défendre « nos » agriculteurs, la spécificité de « notre » culture, dans toutes les instances internationales. Au point de nous voir taxés de chauvins et de cocardiers (sur les bancs de l’ONU ou de l’OMC). « Nos » libéraux, parlent d’adaptation à la compétition internationale, mais persistent à mener une politique jugée nationaliste (GDF/Suez) par nos partenaires européens. A gauche, même faux semblant. Prétextant lutter contre les excès du libéralisme, nos anti-mondialistes, devenus alter, rejoignent eux aussi les thèses protectionnistes de la droite, sous couvert d’un vocabulaire qu’ils voudraient pourtant différent ! Un héritage idéologique Faut-il voir dans ces contradictions l’incapacité de toute une génération d’assumer l’échec des idéologies d’hier et de les dépasser. Assurément ! Il n’est que de constater les difficultés d’un Michel Rocard ou Dominique Strauss-Kahn pour justifier la reconnaissance par la gauche de l’économie de marché. Oserais-je dire, après toutes ces années de chiraquie, qu’à droite, les thèmes de la compétition et de la concurrence ne font pas recette non plus. Il n’est qu’un domaine où l’ensemble de la société française reconnaît à l’effort, et à la compétition inter-nation, toutes ces vertus. C’est celui du sport. J’exagère ? La métaphore du sport J’ai retrouvé sur mon bureau toute la presse éditée pendant ces quelques jours de vacances. Depuis la finale du Mondial jusqu’aux médailles de Manaudou, les « Unes » tentent de faire vibrer les Français au spectacle de nos victoires (je veux dire celles de nos sportifs !) Tiens, relisez les trois pages du Parisien ce week-end « le bel été du sport français » : « les tricolores ont brillé sur tous les fronts ces dernières semaines : le football, la natation, le cyclisme (Cyril Dessel sur le Tour de France), le tennis (Amélie Mauresmo et Richard Gasquet), le rallye (Sébastien Loeb)… Les deux mois en or du sport tricolore ». Penchez-vous sur les articles, observez les sous-titres, fouillez dans les petits caractères. Que dit-on de cette performance ? A quoi l’attribue-t-on ? « Au Travail » dixit Mauresmo et Raquil (champion d’Europe sur 400 mètres et relais 4 fois 400), à « La Famille » (il n’est que de lire l’autocritique des Bleus, et la référence à l’esprit de solidarité retrouvé pendant les quarts de finale,) à la « fierté nationale » aussi, telle qu’en témoigne l’émotion sur les podiums ou au levé de drapeau. Et dans les gradins, les politiques comme les chefs d’entreprise (les sponsors) applaudissent aussi. Consensuel. C’est même la course à l’échalote, entre ministres du gouvernement et candidats d’opposition, pour s’afficher et récupérer ces performances cocardières. Dans ce domaine, qui oserait contester les expressions de ce nationalisme sportif en le qualifiant de droitisant. Ils seraient bien ridicules, ceux qui s’y essaieraient ! Ils seraient incompris. L’influence de l’idéal sportif Malgré bien des avatars (le dopage !), le sport a su instaurer et défendre ses valeurs. L’idéal sportif a été relativement préservé des querelles idéologiques. Si, dans les dictatures staliniennes ou nazies, les valeurs du sport furent récupérées et asservies, tel ne fut pas le cas de nos démocraties. Et c’est tant mieux. Pour ma part, j’essaierais d’inverser le sens des influences. La métaphore du sport peut nourrir une efficace pédagogie dans tous les domaines de la société. L’idéal sportif rend compatible les valeurs de solidarité et de compétition, d’effort et d’esthétique, d’ascèse et de jouissance. Toute situation qui fait cruellement défaut dans les domaines économique et politique. Thierry Breton a missionné un grand patron de presse, Claude Perdriel (Le Nouvel Observateur, Challenges) pour voir comment on pourrait réconcilier la culture nationale des Français, et une économie de marché de plus en plus ouverte sur le monde. Je l’invite à méditer et à valoriser ce véritable modèle culturel : la loi du sport !

9 Commentaires

L'idéal sportif, c'est beau mais est-ce que cela existe encore ?
Le chauvinisme empêche d'admirer l'exploit de celui pas français de la même façon qu'on tape sur un Mittal parce qu'il n'est pas français.
L'économie de marché n'a plus de frontière, le sport lui, n'est plus qu'un spectacle où on veut voir gagner son champion, même s'il n'est pas le meilleur sans plus prendre le moindre plaisir à admirer les performances des autres.
Appliquer l'idéal sportif à l'économie c'est aussi refuser les capitaux étrangers, car à l'instar de l'équipe nationale qui ne peut être composée que de nationaux, une entreprise française ne devrait être donc composée que de capitaux et de salariés français ?
L'idéal sportif c'est bien, mais pas celui consistant à regarder le sport à la télé ou dans les stades dans l'unique but que son équipe/sportif gagne en faisant fi des performances. En économie de marché, c'est l'esprit d'équipe qui doit jouer. Ce sont les salariés qui forment l'équipe, ils ne sont pas des supporters !
L'idéal sportif c'est aussi aux entrepreneurs de l'appliquer en considérant les salariés comme l'équipe qui gagne et pas des boulets qui coutent de l'argent.
Salut,
Je suis tout à fait d'accord
avec vous.
pour reprendre votre accroche : " travail, rigueur, compétition, fierté nationale, valeur de droite ? " , avec un parallele malin sur les actus sportives...(pourquoi au fait ne pas avoir repris l'ordre travail famille patrie ) mais alors, paresse, dilettantisme, ...valeur de gauche ?
comme sans doute l'abnégation dont font preuve nombre de bénévoles de clubs sportifs, au service de notre jeunesse...
aimer son pays n'est bien sur pas le monopole de la droite, comme la gauche n'a pas le monoplole du coeur
un idéal du sport, qui rend compatible solidarité et compétition, transposable au domaine économique ?
mais, sur un plan strictement individuel, personnel, permettez moi d'en rire (jaune).
la solidarité, voire plus simplement encore la reconnaissance du ventre, n'est pas d'actualité dans votre famille économique.
que de grands mots au service de grandes idées....
amicalement
pierre
Monsieur Leclerc,
I enjoy going to Leclerc shops because the quality is so good. I needed some groceries today, Sunday 20 August, and looked at your website. I was both surprised and pleased to see that your shop at Granville was open from 0900 until 2000. I drove to Granville, a round trip of some 30 kilometres. On arrival the shop was shut and so I presume that the website is wrong - or your staff were on strike! Please have the website changed.
Best wishes
Richard King-Evans
Monsieur Leclerc,
Je suis heureux de votre réussite. Vous honorez la France car vous créez des emplois et vous avez de l'influence. Félicitations.
Je suis conseiller national à l'UDF et mon ouvrage va paraitre en octobre 2006 aux éditions Ramsay. Il sera intitulé "Comment peut-on être de droite?".
J'espère pouvoir en vous parler plus longuement.
A très bientôt. Amicalement,
Arash DERAMBARSH
Pour faire référence à votre toute dernière note sur les Cassandre du tabagisme, je pense qu'il est envisageable de créer un fonds de soutien à une association visant à "sensibiliser", selon la formule consacrée, les millions de téléspectateurs du foot et d'autres disciplines, histoire qu'un pourcentage croissant de lecteur de l'Equipe et autres puissent envisager sous un jour aussi éclairé leur passion historique pour les exploits de tel ou tel champion.
Encore merci pour cette brillante analyse que je recommande de ce pas à toute ma liste !
A bientôt !
Monsieur le Président M. E. LECLERC
Bonjour
Je vous ai envoyé un message concernant la certification ISO de vos magasins le 25 juillet 2006.
J'attends une proposition de votre part pour un rendez vous pour argumenter ma proposition
Avec mes remerciements
Gérald VALETTE
Réponse à valette (02/09/2006)
Votre proposition a été transmise à notre responsable de la qualité. S’il voit une possibilité de travailler avec vous, il vous contactera directement. Je vous rappelle que pas mal de nos magasins sont aujourd’hui rentrés dans une démarche de certification, soit pour certains services ou départements de l’hypermarché, soit pour le magasin tout entier.
Monsieur,
je m'interroge beaucoup depuis quelque temps sur le role de vigiles dans vos supermarchés.
En effet je me fais systematiquement controlé (mon sac a dos) à la sortie du magasin;les agents de sécurité,m'enjoigne de déposer mon sac à l'accueil ce que je refuse pour plusieurs raisons:
mes papiers d'identites,portable,moyens de paiements...ne sont pas sécurisés dans un casier,ouvert à la vue de tous;
En cas de vol à l'accueil de mes effets personnels ,comment obtenir un quelconque dédommagement,sur quelle base s'appuyer?
Enfin les sacs à mains des dames ne sont pas consignés,sans aller jusqu'au délit de sale gueule ou sexisme il y a donc deux poids deux mesures.
quant à la fouille du sac,il ne peut y avoir ouverture qu'en cas de doute avéré ,suis je donc obligé d'obtempérer ou dois-je faire appel à un OPJ,lorsque le cas se présente?
Il faut bien avouer un certain flou sur le role de vos personnels de sécurité voire un flou juridique puisqu'il n'y a pas d'assermentation ,le réglement magasin n'offre pas de cadre légal.
Merci de bien vouloir éclaircir mes lanternes,et sachez que tous les clients ne sont pas forcément des voleurs en puissance.
Bien cordialemnt

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