SOCIÉTÉ Politique

Voile : Corentin Douguet chez les pros

img_blog_voile_1.jpg Je le lui avais promis. Il m’attendait sur les pontons de La Rochelle, champagne à la main, pour baptiser son bateau. Il avait peur que je lui fasse faux bond, vu la pression de Thierry Breton pour que j’assiste à la table ronde sur le pétrole. Mais je n’ai qu’une parole. Et j’avais vraiment envie de faire plaisir à ce jeune champion, prêt à en découdre pour affronter l’Atlantique dans la transat 6.50 qui a pris le départ dimanche dernier. Vous ne pouvez pas imaginer combien Corentin Douguet est un type hyper sympathique. Je ne le connaissais que par ses exploits. A 31 ans, ce Nantais, aujourd’hui établi à La Rochelle, cumule un joli palmarès. 1er du National 6.50 en 2002 (avec A. Tripon, un autre surdoué) et 7ème du National Figaro. Il confirme son talent en 2003, dans le Tour de France à la Voile, en skippant « Ville de Douarnenez » (2ème amateur). En 2004, il est vainqueur de la Select 6.50, et finit 4ème à la Mini Fastnet. Et depuis, c’est « la totale ». Il aligne les premières places dans le Mini-Pavois, le Mini Fastnet, et la Transgascogne 2005. Pour ceux qui ne connaissent pas la voile, imaginez tout simplement le bagage psychologique et l’énergie qu’il faut rassembler pour traverser Manche et mer d’Irlande dans une baignoire en plastique avec, pour toute nourriture, des pâtes lyophilisées et, comme sèche-linge, une bonne claque de vent entre deux averses ! ! ! Ce qui m’intéresse, chez ce diable d’homme, c’est sa vitalité…et son sens extraordinaire de l’organisation. Certes, il a de l’atavisme : arrière petit-fils et petit-fils d’officiers de la « marchande », il est lui-même titulaire de ce diplôme, acquis en deux ans d’études à l’Ecole Nationale de la Marine Marchande de Nantes. Mais surtout, il sait ne pas vivre sa passion en gardant pour lui ses émotions. Il partage, se crée des liens d’amitié avec des voileux, avec d’autres « fêlés du bastingage ». Pas étonnant que dans le tour de table pour constituer son budget, tous ses amis nantais ont répondu « présents ». Dont Pierre Chartier, patron de deux centres E. Leclerc à Nantes, lui-même adepte du cabotage et de la régate, à qui je dois de lui avoir été présenté. A partir de ce réseau, Corentin a tout organisé. Il a créé une association (EURL) pour baliser financièrement et administrativement son parcours dans la vie professionnelle. Pour faire la course en tête, il lui fallait un bateau techniquement au top (sorti de chantier, avec mât en carbone, un 6.50 coûte 150 000 euros !). Pour payer les traites, s’offrir chichement un mini smig, participer à cinq ou six courses dans l’année, il fallait un budget de 100 000 euros. Serré, mais jouable ! Il travaille beaucoup lui-même sur son engin. La recherche des sponsors, c’est « L’enfer du Nord » pour tous les marins. Les marques de voiles, de vêtements, de lunettes ou de matériels, ne rechignent jamais à apposer leur logo sur un bateau techniquement au point. Corentin a reçu le soutien de Bermudes (qui teste sur lui la qualité de ses cirés), Boero (résistance des peintures et antifoulings), Cébé, nke (pour un « solitaire », la qualité d’un pilote automatique et la fiabilité de l’électronique sont des atouts essentiels). Mais tout ça ne suffit pas. Il faut aussi des sous, trébuchants ou en billets ! C’est là qu’il est fort, très fort, puisqu’il a réussi à décrocher le sponsoring de deux enseignes (la nôtre et Bouygues Telecom) alors qu’on ne voit pas souvent nos logos sur les pontons. Comment s’y est-il pris ? C’est là qu’il est bluffant. Malgré mon engouement pour la voile, et mes quelques qualités de chaloupeur, l’enseigne est réputée pour ne pas investir dans la voile au niveau national. Comme le dit mon père : « Qui veut bien gérer, n’entretient pas ses maîtresses ! ». L’adage est d’autant plus sage que, connu de tous les marins, il permet de répondre par avance et par la négative aux dizaines de prétendants qui, chaque jour, sollicitent la générosité de Philippe Séligmann, mon collaborateur chargé de la com. (Une seule entorse : dans la course autour du monde, et alors qu’il « roulait » sous les couleurs de l’enseigne Euromarché, Eric Tabarly mangeait du « Leclerc », mais sans avoir le droit d’en parler). C’est donc à partir de tout un réseau d’amitiés qui, de Pierre Chartier (Nantes pour Leclerc) à Nicolaï (pour Bouygues), a permis de rassembler une cinquantaine de contributeurs, fiers d’être à ses côtés pour le départ. Oui, j’étais très fier d’être à La Rochelle, vendredi soir, dans une ambiance euphorique pour aider à la promotion de ce « jeune talent ». Pour l’anecdote et rajouter au côté chaleureux de cette équipée, sachez que, dans le peloton, un joli petit bout de femme lui « court après » : Marine Chombart de Lauwe skippe DCF. Elle est sur un bateau de série, mais entend bien ne pas le laisser prendre trop de large d’ici Puerto Calero (seule étape aux Canaries) et compte lui « remettre la main dessus » à Salvador de Bahia (Brésil), ligne d’arrivée de la Transat. Cette future championne est sa compagne dans la vie. C’est pas un beau scénario, ça ?

14 Commentaires

Et pour le suivi de la compétition (la Mini 6.50), c'est ici :
http://www.transat650.org/ppositions.cfm
Corentin est actuellement très bien placé...
A suivre aussi sur l'excellent blog de Pierre-Yves Lautrou, journaliste à l'Express, mais surtout lui-même "ministe". Son blog : http://blogs.lexpress.fr/aularge/
Au passage, merci Michel pour la conférence de ce soir, c'était sympa de te rencontrer.
Bravo pour votre prestation à la conférence du CCI hier. Auditrice libre, curieuse internationale et à la recherche de connexions professionnelles, j'ai été très favorablement impressionnée par votre aisance et la clareté de votre blog-expression. Si mon énergie pouvait se mettre en synergie avec la vôtre ou une de celles présentes dans la salle ce soir dans le but de l'offrir professionnellement, je serai la plus disponible et la plus enthousiaste. Foi de marathonienne! Cordialement, et si vous voyez pointer le bout d'un projet, ne m'oubliez pas...
Salut les grands hommes,
Je viens de connaître un ancien capitaine de la Légion étrangère(30 ans de légion), et qui a fait plusieurs fois le tour du monde à la voile...
Celui-ci, à son dernier retour à la fin de cet été, m'a déclaré:"Il n'y a pas plus de risques sur la mer qu'ailleurs, surtout avec les techniques modernes...C'est bien plus riqué en d'autres domaines, mais beaucoup moins sponsorisé, et où l'on ne peut pas mettre sa grosse tête en vedette. Pour le bâteau, c'est avec celui-là, pour les vins, c'est avec un autre,
on sent le regret de ne pas être une star. Enfin pour moi, je pense une prétendue star, car aujourd'hui, tout cela est fabriqué de toute pièce... Voilà ma libre expression, sincère et véritable. Ne pas se laisser mener en bâteau.
Merci à vous, et bien cordialement.
Guy Maës
Bien sûr, je sais que bateau n'a pas d'accent, mais justement, c'est pour l'accentuer.
De nos jours, déjà en le faisant, on est pris pour des imbéciles heureux, alors en n'accentuant rien...En passant, je voulais aussi vous dire, que par les nombreuses relations épistolaires que nous entretenons avec des personnages hauts placés, les extraordinaires fautes d'orthographe que nous constatons... Merci à vous.
Guy Maës
"tous unis pour la vie... "
bonjour cher M.E.L,
merci pour votre travail, votre créativité au service des relations humaines, votre blog et votre revue de presse perso, pleine de vie,
je réagis aujourd'hui aux affiches de votre campagne publicitaire
"tous unis contre la vie chère"
qui me choque par sa part négative :
"contre la vie" :
pourquoi pas "tous unis pour..."
... "pour la vie!",
... "meilleur marché"
bien que "chère", c'est aussi bon, cher MEL !,
merci encore et bonne suite dans votre vie et dans les relations humaines,
fraternellement,
bernard
Ah quel pied un Tour du Monde en bateau...
Mais à dire la vérité, sous le stress de la compétition cela me fait moins rêver ! J'ai eu la chance (Aide toi et le ciel t'aidera...) d'en faire un l'année dernière au 2nd semestre 2004 avec mon amie Emilie sur les 5 continents (cf. notre site : www.emi-eric.com).
Le Monde et ses habitants sont fabuleux, bien loin (Dieu Merci) de se cantonner aux guerres, famines, et autres souffrances !
En réalité, le bonheur d'une telle expérience dépend à 90 % de l'état d'esprit dans lequel on aborde chaque instant et chaque rencontre. Et là je rejoins sans doute Corentin dont parle avec admiration MEL : SOYEZ LUMINEUX, OUVERT D'ESPRIT, CHALEUREUX et quel que soit l'endroit du Globe où vous vous trouvez et votre projet, vous recevrez la même lumière en retour à 99 % !
Même dans la plus hardue des négociations pour convaincre un sponsor, n'est-ce pas Corentin ?
Bonjour, et merci de votre article sur Corentin, qui est un ami et qui est en train de nous faire une performance extraordinaire sur la première étape de la Transat 6.50 : en tête depuis Fort Boyard! Qu'i arrive premier ou deuxième tout à l'heure, ce samedi à Lanzarote, il aura fait une course hallucinante : en tpete depuis Fort Boyard, et une semaine seulement pour boucler ces premiers 1350 milles! Pour répondre à ceux qui pensent que c'est sans risque, dénué d'intérêt, etc, je rappelle que la mer n'est jamais sans risque, qu'il y a eu 5 disparus en 14 éditions et qu'il serait pour le moins judicieux de laisser leur mémoire reposer en paix. Sur la Transat 6.50, on navigue à l'ancienne - carte papier et crayon à bois - sans aide électronique ou extérieure, sans ordinateur. Il faut faire corps avec l'océan, aller au bout de soi, dormir assis dans un tiers des 5 m3 de l'intérieur. Il faut être proche du dauphin pour non pas gagner cette course mais ne serait-ce qu'y participer. La Transat 6.50 est une course mythique, extraordinaire, qui a donné le goût du large à des personnages comme Ellen Mc Arthur, Michel Desjoyeaux, Thomas Coville, Jean-Luc Van Den Heede, Yves Parlier et bien d'autres. VDH dit de cette épreuve : "en dehors des tours du monde, je ne connais pas de course aussi sublime", Ellen Mac Arthur dit qu'elle n'oubliera jamais, Desjoyeaux ? C'est la seule qu'il n'a jamais réussi à accrocher à son palmarès. Bruno Peyron a déjà annoncé qu'il la referait. Et juste derrière Corentin, à une vingtaine de milles en ce moment il y a un certain Yves le Blevec, un gars qui vous fait le tour du monde en 50 jours sur le catamaran géant Orange 2, justement... et qui ne résiste pas au plaisir de venir se colletiner l'Atlantique sur une coque de noix de 6,50m. C'est pas grand 6,50m, c'est un gros engin de plage... Alors non, ce n'est pas une petite aventure, pas une petite course... dans "la mini" comme on l'appelle, il n'y a bien que la taille des bateaux à être réduite! Tout le reste est à l'échelle de l'océan, immense...
J'espère que Corentin va gagner, tout à l'heure à Lanzarote. J'espère qu'il gagnera aussi à Salvador de Bahia. Mais si ce ne doit pas être le cas, je sais déjà qu'il n'aura rien à se reprocher et qu'il aura fait une grande course. Il nous bluffe tous... comme les 71 autres qui ont pris le départ de cette course hors normes.
Je plaide pour ma paroisse : on peut aussi suivre les aventures de Corentin sur son site
www.corentin-ocean.org
Bonne Journée
Bruno
pardonnez-moi
j'ai dû me tromper sur l'auteur de la campagne publicitaire
"tous unis contre la vie chère"
Re à tous
Merci pour ces témoignages de sympathie envers Corentin Douguet. Pour info, il est arrivé samedi matin à Lanzarote (Canaries) et il a franchi, le premier, la ligne d’arrivée de l’étape. Ce type-là nous promet de belles surprises.
Merci aussi pour vos interventions à l’issue du débat avec Loïc Le Meur, lors de cette réunion à la CCI de Paris.
Chers amoureux de la mer et des belles aventures humaines,
ce message pour vous annoncer l'arrivée de Corentin Douguet www.corentin-ocean.org au Brésil cette semaine. Le skipper de E.LECLERC / BOUYGUES TELECOM devrait coupé la ligne d'arrivée de la Transat 6,50 Charente-Maritime / Bahia, devant Salvador jeudi ou vendredi. En voile, sport mécanique, tant que la ligne n’est pas franchie, on reste concentré et c’est sûrement ce que fait le skipper dans les dernières heures de cette aventure fantastique.
Mais bon tous les indicateurs sont optimistes… on retient son souffle et on laisse le vent et Corentin faire le reste.
Chers amoureux de la mer et des belles aventures humaines,
ce message pour vous annoncer l'arrivée de Corentin Douguet www.corentin-ocean.org au Brésil cette semaine. Le skipper de E.LECLERC / BOUYGUES TELECOM devrait coupé la ligne d'arrivée de la Transat 6,50 Charente-Maritime / Bahia, devant Salvador jeudi ou vendredi. En voile, sport mécanique, tant que la ligne n’est pas franchie, on reste concentré et c’est sûrement ce que fait le skipper dans les dernières heures de cette aventure fantastique.
Mais bon tous les indicateurs sont optimistes… on retient son souffle et on laisse le vent et Corentin faire le reste.
Quand l'entreprise rencontre les bloggeurs

Crédit photo : Yannick Lejeune. Légende de gauche à droite : Bertrand Jouvenot, responsable marketing chez Célio, Loïc Lemeur, Michel-Edouard Leclerc et Jacques Froissant 16 h 45, hier, à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP). ...
Un autre regard

Suite au commentaire de Pierre, je suis allé faire un tour sur le blog de Michel-Edouard Leclerc, sponsor de Corentin Douguet. Son post sur Co' est plutôt sympa. Marrant de voir sa vision de la mini et du sponsoring. Tout...

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