Autorité de la Concurrence, médicaments : 30 ans d’argumentation E.Leclerc enfin validée !
Ca alors, si on m’avait dit un jour que j’applaudirais des deux mains un avis de l’Autorité de la Concurrence… :-)
Autant ne pas tourner autour du pot, je me réjouis totalement du contenu de l’avis que vient de rendre l’Autorité de la Concurrence sur la vente de médicaments en France. Il vient valider point par point ce qu’E.Leclerc dénonce (et propose !) depuis 30 ans.
L’analyse de l’Autorité de la concurrence remet les pendules à l’heure. Il ne s’agit pas de s’en prendre à une profession qui d’ailleurs a trop réagi de manière corporatiste. Personne ne conteste la compétence des pharmaciens d'officine. Il s’agit tout simplement de favoriser la concurrence pour aboutir à une baisse des prix, sans que la qualité ou les règles sécurité des patients ne soient remises en cause.
Un diagnostic partagé
Côté diagnostic, il n’y a pas de surprise dans cet avis : l’Autorité est totalement en phase avec les études publiées par E.Leclerc, le BIPE, l’UFC-Que Choisir, Familles rurales, etc. Absence de concurrence, prix extravagants, conseils pas toujours donnés spontanément, manque de transparence sur les prix.
Les données sont archiconnues. Elles sont désormais reprises par une Autorité indépendante, après une enquête approfondie et contradictoire. Ca devrait définitivement mettre un terme à nombre de fausses polémiques destinées à empêcher toute réforme.
La rumeur italienne enfin éteinte !
Fait important dans ce rapport : l’Autorité de la concurrence vient mettre un terme à une campagne de désinformation orchestrée depuis des années par certains lobbies, concernant les conséquences de la libéralisation du marché en Italie.
L’autorité de la Concurrence a questionné sa consœur italienne et le résultat est clair : OUI, la libéralisation de la vente en Italie a bien permis en 2008 une diminution moyenne du prix public TTC observée dans les supermarchés italiens (comparé au prix fabricant HT maximum) de l’ordre de 25% en moyenne (baisses entre 20 et 35%).
Les positions d’E.Leclerc validées point par point
N’en déplaise aux grincheux, l’Autorité de la Concurrence valide point par point les propositions formulées par E.Leclerc pour procéder à une ouverture encadrée de la vente de médicaments non remboursables (cf. mon billet sur ce sujet).
Au final, l’Autorité préconise ainsi une vente « en parapharmacie ou en grandes surfaces en plus des pharmacies », « avec la présence d’un pharmacien diplômé, la création d’un espace de vente dédié et l’obligation de délivrance d’un conseil » le tout pour garantir un niveau irréprochable de qualité et de sécurité.
Va falloir changer les arguments…
Je connais déjà les réactions des corporations et de leurs porte-parole au Parlement.
Que les choses soient bien claires : si nous revendiquons la fin du monopole officinal, nous ne revendiquons nullement la fin du monopole pharmaceutique sur la délivrance de médicaments. Ce que proposent tant l’Autorité de la Concurrence que les Centres E.Leclerc, ce n’est pas la vente d’aspirine au milieu des boîtes de petits pois !
Sauf que les discours alarmistes rabâchés depuis des années pour défendre un patrimoine personnel viennent de prendre un sérieux coup dans l’aile. Loin de fustiger les pharmaciens d’officine, l’Autorité veut les rassurer en proposant d’adapter le cadre de leur profession, afin de les sécuriser.
Ainsi l’Autorité se fait-elle plus modérée contre la récente autorisation de vente de médicaments par internet qui ne la rend possible que pour les pharmaciens d’officine. Même chose concernant notre revendication de créer une section « pharmacien de parapharmacie » dans l’Ordre des Pharmaciens. L’Autorité préfère ne pas s’en mêler, dommage.
En avant !
Désormais les choses sont clairement établies. Elles sont validées par une Autorité de la Concurrence sur laquelle les ministres s’appuient régulièrement pour justifier certaines actions contre les distributeurs !
La loi Hamon sur la consommation qui arrive en 2e lecture fin janvier au Sénat peut être le véhicule permettant d’agir sans attendre.
12 Commentaires
je ne suis pas forceent mécontent de cette nouvelle car pharmacien au chomage (car interdiction de liberté d'installation et dumping social qui fait qu'on remplace le pharmacien par des préparateurs et étudiant avec l'aval de l'etat qui reevalue chaque année a la baisse les contraintes qualitatives de presence de pharmacien ) je sais que cette ouverture de monopole permettrait la création d'emploi.
Pourtant s'il vous a fallut 30 ans pour convaincre l'Autorité de la concurrence combien vous faudra t'il de decennies pour convaincre un gouvernement ...l'autorité de la concurrence n'ayant remis qu'un document concultatif , la volonté gouvernementale etant le vrai determinant a l'application d'une telle ouverture .
Or d'une part le gouvernement ne vous apprecie pas trop (il a enfin compris la problematique d'un abus de pouvoir des 5 super centrales d'achat francaises sur les producteurs et a cet égard ne souhaitera pas que les méfaits de cet abus de pouvoir ne se propage a d'autres secteurs économiques comme ceux des médicaments )
et d'autre part , aucun gouvernement n'est pret a remettre en cause le monopole officinal actuel car il est conditionné par le rachat de licence , qu'aucun gouvernement ne voudrait avoir a dedomager en cas d'ouverture du monopole (cf page 61 du rapport de l'IGAS de 2011 sur l'officine )
Si moi pharmacien avec le soutien de la CJCE , de l'IGAS , du rapport Attali , du rapport Beigbeder je n'arrive pas a creer une pharmacie ou meme ces parapharmacies vendant de l'automédication ...croyez vous qu'un non diplomé comme vous avec le seul appui d'une Autorité de la concurrence faisant prueve d'amateurisme (lne citant pas les contraintes d'installation des pharmaciens , ne se basant que sur les sempiternelles études de l'UFC qui sont pourtant biaisée ) y arrivera ???
Malheusement vous etes reparti pour une trentaine d'années d'attente et vous ne le verrez peut etre meme pas de votre vivant ;
le gouvernement se contrecarre de mettre des pharmaciens au chomage en leur interdisant de s'installer alors quels interets aurait il a ouvrir un monopole , dont l'ouverture lui couterait assurement des milliards de dedommagement pour un bénfice avancé de quelques dizaines de millions d'euros sur le pouvoir d'achat ....
Malheureusement ces monopoles qui contraignent les nouvelles générations au detriment des anciennes et privilegie la rente et les bulles d'ultraliberalisme snt insurmontables et pour des petits pharmaciens comme moi et pour un distributeur de GMS comme vous ..
j'espere me tromper et voir le gouvernement reflechir a une application rapide de ce texte mais le gouvernement actuel n'est ni sensibilisé a l'absence de concurrence ni a l'égalite ( des chances ) , ni aux injustices sociales .....
l'espoir ne coute rien ...
Ci joint un document sur les marges en france et en allemagne.
Il faut bien comprendre que sans marge, il n'y a pas d'emploi.
http://www.ifrap.org/Pour-l-emploi-ameliorer-le-taux-de-marge-des-entreprises,12615.html
pourquoi vous ne demandez pas de vendre toutes les médicaments sans ordonnance mais aussi avec ordonnance, vous avez des pharmaciens, des points de vente, des clients, des moyens pour faire baisser les prix de tous les médicaments avec votre pouvoir de négociation et cela permettra des économies à la sécu. pourquoi vouloir prendre le plus facile à vendre et pas le reste ?
Le médicament n'est pas un bien de consommation classique.
Si d'autres pays ont mis au premier rang le coût du médicament devant l’intérêt du conseil aux patients, nous ne sommes pas obligé de les suivre comme des moutons sur l'autel de la consommation.
La grande distribution souhaite mettre à genoux un service de proximité de plus
Les français ne sont pas dupes, ils ne le sont plus !
Ce qui me désole c'est de constater que de plus en plus nombreux sont les villes et villages dans lesquels on ne trouve plus ou peu de commerce de proximité. Disparition des boucheries, des poissonneries, des quincailleries, des librairies. Je suis curieux de savoir combien la grande distribution a détruit d'emploi. Combien de locaux commerciaux vides dans les villes et villages de France alors que ceux ci étaient plein lorsque la grande distribution été moins développée. Je dis que la grande surface détruit des emplois: évidemment vous rationalisez les coûts. Quand je vois une poissonnerie de centre commercial qui tourne avec 1 ou 2 employés, je pense à celle qui existait dans ma ville qui fonctionnait avec 5 ou 6 personnes, même chose en boucherie, traiteur...
Loin d'être une oeuvre de bienfaisance la grande distribution conduit à la précarisation des carrières, et à la baisse globale des emplois en France.
Sans oublier un dernier point concernant les salaires au lance pierre très différents de ceux pratiqués dans les commerces.
Je suis pharmacien, ça ne vous aura pas échappé, et je pense à l'évolution de carrière de mes 4 employées préparatrices en pharmacie. Elles sont rémunérées selon des grilles de salaires bien établies. Si demain, le médicament OTC passe en GMS, je ne sais pas si je pourrais conserver ces 4 salariées. Et dans ce cas Michel, je ne pense pas que vous seriez disposé à les embaucher à moins de 10km de chez elles (peut être financeriez vous l'essence) , aux salaires que je leur verse chaque mois.
Dernier point, vous parlez de l'Italie, qui vous donne raison semble t il?
interrogeons nous d’après mes propos précédents, sur l'importance des grandes surfaces dans la crise que subit l'Italie actuellement.
Merci de votre attention Michel
Fabien
Vous avez raison, les prix sont trop élevés et les disparités parfois surprenantes. La crise est là, vous allez devenir l'agent régulateur dans le domaine. Il est possible qu'un jour les médicaments seront vendus moins chers grâce à vous et que la sécurité sociale ne les rembourse plus puisque déchargée de fixer les prix. Avez vous un modèle à nous proposer dans ce domaine?
Impressionnant ! Le ravi de la crèche en somme.
je pense que vous devriez aller plus loin car vous avez des diplômés, des magasins, une implantation nationale et un pouvoir de négociation.
Alors pourquoi ne pas vendre l'ensemble des médicaments avec ou sans ordonnances, je suis sûr que les patients pourraient faire leurs courses et prendre leurs ordonnances en même temps.
Les médicaments sur prescriptions mais non remboursés ne seront pas soumis à cette pression sur les prix et seront donc très chers.
Sachant que de toute façon , cette profession disparaîtra à terme faute de se réformer et de se défendre autant prendre les devants.
Je verrai tout à fait des maisons médicales avec médecins, dentistes, pharmaciens, matériel médical et parapharmacies à côtés de vos magasins. Il est certain que les patients seraient ravis d'avoir tout sous la main avec en plus le parking.
Surtout que les jeunes diplômés en médecine ou autre n'ont plus rien à voir avec les professions dites 'libérales'. Ils ne veulent plus travailler seuls et faire plus de 35h comme tout le monde.
Alors je vous le dis, pourquoi pas des centres médicaux Leclerc, car aujourd'hui, nombreux sont ceux qui renoncent aux soins faute de moyens...
En quoi cette réforme touchera t-elle les habitants des grandes villes puisqu'il n'y a pas (sauf erreur de ma part) de Parapharmacies Leclerc dans les centres des grandes agglomérations ?