J’aime le débat public. Participer à la vie politique est un devoir. Je ne veux pas m’en priver. Tant pis si ça irrite. Combien de fois n’ai-je pas entendu quelques amis parlementaires m’interpeller : « Tu n’es pas légitime. Tu devrais limiter tes interventions à ton domaine de compétence, l’entreprise. Par nature, tes fonctions focalisent ton attention sur la recherche du profit. Nous autres, hommes politiques, devons trancher les débats dans le seul intérêt du bien public ! ».
Sur un point, ils ont raison. Je n’ai aucune légitimité pour représenter qui que ce soit. Je ne suis pas élu, je n’ai pas de mandat. Et nos réussites commerciales ne nous donnent aucun crédit pour parler des affaires du monde, sauf que… à force de s’isoler du public, la classe politique vient rarement chercher notre expertise de chef d’entreprise. Dans ces conditions, quand on a des idées, il faut savoir forcer l’écoute de nos élus. Oui, si on veut, on peut appeler ça » faire de la politique « . Après tout, les organisations professionnelles (FNSEA, MEDEF), comme les syndicats, n’en font-ils pas quand ils émettent un avis sur l’apprentissage, l’éducation, la décentralisation ou la fiscalité ? Personne ne dit pourtant qu’ils excèdent leur rôle ! Au fond, ce qui gêne, c’est que je m’exprime aussi en tant que citoyen, sans passer par le tamis d’une censure collective, celle d’un syndicat professionnel. Du coup, n’importe quel citoyen peut se reconnaître dans mes propos, qui, de ce fait, prennent une force supplémentaire. N’est-ce pas ce que devraient faire d’autres chefs d’entreprise ?