Précisions suite à la crise des œufs contaminés au Fipronil
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Affaire des œufs contaminés au Fipronil: rapport d’étape au 19 août

Comme annoncé lors de mon billet du 15 août dernier, je reviens vers vous avec quelques précisions complémentaires suite à la crise des œufs contaminés au Fipronil.

Concernant les œufs coquilles de nos fournisseurs de grandes marques, tout comme pour les œufs MDD Leclerc, pas de souci, comme je vous l’indiquais dès mon premier rapport.

Pourquoi c’est plus long pour les œufs transformés?

La situation des œufs coquilles a été assez facilement évaluée, ce qui n’est pas aussi simple pour ce qui est des produits transformés (qui contiennent des œufs dans leurs recettes).

Les industriels qui fabriquent ces produits, achètent des quantités importantes d’ovoproduits, venant de différents fournisseurs qui s’approvisionnent eux-mêmes auprès différents producteurs d’œufs. Le tout faisant parfois intervenir plusieurs pays. Les enquêtes relèvent parfois du jeu de piste…

Pourquoi ne pas retirer d’office les produits des rayons dès lors que le fabricant néerlandais incriminé figure dans la chaîne d’approvisionnement ? D’abord parce que toute sa production n’a pas forcément été touchée, ensuite parce que si la quantité d’œufs contaminés fournie pour élaborer les ovoproduits est faible, c’est indétectable et donc cela ne pose pas de difficulté aux autorités sanitaires.

Toutes ces explications ne valent pas défausse, mais elles sont destinées à faire comprendre pourquoi les choses peuvent donner l’impression de traîner.

Bilan à date sur les produits retirés

Concernant les marques de distributeur.

A date, pas de nouvelles références touchées pour nos MDD.

Ceux qui sont attentifs au sujet auront remarqué que des gaufres (2 références pour Marque Repère/ €co+) retirées de nos rayons, l’ont été aussi chez plusieurs de nos concurrents.

Le fabricant (néerlandais) était en effet un acteur reconnu sur le marché, disposant du savoir-faire nécessaire pour fabriquer ce genre de produit typique des pays du Nord de l'Europe, et en capacité de répondre aux importants volumes que commandent les enseignes pour leurs marques de distributeur. Ceci explique qu’il ait été le fournisseur de la plupart des enseignes françaises.

Du côté des coopératives régionales et magasins.

Le travail a également été mené pour écarter les risques sur certains produits, notamment pour la boulangerie-pâtisserie (fonds de tarte…).

Concernant les grandes marques nationales.

A date, seules deux références de frangipane produites par la société LOTUS ont été retirées des rayons des magasins (toutes enseignes). Nous n’avons pas reçu d’autres notifications pour l’instant, mais on imagine quelques retraits possibles dans les prochains jours, les analyses étant toujours en cours pour un certain nombre de produits.

Dans un précédent billet, je vous disais que le Galec (groupement d'achat E.Leclerc) avait questionné près de 500 fournisseurs potentiellement concernés (recettes contenant des ovoproduits).

La situation est désormais assez claire pour les produits frais : pas de difficulté a priori.

C’est dans la catégorie des marques nationales de l’épicerie que se concentrent désormais les investigations et les analyses. Sur les 319 fournisseurs potentiellement concernés, 190 nous ont fait des retours (dont le fournisseur qui a fait procéder au retrait de 2 références de frangipane). Vous aurez déduit que pour les 129 fournisseurs restants, on attend toujours des précisions et/ou attestations.

Je ne veux pas polémiquer inutilement, mais je trouve quand même un peu fort que le président de l’ANIA (représentant les industriels de l’agroalimentaire) trouve volontiers le temps d’écrire à tout le monde chaque année pour se plaindre des négociations commerciales, mais reste très discret pour évoquer avec ses clients (les distributeurs en l'occurrence) la crise sanitaire qui concerne des multinationales de l'alimentaire, généralement membres de son association ! Comme si ces dernières n’avaient ni filiales, ni fournisseurs aux Pays-Bas... voilà en tous les cas qui vient rappeler aux naïfs la vocation première de l'ANIA !

Harmonisation européenne indispensable  

Les autorités sanitaires des différents pays membres n’ont pas toujours le même niveau d’exigences. C’est flagrant dans cette affaire.

Soyons clairs : dans tous les pays, le cas a été considéré comme une fraude, mais chacun a pris des mesures particulières pour gérer le dossier.

Ainsi, certains fournisseurs (néerlandais par exemple) respectent les exigences nationales de leur pays et ne comprennent pas que nous exigions des analyses plus poussées (pour répondre de notre côté à des exigences  françaises plus contraignantes).

Il y a, sur ce point, encore pas mal de chemin à parcourir en matière d’harmonisation. Cette crise l’aura mis au jour, j’espère que nos gouvernants se saisiront du problème sans tarder.

Inquiétude des consommateurs ?

Evidemment l’information du consommateur est capitale dans ce genre de crise. Dans les magasins, il a été procédé très vite à des affichages à destination des clients.

Les équipes du service consommateur ont aussi été briefées.

Le ministère a beaucoup insisté sur le fait que les risques pour la santé humaine étaient limités, même s’il fallait rester vigilants.

Est-ce le résultat de nos efforts conjugués, je ne sais pas, mais depuis le début de cette crise, nous n’avons reçu qu’une trentaine d’appels de consommateurs souhaitant obtenir des précisions sur les produits contaminés au Fipronil. On est loin de toute forme de panique collective, et tant mieux !

Préparer la suite

Si pour l’heure chacun doit agir en responsabilité, je compte bien pointer les bugs incompréhensibles qui ont eu lieu chez certains fournisseurs et demander des comptes. Il nous faudra exiger de ces partenaires défaillants une remise à plat urgente du plan de collaboration en cas de crise sanitaire.

Comme dans l’aéronautique, il faut se saisir de ce qui vient de se passer pour réétudier les process et les améliorer. Une crise majeure ne pourrait absolument pas souffrir d’une répétition des dysfonctionnements apparus à l’occasion de l’affaire du Fipronil !

6 Commentaires

Bonjour Mel, quelques mots pour saluer ce souci concret de transparence et d'informations de vos consommateurs.
D'autres pourraient s'en inspirer.
Bravo et bonne journée.
Plus de données ouvertes sur les produits, pour plus de transparence avant et pendant les scandales.
Par exemple, sur les MDD Leclerc, il faudrait faire apparaitre les codes poulaillers des œufs utilisés (à côté de la date limite et du numéro de lot)

Ou peut aussi étendre ça à la viande et aux poissons, et rendre les données nécessaires pour interpréter les codes disponibles au grand public.

Comme cela, on saurait où et quand ont été produit les matières animales utilisées dans les produits.

Je vous invite à découvrir Open Food Facts (https://world-fr.openfoodfacts.org/decouvrir) qui bâtit une solution citoyenne à l'échelle européenne et mondiale :-)
bel exemple de transparence de votre part . Sur l'harmonisation Européenne évidement que cela serai une bonne chose sur le sanitaire , le fiscal , le social , l'environnemental . Harmonisation souhaitable à la condition que ce ne soit pas toujours tiré vers le bas .
Il semble que le fipronil ait été efficace pour lutter contre le pou rouge, un parasite qui "fait tapisserie". Il serait donc possible de l'employer en élevage en encadrant strictement son utilisation. Par exemple traiter les installations en début de vide sanitaire, le plus longtemps possible avant la réintroduction des volailles.
Tout comme Karl, j'apprécie cette prise de dossier à bras le corps, au délais du capitaine d'industrie j'apprécie encore d'avantage la transparence de l'homme.
Merci Monsieur Leclerc
Jean-Philippe
Bonjour, je suis peut-être hors sujet mais au travers de cette affaire, on apprend que des fabricants de gâteaux en France utilise des oeufs (ou produits dérivés) provenant de Hollande. Alors on se pose la question de savoir pourquoi ces oeufs ne pourraient-ils pas être produits en France. Les contrôles seraient facilités , d'autant plus si les exigences diffèrent comme vous le dites. La question du prix me répondrez vous : quid de la qualité alors?

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