Taxer les livres d'occasion : une aberration !
ÉCONOMIE Enjeux de la distribution

Taxer les livres d'occasion : une aberration !

Pour qui et pourquoi faudrait-il taxer les livres d'occasion ? Dites-moi : avec des projets comme ceux là, on ne marcherait pas un peu sur la tête ?!

Je vous parle depuis mon Finistère Sud : les écrivains y disent malicieusement que le climat est propice à la lecture. Ils mentent un peu, car même sous grand soleil, on trouve de beaux livres neufs dans toutes les bonnes librairies de Concarneau, de Pont-Aven ou de Trégunc. Des livres, on en trouve en ville ou dans les Espaces Culturels Leclerc à Concarneau, à Quimper et à Quimperlé !

On trouve aussi des livres d'occasion sur les marchés et les foires, et chez les bons libraires. Nous avons aussi des politiques publiques pour booster la lecture : par exemple, des médiathèques accueillantes. Et en entrée de plage ou de hameau, associations et mairies ont installé des petits abris qui accueillent gratuitement les livres déjà lus que chacun voudrait suggérer aux autres.

Oui, ma région affiche clairement qu'elle veut être une terre de lecteurs, sur Internet bien sûr, mais avec les livres par-dessus tout.

Alors, vu d'ici, on a du mal à comprendre pourquoi il faudrait aujourd'hui taxer, donc augmenter, le prix du livre d'occasion.

L'occasion, c'est 10% du chiffre d'affaires du secteur livre et 20 % en volume. 84% des lecteurs, selon une enquête Leclerc / IFOP, trouvent que c'est un moyen de contourner le prix des livres neufs de plus en plus élevé. Les éditeurs le reconnaissent à mi-mot puisqu'ils mettent de forts moyens publicitaires sur la réédition en Livre de Poche, désormais qualifiée de "nouveauté" sur les bandeaux. 😉 Et c'est bien moins cher.

D'ailleurs qui veut taxer l'occasion ?

1) Nos amis les auteurs ? Les écrivains ? Hormis pour les best-sellers, la rémunération des auteurs est souvent faible. Elle est surtout variable, donc aléatoire. Mais ce n'est pas la faute du livre d'occasion, n'est-ce pas ? Ces enjeux réels de rémunération devraient être réglés dans le contrat initial avec les éditeurs.

2) Les éditeurs ? On sait que la question est taboue. Personne ne reviendra sur le prix unique du livre. La réédition en Livre de Poche résout en partie la question du prix d'accessibilité. Pour le coup, ça démontre plutôt la nécessité d'une chronologie de mise en marché, comme pour le cinéma. Une première sortie des livres neufs en librairie, puis une réédition moins chère en Poche, puis, après un temps de latence raisonnable, en occasion.

Tout le monde y gagnerait. Ca pénaliserait les fausses occasions. Ca serait une obligation acceptable et loyale pour les plateformes, les libraires, les GMS et les revendeurs d'occasion d'observer une chronologie pour promouvoir trois fois un même livre. En terme marketing, ce pourrait même être malin !

Mon opinion est celle de mes collègues Leclerc, 3èmes libraires de France : qu'on se préoccupe d'abord du lecteur ! Croire qu'en augmentant les prix, auteurs et éditeurs vont gagner plus, c'est un contre-sens. Pour gagner, il faut vendre, il faut des acheteurs. Et surtout des acheteurs lecteurs ! 🙌

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