
«
Shibumi», publié dans la collection « Noire » de Gallmeister, n’est pas un très grand roman. N’en déplaise à son excellent éditeur et à une critique littéraire trop complaisante, le second roman de Trevanian après «
La sanction», se lit facilement, mais on y cherchera en vain les traces d’un génie littéraire.
Il est bien écrit (bien traduit !), mais comme beaucoup de thrillers, ce genre d’histoire a pris un sacré coup de vieux après les attentats du 11 septembre 2001.
Je fais partie de ces globe-trotters qui ont comblé des centaines d’heures d’attente dans les aéroports et les avions en lisant tout Robert Ludlum ou Kent Follet. J’adore. Mais il me faut bien reconnaître que « l’argument » ne fonctionne plus.
Oh, l’histoire se tient, même si elle tire en longueur et n’échappe pas à tous les poncifs du genre : défense de l’axe du bien contre les forces du mal, un méchant reconverti à l’amour et à la morale, goût immodéré des arts martiaux, individu solitaire aux prises avec une organisation supra-mondiale ; enfin, quelques leçons philosophiques inspirées par quelques scènes du Kamasoutra.
La réputation du livre aux USA tient d’abord à la personnalité de son auteur. On a dispersé beaucoup d’encre pour s’interroger sur ce prof de lettres, né en 1931 et décédé en 2005. Mais on ne sait pas grand-chose si ce n’est qu’il a passé toute sa vie à fuir les journalistes et à peaufiner le mystère de son existence. Même si Clint Eastwood a fait connaître une adaptation de son roman «
La sanction», même si c’est l’un des auteurs les plus vendus dans le monde (5 millions d’exemplaires), on se perd dans l’utilisation de ses pseudos qui, outre Trevanian, peuvent être William Rodney Whitaker, Nicholas Seare et même Robert Ludlum lui-même !!! Eh oui, beaucoup de ressemblances avec l’inventeur de l’infatigable Jason Bourne («
La mémoire dans la peau»). Encore que, personnellement, je reconnaisse plus facilement dans son type d’écriture la patte d’un Eric Van Lustbader. Qui sait ?
Mais si je vous parle de ce livre, ce n’est évidemment pas pour insister sur ses aspects littéraires. C’est tout simplement pour faire le lien avec mon billet précédent sur Philippe Sollers. On connaît l’anti-américanisme primaire de nos germanopratins. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, l’auto-flagellation a aussi ses partisans. Dans le cas de Trevanian, la charge anti-américaine est aussi féroce et caricaturale que celle de Sollers. Mais ça n’a pas la même saveur venant d’un gars du cru.
Qu’on en juge : « L’Amérique a été peuplée par la lie de l’Europe…Ce n’est pas une race. Pas même une civilisation. Seulement un ragoût culturel des détritus et des restes du banquet européen…Pour éthique, ils ont des règles…Honneur et déshonneur se nomment « gagner » et « perdre ».
Trevanian est excessif. Il est surtout amer. S’il s’en prend aux Américains, c’est d’abord parce qu’ils symbolisent l’avenir de l’Occident.
« L’Occident est l’avenir ». Trevanian ne croit pas au mélange des cultures qui « donne toujours un assemblage de ce qu’il y a de pire dans chacune d’elles ». Aussi « Dans le monde futur, un monde de marchands et de techniciens, les impulsions primaires du bâtard seront les impulsions dominantes ».
Il y a, derrière l’outrance, un diagnostic implacable que ne renieraient aucun des radicaux des années 70. « Le fondement même du génie américain –de l’esprit yankee- est d’acheter et de vendre. »… Ils vendent « leur idéologie démocratique comme des colporteurs, encouragés par le grand racket de protection des ventes d’armes et des pressions économiques. Leurs guerres (sont) des démonstrations monumentales de productions et d’approvisionnements. Leurs gouvernements, une suite de contrats sociaux. »
Mais contrairement à tout idéal révolutionnaire, Trevanian ne croit pas aux « masses » comme acteurs du changement : « Le prolétariat des Etats-Unis (respecte) des valeurs comparables à celles du vendeur d’assurances ou du cadre supérieur… ». Il n’a qu’un seul but, « accéder à l’échelon de la bourgeoisie possédante ».
Trevanian est fasciné par le Japon, par cette sorte de philosophie orientale syncrétiste qui, du zen à la philosophie du Go, fonde, dans le seul individu, la capacité de rebondir. Il a été marqué par les camps de concentration japonais aux Etats-Unis. Cette image d’une population vaincue empêche de considérer le modèle américain comme un modèle philosophiquement acceptable. Résigné, déçu, frustré, il écrit : « La propagande du vainqueur devient vite l’histoire du vaincu. »
15 Commentaires
Le gars du cru vit-il dans un trou?
Si c'est dans une cave, il pourra surement boire une bonne bouteille de vin californien issue d'un assemblage savant copié d'un chai français.
Ah c'est l'heure de l'apéro!
Bon week end
Moi je dis que le Japon c'est comme les Etats Unis d'Amérique:
C'est nippon ni mauvais!
Ils sont comme les autres capable du meilleur comme du pire.
Tous les peuples se ressemblent et ont les mêmes besoins mais ils n'ont pas les mêmes richesses. Certains ne veulent pas partager, d'autres emploient la force.
Comme quoi le plus important est d'avoir les bons dirigeants pour que les gens vivent en paix.
Pourquoi ne pas créer une école de président de la république avec un examen de passage devant l'ONU qui validerait la présidentiabilité des candsidats?
On aurait ainsi moins de chance de se retrouver avec des psychopates au pouvoir.
Se mélanger c'est aussi se connaître, parfois se reconnaître et s'apprécier.
Avec une candidate française a l'eurovision comme Carla Bruni, les chances de l'emporter sont multipliées!
L'europe la connait depuis des années, elle est reconnue pour sa beauté et sa distinction,
Une chanson et elle enflamme les coeurs europeens.
Pourquoi? Parcequ'elle porte en elle le mélange des genres et des cultures.
Cela lui donne une image forte réhaussée de part sa situation de première dame de France.
Alors vive les mélanges et l'eurovision!
Se mélanger c'est aussi se connaître, parfois se reconnaître et s'apprécier.
Avec une candidate française a l'eurovision comme Carla Bruni, les chances de l'emporter sont multipliées!
L'europe la connait depuis des années, elle est reconnue pour sa beauté et sa distinction,
Une chanson et elle enflamme les coeurs europeens.
Pourquoi? Parcequ'elle porte en elle le mélange des genres et des cultures.
Cela lui donne une image forte réhaussée de part sa situation de première dame de France.
Alors vive les mélanges et l'eurovision!
Mel, je viens de lire tes commentaires sur ce livre.
je suis trés surpris par les propos de l'auteur. Mais celui-ci aurait-il oublier la marche de la mort qui était réserver aux soldats américains, des expereinces réaliser sur eux.
Et, l'amérique n'est plus composés des restes de la population européenne ; mais est devenue une nation qui s'est forger comme elle le souhaité.
Même si certain point sont contestataire.
PS Berard Grenet :
Cela est pratiquer par tous les grand de la distribution (je travaille dans un champion). Donc, ne ten prend pas à MEL et la DGCCRF le s'est parfaitement. Si, tu es contre cela n'achete pas ces produits.
Mel, je viens de lire tes commentaires sur ce livre.
je suis trés surpris par les propos de l'auteur. Mais celui-ci aurait-il oublier la marche de la mort qui était réserver aux soldats américains, des expereinces réaliser sur eux.
Et, l'amérique n'est plus composés des restes de la population européenne ; mais est devenue une nation qui s'est forger comme elle le souhaité.
Même si certain point sont contestataire.
PS Berard Grenet :
Cela est pratiquer par tous les grand de la distribution (je travaille dans un champion). Donc, ne ten prend pas à MEL et la DGCCRF le s'est parfaitement. Si, tu es contre cela n'achete pas ces produits.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé. Shibumi, c'est beaucoup plus qu'un thriller, c'est une plongée au coeur du monde que s'est construit Nicholai Hel. Et ce monde-là est loin d'être parfait : violent, apaisant, attirant puis repoussant, oscillant sans cesse entre l'inverse et son contraire. Troublant, déstabilisant, loin de tout ce que j'ai pu lire jusqu'alors.
Quant à l'anti-américanisme de l'auteur, je n'y ai perçu au contraire qu'une charge virulente et habile contre la pensée unique, celle qui désigne d'emblée le perdant comme celui devant assumer toutes les conséquences. Et si la "Mother Company" et Nicholai sont ennemis et qu'ils se combattent, c'est surtout parce qu'ils se ressemblent.
Relis donc Shibumi, cher Mel mais sous un autre angle, moins obtus, plus rond...
Personnellement, j'ai beaucoup aimé. Shibumi, c'est beaucoup plus qu'un thriller, c'est une plongée au coeur du monde que s'est construit Nicholai Hel. Et ce monde-là est loin d'être parfait : violent, apaisant, attirant puis repoussant, oscillant sans cesse entre l'inverse et son contraire. Troublant, déstabilisant, loin de tout ce que j'ai pu lire jusqu'alors.
Quant à l'anti-américanisme de l'auteur, je n'y ai perçu au contraire qu'une charge virulente et habile contre la pensée unique, celle qui désigne d'emblée le perdant comme celui devant assumer toutes les conséquences. Et si la "Mother Company" et Nicholai sont ennemis et qu'ils se combattent, c'est surtout parce qu'ils se ressemblent.
Relis donc Shibumi, cher Mel mais sous un autre angle, moins obtus, plus rond...
Bref du shibumi a l'état pur.La pensée unique est dangereuse mais l'anticonformisme
pas mieux.
Bref du shibumi a l'état pur.La pensée unique est dangereuse mais l'anticonformisme
pas mieux.
En effet, la critique des Usa est sévère, mais elle s'accorde avec celles des autres pays, européens en particulier, dont la France qui n'est pas épargnée. En soit, on commence à être habitués à ces jugements exagérés et subjectifs qui constitue parfois le fonds de commerce de certains auteurs même récemment récompensés par de grands prix littéraires. Là où le bât blesse, c'est que l'insistance finit par donner un petit côté méchant à l'affaire. Or on se situe avec ces apartés assez loin du thème terroriste du roman.
Autre remarque: le roman tire un peu en longueur (la scène de spéléologie est très longue); bien sûr, l'écriture romanesque l'autorise (si l'on compare avec un scénario de BD), mais tout de même...
Bref, pas inoubliable.
Je comprends votre amertume à la lecture de ce roman. Ce que dénonce Trévanian, c'est la perte du beau, de l'intériorité (la véritable, pas l'aboutissement de "La méditation en 15 leçons", ou "Retrouvez votre vrai moi grâce au yoga"), au profit du monde des marchands, le votre.
Je lis comme vous régulierement toutes sortes d'ouvrages mais je considere Shibumi comme un chef d'oeuvre. Le style litteraire est sans prétention mais efficace. L'intrigue vous tient en haleine et l'histoire riche en enseignements. Le succes de ce livre me parait justifié et je conseillerai à ceux qui l'ont aimé de lire celui de Don Winslow : Satori.
Quand au mystere Trevarnian, je comprend que dans une Amerique livrée au Mc Carthysme l'auteur se montre dicret.