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MEL Publisher : un label pour promouvoir les artistes que j'aime

Personne ne conteste qu'à travers ma vie professionnelle, je n'ai cessé de défendre l'accès à la culture. On le voit bien aujourd'hui, la crise politique française est d'abord une crise culturelle : identité, histoire nationale, altérité, regard sur les autres, croyances, absence d'utopies, de rêves…

C'est d'abord à travers l'enseigne E.Leclerc que je me suis investi. Avec mes collègues implantés dans presque toutes les villes de France, nous avons recruté et formé des libraires, des disquaires, des vendeurs de jeux vidéo, des spécialistes du multimédia… et que ce soit par les rayons des hyper ou par le réseau des 215 Espaces culturels, le Mouvement E.Leclerc est devenu un acteur majeur de la diffusion des produits culturels : 2e libraire de France, 3e disquaire…

Parallèlement, depuis 20 ans, les dirigeants de ces magasins ont très largement soutenu les initiatives culturelles de la vie associative en sponsorisant, en parrainant plus d'une cinquantaine de festivals. C'est ainsi qu'E.Leclerc a accompagné pendant 17 ans le Festival de la BD d'Angoulême, une douzaine d'années, le Festival Etonnants voyageurs, à Saint-Malo (et même à Bamako et à Sarajevo !).

Aujourd'hui encore avec Le Festival du Bout du Monde, la scène jeunes talents des Vieilles Charrues, La Folle journée de Nantes, Les Francopholies de La Rochelle, Le Printemps de Bourges, Les transmusicales de Rennes, Du Bruit dans Landerneau... L’enseigne E.Leclerc est le quatrième ou cinquième mécène de la vie associative et culturelle en France.

En 2008, j'ai lancé le Prix Landerneau, décerné par un jury de libraires de l'enseigne, pour distinguer chaque année les meilleurs auteurs en littérature, polar, bande dessinée, livre jeunesse… De grands noms de la littérature ou de la BD (Jean-Christophe Rufin, Dan Franck, Jean Rouaud, Christophe Blain, Pascal Rabaté, David Foenkinos, Laure Adler, Sorj Chalandon, Adrien Goetz, Philippe Geluck, Joann Sfar…)  nous ont aidés à porter cette initiative. Franc succès auprès du public et véritable stimulation pour les libraires du réseau !

Plus récemment, avec l'aide de nombreux mécènes issus du Mouvement E.Leclerc, j'ai proposé qu'on s'investisse plus encore dans le secteur non-marchand. En 2013, nous avons établi sur le site du couvent des Capucins à Landerneau, le "FHEL", le Fonds Hélène et Édouard Leclerc pour la culture.

Dédié à la création d’expositions majeures d’artistes de l’art moderne et contemporain, il a déjà reçu plus de 400 000 visiteurs. Il est aujourd’hui l’un des principaux lieux de culture en Bretagne et un lieu avec lequel il faut compter en France. Miro, Jean Dubuffet, Jacques Monory, Giacometti ou encore actuellement Lorenzo Mattotti y ont déjà eu droit à d’importantes rétrospectives.

Ça n'a pas étonné mes amis artistes ou critiques d'art du secteur de la BD. Je ne lâche pas, je reste passionné, et je reste extrêmement critique à l'égard d'une politique culturelle qui néglige depuis toujours ce secteur (peu d'expositions d'ampleur nationale, peu de soutien aux artistes, pas de politique d'acquisition dans les collections publiques). Du coup, vous imaginez bien, j'ai profité de l'attractivité et de la légitimité artistique de Landerneau pour y ouvrir des fenêtres sur le 9e art.

Ainsi, en 2013, le Fonds Leclerc de Landerneau a produit l’exposition « Métal Hurlant / A Suivre ». Tous les grands artistes de bande dessinée des décennies 70-80 y étaient représentés : Bilal, Moebius, Tardi, Schuiten, Pratt, Druillet...

Porté par cette passion pour le dessin et l’art, j'ai décidé aujourd'hui de m'engager encore plus personnellement en créant "MEL Publisher", le label d’une toute jeune société que je viens de créer :  "MEL Compagnie des Arts". Je me suis adjoint l’aide de Lucas Hureau, ancien spécialiste aux départements Estampes, Livres Illustrés et Bande Dessinée pendant près de 10 ans chez Artcurial.

Personne évidemment ne nous attend particulièrement dans l'édition. Le secteur est déjà foisonnant de multiples initiatives. Mais enfin, trop d'artistes du dessin ou du 9e Art ne voient leur sort lié qu'au succès du dernier album ou d'une éphémère exposition. Difficile, parce que coûteux à concevoir, de trouver des monographies complètes de ses auteurs. A nous d'œuvrer, ils se disent tellement partants !

MEL Publisher publie ses premiers livres début 2016 : 3 importantes monographies illustrées d’artistes contemporains…

  • Mattotti – Livres : Sortie le 20 janvier
  • Mattotti – Dessins & Peintures : Sortie le 20 janvier
  • Nicolas de Crécy : Sortie le 10 février

Lorenzo Mattotti bénéficie parallèlement à Landerneau d'une formidable exposition proposée par le FHEL. Accourez-y, c'est somptueux !

Nicolas de Crécy sera quant à lui exposé au Centre d'art de Quimper dès le 7 mars ; un partenariat entre le FHEL, la ville  et le Centre d'art contemporain, dont MEL Publisher / MEL Cie des Arts, assurera le commissariat artistique.

Voilà, j'aurai l'occasion de vous parler d'autres projets encore, d'édition, d'exposition, ou même de production d'œuvres d'art. Mais chaque chose en son temps.

14 Commentaires

Bonjour Michel-Edouard,
Tout d'abord bonne Année , mes meilleurs voeux pour cette année 2016.Nous nous connaissons car j'ai travaillé pour les Centres ELECLERC en Animation générale micro pendant 15 ans ! scapnor , scadif , scanormande , scarmor ...
La dernière fois que nous nous sommes rencontrés , c'était l'agrandissement du Centre E.LECLERC d'Achères chez Monsieur BONNET.
J'ai un projet aujourd'hui correspondant à votre Philosophie prix produit attractivité travaillons déjà avec 3 centres en 1 mois , et aurais souhaité le proposer au galec.
En espérant que vous répondrez favorablement à ma demande.
Je me tiens à votre entière disposition pour ce projet qui réprésente l'aboutssement de ma vie et le prolongement de ma collaboration avec le groupement E.LECLERC.
Cordialement.
Superbe initiative ! Vous continuez à surprendre et innover.
De nombreux artistes mériteraient d'êtres connus et reconnus. Tous les dessinateurs des années 50 et 60, les forçats du crayon, même pas nommés dans les publications mériteraient une seconde vie ! C'est ce que j'essaie de faire dans ma petite maison d'édition.... beaucoup d'idées et peu de moyens ;-)
Bonjour, et bravo pour tout ce que vous faites pour les artistes

Avec des amis dessinateurs nous galérons aussi depuis de nombreuses années, alors que nous savons, en toute modestie, que nous avons un certain potentiel dans le domaine de la BD et de l'illustration.

Je suis en train de remanier notre blog, mais vous pourrez, si vous le souhaitez, voir quelques-uns de nos travaux ici : http://cartedesigner.fr

Très cordialement et bonne continuation !
Patrick
Welcome! Akwaba! Bienvenue à MEL Publisher...
Quel foisonnement d'initiatives depuis des décennies : initiatives marquantes, structurantes depuis votre poste de Président des centres E.Leclerc. Quelle bonne idée d'assurer ainsi à travers la création d'une marque la pérennité de vos engagements dans cette univers de la culture qui par les temps qui courent est devenu plus qu'indispensable à l'homme : vital!
Bravo et longue vie à MEL Publisher.
HD
"Ah, j'ai failli attendre !..."

Ca fait dix ans que je crie à hue et à dia que tu devrais monter une maison d'éditions, dix ans lorsque je suis venu diriger la librairie du père Loysel, une fois que j'ai compris comment fonctionnait le mouvement, je me suis dit qu'avec le réseau que tu possédais, il fallait créer une maison d'éditions. Ca me semblait une évidence. Car pour qu'un Editeur vive, il faut un réseau. En Bretagne vient de fermer une des maisons historiques, les plus importantes, faute d'acheteurs et donc de lecteurs, ce qui signifie un échec de diffusion. Tout est dans la diffusion. Sans diffuseurs, point de salut.

Que ce soit en magasins de détail ou en grande distribution, j'ai vu de tout. J'ai adoré. C''était passionnant. Et je ne regrette rien. Ou presque.Et à mes nombreux stagiaires, de quelque nature qu'ils soient, j'ai essayé de leur faire comprendre ce que c'était que ce métier, cette passion folle d'aimer les livres et de vouloir absolument transmettre à l'autre ce bonheur de lire, d'être... Dis comme ça c'est anodin, mais en réalité c'est énorme. C'est un travail de titan. Et en ce qui te concerne les équipes des Espaces le savent parfaitement.

Combien de fois ai-je expliqué que les libraires n'ont strictement rien à voir avec les éditeurs, mais avec des Groupes de Distribution, des Groupes de Diffusion ? Combien de fois ai-je expliqué à ceux qui pensaient lire ce qu'ils aimaient tout la journée, que le métier de libraire, c'est le cutter dans la main et le carton dans l'autre ?

Combien de fois ai-je avoué que ça pourrait être des patates, ça serait pareil. Il faut arrive bien avant l'heure de l'ouverture, que le métier de libraire c'est réceptionner des cartons qui puent la pisse et le mauvais vin, et partir bien après le dernier client, après avoir compté la caisse, balayé, nettoyé, passer la serpillière (la toile) lorsqu'un quidam a marché dans la merde et en a semé dans toute la surface de vente... et dans les petites structures on rentre chez soi longtemps après avoir déposé la recette du jour à la banque...

Libraire, c'est acheter, recevoir les représentants, retourner, analyser les bons de réceptions, les bons de commandes, appeler les Distributeurs, comprendre pourquoi 3 ouvrages ont été crédités au lieu de 5, pourquoi dans telle ou telle commande 10 ouvrages sont arrivés alors que la commande était de douze, appeler les clients, ouvrir les cartons, respirer l'odeur des livres, toucher le papier, le grammage, regarder la typographie, sentir, humer, mettre en rayon, vendre..

Créer une maison d'éditions, c'est s'engager encore plus dans la culture, dans la diffusion de la culture. Sans Diffuseurs, il n'y a pas de Distribution.

Je racontais dernièrement cette anecdote réelle, authentique, vécue chez le père Loysel, justement :
« Une femme arrive avec son fils, je les vois venir de loin. Ils se positionnent dans le Rayon Jeunesse face au mur des Poches. "Vous cherchez quelque chose ?", je lui demande.
- On cherche un livre, elle me répond.
Elle m'aurait dit qu'elle cherchait des artichauts j'aurais effectivement été assez surpris. Mais là, c'est le "on cherche un livre" qui m'inquiète. Je connais très bien cette affirmation impersonnelle. Familiale. Presque tentaculaire. Je m'en méfie comme de la peste. Je la connais trop bien. Je l'ai moi-même supportée très longtemps. Je reste à proximité et je fais semblant de ranger quelques bouquins.
Au bout d'un moment, je sens que la mère s'impatiente. Et puis elle dit : "Alors ?"
Et le jeune garçon, dix, douze ans environ : "Je cherche...".
Mais il n'a pas bougé, il est statique, il n'a pas touché la moindre tranche. J'ai compris : il ne sait pas quoi choisir et sa mère lui met la pression.
J'ai à peine commencer à me mouvoir vers lui que je l'entends qui crie: "Ben choisis ! Choisis ! On pas rester là des heures !". Mais le pauvre gamin est là, bras ballants, devant le mur des poches et ne sait que faire. Je vois que la panique le gagne.
J'arrive vers lui et au passage, au vol, je saisis un livre que je connais par coeur, je lui tends : "Tiens, regarde, ça va peut-être te plaire ?" Il prend l'ouvrage dans ses mains, un peu surpris par mon attitude. Je lui souris et je regarde ses yeux, ils sont vides, il a le regard terrifié de celui qui n'en peut plus, qui appelle au secours. Je lui présente deux ou trois autres bouquins. Tandis que je perçois dans mon dos la mère qui trépigne sur place. Il prend le premier que je lui ai donné et ils partent tous les deux. Sans un mot. Dans un silence assourdissant. Elle, d'un pas vif. Et lui l'échine courbé, tenant entre ses doigts cet objet que sa mère tenait à lui offrir. J'espère qu'il le lira, mais je n'en suis pas convaincu. »

Lire n'est pas donné à tout le monde. Pour faire lire, il faut lire soi-même et lire aux autres, à ses enfants, aller à la bibliothèque, à la médiathèque, louer des bouquins, revenir, passer du temps dans les BD, les romans...

Bien à toi,

Emmanuel
C' est formidable d' aller jusqu' au bout de ses envies, de ses rêves, d' agir et de faire tant que l' on en a les moyens et selon ses moyens, même et surtout si cela se fait sans le souci premier du rendement immédiat.
Bravo et chapeau à Michel qui entreprend dans le symbolique de la création!
C' est paradoxalement ce qui est le plus durable dans le temps.
Une belle et grande manifestation de sa jeunesse d' esprit aussi, identique et fidèle à celle de son adolescence.
Et bonne année, il en est encre temps...!
( J' ai égaré l' adresse où siège le big boss, mais mon courriel est le bon...)
Peut-être au 10 février dans le Quercy?
Cher Michel-Edouard Leclerc,
vos prises de risques sont toujours de bon augure et je suis certain que vous oeuvrerez avec le talent que l'on vous connaît pour promouvoir des artistes. Coup de coeur, coups de gueule, passion et raison : c'est la signature de M.E.L.

Dans un tout autre domaine, je suis une sorte d'artiste, ou plutôt d'artisan (soyons humble), car je suis éditeur depuis moins de deux ans, de mon propre magazine imprimé - froid news - en autofinancement (zéro perte en 24 mois d'exploitation dans le 'print'). J'aurais aimé pouvoir vous envoyer le numéro 7 à une adresse postale pour vous laisser vous faire votre opinion sur notre démarche éditoriale, concernant la chaîne du froid (E.LECLERC en fait grand usage). On dit que la chance sourit aux audacieux. peut-être aurai-je le plaisir de vous lire. "Mais de quoi je me mêle ?". Bien cordialement : Pierre Besomi
Cher M-E Leclerc,
Je travaille pour différents labels de musiques en tant que parolier. Aujourd'hui, je cherche à être aussi diffusé. Voici mon site: A-SEVIO.COM.
Bien à vous
Bonjour Michel,

Nos routes se sont croisées et ce n'était pas un hasard.
Notre échange sur le Monde, les Hommes et le management était des plus intéressant.
Avec une vision commune de l'Humain dans ce monde moderne.

Je vous envoie ce mail, comme convenu, afin d'aller plus loin sur ce partage.

En espérant que vous aurez la possibilité de lire mon mail et que cela sera le début d'une nouvelle perspective.

Au plaisir de vous lire ou de vous rencontrer

Nabil
sur notre
Article très pertinent et démarche intéressante.
Bonjour,
Je suis artiste peintre et je viens de réaliser 45 aquarelles qui tracent mon voyage au Népal. Pour illustrer mes images, j'ai inscrit des pensées de philosophes.
Mon souhait c'est de trouver un éditeur qui face vivre mon rêve.
En attendant une miraculeuse réponse.
Martine
Bonjour,
En marge de mon activité principale, je suis auteur-desinateur et musicien. J'ai créé notamment une collection de méthodes pour les enfants (piano, guitare, accordéon, etc).
Je cherche un éditeur et distributeur grand public pour un album pour la jeunesse.
Il s'agit d'un livre illustré de 50 pages, proche d'une bande dessinée avec les Souris Vertes.
À quelle adresse mail puis-je envoyer le PDF ?
Plus d'infos sur moi : www.sourisvertes.fr
Cordialement
Bonsoir, le plus simple est de passer par blog2mel@gmail.com Bien à vous. MEL
Bonjour Monsieur Michel-Edouard Leclerc,
Je suis en possession d'une collection historique de 24 affiches de cinéma polonais des années 1948 à 1962
que je souhaiterais vendre afin de les préserver et d'en assurer leur conservation au sein d'une Fondation ou d'un Institut à même de les exploiter.

Je les ai proposées à plusieurs grandes cinémathèques françaises qui étaient vivement intéressées mais ne possédaient pas, actuellement, de budget pour l'achat d'affiches de cinéma de cette valeur.

Ces affiches sont extrêmement intéressantes quant à leur graphisme créé par des artistes de "l'Ecole Polonaise" tels que Gorka, Lenica, Fangor, Cieslewicz, Swierzy... sous la période du communisme en Pologne.

Je reconnais le talent du grand collectionneur que vous êtes avec votre famille ainsi que vos ambitions culturelles notamment des arts graphiques, diffusées par votre important Fond Culturel.
Au mois août, je suis allée avec ma famille à Landerneau, l'exposition Chagall est tout simplement superbe.

Je vous remercie par avance de votre réponse.

Cordialement
M-A. Gargadennec

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