Trump
SOCIÉTÉ Politique

L'Amérique "prise par la chatte" ?

On nous le présentait ainsi : un mec vulgaire, grossier, bourrin, macho…celui qui avait récemment scandalisé en lâchant « quand vous êtes une star, vous pouvez les attraper par la chatte», est désormais "President elected".

 

Après Obama qui faisait rêver le monde, l'Amérique nous la joue montagne russe en élisant, toujours selon les médias, un populiste ultra-protectionniste. Et il faut dire qu'il a lui-même cultivé sa propre caricature.

Leçon 1 : les sondages

Son élection souligne le fossé qui sépare deux Amériques : celle des côtes et des mégalopoles ouvertes, mélangées et tournées vers l'extérieur.  Et celle du Midwest, des farmers, des red-necks (des "sans-dents" ?) et des villes industrielles en crise.

Bref, une Amérique qui avait besoin de croire que le retour aux frontières nationales ou l'érection d'un mur avec le Mexique lui apporterait le salut.

Depuis des semaines, des mois, on nous vendait l'élection pliée. Clinton versus Trump, y avait pas photo ! Hillary ne faisait pas rêver les Américains, mais on la voyait quand même sortir gagnante d'un scrutin qui ressemblait plus à l'élimination du pire qu'au choix du meilleur des candidats.

Finalement cette élection aura montré qu'il n'y a pas que les sondeurs français qui se plantent magistralement dans les prévisions électorales !

Leçon 2 : il n'est décidément pas facile de dissoudre le peuple !

L'élection de Trump traduit :

  • Un rejet très marqué de l'establishment par des électeurs qui vont de plus en plus vers le transgressif, qui aiment à renverser la table. Evidemment, ils savent que tout ce qui leur est promis n'aura pas lieu, mais ils préfèrent le tenter quand même.

 

  • Le fossé croissant entre la société réelle et la société "telle qu'on croit qu'elle est" : les réseaux sociaux, les éditoriaux des journaux, les analyses d'une élite économique et politique hors sol. Ne sommes-nous pas nous aussi en train de nous enfermer dans ce petit monde ? 

 

Leçon 3 : quel poids aura la France d'Astérix ?

En France, l'élection de Trump doit en faire rêver plus d'un, que ce soit dans les primaires ou dans la future présidentielle !

Nicolas Sarkozy doit se dire que le candidat des sondages n'est pas forcément le candidat des électeurs (un remake de 1995 en somme…).

Jean-Luc Mélenchon ou Arnaud Montebourg doivent penser que le "made in France" peut faire rêver les millions de chômeurs-électeurs.

Marine Le Pen (seule à avoir soutenu ouvertement Trump) doit en tirer un espoir pour sa propre élection en 2017.

Mais face à un Trump isolationniste, un Poutine conquérant, un Xi Jinping expansionniste et tout  puissant, et un continent indien protectionniste, qui peut croire que les coups de menton français ou les leçons de morale pèseront sur la négociation des traités internationaux ou la nouvelle répartition des pouvoirs dans le monde ?

Il va falloir réviser les copies.

Leçon 4 : face à "America first", quelle place pour l'Europe ?

C'est un paradoxe. On attendrait de la France qu'elle reprenne le leadership de l'Europe, mais les conditions de l'élection américaine risquent au contraire de légitimer les stratégies de repli national.  

C'est sur la peur de l'extérieur et de l'étranger qu'a été bâtie la campagne de Trump. Il vient de confirmer ce matin que c'était désormais un point majeur de son programme présidentiel.

En face, l'Europe délitée, l'Europe contestée, l'Europe moralisatrice mais sans voix et sans unité,  ouverte aux quatre vents, ne fait manifestement pas le poids d'autant qu'elle est minée de l'intérieur.

Les symptômes qui se sont exprimés aux USA sont aussi visibles en Europe : Hongrie, Royaume-Uni, Pologne…

Les politiques français risquent d'en tirer la conclusion qu'il faille faire un programme à la Trump. C'est dramatique. Parce que seule une Europe unie et fédérée autour d'un projet mobilisateur sera à même de remettre la France et ses voisins dans le jeu.

 

5 Commentaires

elle analyse que l'on ne peut que partager "intellectuellemt mais je crains fort si ce n'est en etre sur qu'elle ne soit qu'un beau reve conceptuel
Trump a su mettre en face des electeurs un vrai leadership quel que soit le contenu du discours dont notre "establisment" se gaussait :quel populisme pour ce public enarcho-administatif bobo parisien qui ignore depuis longtemps la france qui ne vit qu'"avec 1600 ou 1800€ /mois et encore (pas les assistés structurels qui consomment du transfert financiers sans beaucoup generer de plus value ..... ) au fin fond de banlieux ou de campagnes (occupées par certaines elites" les WE où il fait beau et en attaquant les epandages de fumier ou de lisier..joke
En tout cas qui peut etre ce "LEADER " dans notre belle France : les memes que depuis 1995 ou les bobos parisiens NKM Hidalgo et consorts, macron.....
Trump est un businessman actif à 70 ans et a su transpercer les vieilles lunes y compris de son parti
Suggestion tres amicale : pourquoi pas un businessman ayant une "certaine AURA" charismatique obtenu par la reussite professionnelle plus que par le cursus attaché parlementaire -deputé ministre ....etc mais en n'oubliant pas ENA ou cour des comptes à 20....BREF pourquoi pas UN MEL
Bon courage quand meme mais je suis SUR qu'il ferait largement aussi bien que tous nos clowns actuellement visibles sur nos ecrans
FP
Electeur tres desabusé qui n'est pas sur de participer par mon vote ...pour la 2ème fois seulement malgre mon grand age 65 + à la mascarde "presidentielle" qui va se derouler sous mes yeux fort attrités pour mon pays que j'aime encore
Un reportage récent indiquait que les classes moyennes et sans grades sont survolées dans ces élections US, on e a la parfaite démonstration
Bravo une fois de plus pour votre article.

C'est une belle leçon pour notre petit monde politico-médiatico-économico parisien qui s'auto protège (je suis comme vous un provincial, mais moi, du Nord).

Je ne supporte plus les sondages des primaires qui nous annonce la victoire de Juppé depuis des mois alors qu'on ne sait même pas qui va aller voter. Je précise que j'irai voter, mais, je sais pour qui je ne voterai pas, mais pas pour qui j'irai voter. Aujourd'hui, il n'y a plus de raisonnement par CSP, ou sexe. Je suis aussi comme vous un homme de distribution (j'ai eu la chance de vous rencontrer quand j'étais administrateur à l'UFCC). On le voit dans les magasins. Des petits revenus peuvent se comporter comme des hauts revenus, et vice-versa. L'électeur comme le consommateur est volatile. Les modèles statistiques d'échantillonnage sont caduques. Chaque électeur est unique, comme chaque consommateur.

Je ne supporte plus les pseudos journalistes qui passent leur temps à recopier les dépêches AFP pour construire un journal dit d'information. Il suffit d'écouter les journaux du matin des stations généraliste, tous la même chose. Aucune analyse. J'écoutais out à l'heure Eric Brunet qui recevait le seul journaliste français qui est allé interviewer Trump, André Berkoff, et le seul, qui, il y a quelques semaines a émis l'hypothèse d'une victoire.

Je ne supporte plus qu'un Tweet devient le sujet principal de ce microcosme parisien, qui mange dans les mêmes restaurants, sortent dans les mêmes endroits, et finissent par coucher ensemble: le pire, c'est qu'ils risquent de se reproduire.

Je suis d'accord avec vous que la seule solution c'est de construire une vraie Europe. Moi, j'aimerais qu'elle soit politique, économique, militaire, écologique... Que les pays gardent leurs ministères de la culture, de l'éducation nationale, de la justice. Mais le danger, c'est qu'on retrouve les mêmes mais encore plus haut. Nous fabriquons des professionnels de la politique avec l'Ena, mais pas que. Des gens qui n'ont jamais bossé dans une entreprise, le seul qui a bossé dans la primaire de la droite, c'est Poisson, quel cadeau. Comme disait Coluche, il me semble," confier le désert à un Enarque, dans 6 mois, il rachète du sable".

Si on ne peut pas supprimer l'Ena, négocier, Michel-Edouard, s'il vous plait ,l'obligation pour tout énarque de travailler aux conditions normales un an dans un Leclerc. Là, il saura ce qu'est la vraie vie.

Salut Mel!

Cette élection américaine démontre que ce qui sera appliqué sera ce qui ... vendra. Donald Trump a su se vendre avec un discours qui risque d'être différent de celui qu'il va appliquer. Voilà comment justifier la volonté de créer une Europe forte qui doit être capable de dire non à ses alliers en cas de crises passagères opportunistes.
Bonjour cher Mel,
Je partage totalement votre analyse...qui me donne quand même l'impression que vous êtes un peu bridé par rapport aux analogies possibles avec les modes de fonctionnement de notre "cher" (de plus en plus) hexagone! Comme s'il restait quelques pas que vous n'osez pas franchir même si ici et là le dépossession de la démocratie que subit la population vous fait souvent réagir! Entre le bricolage qu'est le Traité de Lisbonne destiné à contourner avec impudence les réferenda négatifs en France et aux Pays-Bas (qui fait face également à une forte poussée nationaliste) et la sur-représentation de l'écologie politique au Parlement alors que d'autres formations n'y existent à peine ou pas? Je ne partage aucune des thèses de ces dernières, à l'exception d'un constat qui est la confiscation par une "minorité agissante", exclusivement pour ses intérêts personnels, des fonctions électives! Ceux qui nous gouvernent sont les mêmes depuis 40 ans, ils nous ont mis dans le mur, ils n'ont jamais rien fait d'autres, ne savent rien faire d'autres! Ne pensez-vous pas que la tentation peut-être plus que grande d'envoyer promener tout ce petit monde à travers un renouvellement global du personnel politique et du système de représentation afin d'éviter que la tentation du pire finisse par s'imposer comme la solution la moins pire? Tout simplement par colère et désespoir.
Bravo pour vos papiers.
Eric

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