ÉCONOMIE Echos de la distribution

Complément d’enquête, Ségolène Royal et le gaspillage alimentaire, Manuel Valls et les prix alimentaires

C’est la rentrée, même si l’été fut particulièrement studieux pour ma part. Les enjeux sur l’avenir du modèle agricole français ont accaparé une grande partie de mes lectures et de mes échanges, nous y reviendrons dans les prochaines semaines. En attendant, je reprends la plume pour ouvrir une nouvelle saison de ces chroniques de la distribution.

Complément d’enquête et mon portrait…insaisissable

C’est toujours compliqué de s’analyser. Je suis incapable de visionner mes interventions dans les médias (je suis trop critique avec moi-même !). Pour le portrait que m’a consacré « Complément d’enquête », je n’ai pas eu le choix ; il a fallu que je regarde le film, car c’était LA condition pour s’asseoir dans les fauteuils rouges de Nicolas Poincaré.

Avec un peu de recul, je dois avouer une légère déception, même si je reconnais que la tâche de Sylvain Pak (le journaliste) n’était pas aisée. Faire le portrait de quelqu’un qu’on ne connaît pas vraiment, qui exerce dans un métier qui vous est étranger, le tout en quelques jours, c’est pas évident !

Mais le parti pris de l’auteur, de vouloir focaliser sur le personnage public sans le donner à voir dans l’exercice concret du métier, dans sa relation professionnelle avec les adhérents E.Leclerc, a montré ses limites. Il y avait un côté bancal à m’interpeller sur la relation fournisseur-distributeur, alors qu’aucune image du reportage n’a illustré mon rôle dans la négo commerciale ou la prise de décision quotidienne du groupe.

Les équipes d'Upside-TV ont pu pourtant accéder à des réunions de travail avec les adhérents, leurs témoignages sur nos modes de travail, sur nos rôles respectifs dans l’organisation coopérative, ou à des rencontres avec des auteurs et des éditeurs et avec les équipes des Espaces culturels. Bref, des images qui, même si elles sont moins télégéniques, pouvaient refléter la richesse de ce qui fait mon métier et le poids des responsabilités.

Du coup, si je suis « insaisissable » (titre du documentaire et qualificatif que je ne renie pas), n’est-ce pas aussi parce qu’on a décidé de ne pas montrer la pratique professionnelle quotidienne ?

Ségolène Royal et le gaspillage alimentaire

Cette année, ils auront été nombreux les politiques, de droite comme de gauche, à tenter de tirer la couverture à eux sur cette histoire de gaspillage alimentaire. La distribution n’est pas toujours exemplaire, je peux l’entendre. Mais sur ce sujet, elle l’était. Et ça coûte quoi à nos élus de le reconnaître, de temps en temps ?

La distribution est le premier employeur privé de France, mais jamais un secteur n’a été autant caricaturé, stéréotypé… Il ne s’agissait pas de s’acharner sur notre ministre de l’Environnement en exprimant publiquement le ras-le-bol de son cinéma sur le gaspillage alimentaire. Mais oui, après un été compliqué, où les salariés ont été malmenés et les magasins caillassés, le tout pour des raisons qui dépassaient largement le champ d'intervention des distributeurs, il fallait dire stop à cette lassante stratégie du GMS-bashing.

Je n’ai bien sûr pas d’illusion sur la leçon qu’en tireront nos politiques. D’ailleurs ils se pressent déjà aux portillons du Parlement pour déposer des amendements et propositions de loi sur le gaspillage alimentaire. Voilà de la récup…qui n’ira pas aux Banques alimentaires !

Manuel Valls et les prix agricoles

Cet été, comme tous les directeurs de magasins de toutes les enseignes, j’ai pesté contre notre président de la République qui, depuis une étape du Tour de France en Lozère, renvoyait les agriculteurs vers la distribution (merci pour ce moment !), et de quelques élus de gauche et de droite qui ont fait de même. La tentation était facile, comme s’il n’y avait personne d’autre pour assumer les carences de notre politique agricole commune.

Ce vendredi, Manuel Valls a cru encore devoir opposer à la détresse des éleveurs un appel à une revalorisation des prix des distributeurs… comme s’il n’était pas au courant du système mis en place par son propre gouvernement !

Je veux bien croire que tout le monde est interpellé. Faudrait quand même voir à arrêter de se défiler.

Dans ce contexte de tensions et alors que la tentation est de trouver des boucs émissaires (qui sont toujours les distributeurs !), on n’aura entendu ni la ministre du commerce, ni celui de l’Intérieur, pour appeler au calme. Il me faut saluer Stéphane Le Foll qui, lui, n’a pas versé une seule fois dans la facilité de tout mettre sur le dos de la distribution.

Quoi qu’il en soit, la stratégie de la diversion a ses limites, et les agriculteurs ne sont d’ailleurs pas dupes : en dénonçant les distorsions de concurrence fiscale, sociale, juridique, écologique… ils interpellent le politique sur son bilan, sur son action, et sur ce qu’il compte faire pour réparer certaines de ses erreurs passées.

J’attends toujours d’en savoir plus sur les solutions de long terme que Manuel Valls va proposer aux agriculteurs français.

Rejoindra-t-il finalement la ligne « démondialisatrice » de son ex-ministre Montebourg, ou continuera-t-il à vouloir inscrire notre pays dans la mondialisation, en assumant (enfin) la vérité sur les réformes qu’un tel choix commande ?

5 Commentaires

Politiques cyniques presque toujours sans imagination ; journalistes flagorneurs des premiers et incompétents à propos des sujets qu'ils traitent , quel peu ragoutant brouet vous nous proposez là d'ingurgiter!!!
Vous avez bien de la patience et du courage cher MEL.
Cher MEL
Comme vous citez un politique de gauche (dont je n'ai retenu comme aspérité que sa mèche rebelle!), il me faut assurer un équilibre en citant un politique de droite qui, à ma grande surprise cet été, s'est positionné au dessus de la mélée. Il s'agit de Bruno Lemaire. Même si je ne suis pas dupe de ses vues électoralistes, il faut lui reconnaître d'avoir su ne pas tomber dans des propos populistes.
J'ai trouvé dommage de voir une cannette de coca plutôt que de breizh cola vous qui revendiquez régulièrement vos origines bretonnes ;)
Nobody's perfect :-) MEL
Que les politiques de droite comme de gauche faillissent, dont acte, que les distributeurs ne soient pas les seuls fautifs, dont acte... Mais alors, mais c'est bien sûr, le système qu'il faut changer... mais pour quel autre??? Peut-être que le mur est a envisager dans la mesure ou en Europe, l'homogénéisation sociale (sans être tirée vers le bas, n'a pas eu lieu). Surement les circuits courts avec l'appuis des supermarchés locaux. Quant aux gaspillages alimentaires, peut-être que certaines enseignes devraient l'ouvrir a leurs salariés selon la configuration familiale afin d'éviter les abus. Ne parlons pas des cartes de fidélités et des marges arrières. BREF UN SYSTEME ECONOMICO-COMMERCIAL A REVOIR . AVEC UNE POLITIQUE DE RELANCE PAR LES SALAIRES (TELLEMENT MANGENT SI PEU? QUE PAR LE TRUCHEMENT DE LA TVA... BEAUCOUP DE RENTREE VERS L'ETAT...

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