
Dans l’urgence, Etienne de Montety a su trouver les mots pour dire la richesse de la personnalité d’Alain Etchegoyen, décédé, hier, d’un cancer. Chez lui, « Gargantua côtoyait Montaigne » ! Oui, il y a tout dans ce portrait (Le Figaro, 11/04), les forces et les fragilités du philosophe et de l’ami. Je ne veux pas être redondant.
Mais, bon Dieu, il va nous manquer ! Les écrits resteront. Mais c’est sa présence qui fera défaut dans les rencontres, les disputes, et jusque dans les fêtes qu’il adorait. C’est dans la relation personnelle, et aussi dans le suivi de l’actualité qu’il savait être le plus percutant, le plus exigeant.
Pour l’avoir beaucoup côtoyé, j’ose le dire, je lui dois beaucoup.
C’est le philosophe Michel Serres qui a parrainé notre amitié. Tous deux, nous fûmes ses élèves à la Sorbonne. Nous étions passionnés par cette approche transversale de l’histoire des sciences, des idées politiques et de la littérature. Pendant ses cours, Michel passait allègrement (il le fait toujours) d’un champ d’étude à un autre. Je dirais même : d’un champ de vie à un autre. Exemple : pour parler du concept de jouissance, il citait Sade, incontournable, mais aussi Brillat-Savarin, le roi des fourneaux. Et pour parler de « la quête de l’identité », il savait mobiliser Arlequin tout autant que Saint-Augustin. Oui, comme dans le titre de son dernier livre (Editions Le Pommier), il cultivait « L’art des Ponts » entre les disciplines bien sûr, mais pour rappeler que d’abord ils reliaient les hommes « Homo Pontifex ».
Nous étions emballés par cette approche nouvelle, très « Nouvelle Renaissance ». Aussi Alain Etchegoyen n’a jamais, contrairement à d’autres philosophes, méprisé la science économique, ni même le monde de l’entreprise.
Quand d’autres se focalisaient sur le salariat pour décrire le monde du travail, lui, auscultait, hors de ces frontières artificielles, l’univers des professions libérales, des éducateurs et des managers. Le travail, oui, mais dans toute sa dimension, y compris celle qui consiste à faire fructifier le capital (ou à se l’approprier).
Ca paraît complètement évident aujourd’hui, sauf que ça ne l’était pas dans l’atmosphère de l’après-68, et même jusqu’à une époque très récente.
Fils d’un cadre, un temps PDG d’une grande société agroalimentaire, il n’avait ni tabou, ni obsession idéologique pour aborder les relations sociales dans le monde agricole ou dans les usines. Il se battait déjà, à la fin des années 80, pour défendre cette position. Les philosophes académiques le prenaient de haut. Les purs-players du marxisme, même s’ils avaient relooké leurs copies d’un style plus libertaire, le tenaient en méfiance. Et moi, ce que j’aimais, c’était ça, sa volonté de réconcilier l’action et la connaissance, l’engagement et l’efficacité économique.
La première fois que nous nous sommes retrouvés dans la vie professionnelle, c’était lors de la publication des Affaires concernant le financement des partis politiques. Notamment, l’affaire Cora, aujourd’hui classée, suivie par le juge Thiel à Nancy.
J’avais commenté les faits dans Libération (interrogé par Denis Robert, déjà !). Et surtout, j’avais engagé mon groupe dans une campagne de publicité pour dénoncer le mécanisme corrupteur. Nous étions là-dessus d’accord. C’est l’homme qui corrompt, et se corrompt. Mais le politique ne pouvait pas nier sa responsabilité alors qu’il avait lui-même « fabriqué » le cadre qui rendait la prévarication inévitable.
Passionné par la littérature, il m’avait demandé de faire route avec lui pour défendre la place des études littéraires (sujet toujours d’actualité !). « Le Capital Lettres » a ainsi rassemblé les témoignages de plusieurs cadres et chefs d’entreprise issus de cette formation, histoire de dire que nous n’étions pas simplement de joyeux rêveurs, des animateurs de patronage, mais qu’à l’occasion, nous savions aussi être des guerriers sur des territoires où l’on n’attendait que les recrues d’HEC ou de l’ESSEC.
Je suis allé à Vatteville-la-Rue (Seine-Maritime), dans cette grande maison qu’il adorait. Tout, à l’intérieur, partait en quenouille, faute de moyens. Pourtant, à la bonne franquette, il y accueillait ses étudiants, de Louis-le-Grand ou de Gennevilliers. Les gens de l’entreprise, de la recherche ou du spectacle, la plupart ses amis, venaient leur parler. Questions, réponses, ça fusait dans tous les sens. Avec, derrière les premiers rangs, alignés face au soleil du jardin, les habitants du coin, improbables élèves ! Comme ce syndicaliste de la FDSEA qui, venu pour manifester contre le prix du lait dans la distribution, a fini par comprendre que le lieu ne se prêtait pas à cet exercice !
Le philosophe m’aura fait découvrir d’autres horizons. Le Ministre de l’Education, Claude Allègre, lui ayant confié le recrutement des membres de la Commission Attali pour travailler sur la réforme de l’Université, je me suis retrouvé aux côtés de Julia Kristeva, d’Axel Kahn et de Francis Mer. Je pouvais côtoyer pire ! Et de fait, nous avons accouché d’un rapport qui ouvrait bien des perspectives, comme le rapprochement de l’Education Nationale et du privé, la fin du « nivellement par le bas » et la création de pôles d’excellence associant l’Entreprise, la Recherche et l’Enseignement.
Nous étions liés d’amitié. Alors, pour entretenir ce noble sentiment, et par-delà les joutes intellectuelles, il fallait du vin, de la bonne bouffe, tout cela partagé avec quelques autres esthètes. Il faut dire qu’il s’y connaissait en cuisine. Il adorait touiller la casserole. Comme quoi on peut écrire l’Epître aux égarés de l’Ethique et savoir racler les gamelles.
A mon égard, il n’a eu qu’un seul regret : ne pas avoir réussi à me faire apprécier Martine Aubry. Là, il était franchement naïf. Je ne vouais aucune acrimonie à l’égard de l’ancienne Ministre. Mais d’autres veillaient : Antoine Guichard, former patron de Casino, qui parrainait plusieurs associations pilotées par Martine Aubry (dont FACE), avait tout fait pour l’éloigner de ma personne. La rencontre a bien eu lieu. Elle n’a porté aucun fruit.
Il détestait Ségolène Royal. Il s’entendait bien avec Francis Mer. Lui qui fréquentait les allées du pouvoir, essayait néanmoins de se protéger du cynisme des politiques.
Ce serait le caricaturer que de dire combien il aimait brûler la vie. Il savait aussi la créer. A ses enfants, à sa femme, j’aimerais offrir ce témoignage de reconnaissance et d’admiration.
5 Commentaires
tu peux nous en dire plus? ça c'est interressant
"DECES D'ALAIN ETCHEGOYEN : COOP DE FRANCE PERD UN AMI ENGAGE
Alain Etchegoyen, philosophe reconnu et brillant connaisseur du monde des entreprises vient de décéder des suites d'une longue maladie.
Nombreuses ont été les coopératives qui l'avaient sollicité afin de réfléchir à leur stratégie et de rechercher le sens de leur action économique.
Que ce soit à propos du rôle original des coopératives agricoles dans un concert économique mondialisé ou de l'importance du regroupement collectif des coopératives afin de constituer des filières industrielles, Alain Etchegoyen était devenu un chantre exigeant des coopératives agricoles.
Nous retiendrons particulièrement des analyses d'Alain Etchegoyen son engagement vis-à-vis de la modernité du pacte coopératif ainsi que la mise en exergue du concept de fidélité qui octroie de la valeur économique aux coopératives agricoles. Nous saurons toujours gré à Alain Etchegoyen de cet engagement et de sa participation à la réhabilitation de notre statut."
J ai acheté une remorque à leclerc auto à gap le 17 04 07.j ai demandé si il y avait une promotion, la réponse etait : non.Ce jour
une pub dans ma boite aux lettres montre qu il y a une promotion, aux dires de la personne qui ma vendu ce produit:je n' etais pas informé de la promo et je la decouvre comme vous?????
Etant moi mème commercial je trouve la demarche client pas trés pro??????
pouvez vous faire passer ce message???
et me tenir informé???
LE TABAC EN VENTE EXCLUSIVE SUR INTERNET ET SUR COMMANDE TELEPHONIQUE AVEC CENTRES DE DEPOTS DANS LES HYPERS A L'INSTAR DES VPCISTES, C'EST POSSIBLE ?
COMMUNIQUE SOS TABAC 6 MAI 2007 - COMMUNIQUE SOS TABAC 6 MAI 2007 - COMMUNIQUE SOS TABAC 6 MAI
LA BOURSE ET LA VIE !
LE DEFICIT DE LA SECURITE SOCIALE QUE LES FRANÇAIS SUPPORTENT FINANCIEREMENT EST UNE FOIS DE PLUS ELUDE DU DEBAT POLITIQUE
D’UN CÔTE, L’ETAT ADOPTE UNE REGLEMENTATION
VISANT A GENERALISER L’INTERDICTION DE FUMER,
DE L’AUTRE, L’ETAT SIGNE UN CONTRAT D’AVENIR AVEC LES BURALISTES,
QUI FAVORISE LA CONSOMMATION DU TABAC.
Le décret visant l’interdiction de fumer dans tous les lieux publics, buralistes inclus, rentrera en application le 1er janvier 2008.
Le Contrat d’avenir signé le 21 décembre 2006 entre l’Etat et la Confédération nationale des débitants de tabac sera également en vigueur le 1er janvier 2008.
Ce contrat a pour objectif d’accompagner les buralistes, premier réseau de commerces de proximité, pour s’adapter à l’interdiction prochaine de fumer dans les lieux publics.
Ce contrat prévoit en effet le développement, notamment, des activités de LA FRANCAISE DES JEUX et du PMU dans le cadre du déploiement de prestations auprès des buralistes qui développent d’énormes moyens publicitaires pour la promotion de leurs offres de services.
Petit hic : Monsieur le député Yves BUR, qui a défendu le décret d’application de l’interdiction de fumer, a été missionné pour assurer le suivi de la mise en oeuvre des mesures décidées dans le Contrat d’avenir et d’en mesurer l’impact pour les buralistes.
Mais que dit la Loi dite « EVIN » qui interdit toute propagande ou publicité directe ou indirecte en faveur du tabac ?
« Est considérée comme propagande ou publicité indirecte toute propagande ou publicité en faveur d’un organisme, d’un service… autre que le tabac, lorsque …... par sa présentation… elle rappelle le tabac ».
SOS Tabac rappelle que le 3 février 1998, Monsieur le Procureur de la République a reconnu qu’il existait un réel préjudice à inciter les citoyens à pénétrer dans un débit de tabac pour y acheter d’autres produits que le tabac.
Cette situation est politiquement inacceptable. Le tabac tue chaque année plus de 60 000 français.
Le sevrage tabagique est une étape difficile et nous ne pouvons empêcher les anciens fumeurs de se rendre dans les débits de tabac au risque d’être de nouveau tentés de fumer voire de consommer de l’alcool sans modération.
Ce d’autant que l’Etat s’est engagée auprès des buralistes à déployer des services publics de proximité et à favoriser le renforcement des activités, notamment de jeux et de paris, ainsi que leur rémunération.
Or la deuxième phase du récent décret d’application interdisant, dès le 1er janvier 2008, de fumer à tous les lieux publics, ne résoudra pas pour autant le problème sauf à supprimer la vente des produits du tabac chez les buralistes.
Après tout, dans le Contrat d’avenir, l’Etat s’engage justement à inciter l’ensemble des partenaires de la profession des buralistes à entamer des négociations portant précisément sur le renforcement des activités confiées aux buralistes et la rémunération de ces activités afin de permettre aux buralistes de faire face aux conséquences de la hausse du tabac.
Sont particulièrement concernées les entreprises ou secteurs au sein desquels l’Etat, quand elle n’est pas actionnaire, exerce une tutelle : LA POSTE, LA FRANCAISE DES JEUX, LE PMU, LES ENTREPRISES DE SERVICES PUBLICS.
L’Etat dispose ainsi d’une grande latitude pour préserver l’activité des buralistes qui assurent d’importantes missions d’intérêt général tel qu’en témoigne ce Contrat d’avenir.
Le chiffre d’affaires réalisé par la vente des produits du tabac en France est de l’ordre de 13,5 milliards d’euros en 2006, la remise moyenne concédée aux buralistes étant de 6 % en France, 810 millions d’euros seraient économisés.
Cette somme serait réinvestie pour la réalisation d’un réseau de distribution moins coûteux, tel que la vente en ligne qui, outre le fait de représenter un frein à la consommation aujourd’hui recherché, serait génératrice de nouveaux emplois.
ENSEMBLE, TOUT DEVIENT POSSIBLE !
ALORS ADOPTONS UNE SOLUTION COHERENTE
CAR POUR TRAVAILLER ET GAGNER PLUS,
IL FAUT RESTER EN BONNE SANTE…
ET PUISQUE LE TRAVAIL C’EST LA SANTE,
LA BOURSE ET LA VIE SONT COMPATIBLES.
Le 31 mai sera la journée mondiale pour la protection contre le tabagisme,
LA VENTE EXCLUSIVE DU TABAC SUR INTERNET ?
SOS Tabac se réservera le droit de demander au Président nouvellement élu, de prendre une position ferme sur ce problème en particulier et sur le financement de la PREVENTION SANTE* en général.
LA SANTE reste un domaine dans lequel la France a toujours été un modèle exemplaire.
Ce changement radical serait une étape marquante de l’avènement d’une nouvelle France au sein de l’EUROPE.
Jean-Pierre MARGUARITTE
Président SOS Tabac
www.sostabac.org
* Voir le projet de proposition sur la « PREVENTION SANTE ACTIVE » en lien sur le site www.sostabac.org