
Eh bien, je l’avoue, je suis bluffé. Ce livre est excellent, et j’allais dire bêtement « vu le statut de son auteur », comme si son cursus politique excluait une autre performance. Oui, mes amis, alors que je m’emporte contre ceux qui m’étiquettent et réduisent ma sensibilité à celle d’un entrepreneur, voilà que j’allais faire de même avec Léo dont le talent, loin des hémicycles, est ici magistralement confirmé. L’écriture est forte, fiévreuse, violente, pour décrire les blessures d’hommes qui essaient de sauver leur âme de la noirceur d’un monde sans existence officielle.
La république et ses officines missionnent des nervis, à l’identité incertaine, et les envoient, par-delà les frontières, éliminer physiquement des adversaires au casier chargé. Jean Bardin est une méduse. Il a pour mission de tuer le général Mladic dans l’ex-Yougoslavie et de le soustraire à la justice internationale (le tribunal de La Haye qui le recherche). Il faut éviter qu’il parle et révèle les petits commerces de la diplomatie française avec ses anciens amis serbes.
Cette mission est un échec. Notre anti-héros se retrouve en hôpital psychiatrique, revisite son identité, sa vie d’errance et de duperie. « Dans notre métier, personne n’est ce qu’il prétend être. Personne n’est ce qu’il est…Nous ne savons pas les noms de ceux qui nous donnent des ordres, ni l’identité de ceux qui les emploient. Payez en liquide, nous sommes des fugitifs, insensibles, visqueux, sans visage. Nous gérons la vie des profondeurs…La vie quotidienne, en dehors des missions, est d’une grande douceur ». Léotard a écrit ce livre, la pierre à l’estomac. Pour le connaître un peu et apprécier son amitié, j’imagine toute la charge personnelle et son poids de vérité. On n’est pas impunément Ministre de la Défense, et responsable des services secrets. (Les romans de Jean-François Deniau portent souvent aussi la cicatrice de vieilles plaies jamais refermées).
Et puis, il y a dans ce livre comme un effet mimétique. On sait la fascination de François pour son frère Philippe, tragiquement décédé. Il aurait écrit ce livre comme le scénario d’un rôle pour Philippe que cela ne m’étonnerait pas. Monde désespéré, face cachée et inavouable de nos tentations, violence rentrée, fascination pour les eaux glauques de notre existence, comme cette couleur verte qui enveloppe le roman, la couleur qui fascinait Patrice Chéreau dans « La Chair de l’Orchidée ».
Dans ce monde de dupes, des êtres passent, se côtoient, se livrent, et parfois s’échappent. C’est la petite lueur, la lumière dans la lucarne, derrière les barreaux. Ainsi de Peter, co-équipier, « juif à retardement » qui, fils adoptif d’un bourreau, apprend sa judéité comme il découvre un cancer finalement libérateur.
Dans ce livre, il n’y a pas de salut. Juste des solitudes : « Il n’y a pas une solitude qui ne puisse se rapporter à une autre. On dirait du verre cassé, une seule histoire, et à l’intérieur une multitude d’histoires différentes. Mais il s’agit toujours du même objet qui s’éparpille. Cet objet s’appelle le temps et personne ne peut le reconstituer. Temps brisé qui n’a plus aucune allure, aucune forme. »
9 Commentaires
Ce message n'est pas un commentaire sur le livre de F.Léotard mais un "Avis aux amateurs".
J'ai créé un site Internet littéraire "Ecrivains en ligne". Il s'agit d'une plateforme de téléchargements de textes courts (de 20 à 30 pages), essentiellement des nouvelles, inédits et écrits par des écrivains confirmés. Les textes sont vendus en ligne, sur le même principe que les plateformes de téléchargements de musique.
Je tiens au livre papier, il ne s’agit donc en aucun cas de le concurrencer, mais au contraire de participer à sa promotion.
En effet, ce site est une vitrine pour les écrivains participants. Pour chacun d’entre eux on y trouve : des repères bibliographiques, des actualités, des liens utiles.
La nouvelle est, dans ce cadre, un biais pour découvrir de nouveaux auteurs noyés dans le flot littéraire de chaque rentrée.
De plus, il est souvent difficile de trouver des livres français à l’étranger. D’un simple clic, partout dans le monde, sur tout type d’ordinateur, les amateurs de littérature peuvent télécharger pour un prix modique des textes issus d’écrivains que l’on croise en librairie traditionnelle. Le format court permet de lire les textes directement à l’écran ou éventuellement de les imprimer très rapidement.
« Ecrivains en ligne » compte pour l’instant plus d’une trentaine d’auteurs dont : Christophe Donner (Grasset), Anne Bragance (Actes Sud), Jean-Philippe Blondel (Robert Laffont), Luc Baranger (Gallimard), Colin Thibert (Galimard), Charles Pepin (Flammarion), François Emmanuel (Stock)…
N'hésitez pas à visiter le site...
Henry-James Saniez
hj.saniez@ecrivainsenligne.com
Bonne initiative. Celle du site et celle qui consiste à nous en informer. Laissez-nous le temps d’aller en parcourir quelques feuillets et parlons-en. A bientôt donc.
PS : n’hésitez pas à dire ici votre actualité, vos coups de cœur, vos recommandations.
Concernant les actus du site, en voici une toute fraîche. Pour les amateurs, sur « Le littéraire » (http://lelitteraire.com) (site partenaire) vous trouverez trois nouvelles du site que vous pourrez télécharger gratuitement et sans inscription.
Concernant mes coups de cœur, j’ai une rubrique dédiée sur le site. En effet, le principe est de constituer une bibliothèque la variée possible, indépendamment donc de mes goûts littéraires. Pour personnaliser le site, j’ai créé une rubrique « coup de cœur ». Mon « very best of » personnel serait :
- JM Catonné, « Seul Dieu n’a pas de maman » (formidable texte),
- JP Blondel « J’en rêve encore »,
- Brigitte Niquet, qui n’est pas très connu mais mériterais de l’être plus : « Bonne fête maman » est un très beau texte,
- Colin thibert « Les cornes du mouton »... D'autres auteurs comme G.Flipo, Léo Lamarche, L.Martin F.Chouraki méritent également le détour.
A bientôt
HJ
Merci pour cette belle contribution. Elle m’a conforté dans mon engouement pour ce livre. A bientôt.
J’ai trouvé que l’auteur nous noyait sous une logorrhée au profit d’une histoire à la corne-cul, qu’il ne rend jamais crédible.
Cette avalanche de mots imprécis ne donne:
- aucune nervosité à l’action,
- aucune densité aux personnages,
- aucune tension dans l'atmosphère
- aucune profondeur aux sentiments,
- aucune hauteur aux éventuelles réflexions.
A la fin de la lecture il ne reste rien :
- ni l’émotion de l’écriture (pas un paragraphe ou une phrase qui par la qualité du style ou des mots laisse des images ou une pensée)
- ni la satisfaction d'avoir rencontré des personnages bien campés au profit d’une histoire bien ficelée.
N’est pas John le Carré, Simenon ou Japrisot qui veut !
En fait tout au long de la lecture, on pense que l’auteur écrit comme il parlait quand il faisait de la politique.
Un discours superficiel, symbolique du consensus mou, qui brassait et brassait des mots dont on cherchait le sens, la nouveauté et la portée.
S’il continue dans cette veine, parions que l’écrivain aura le même avenir que l’homme politique.
Nouvelles du site "Ecrivains en ligne" :
Il y a 2 ou 3 semaines le site "Amazon" a lancé aux USA un service se nommant "Amazon Shorts" : c'est exactement le même concept que le mien : téléchargement de nouvelles inédites et écrites par des écrivains édités. D.Steel fait partie de la soixantaines d'auteurs connus. Amazon est directement éditeur des écrivains participants (à la différence des plateformes de téléchargement de musique).
Les arguments de la communication sont également en tout point les mêmes . Je parlerais pas de plagiat ou de copie mais la coïncidence est troublante...
(campagne publicitaire pour 1.68 euros)
Il est encore à l'état d'ébauche, mais j'esère bien l'éttofer serieusement. En attendant si le coeur vous en dit.