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Raymond Carver : un « minimaliste » en littérature ?

img_blog_030807_carver Toute une génération d’écrivains, notamment celle qui a publié depuis la fin des années 80, se revendique de l’héritage de Raymond Carver. Celui qu’avec une certaine emphase on qualifiait aux Etats-Unis de Tchekov américain a, comme son homologue Sam Shepard, fasciné nos bons auteurs par la simplicité apparente de son écriture, très « parlée », souvent même sur le mode des contes ou de récits enregistrés. Je ne l’avais jamais lu. Profitant de quelques jours de repos, je me suis plongé dans « Les feux ». Bercé par la houle faignante qui vient caresser les falaises de l’Ile de Groix, je me suis laissé prendre par la poésie de ce recueil d’interviews et de nouvelles. Carver y dit son parcours, ses errances, la difficulté d’écrire. Son plaisir aussi. Ecrire : « Quand j’écris, j’écris tous les jours. Dans ces moments là je suis aux anges. Les journées s’imbriquent les unes dans les autres. Parfois, je ne sais même plus quel jour on est… Je reste accroché à ma table jusqu’à dix, douze, quinze heures d’affilée, jour après jour. Et quand cela se passe comme cela, j’y prends infiniment de plaisir ». Le travail : « La plus grosse partie de mon temps de travail est absorbé par les révisions et les remaniements.(…) Quand j’écris la première version d’une nouvelle, je l’écris d’un seul jet… Il peut m’arriver de réécrire une nouvelle 20 fois, 30 fois. » Un métier donc, tout autant qu’une passion. Carver, comme d’autres écrivains bourlingueurs, ou encore comme John Fante, est un self-made man. Il a fait tous les métiers, il a crevé la dalle, beaucoup picolé, plongé dans le désespoir et les échéances de fin de mois. Mais sans être socialement correct (il adule John Steinbeck ou Ernest Hemingway) il n’a pas une conception engagée de la littérature. La littérature : « Elle n’a aucun devoir. Elle est là pour le plaisir intense que nous prenons à la faire…Le plaisir à lire quelque chose qui a du corps, quelque chose qui a été conçu pour résister au temps, en plus de la beauté qui en est l’essence même… Une braise dont la lueur, pour sourde qu’elle soit, n’en est pas moins opiniâtre ». « Les feux » sont publiés aux éditions de l’olivier. On trouve en livre de poche biblio deux autres titres majeurs de Raymond Carver : « Les vitamines du bonheurs » et « Parlez-moi d’amour ».

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