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Chômage / Emploi : Contre l’immobilisme … le courage !

Qui va oser le premier ? Qui va avoir le courage de taper sur la table, d’arrêter les guerres idéologiques, et d’en appeler à la responsabilité des acteurs sociaux dans la lutte pour l’emploi. Les recettes, tout le monde les connaît. Toutes les revues économiques ont publié la liste des actions possibles. Les Français ont été abreuvés des conclusions de multiples rapports, dont récemment ceux de Martin Hirsch (contre la pauvreté) et de Michel Camdessus (rapport rédigé à la demande de Nicolas Sarkozy). Mais comme le disait Martin Hirsch lui-même, ce matin, sur France Inter, une fois publiés, tous ces plans d’action finissent dans les cartons des résolutions enterrées. Le problème, ce ne sont pas les idées, c’est le courage. Celui de s’en prendre aux tabous, au confort d’une opposition idéologique dont François Chérèque, secrétaire général de la CFDT disait hier sur RTL qu’il s’agit « d’une opposition de style qui ne produit plus rien ». D’un côté, dit-il, le « je ne touche à rien », et de l’autre « je remets tout en cause » ! Je partage cet avis. La Guerre Froide aurait dû finir avec la chute du Mur de Berlin. Ils nous pompent l’air, ces patrons excessifs dans leur ultralibéralisme. Leur idéologie ne vaut pas mieux que les slogans collectivistes. Face aux attentes bien réelles de 10,5% de chômeurs, je préfère le pragmatisme et l’efficacité. Deux exemples : 1) Le Code du Travail : Ce sont les entreprises qui, principalement, créent de l’emploi. Les carcans administratifs, et encore plus le poids des éventuels licenciements, deviennent tels que plus personne ne veut prendre le risque d’embaucher. C’est moins vrai dans les grandes entreprises, mieux armées sur le plan juridique et comptable. Mais interrogez n’importe quel artisan ou patron de PME. Ici, on limite l’embauche à 10 personnes (seuil légal à partir duquel il faut un délégué du personnel), là à 49 (seuil au-dessus duquel il faut un comité d’entreprise). Attitude stupide, excessive, intolérable ? Certes. Mais l’empilement des lois sociales, le passif potentiel que constitue toute embauche dans une conjoncture aléatoire, la pression idéologique sur les chefs d’entreprise (capitaliste = salaud) et la complexité croissante des questions juridiques (tout le monde n’est pas sorti de l’ENA ou d’HEC) sont des données objectives, et si l’on veut que ces entreprises-là embauchent, il faut bien faire avec ! Il ne s’agit évidemment pas de déréguler le marché du travail. La priorité doit rester celle de la protection des salariés, de leurs droits, de leur représentation, et peut-être même de supprimer les CDD, pourquoi pas ! Mais nous sommes en crise, qu’on se le dise. Au moins, à court terme, il faut lever les tabous. Pourquoi les hommes politiques, cette semaine, se sont-ils tous précipités pour dire : « il ne faut pas toucher au Code du Travail ». Comme dit courageusement François Chérèque, « le Code du Travail change tous les ans ». Ne peut-on trouver un consensus pour faire sauter les verrous dont l’analyse rationnelle démontre l’incongruité ? 2) Il y a le poids des charges ! Ca fait 15 ans qu’on en parle dans ce pays. Il est vrai que le patronat, en focalisant toutes ses revendications sur ce thème, et en le mettant à toutes les sauces, a perdu en crédibilité. Mais enfin, sans généraliser, qui peut encore douter des discriminations flagrantes entre les charges que paient les entreprises françaises et celles de leurs homologues du Sud de l’Europe ou de l’Europe de l’Est, nos compétiteurs sur les mêmes marchés ? A chaque fois qu’on essaie de faire bouger ce dossier, il se trouve à l’INSEE, au Plan, au CNRS, des analystes et des chercheurs pour nous démontrer qu’à coût du travail comparé, la France s’en tire bien. Et c’est probablement vrai globalement. Sauf que les charges pèsent moins dans le secteur des services, exportateur, alors qu’elles plombent nos industries manufacturières, et même notre agriculture. J’étais, hier soir, dans les Vosges, à Bruyères. Dans cette région, l’industrie textile est en compétition avec des entreprises roumaines, polonaises dont les écarts de salaires sont déjà de 1 à 3. Si l’on rajoute les charges, c’est évidemment perdu d’avance ! ! ! On nous dit à l’INSEE que les gains de productivité, y compris dans ce secteur, compensent les différentiels de coûts de production. Eh bien ! Ca veut dire quoi « gains de productivité », à chiffre d’affaires stagnant si ce n’est moins d’emplois par unité produite ! Tout le système français du financement de notre politique sociale (ce fameux modèle social si déficitaire !) est financé par les contributions des seules entreprises qui créent des emplois. C’est du délire. C’est une atteinte au bon sens. Michel Rocard avait essayé d’en faire financer une partie en créant la CSG. D’autres, comme le sénateur Jean Arthuis ou mon père et moi, demandent depuis longtemps qu’on étudie le transfert de ces contributions vers une TVA sociale. Si on ne prend pas des mesures radicales, de toute façon, on confine dans l’aveuglement. 3) Sur ces deux points, assouplissement administratif et baisse des charges, les idées ont commencé à évoluer. Ce sont les deux piliers du plan « services à la personne ». Mais pourquoi le raisonnement s’arrêterait-il au seuil des entreprises. Pourquoi imagine-t-on qu’une baisse de charges est favorable à l’emploi d’un jardinier ou d’un prof de maths à domicile, mais pas à celui d’un plombier chez l’artisan ou d’un fraiseur chez Dassault ? Le redressement anglais, de Thatcher à Blair, tout comme l’expérience danoise n’ont pu être menés qu’en rupture avec les cultures dominantes. Il y a eu des gens dans la rue, ça a castagné aux sorties de certaines usines, mais les politiques ont tenu bon. Moi, je crois que les Français ne sont absolument pas accrochés à un modèle dont ils voient la faillite. Ce qu’ils veulent, ce sont des jobs, des perspectives de carrière et des revenus croissants. Ca passe par un plan global qui conjugue deux engagements : la sécurité des salariés, l’assurance du maintien d’un régime protecteur auquel ils ont cotisé, un renforcement du droit contractuel. Mais aussi, la fin d’une culture de passivité et d’assistance permanente. Avec pour corollaire : allocations chômage et RMI dégressifs après premiers refus d’embauche, participation à des systèmes de formation obligatoire pendant les périodes de chômage, revalorisation des métiers manuels et de services (un gisement d’emplois énorme), etc… Oui, qui va oser ? Il y a des coups à prendre, mais, à terme, j’en suis sûr, une vraie reconnaissance des Français pour ceux qui s’y seront investis.

17 Commentaires

Monsieur,
Vous avez écrit : Qui va oser le premier ? Qui va avoir le courage de taper sur la table, d’arrêter les guerres idéologiques, et d’en appeler à la responsabilité des acteurs sociaux dans la lutte pour l’emploi - ?
Oui - qui ? et de quel droit va t-il "arrêter les guerres idéologiques" ? Superficielles, et profondes.
"Les recettes, tout le monde les connaît."
Ah ? Mais comment se fait-il alors que depuis trente ans... ? Je ne comprends pas. Vous savez, vous, que tout le monde les connaît, et vous n'aviez rien dit jusqu'ici ? Il n'y a que vous qui le saviez ? Non, je ne peux pas y croire. Moi, qui essaie de réfléchir, et qui parfois lit des textes écrits par des "experts", des économistes, je ne savais pas que "les recettes, tout le monde les connaît". Et si nous arrêtions avec le, mauvais, génie du "bon sens" (je pensais qu'il avait quitté Matignon...)
"Toutes les revues économiques ont publié la liste des actions possibles."
connues jusqu'ici - pas toutes les actions possibles, nuance.
"Les Français ont été abreuvés des conclusions de multiples rapports, dont récemment ceux de Martin Hirsch (contre la pauvreté) et de Michel Camdessus (rapport rédigé à la demande de Nicolas Sarkozy). Mais comme le disait Martin Hirsch lui-même, ce matin, sur France Inter, une fois publiés, tous ces plans d’action finissent dans les cartons des résolutions enterrées."
C'est sur, il y a quelque chose qui ne semble pas fonctionner dans la formation scolaire de nos élites, ils ont l'air de faire semblant de lire, seraient-ils analphabètes ? ou illétrés ?
"Le problème, ce ne sont pas les idées, c’est le courage."
Si Jean-Pierre Raffarin vous lit, il doit avoir une larme à l'oeil. Jean-Pierre, si tu nous regardes, ...
"Celui de s’en prendre aux tabous, au confort d’une opposition idéologique dont François Chérèque, secrétaire général de la CFDT disait hier sur RTL qu’il s’agit « d’une opposition de style qui ne produit plus rien ». D’un côté, dit-il, le « je ne touche à rien », et de l’autre « je remets tout en cause » ! Je partage cet avis. La Guerre Froide aurait dû finir avec la chute du Mur de Berlin. Ils nous pompent l’air, ces patrons excessifs dans leur ultralibéralisme. Leur idéologie ne vaut pas mieux que les slogans collectivistes."
Bien, bien - mais pourquoi n'avez-vous pas brigué la tête du Medef ? Avec un homme comme vous qui, selon les apparences, voudrait dépasser les dogmes stériles des uns et des autres - c'est une occasion ratée, et c'est bien dommage. Parce que, après l'inimitable Seillière -je ne savais pas qu'une telle créature existait avant de la voir à l'oeuvre-, nous allons avoir Madame Je connais les Français parce que je les sonde, et elle pourrait déguiser ses idées par un "ce sont celles des Français". Enfin, il faut bien souffrir...
"Face aux attentes bien réelles de 10,5% de chômeurs, je préfère le pragmatisme et l’efficacité. Deux exemples :1) Le Code du Travail : Ce sont les entreprises qui, principalement, créent de l’emploi."
Pas faux - et comment créer t-on les entreprises ?
"Les carcans administratifs, et encore plus le poids des éventuels licenciements, deviennent tels que plus personne ne veut prendre le risque d’embaucher."
En général, un patron n'embauche pas parce qu'il veut courir un risque mais parce qu'il a un besoin. Si vous avez un besoin économique et que vous n'embauchez pas parce que vous ne voulez pas prendre de risque, est-ce que votre entreprise va vivre longtemps ? Je ne pense pas que le développement de Leclerc soit basé sur une telle frilosité. En outre, embaucher est plutôt une preuve de santé économique. Enfin, les freins administratifs ont été considérablement diminué ces dernières années. Il faut dire que la situation la plus simple serait une négociation directe et "libre" entre l'employeur et le candidat à l'embauche - mais le salarié ne se verrait-il à imposer un salaire de misère dans une telle situation où le chomage crée de la concurrence entre les chômeurs... ? Car il faut rappeler aussi cette vérité : le chômage est un atout extraordinaire dans le jeu des patrons qui peuvent ainsi exercer un "chantage" à l'emploi.
"C’est moins vrai dans les grandes entreprises, mieux armées sur le plan juridique et comptable. Mais interrogez n’importe quel artisan ou patron de PME. Ici, on limite l’embauche à 10 personnes (seuil légal à partir duquel il faut un délégué du personnel), là à 49 (seuil au-dessus duquel il faut un comité d’entreprise). Attitude stupide, excessive, intolérable ? Certes. Mais l’empilement des lois sociales, le passif potentiel que constitue toute embauche dans une conjoncture aléatoire, la pression idéologique sur les chefs d’entreprise (capitaliste = salaud) et la complexité croissante des questions juridiques (tout le monde n’est pas sorti de l’ENA ou d’HEC)
- et quand on en sort, ce n'est pas brillant, il suffit de voir leurs résultats à la tête du pays.
"sont des données objectives, et si l’on veut que ces entreprises-là embauchent, il faut bien faire avec !"
Certes - et ?
Il ne s’agit évidemment pas de déréguler le marché du travail. La priorité doit rester celle de la protection des salariés, de leurs droits, de leur représentation, et peut-être même de supprimer les CDD, pourquoi pas ! Mais nous sommes en crise, qu’on se le dise.
J'aime beaucoup le renversement du "mais". Vous souteniez même la disparition des CDD, mais voilà, ...
'Au moins, à court terme, il faut lever les tabous. Pourquoi les hommes politiques, cette semaine, se sont-ils tous précipités pour dire : « il ne faut pas toucher au Code du Travail ». Comme dit courageusement François Chérèque, « le Code du Travail change tous les ans ». Ne peut-on trouver un consensus pour faire sauter les verrous dont l’analyse rationnelle démontre l’incongruité ?"
Essayons d'être sérieux : vouloir que les 10% de chômeurs soient embauchés est-il possible ? Ou bien des emplois sont crées, parce que l'on peut créer des entreprises, et JUSQU'ICI VOUS N'AVEZ PAS UNE SECONDE PARLER DU CAPITAL, ou des emplois occupés se libèrent - et alors il faut que ceux et celles qui peuvent partir à la retraite, entre 55 et 60 ans partent tout de suite ! Or, ces trois dernières années, c'est tout le contraire qui a été fait; tenter de retenir les salariés au-delà de 60 ans, pour éviter l'appel d'air massif du papy-boom, pour éviter donc que les entreprises soient contraintes d'embaucher..., comme c'est curieux.
"2) Il y a le poids des charges ! Ca fait 15 ans qu’on en parle dans ce pays. Il est vrai que le patronat, en focalisant toutes ses revendications sur ce thème, et en le mettant à toutes les sauces, a perdu en crédibilité. Mais enfin, sans généraliser, qui peut encore douter des discriminations flagrantes entre les charges que paient les entreprises françaises et celles de leurs homologues du Sud de l’Europe ou de l’Europe de l’Est, nos compétiteurs sur les mêmes marchés ? A chaque fois qu’on essaie de faire bouger ce dossier, il se trouve à l’INSEE, au Plan, au CNRS, des analystes et des chercheurs pour nous démontrer qu’à coût du travail comparé, la France s’en tire bien. Et c’est probablement vrai globalement. Sauf que les charges pèsent moins dans le secteur des services, exportateur, alors qu’elles plombent nos industries manufacturières, et même notre agriculture."
Dont acte, mais si l'Etat accepte de peser pour que les charges diminuent substantiellement, les entreprises en profiteront-elles pour embaucher ou pour épargner l'argent dégagé ?
"J’étais, hier soir, dans les Vosges, à Bruyères. Dans cette région, l’industrie textile est en compétition avec des entreprises roumaines, polonaises dont les écarts de salaires sont déjà de 1 à 3. Si l’on rajoute les charges, c’est évidemment perdu d’avance ! ! !"
N'est-ce pas le type même de la "concurrence libre et non faussée" puisque dans ces pays les salaires ne peuvent être les mêmes ?
"On nous dit à l’INSEE que les gains de productivité, y compris dans ce secteur, compensent les différentiels de coûts de production. Eh bien ! Ca veut dire quoi « gains de productivité », à chiffre d’affaires stagnant si ce n’est moins d’emplois par unité produite !"
Et l'innovation ? Pourquoi les industries textiles françaises, puisqu'elles ne peuvent concurrencer sur les coûts, ne proposent pas des produits innovants ? Sans parler que la concurrence sociale, de dumping, dépend, pour un pays comme la Chine, d'un esclavagisme généralisé et camouflé -par les salaires octroyés qui permettent à ces prolétaires seulement de survivre- qui profite à des entrepreneurs chinois et... occidentaux. N'est-ce pas ? Quelqu'un peut-il fournir la liste des entreprises et des personnes FRANCAISES qui profitent de ces esclaves offerts par la Chine ?
"Tout le système français du financement de notre politique sociale (ce fameux modèle social si déficitaire !) est financé par les contributions des seules entreprises qui créent des emplois."
Les salariés, les consommateurs qui payent de la TVA, etc..., n'y sont pour rien ?
"C’est du délire. C’est une atteinte au bon sens. Michel Rocard avait essayé d’en faire financer une partie en créant la CSG. "
Une taxe de plus, sur les salaires - de la part de l'homme qui a traité les partisans du non d'analphabètes ? Heureusement que lui, il est vraiment à la retraite, même s'il lui reste de la salive pour dire des c.......
"D’autres, comme le sénateur Jean Arthuis ou mon père et moi, demandent depuis longtemps qu’on étudie le transfert de ces contributions vers une TVA sociale. Si on ne prend pas des mesures radicales, de toute façon, on confine dans l’aveuglement."
Un transfert pour la même chose ? Quelque chose m'échappe...
"3) Sur ces deux points, assouplissement administratif et baisse des charges, les idées ont commencé à évoluer. Ce sont les deux piliers du plan « services à la personne ». Mais pourquoi le raisonnement s’arrêterait-il au seuil des entreprises. Pourquoi imagine-t-on qu’une baisse de charges est favorable à l’emploi d’un jardinier ou d’un prof de maths à domicile, mais pas à celui d’un plombier chez l’artisan ou d’un fraiseur chez Dassault ?Le redressement anglais, de Thatcher à Blair, tout comme l’expérience danoise n’ont pu être menés qu’en rupture avec les cultures dominantes. Il y a eu des gens dans la rue, ça a castagné aux sorties de certaines usines, mais les politiques ont tenu bon."
Si c'est votre modèle. Je crains pour vous que la France ne puisse se permettre un tel affrontement social. La France et les Français sont un pays infiniment plus révolutionnaires que nos amis anglais, et l'histoire a montré que les possédants pouvaient regretter leur extrémisme...
"Moi, je crois que les Français ne sont absolument pas accrochés à un modèle dont ils voient la faillite. Ce qu’ils veulent, ce sont des jobs, des perspectives de carrière et des revenus croissants. Ca passe par un plan global qui conjugue deux engagements : la sécurité des salariés,"
Pourquoi faire référence à l'Angleterre de Thatcher et Blair où la vie des salariés est pour la plupart l'insécurité totale ?!
"l’assurance du maintien d’un régime protecteur auquel ils ont cotisé, un renforcement du droit contractuel. Mais aussi, la fin d’une culture de passivité et d’assistance permanente. Avec pour corollaire : allocations chômage et RMI dégressifs après premiers refus d’embauche,"
Je vous propose une chose : vous faire vivre un an avec le RMI, avec des refus pour les candidatures, et nous verrons si, comme le Président de la République, vous oseriez dire "je connais cette situation". N'oubliez pas que le 29 Mai, une vraie colère s'est exprimée contre cette élite arrogante qui passe son temps à donner des leçons sur le bien, le beau, le vrai, alors qu'elle fait semblant de travailler.
"participation à des systèmes de formation obligatoire pendant les périodes de chômage, revalorisation des métiers manuels et de services (un gisement d’emplois énorme), etc…"
Des moyens pour - il faudra les payer - et donc il faudra prendre l'argent quelque part.
"Oui, qui va oser ? Il y a des coups à prendre, mais, à terme, j’en suis sûr, une vraie reconnaissance des Français pour ceux qui s’y seront investis."
Votre "démonstration" ne m'a pas convaincu, et illustre, selon moi, une analyse superficielle. De toute façon, vous n'êtes concerné ni par ce chômage dont vous parlez tant, ni par des moyens financiers modestes. Vous ne faîtes donc pas partie de la majorité des Français. Certes, vous êtes -le seul ?- parmi les possédants, qui s'exprime et amorce ainsi un "dialogue", même provisoire. Mais il ne faut pas que vous vous fassiez des illusions par rapport à vos propres analyses; elles sont largement influencées par votre situation, et cette situation, je le répète, est minoritaire sur l'ensemble du monde. Pour leur donner de la crédibilité et de la pertinence, il faudrait que vous vous engagiez bien plus dans des tests, une influence politique, etc... Car en France, nous pâtissons beaucoup du fait que, en apparence au moins, nous avons des idées, mais lorsqu'il s'agit de passer à la réalisation, à l'action, ... J'insiste ici sur le fait que le capital n'est pas disponible en France pour des investissements, que les banques refusent de prendre le moindre risque financier, que trouver des investisseurs est un vrai parcours du combattant. Il n'y a donc pas que des blocages sociaux et étatiques - il y a des blocages capitalistiques !
Est-ce que le problème de l'emploi n'est pas lié aussi avec les agissements des actionaires pour les entreprises qui sont privatisées? Nombreux sont ceux qui voyent leurs profits sur le court terme, et ne se préoccupent pas des conséquences dans le temps sur l'emploi.
Mais je crois également que les entreprises se montrent également très exigeantes sur les qualités de leurs candidats. En effet, la plupart d'entre elle exige une expèrience professionnelle d'au moins un an 2 le plus souvent. Pour un jeune diplomé il devient alors difficile de se faire une place puisque rare sont les offres acceptant l'expèrience en tant que stagiaire, les entreprises veulent quelqu'un de performant dès la 1ère semaine pour ne pas dire le 1er jour. Il devient difficile dans ces conditions de se faire une 1ère "vraie expèrience".
Mais je suis d'accord sur le fait que les charges pesent trop sur les entreprises. Pour être concret, prenons un exemple simple, les commerçants de quartiers sont pour la plupart des indépendants à leur compte. Ils ont une charge de travaille suffisante pour faire travailler une personne supplémentaire, mais la majorité d'entre eux est obligée de prendre un apprenti pour efectuer la tache, car le poids des charges serait trop lourd à supporter s'il fallait signer un contrat pour un vrai employé.
Monsieur Leclerc,
Je ne ferai pas un copier/coller de votre note pour en commenter chaque ligne...
Juste que j'approuve la plupart de vos idees et positions, meme si effectivement, on reste un peu sur notre faim quant a l'action ...
Je reste convaincue que l'Etat seul ne peut parvenir a reduire le chomage ou amorcer les reprises de l'emploi. Il ne peut que les initier par des mesures incitatives en direction des chercheurs d'emploi et de celles des entreprises.
Nous sommes cependant dans un contexte ou la marge de manoeuvre en terme de dialogue social est tres serree ; du courage, oui il en faudra a nos politiques ... mais je leur conseillerais aussi un bon sextant histoire de garder le cap et ne pas mettre le feu aux poudres... toucher au code du travail maintenant est tres risque ... oui mais dans un deuxieme temps , non ?
Un point que je defends egalement sur mon blog (http://florencejean.blogemploi.com/propositions), ce sont les initiatives locales, qui, fautes de relai, de coordination et de communication nationale restent soit limitees en terme de resultats car cantonnees a un territoire, soit sont appelees a avorter dans l'oeuf, faute de support dans leur perenisation.
Je crois enfin en l'esprit et la culture entrepreneuriale des francais : beaucoup d'idees, ca, on le savait, mais aussi beaucoup d'actions chez nos compatriotes, ce a tous les niveaux de la societe et c'est cela aussi qu'il faut encourager ... et ceux-la qu'il faut ecouter et supporter. Je ne pense pas que l'on soit completement ou que la majorite se complaise dans l'assistanat.
Voila trois mois que je suis en recherche active d'emploi. Mon cas est un peu particulier car je cherche sur Paris alors que je reside a l'etranger , mais nombre de mes contacts chercheurs d'emploi sont tres qualifies, dynamiques et pro-actifs et eprouvent de grandes difficultes ne serait-ce qu'a decrocher des entretiens.
L’économie de marché ne fonctionne que si le marché est fluide.
Dans une telle économie, au regard de l’emploi, le rôle de l’état est :
- d’assurer cette fluidité pour permettre aux ajustements de se faire,
- de veiller à ce que les règles du jeu sont respectées,
- de corriger et sanctionner les excès du marché,
- d’assurer une formation de qualité quel que soit le niveau,
- d’assurer une protection et une aide aux accidentés du marché.
Passer par une période de chômage n’est pas grave si le marché est fluide et si rebondir se fait assez aisément.
Pour fluidifier, il faut arrêter d’ajouter des lois aux lois, des aides aux aides
Il faut plutôt remettre les choses à plat et simplifier.
Briser les tabous c’est le moment pour qui a un peu de courage:
- un monde politique explosé
- des syndicats non représentatifs (seulement 8 à 10% des salariés sont syndiqués)
- des supports idéologiques disparus (socialisme ou communisme qu’est-ce aujourd’hui ? )
Pour cela il faudrait que les hommes politiques faiseurs de lois et les syndicats, arrêtent de raisonner avec le principe des 20/80 ( pour 20% d’exceptions on fait des lois qui compliquent la vie de tous) mais raisonnent plutôt avec le principe des 80/20 :
80% des employeurs ne sont pas des grandes entreprises
80% des employeurs ne sont pas des managers diplômés des grandes écoles
80% des employeurs risquent leurs capitaux tous les jours et se battent pour leurs entreprises
80% des employeurs sont navrés d’avoir à débaucher
80 % des employeurs ne sont pas des patrons cyniques, tricheurs et scélérats avec Rolls et gros cigare.
Ce sont ces 80% qu’ils faut encourager en fluidifiant l’emploi pour leur permettre de s’adapter en fonction de la conjoncture, de leurs besoins de compétences et allégeant leurs charges, car ils sont moteurs et porteurs d’emplois mais ils sont aussi souvent les plus fragiles (entreprise sous capitalisées, comptes d’exploitation tendus …)
Fluidité et simplification ne veut pas dire libéralisme à tous crins mais bon sens dans une logique d’entreprise (à différencier de la seule logique court terme des actionnaires du CAC 40)
Pour briser les tabous, un stage dans une PME industrielle de moins de 50 salariés devrait être obligatoire pour tout élu politique ou syndical et tout haut fonctionnaire (après tout Mao avait bien mis les intellectuels aux champs !)
Erosoft
Je partage votre remarque sur ces entreprises qui recherchent des jeunes : 25 ans bac + 4 , 4 ans d’expérience, clone dans leur secteur d’activité.
Ce sont souvent ces entreprises qui ont aussi joué à fond des FNE et des pré-retraites à 55 ans coûteuses pour la collectivité en terme de coût social et de compétences.
Le CNPF / MEDEF devrait lui aussi balayer devant sa porte.
Petite remarque de citoyen ordinaire, nourri d'infos au robinet de TF1 ou France 2. Lundi, Dominique de Villepin reçoit à Matignon les partenaires sociaux, au premier rang desquels les syndicats, pour "échanger sur la manière de lutter efficacement contre le chômage". A leur sortie de réunion, tous les syndicalistes-en-chef (de Thibault à Chérèque, en passant par Mailly) y vont de leurs commentaires au micro de TF1 ou France 2. Tous avec la même petite musique sur l'air "voilà ce qu'il ne faut pas faire". C'est drôle parce que j'avais cru comprendre que le thème de la journée était exactement l'inverse : "que faut-il faire ?".
Donc : 1) soit les syndicalistes n'avaient pas bien intégré le thème de la réunion 2) soit les journalistes avaient eux-aussi perdu leurs notes en route et ont oublié de poser la question "quelle solution ?" 3) soit il est tellement plus facile et plus "intéressant" de détruire que de constuire que syndicalistes et reporters s'en sont finalement accomodés sans états d'âme… A vous de choisir.
Questions pour Mr GRELLETY
Bonjour monsieur,
A la lecture de votre contribution à ce blog, il me vient deux questions :
1 / Combien d'entreprises ou d'emploi avez-vous directement contribué à créer dans les 12 derniers mois ?
2 / Quelles sont vos prévisions de création d'emploi directement par votre action pour les 12 prochains mois ?
Salutations
Une partie de nos blocages ne viennent-ils pas du faible taux de syndicalisation en France? Avec un taux de moins de 10% (5% dans le privé), malgré une présence dans 40% des lieux de travail, les syndicats -avec une approche idéologique et une logique contestataire- répondent-ils eux-aussi vraiment aux attentes des français, et font-ils vraiment avancer les choses? Dans les pays Nordiques où la syndicalisation dépasse les 75%, et où les chomeurs doivent être syndiqués pour bénéficier des allocations chômage, le chomage dépasse rarement les 5%. Les syndicats, qui ne peuvent se permettre aucun corporatisme, travaillent en coopération avec le patronat et les entreprises pour maintenir la fluidité de l'emploi, et assurer un équilibre entre les intérêts des salariés et des entreprises, équilibre nécessaire au maintien du système social fort généreux. Mais la réussite suppose comme vous le disiez que chacun construise et un "vrai" dialogue rationnel.
Re dauvers (9/6/05)
Cher Olivier Dauvers, ta remarque illustre une des caractéristiques de la période présente : le nihilisme. Sur l’Europe, l’emploi, l’environnement, l’éducation, ou même la refonte du système de santé, le discours critique est dominant. Quasi démission des intellectuels, paralysie du politique, posture d’attente de la plupart des syndicats de salariés et même professionnels. Bref, on ne positive pas beaucoup dans notre pays.
Je crois nos institutions responsables de cette situation. Nous sommes dans une sorte de monarchie constitutionnelle. Tous les centres de décisions publics, y compris ceux qui sont censés constituer des contre-pouvoirs (Assemblée, Sénat, Conseil Economique et Social…) sont alignés sur le Pouvoir central. Le Président « tient » le Premier Ministre. Le Premier Ministre fait le programme des assemblées (combien de propositions de lois par rapport aux projets ?). Et, dans cette situation où tout passe par ce processus de décision, il n’est pas anormal que même les professionnels soient attentistes, parce que « sans illusion » sur l’évolution du politique.
Je dis tout ça un peu à la louche, à la mode « café du commerce ». Mais nous pourrions étayer…
La société bloquée, cela fait 30 ans qu’on en parle (Crozier, Chaban-Delmas, Armand-Rueff) ! Nous avons besoin d’une profonde réforme institutionnelle. Vive la VIème République !
Re Babylone (9/06/05) – Re Erosoft8/06/05)
Il y a un point que tous les deux vous avez évoqué, c’est la liaison entre la politique de recrutement et l’évolution de l’actionnariat des entreprises.
La financiarisation de l’économie, l’anonymat de ce nouvel actionnariat et sa focalisation sur les objectifs de rendement à court terme, privent le management de la possibilité d’alimenter une véritable culture d’entreprise.
Sans tomber dans une vision trop paternaliste du capitalisme familial, il faut bien reconnaître, qu’il y a seulement dix ans, on n’osait pas licencier ou mettre en préretraite des cadres seniors dans des conditions telles qu’elles se pratiquent actuellement. J’ai connu des firmes (fournisseurs ou distributeurs) qui se faisaient une fierté d’entretenir le lien avec leurs plus anciens salariés.
De même, l’embauche de managers « mercenaires », tout comme l’externalisation de nombreuses fonctions, contribuent à détacher les entreprises du territoire dans lequel elles sont implantées. Ce lien privilégié, qui faisait d’un Michelin à Clermont-Ferrand, d’un Peugeot à Sochaux, d’un Fabre en Midi-Pyrénées, des modèles de fidélité dans le recrutement, n’existe pratiquement plus.
C’est toute la difficulté sémantique d’apprécier le sens de mots tels que : fluidité du marché du travail.
Réponse à JML - ?
1 - Moi, je ne me planque pas derrière une identité indéterminée.
2 - Je n'ai pas crée d'entreprises et d'emplois parce que je n'en ai pas le capital. J'ai crée une entreprise de presse, en 1996. Le magazine a, en trois numéros, prouvé, chiffres à l'appui, qu'un lectorat existait. L'entreprise n'avait pas assez de capital propre pour continuer. Malgré les preuves de l'existence d'un lectorat important, j'ai frappé à des dizaines de portes (groupes de presse, investisseurs indépendants, banques, ...). Aucun de mes interlocuteurs n'a mis à l'étude un investissement sur un titre qui avait déjà des lecteurs et des abonnés. Vous comprendrez que j'ai été abusé une fois (on vous dit partout, "créez votre entreprise", mais face à la réalité capitalistique française, à savoir l'indisponibilité du capital pour des entreprises naissantes qui prouvent la valeur de leurs "produits", il faudrait être idiot pour ne pas comprendre que les dés sont pipés), et je ne serai pas une deuxième fois floué par une pseudo-économie "libérale", de "marché".
3 - j'ai le droit de demander à un leader économique et DONC politique où il en est de ses investissement économiques puisque, ici, sur son blog, comme les politiques qui nous dirigent, il nous donne des leçons. Or, les politiques qui nous dirigent et qui se veulent "libéraux" n'ont jamais mouillé leur chemise, mis un euro dans une entreprise, en somme n'ont jamais risqué des moyens propres; quant à Monsieur M.E.L., il est, si je ne m'abuse, héritier. Ce qui n'est pas une faute ni une tare, mais un avantage conséquent, n'est-ce pas ? Il a reçu sa fortune, et la gère maintenant, apparemment avec efficacité. Est-ce que cela suffit pour dire "il faut faire ceci" ou "il faut faire cela" ? Moi, je lui dis, faîtes en plus, et nous verrons bien...
Pour créer des emplois et aider les personnes agées et les mères de famille, vous pourriez mettre à la caisse des personnes aidant à vider les caddies et à les réemplir. J'ai 83 ans et ai beaucoup de mal à faire ces manipulations et suis génée de retarder tout le monde. Merci
Je suis bien étonnée de ne pas lire dans votre long billet, la déficience réelle des banques et des circuits financiers à l'égard des PME. Rares sont celles qui ont assez de fonds propres pour réaliser leur croissance impliquant souvent de lourds investissements. En France, une PME doit présenter le bilan d'un grand groupe avant d'être entendu. je m'étonne aussi que vous ne parliez pas des délais anormaux de règlement pratiqués par un nombre élevé d'entreprises à l'égard de leurs fournisseurs....optimisation de trésorerie sans doute...qui fragilisent encore plus les TPE et les PME.
Eu égard, à la qualité habituelle et quasi constante de vos billets, je trouve celui-ci un peu court :)
Réponse à Sophie Januel (14/06/2005)
D’accord, Sophie, question PME, mon billet est, comme vous le dites, « un peu court ». Je vous promets de revenir très vite sur ce sujet (la semaine prochaine ?). J’ai déjà tendance à faire un peu long, de l’avis de mes collaborateurs et d’internautes. Alors, scindons les problèmes, si vous le voulez bien. A bientôt donc pour parler PME, trésorerie et banques.
Re Hélène (9/06/05)
Le problème, ce n’est pas la syndicalisation. Au contraire, je crois que nous avons tous intérêt à débattre avec des organisations suffisamment représentatives, mais aussi responsables, et relais des actions à entreprendre.
Non, le problème français réside dans l’asservissement du mouvement syndical à des politiques partisanes et idéologiques. C’est un fait historique, une grande partie du mouvement syndical français s’est divisé et reconstruit autour de stratégies politiques. Un travail de recentrage est en cours depuis une dizaine d’années. Bernard Thibault s’est émancipé des querelles du PC (il fut même le premier invité du PS, lors d’un des derniers congrès). La CFDT, avec Nicole Notat et plus encore avec François Chérèque, nourrit le débat social avec une autonomie et une liberté intellectuelle revendiquée (ce qui n’est pas sans provoquer quelques désarrois et dissensions dans sa base). Mais ce mouvement est lent, y compris dans les organisations patronales. Le MEDEF et la CGPME souffrent des mêmes critiques ! On verra donc ce que donneront les nouvelles élections au MEDEF…
Re Grellety (14/06/05) et Re JML(9/06/05)
Comme l’a dit un jour sur ce blog Babylone, ce n’est pas parce qu’on est pilote d’Airbus, hôtesse ou stewart, qu’on ne peut pas avoir une opinion de citoyen sur l’avenir d’Airbus ! Donc d’accord avec Grellety, ne relevons pas les procès de ce type.
Ceci dit, la remarque vaut aussi pour ma défense. Non, Grellety, je ne suis pas qu’un héritier. D’ailleurs, d’un point de vue capitalistique, je ne possède aucune action des centres E. Leclerc, aucun magasin, aucune participation dans une quelconque holding ou société du groupe, ni même des stock-options.
Si tout citoyen a le droit de s’exprimer, moi aussi. Je revendique le droit à la parole. Les réalisations qui sont à mon actif, plaident, je crois, pour une certaine crédibilité. Ceci dit, en débattant ici, en ne vous censurant pas et en acceptant la critique, les suggestions et les expériences des internautes, je ne fais que chercher des points d’appui supplémentaires pour l’action. Justement, comme vous le dites, pour en faire plus… A bientôt donc.
Monsieur,
En 1986, Georges Besse, PDG de Renault a été exécuté par les révolutionnaires d'Action Directe. Ne craignez vous pas que vos engagements provoquent cette fois contre vous ce type d'attaque ?
Cordialement,

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