SOCIÉTÉ
Actus / Débats
Google, Yahoo, Altavista : moteurs ou directeurs de recherches ?
Cette question, j’ai commencé à me la poser en regardant mes enfants devant l’ordinateur. Surveiller le temps de jeu, mais favoriser les recherches pour préparer un exposé ou un devoir. Arbitrage nécessaire, vu le temps passé. Il faut dire que les mots s’additionnent, au gré des pages consultées. Dans la pléthore de réponses, beaucoup de citations périphériques, d’anecdotes, avant d’arriver au contenu… nécessité de trier.
Récemment, travaillant avec mes collaborateurs sur le projet de ce site, je consultais ma propre « fiche » en tapant mon nom sur le moteur de recherches. Quelle ne fut pas ma surprise de devoir éplucher des dizaines de références, la plupart anecdotiques, avant d’arriver à un article de contenu un peu substantiel.
C’est donc avec toute la candeur d’un néophyte que j’ai organisé la semaine dernière une rencontre avec Mats Carduner, directeur général de Google, ainsi que deux de ses collaborateurs. Echange passionnant, interlocuteurs de qualité. Nous avons parlé de ce blog et des échanges qui s’y déroulent. Il est d’ailleurs correctement « référencé » dans les premières pages, quand on tape mon nom sur Google.
Et pourtant, s’il est cité, c’est d’abord parce que d’autres en ont parlé. Normal, m’a-t-on répondu. Des sites, comme celui de Loïc Le Meur ont une audience exceptionnelle. Et les informations qui y circulent impactent forcément sur les moteurs de recherche. Je comprends bien tout cela. Il n’empêche. Il suffit que Loïc dépose sa note, avant même d’avoir été lu par un quelconque internaute, pour qu’elle se trouve en tête de la première page à « mon nom ». Alors que des contributions (sans prétention, plus majeures dans des sites de journaux pourtant référencés) ne s’y retrouveront pas !
Les réponses des équipes Google ont leur logique : d’abord, les sites référencés doivent être bien établis, sérieux, validés pour leur « pertinence ». Sur les millions de sites et de blogs, il faut faire un tri. Mais que penser par exemple du critère de « popularité d’un site ». Si l’on cherche « Loi Galland », ce n’est pas un terme qui va faire de l’audience… Je savais bien sûr aussi qu’il existait un algorithme, dont les équations sont sans cesse actualisées, et qui reste tenu secret. Un peu à la manière de la recette du Coca-Cola. Mais nous savons aussi que dans chaque pays, des petits génies de l’informatique, comme notre ami Loïc, ont appris à manier quelques ficelles, à capter l’attention des moteurs de recherches. Rien de choquant à tout cela, pourvu d’en avoir conscience. Je retiens de ces discussions :
1 - Incontestablement, des moteurs de recherches type Google apportent des avancées considérables dans l’accès à l’information. C’est vraiment une révolution extrêmement positive.
2 - Mais un moteur de recherches est un robot. Il n’a pas d’âme, il ne pondère pas, il sélectionne sur la base de critères techniques. Un jeune internaute (scolaire) doit être instruit de la nécessité de trier lui-même toutes ses informations.
3 - L’internaute n’est pas seul dans sa recherche. Il est piloté. Le moteur de recherches influe sur la collecte. Il intervient comme un véritable directeur de recherches. Il faut donc savoir, en bon cartésien, toujours préserver « un doute critique » sur l’appréciation du contenu collecté.
4 - Enfin, il faut savoir se méfier. Faire le tri entre les informations choisies sur des critères marchands (rôle de la pub sur les pages sélectionnées) et aussi, pour tenir compte des informations propulsées par les experts et contre experts du système. Ceux-là, qui ont su créer des liens, se faire référencer, légalement, mais parce qu’ils connaissent les rouages du système, finissent par produire des sons, du bruit, des informations, dont le statut finit par être équivalent, bien qu’artificiel, à une information librement collectée.
Dans ce contexte, je comprends les réticences de Jean-Marcel Jeanneney, président de la Grande Bibliothèque, à l’égard de la proposition de numérisation faite par Google. Derrière l’offre technique et commerciale, il y a sans contexte un enjeu politique. J’aimerais que nous en reparlions.
7 Commentaires
Cool vous avez tout compris!! merci :). Parce que si moi je l'écris sur un blog bah... ca fera pas beaucoup d'audience ..mais si c'est vous que le dites et que LLM acquièsece sur son blog alors ce sera vu ET lu.
Cdt
Je vous rejoins sur votre analyse sur l'accès et la qualité de l'information sur Internet.
Aujourd'hui, l'homme est un consommateur jamais rassasié, je ne le dénonce pas, chacun consomme librement, en qualité comme en quantité, de services, de produits, d'informations,.. Ces informations sont représentées en ligne par les portails, les sites, les blogs, les forums, les messages, les documents et fichiers de toutes sortes... ceci pour tous types de contenus (texte, image, multimédia....).
Aujourd'hui, les fournisseurs de l'information sur Internet sont Google, Yahoo et MSN (les 20/80).
Nos habitudes de consommation se traduisent de la même manière en ligne : l'adage "plus on m'en donne plus j'ai le choix, plus je suis libre" est la réalité du succès d'Internet.
Dans notre réalité d'internautes, le gain en liberté reste relatif, la perte de temps est une expérience permanente.
Simultanément et en temps réel, les fournisseurs d'informations continuent à indexer et à m'en donner toujours plus ! (Google me propose même de stocker mes vidéos familiales gratuitement : Google Vidéo...): 8 milliards de contenus indexés aujourd'hui 100 milliards demain sur Google...
Sur ces bases, je suis convaincu que le modèle actuel d'Internet va subir de profonds changements dans les mois à venir grâce notamment aux blogs dont l'énorme succès exprime un autre besoin une autre envie chez les internautes, celui de pouvoir s'exprimer librement sur ce fabuleux média. La brêche est ouverte, revenir en arrière : trop tard !
Avec les blogs, la publication sur Internet se démocratise mais de façon limitée :
1. Services de blogs = Gratuité - Espaces d'édition limités - Personnalisation limitée
2. Fournisseurs de ces services : Google avec Blogger, Yahoo 360 et MSN Spaces dont les principes de référencement et d'indexation des blogs restent inchangés.
Que faire alors ? constater, comprendre le système et le dire ? oui c'est fondamental !
Proposer également une nouvelle génération d'outils de publication me semble essentiel pour pour que MEL, Loic... et les 25 millions d'internautes français s'expriment librement sur Internet avec une audience !
Proposer une indexation des contenus sur leur fraîcheur.....
Rêve ou réalité, rêve aujourd'hui, réalité dès septembre prochain.
Bonne journée et merci.
Emmanuel
On râle sur l'hégémonie de Google ?
Il existe un outil bien plus puissant et efficace mais aucun capital-risqueur Européen ne se risque à financer les quelques millions d'€ indispensables à son développement. www.exalead.fr
A l'instar des normes des magnétoscopes. V2000 était la Rolls mais VHS avait plus de moyens, c'est lui qui s'est imposé.
Alors peut-on passer son temps à râler contre les systèmes qui nous dirigent quand nous sommes incapables d'accepter le risque sur notre propre investissement.
Par exemple : La souscription d'un Fonds Commun de Placement en Innovation par un particulier lui fait bénéficier d'une réduction d'impôt de 25% du montant de son investissement.
Cette réduction ayant pour vocation de "récompenser" la "prise de risque" du particulier.
La première question du particulier au moment de signer : "ce n'est pas trop risqué quand même ?" et la réponse du conseiller "non. Seule une petite partie est sous risque, le reste est gérée prudemment.
A quoi sert cette réduction d'impôt ???
Alors on peut raisonnablement s'inquiéter de la prédominance de certaines sociétés qui nous imposent leur vue mais alors ayons le courage et l'audace de rivaliser avec elles plutôt que de râler derrière un mur de frilosité.
Et vous, quelle partie de votre épargne va vers le capital risque ? Pourquoi les financiers sont capables de miser des dizaines de millions d'euros sur un projet et de l'abandonner aussitôt et incapables d'imaginer l'avenir en générant l'apport financier des entreprises de demain ?
Paradoxal, non ?
Ne soyons pas une bande de vierges effarouchées, agissons !
Bonne nuit
Edwards (en pleine forme)
Votre contribution mériterait un développement. Je ne m’y connais pas assez techniquement. Mais pourquoi n’existerait-il pas des moteurs « plus subjectifs », « thématiques ». Au fait, peut-être que ça existe… Je parle d’un robot dit « intelligent ». La question est celle du critère de recherche. On ne peut rien reprocher à Google en l’état. Ce qui manque, à côté du TF 1 qu’est Google (généraliste), ce sont des Arte, des Thema plus ciblés, plus sélectifs.