SOCIÉTÉ
Actus / Débats
Le marché des services : L'intérêt des consommateurs
Illustrations de mon propos d'hier : a) Une contribution du Monde (24/03) : Philippe Ricard a consulté les procès-verbaux de la Commission. Lors des discussions en 2004, pas trace de polémiques. Tout au plus, certains intervenants ont défendu le statut spécifique « des jeux de hasard » et des services financiers. Soit, Michel Barnier n'a pas fait son boulot, et alors « il est franchement mal » ! Soit, la polémique n'avait pas lieu d'être et l'agitation d'aujourd'hui est de pure opportunité tactique. b) L'intervention de Jean-Claude Juncker, Président de l'U.E. Pas question, dit-il, de revenir sur l'ouverture du grand marché aux prestations de services. Pas de remise en cause de la clause du « pays d'origine ». Le texte ne sera pas retiré mais amendé. (France où est ta victoire !). Dans ce jeu politicien, on a oublié l'essentiel. L'enjeu de ce texte est fondamental pour les Européens. Il vise rien moins qu'à organiser juridiquement le développement des activités de services dont l'expansion est aujourd'hui freinée par de multiples carcans réglementaires nationaux. Dérive ultra libérale de l'Europe ? Que nenni. Ce projet s'inscrit dans le processus commencé en 1957 pour supprimer les frontières et faciliter les échanges entre les états membres. Grâce à l'Europe, nous vendons la moitié de notre production aux pays voisins. Et pendant 30 ans, jusqu'à la fin des années 90, nous en avons largement profité. Problème : nous avons fait un carton dans la vente des biens industriels et agricoles. Mais ces produits ne représentent que 27 % de notre PNB. Toute notre valeur ajoutée repose aujourd'hui sur le dynamisme du secteur des services (73 % du PNB). Le mouvement est irréversible et gagne toutes les économies occidentales. Cependant, là où les entreprises américaines peuvent amortir leurs investissements sur un marché libre de 200 millions d'habitants, là où une jeune entreprise indienne d'informatique peut compter sur un marché futur de 1,2 milliard d'habitants, les échanges de services en Europe ne représentent que 20 % du commerce intracommunautaire. Les obstacles ? Les barrières nationales. Elles sont légion. Certaines corporations se sont organisées autour de mécanismes d'agrément, de cooptation, gérés par des ordres ou des interprofessions (avocats, architectes, notaires). Elles se sont appuyées sur des réglementations qui ont mis en place des critères de sélection (médecins, enseignants), des monopoles (pharmaciens, vétérinaires), ou toutes sortes de droits spécifiques (agences de recrutement, de sécurité, d'intérim, agences de voyages, etc...). Si l'on veut que l'Europe profite aux Européens, dans leur vie quotidienne notamment, il faut faire sauter ces protectionnismes. Pas n'importe comment, pas à n'importe quel prix. (Nous y reviendrons mardi). Mais comme pour les échanges de produits manufacturés, ça passe par le respect du droit du pays d'origine. C'est parce que l'Europe a négocié avec les Polonais ou les Italiens, l'ouverture de leurs marchés que les distributeurs français peuvent y vendre les produits agroalimentaires de l'hexagone. Essayez de faire de même en Suisse ! L'abolition des frontières, ça fonctionne comme une autoroute sans péage. Si l'on reste passif, ce sont les produits et les entreprises des pays voisins qui accourent. Si l''on est conquérant, c'est nous qui nous y engouffrons. 1) Les entreprises ! La France est numéro deux dans l'exportation mondiale de services. Elles ont tout à y gagner. On peut comprendre que certaines professions n'ayant pas anticipé cette ouverture, freinent des quatre fers. Donnons-leur un coup de main. Mais ne soyons pas « maso » au point d'entraver ce processus. 2) L'intérêt des consommateurs français ! Il est évident. La concurrence sur le prix des services est encore balbutiante dans notre pays. La baisse des tarifs ne peut que développer le marché. A suivre...
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