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Prix des carburants : les coulisses d’une table ronde
A.S. : Quel week-end ! Sur fond d’interviews et de polémiques sur le prix des carburants. Et puis, l’ordi en panne. J’ai dû tout dicter. D’ici demain, j’aurai mis en ligne les réponses à presque tous les commentaires. A certains, qui demandent des développements, je préfère répondre par une note dédiée (sur mon rôle dans un groupe d’indépendants (re à Pierre et à 2lb2), sur les biocarburants…). A l’avenir, il ne faut pas que je me laisse trop déborder. Il faut juste que je trouve le bon tempo. Désolé, donc, encore une fois, pour ces retards (je vous rappelle que pour vous y retrouver, vous pouvez taper votre pseudo sur le moteur « recherche »).
Raffinerie de Feyzin, le long de l'autoroute A7
Revenons sur la question du pétrole et du prix des carburants.
Les discussions qui ont précédé la table ronde de vendredi, autour de Thierry Breton, avaient quelque chose de surréaliste.
Au départ, TB voulait créer un contre-feu à l’effet produit par la publication des super profits réalisés par les majors (100 milliards ! ! !) dont près de 10 milliards chez Total ! Ravage assuré dans les cerveaux des Français durement touchés au portefeuille (Cf. mon blog du 5/09). TB, enfourchant un registre plus sarkozien, a cru pouvoir « jouer de la carotte et du bâton ».
Première réunion préparatoire, vendredi 9 septembre. Il menace les pétroliers de taxer leurs bénéfices. Mais les conseillers insistent auprès des GMS : « C’est aussi votre intérêt de communiquer sur des baisses. C’est la seule manière de redorer « votre » image dans l’opinion ! ». Tu parles ! Vu les écarts de prix avec les majors, les GMS n’avaient aucun intérêt à se retrouver sur la même photo...sauf pour servir l’image d’un ministre qui se serait attribué le rôle d’arbitre.
Mes collaborateurs, comme leurs collègues, se sont donc rendus à une deuxième réunion (mardi 14/09) en traînant lourdement les pieds. Ils ont dû expliquer aux conseillers du Ministre et à la DGCCRF (ce qui est un comble, vu les contrôles actuels) que les marges étaient plates (nos prix sont au seuil de revente à perte ! ! !). Des centres E. Leclerc comme ceux de Clermont-Ferrand finissent par être, toute l’année, à prix coûtant. D’ailleurs, du fait de la concurrence entre GMS, les prix de vente HT, dans nos zones de chalandise, sont les plus bas d’Europe.
Nouvelle convocation, le jeudi 15/09, à la queue leu leu, comme à confesse. Un Directeur de Cabinet propose d’étaler les hausses. Réponse : vu la rotation des stocks (2 à 3 fois par jour dans un grand hyper, 48 heures dans un super !), c’est déjà ce qui se pratique (il est arrivé, qu’en une semaine, les prix aient augmenté de 8 cents, alors forcément, on lisse…). Leclerc, le champion des prix, ne peut-il faire un effort supplémentaire ? Re-réponse : mais on serait à vente à perte ! ! ! Et vous venez de durcir les sanctions ! ! ! Re-re-réponse : le gouvernement sera tolérant (sic !)…
Rien n’y fit. Le Ministre voulait se sortir d’un piège où l’avait porté une communication un peu trop velléitaire. Il lui fallait trouver une sortie, une « initiative », et les conseillers s’évertuaient à convaincre nos collaborateurs qu’il ne fallait pas « laisser à Total le bénéfice d’une baisse éventuelle ». Comme si ça pouvait nous gêner. Comme si le repositionnement d’un des acteurs les plus chers pouvait nous porter préjudice.
TB s’est rendu compte que même s’il était populaire, un discours anti-pétroliers trouvait très vite ses limites. Personne ne serait dupe, surtout pas les journalistes. Les taxes atteignent 60 % environ du prix des carburants. Tout le monde sait bien que la balle est dans le camp de l’Etat. Le discours public ne manque pas d’air quand il se contente de dire : « faites ce que je dis, pas ce que je fais ! ».
Voilà pourquoi la table ronde n’a rien apporté au débat. Certes, TB a pu nourrir sa conférence de presse des promesses du groupe Total. Constatant que le deal entre ce groupe et le gouvernement avait été noué préalablement, les autres majors sont sortis furieux. D’autant que les GMS, qui avaient flairé le piège, n’étaient pas du rendez-vous.
J’insiste : je ne conteste pas au Ministre des Finances le droit (et le devoir) de réunir tous les pétroliers pour les mobiliser, quitte à faire pression. Mais de deux choses l’une. Ou les profits pétroliers sont dus à des dysfonctionnements, et alors il faut lancer les autorités de la concurrence sur le chantier. Ou les pétroliers ne sont pas coupables d’exactions, et alors il ne faut pas faire semblant d’attendre d’eux qu’ils remettent au pot, surtout que depuis la privatisation du groupe Total, l’Etat ne dispose d’aucun pouvoir sur le secteur (voilà qui jette un trouble sur l’idéologie du tout privatif défendu par les ultra-libéraux !).
Pour moi, toute cette histoire a permis d’occulter le débat sur la fiscalité pétrolière (curieusement, l’opposition se tait). Il ne s’agit évidemment pas de réclamer une baisse des impôts (ce serait démagogique), mais de fixer un plafond. Si le prix du baril repart à la hausse, je suis certain que l’opinion ne se satisfera pas de ces quelques promesses. L’impact sera tellement fort sur le revenu des ménages modestes et moyens, et plus généralement sur la consommation, qu’il faudra bien accepter de revoir la question.

21 Commentaires
Personnellement, j'étais en Arabie en 1978, et le litre d'essence valait dix centimes de franc.
Depuis, là-bas aussi, la multiplication a été appliquée; mais chez nous, c'est un remplisseur des caisses de l'état, on diminue les directs, pour faire bien vis à vis de l'électorat, et on augmente les indirects et les taxes en tout genre!
Pour quel résultat, dites-moi la dette de la France ? Sont-ce des champions de H.E.C. Personnellement je trouve tout cela bien triste, avec le potentiel de gens instruits que nous avons dans notre France, et malgré ça, tout fout le camp...Avec mes meilleurs sentiments artistiques et humains. Guy Maës
la culture est partout à sa place,
puisqu'on retrouve:"Travaillez, donnez-vous de la peine, un trésor est enfoui dans le champ." Donc elle rejoint toujours l'agriculture, et par extension l'essence végétale...
Elle va aussi vers l'Auchan, mu lié à la fois...
Pour les ronds, c'est Leclerc, cela n'est pas obscur(Le clairon)...Pourquoi dis-je cela, parce que vous avez écrit que vous aimiez l'humour, toutes et tous, et il en faut aujourd'hui.
Ceci s'appelle du pamphlet dessiné, mais on ne bande pas, comme le chantait notre ami Georges Brassens; ou plutôt si, car à l'école primaire du Sacré Coeur, que je fréquentais, j'avais un camarade de classe qui s'appelait Michel Leclerc, drôle de coïncidence, c'était sans doute un homonyme, mais curieux quand même...Cela fait un peu comme une BANDE DE LECLERC DESSINEE...En espérant vous avoir distrait un peu, puique vous appréciez l'humour, et en ces temps de grisaille; et nous avons aussi beaucoup besoin de contre-pouvoir, et d'esprit critique.Merci à vous.Veuillez croire, toutes et tous, en l'expression de mes sentiments les plus humains.
Guy Maës.
passons sur le fait que le résumé du message soit "MEL demande la suppression de la TVA sur les carburants", alors que votre proposition consistait à plafonner la fiscalité : bon exemple de simplification médiatique d'un message aboutisant à le caricaturer !
Ce qui m'a interessé, c'est votre réflexion sur les transports routiers, qui pourraient être avantageusement allégés par le ferroutage, par l'action de la SNCF, entreprise publique pouvant être fer de lance d'une telle politique.
L'objectif est très important, c'est probablement une des actions stratégiques essentielles pour faire face à l'augmentation des prix des carburants et aux dégats écologiques d'une utilisation intensive des camions sur de longues distances : souvent une voie d'autoroute complète.
Cependant, pour diverses raisons, je ne crois pas qu'il fasse fonder principalement des espoirs sur la SNCF, qui par ailleurs est désormais un opérateur ferroviaire (au moins théoriquement) mis en concurrence sur ce marché (de la même façon que les réseaux de distribution de gaz et d'électricité sont ouverts aux tiers).
Par contre, je suis convaincu que le succès passe par une évolution de la conception de leur métier par les transporteurs routiers eux-mêmes : ils doivent devenir des transporteurs, organisant et optimisant la chaine logistique en utilisant aussi bien la route, que le fer (rappel : c'est RFF qui est chargé de mettre à disposition des opérateurs des créneaux horaires sur des tronçons de ligne), voire la mer ou les rivières. Ainsi que si nécessaire des entrepôts tampons.
Un exemple a été cité lors d'une intervention de RFF devant une commission de la CCI d'Angers : un transporteur routier innovant de la région choletaise a organisé sur une base fer / route (pour livraison de proximité dans la région) un transport régulier de plaques de plâtre, qui auparavant utilisait un continuum de camions traversant la France d'Est en Ouest ...
C'est donc une vision totalement nouvelle du métier de transporteur, intégrateur de solutions adaptées pour chaque cas, qui devrait permettre à mon avis d'évoluer, alors que si l'on reste sur le mode d'opérateurs routiers et ferroviaires séparés et qui n'ont aucun intérêt à mettre en commun leurs moyens au service des clients, on n'avancera pas.
A votre disposition pour approfondir le débat, et merci de faire "bouger les cerveaux", même si c'est pris comme de la provocation !
m'amène à vous faire la proposition suivante : étendre votre blog à une plus large audience.
En effet chaque semaine ou presque nous recevons dans notre boite aux lettres des catalogues "Leclerc" avec un étalage de produits qui ne font plus réver ou articles qu'il est difficile de situer en matière de prix ( vous le soulignez dans vos chroniques sur la loi galland ), ne serait il pas utile et salutaire que vous preniez la parole dans vos prospectus comme vous le faites si bien dans votre blog. Les consommateurs ont autant besoin de repère que de prix ! ( j'aurais pu mettre Marque Repère mais ce n'est pas de l'aspect produit qu'il s'agit ). La France des campagnes et des villes a besoin d'être informé par d'autres sources d'information que les journalistes et les politiques. Donc ma question est à quand le blog sur les prospectus ? sincères salutations.
Merci de faire circuler la PETITION EUROPEENNE et de nous soutenir dans cette action menée "à visage découvert".
vous souvenez vous de vos propos concernant les formations sur le développement durable ? avez vous reçu l'opuscule que vous m'aviez demandé en juillet ? vous n'avez pas appelé françois giniès fin aout malgré votre promesse ? j'ai l'impression que cette proposition ira rejoindre les trop nombreuses autres que vous recevez à longueur de journée...je préfererai une réponse négative claire à ces altermoiements qui durent depuis la fin juin.
amicalement (mais un peu faché quand même)
pierre
Cher Pierre,
J'ai bien reçu votre dossier que j'ai transmis à notre coordinateur "développement durable" C. Ly-Wa-Hoï. Je crois qu'une réunion est prévue la semaine prochaine entre C. Ly-Wa-Hoï et F.Giniès au cours de laquelle votre projet professionnel sera étudié et une réponse vous sera donnée. Alors, patience, mon cher Pierre...
A vous lire bientôt sur ce blog
Certes, le gouvernement fait des erreurs et ce qu'il soit de droite ou de gauche. Nonobstant il a le mérite d'essayer.
On peut toujours analyser suivant le spectre de la communication politique. Pareillement, il est facile de juger un homme à l'aune des intérêts du groupe qu'il dirige. N'est ce pas un peu biaisé ?
Il est évident que les profits records des compagnies pétrolières montrent clairement qu'elle répercute immédiatement à leurs clients le prix du baril de Brut spéculé quand dans la réalité elles vendent en priorité:
1 des stocks dont elles disposaient avant la spéculation.
2 de la production qu'elles extraient elles-même et qui, je me suis laissé dire ne leur coûte à qu'aux alentours de 7 $ le baril...
Vu sous cet angle, les annonces de M. Breton ne sont pas si stupides, il me semble en ce qui concerne les compagnies pétrolières.
En ce qui concerne les taxes de l'Etat, je préffère quant à moi grandement qu'elles restent en l'état. Plus ce qui polluent génère de taxe, moins le consommateur sera incité à polluer. Donc je m'y retrouve.
On peut compenser en attribuant le surplus de la TIPP aux communes "dortoirs". Libres à elles ensuite de l'utiliser soit sous forme de bons d'achat d'essence aux pompes de la station la plus proche soit en épargnant pour mettre en place des solutions efficace de transports en commun et de co voiturage.
bien amicalement.
pierre
A propos de la problématique du pétrole, plus encore que l'évolution de ces derniers mois des prix du baril, c'est la perspective de pénurie d'ici 10 ans qui me tourmente. En effet, selon mes sources, le 'pic oil' sera atteint vraisemblablement en 2015. A partir de cette date la production ira en décroissant. Comment pensez-vous que l'économie mondiale fera face à un tel bouleversement? sachant qu'(à l'heure actuelle) aucune alternative n'existe.
Et j'ajoute que les chocs pétroliers des années '70 (dont les prix ont été momentanément de 80$ en monnaie constante) ont été concommitants à une baisse marquée du taux de natalité.
de Belgique, un ancien étudiant de Pierre Delhaize
- Premierement comme M.E.L l'a évoqué, l'etat a la possibilité de baisser les taxes sur le carburant. Plus le prix monte plus ca rapporte a notre cher gouvernement qui nous a endetté de plus de 1000 Milliards ! et qui continue a raison de 100 Milliards par ans (environ, on est plus a 1 Milliard pres)
- Deuxiement la légalisation des bio-carburants. Je rappel que l'Europe depuis 2003 a demandé aux états de favoriser l'utilisation des bio-carburants. Et que tres probablement l'etat francais s'y refuse en préférant payer des amendes pour la non transposition des lois Européennes, dans le seul soucis de préserver les intérets de TOTAL (Mr 10 Milliards de Bénefs) ! Un état dit "démocratique" qui ne se préoccupe que des intérets des lobby nationaux c'est Purement Scandaleux !
Allez vous, Monsieur Michel Edouard Leclerc imposer le débat public sur les bio-carburant en ajoutant dans vos carburants plus que les 1% ridicules imposés (?) par l'etat francais ?
Je rappel qu'actuellement des milliers d'automobilistes francais roulent déjà illégalement au regard de la loi francaise (et dans la parfaite légalité au regard de l'Europe) avec de l'huile végétale pour les moteurs diesel a des pourcentage compris en majorité entre 20 et 100%....
Il est certain que l'huile dans un moteur pose un probleme des qu'on atteint des pourcentage de l'ordre de 30% par faible temperature, cependant n'importe quelle voiture diesel est capable actuellement d'accepter jusqu'a 10% d'huile végétale sans aucun probleme ! alors pourquoi seulement 1% lorsque nos voisins allemand possèdent des pompes a huile et peuvent légalement rouler a 100% "bio" !???
Merci pour votre ouverture d'esprit et de votre proximité via ce blog avec vos clients et con-citoyens.
SixK
En réponse à SixK.
Votre raisonnement n'est pas très réaliste. De plus, concernant les biocarburants, les choses ne sont pas si simples.
Tout d'abord les véhicules ne peuvent rouler du jour au lendemain avec 100 % d'huile carburant. Seuls les véhicules diesels peuvent utiliser ce carburant avec un maximum de 30 % d'huile carburant dans le gazole. Avec une modification du véhicule diesel, il est possible d'utiliser, ce carburant pur, dans un second réservoir.
Pour l'EMHV (ester méthylique d'huile végétale), il est rarement utilisé pur, mais souvent par incorporation au diesel dans des proportions de 5 à 30%, pour donner du diester. De nombreux bus urbains utilisent déjà ce type de carburant.
Les véhicules avec un moteur essence doivent utiliser des combustibles obtenus à partir d'alcools comme le méthanol ou l'éthanol (fabriqués avec de la betterave, de la canne à sucre, mais aussi avec du blé). Là aussi, il faut adapter le véhicule pour pouvoir utiliser ce carburant.
Le biogaz (fermentation d'un matériau organique) pose les mêmes problèmes, il faut un véhicule avec un moteur essence adapté, pour pouvoir utiliser ce type de carburant.
D'autre part, la principale limitation à l'utilisation de ces carburants réside dans le manque de terres disponibles pour les cultiver.
Toutes les études que j'ai pu lire sur le sujet concluent, qu'uniquement pour remplir les réservoirs des voitures, bus et camions, la culture de ces plantes occuperait plus que la totalité de l'ensemble des terres cultivables disponibles en France. Donc en ne mangeant plus, on ne pourrait pas faire rouler l'ensemble du parc routier français.
Ce qu'en dit la revue Alternatives : « Des experts ont pu calculer que pour remplacer intégralement le pétrole et le gaz naturel par du biocarburant issu de la betterave (qui offre le meilleur rendement de production d'éthanol à l'hectare), il faudrait y affecter 23 % du territoire français. Si l'on ajoute à cela ce qui est consommé pour les engrais, la culture, la récolte elle même, ainsi que tout le processus de broyage, purification et distillation, ce pourcentage dépasserait 120 % ! »
Jean-Marc JANCOVICI pense la même chose, lire le lien sur son excellent site :
http://www.manicore.com/documentation/carb_agri.html
En conclusion, ce type de carburant ne peut apporter une réponse à nos besoins, que si l'on modifie entièrement nos comportements en matière de déplacements et de nutrition. C'est à dire, qu'il faudrait utiliser exclusivement les transports collectifs pour le transport des passagers, exclusivement le train pour le transport des marchandises et ne plus manger d'aliments d'origine animale, car 80 % des terres agricoles servent à nourrir les animaux, laissant peu de place pour la culture des biocarburants.
Amitiés à SixK et aux autres.
François HENRY
L'équation a priori insoluble entre fiscalité pétrolière et le triangle Etat - Pétroliers - Consommateurs montre la limite atteinte par l'exploitation monopolistique d'une source d'énergie non renouvelable, qui conduit les lobbies de tout poil à nous empêcher de favoriser l'innovation pour mettre en oeuvre des vraies solutions alternatives.
Il y a pourtant urgence aujourd'hui à agir, et les grands distributeurs ont un rôle éminent à jouer. Particulièrement ceux qui, comme vous, M.E.L., ont mesuré depuis longtemps les enjeux économiques, environnementaux et sociaux du développement durable, en l'intégrant dans leur combat quotidien.
Je m'explique.
Il faut aujourd'hui plus de 14 mois à la nature pour reconstituer les ressources épuisées par l'homme en un an, alors qu'en 1961, 8 mois et demi suffisaient. La pente sur laquelle nous nous trouvons est de plus en plus glissante, si on prends en compte par exemple la consommation de plus en plus importante de charbon, mais surtout de pétrole, en Chine et en Inde, liée à leur spectaculaire développement.
Il y a donc urgence. On peut considérer que la planète est capable de subvenir largement aux besoins de ses habitants. C'est un fait, mais on voit bien que les pays du Sud ne sont pas logés à cette enseigne là. Le problème c'est la partage, non pas forcément des richesses, mais de la création de la valeur : on tombe ainsi pragmatiquement sur un problème de "distribution" (au sens large)...
Je prends un exemple concret : les biocarburants. Ils existent sous plusieurs formes (éthanol issu du traitement du sucre ou de l'amidon, biodiesel issu du traitement des oléagineux). Ces sources d'énergies renouvelables sont considérées comme des additifs à l'essence ou au diesel. On peut en effet utiliser un mélange d'1/3 d'huile végétale et de 2/3 de diesel, sans modification du moteur. Ce qui est en revanche beaucoup moins connu, voir passé sous silence, est que l'installation d'un kit de conversion modifiant la carburation des moteurs diesel permet de rouler à 100% avec de l'huile végétale... On comprend bien que ce silence est entretenu par la pression du lobby des pétroliers et au positionnement partagé de l'Etat en la matière, qui conduit à sanctionner parfois les possesseurs de "fritomobiles", comme on dit, par les Douanes, car "il n'y a pas de fiscalité sur les biocarburants"...
On pourrait imaginer du biocarburant aux pompes des centres Leclerc...
On pourrait imaginer un partenariat du Groupement Leclerc avec des institut de recherche agronomique au service du développement des pays du Sud, pour promouvoir un développement responsable et équilibré de la culture associée, et de la recherche d'alternatives (il ne faut pas se limiter au territoire français ni sombrer dans les dangers de la monoculture)...
On pourrait imaginer un lobbying/partenariat avec des constructeurs automobiles et l'Etat pour promouvoir la construction de véhicules roulant aux biocarburants...
On pourrait imaginer que les pétroliers proposent leur compétences en adduction de sources liquides et leur infrastructure pour le transport desdites sources...
On pourrait imaginer un avenir à la planète... (oulah, je m'emballe...)
Je serais heureux et intéressé, M.E.L., de connaître votre point de vue et vos projets pour le groupement concernant ces perspectives...
Effectivement a partir de certains pourcentage de bio-carburant, il est nécessaire d'adapter les véhicules.
Je ne cite essentiellement que l'huile végétal pour les moteurs diesel, car je sais que l'ethanol peut poser quelques problemes avec les moteurs essence (meme si n'importe quel véhicule doit pouvoir encaisser 5% d'ethanol sans aucun soucis). Je ne parle pas du Methanol, performant mais extremement dangereux pour les etres vivant.
Le Diester, je rigole doucement.... Ou comment fabriquer un carburant qu'on pourra taxer et dont on pourra avoir l'exclusivité de la production, tout en polluant autant (Le developpement durable c'est ca...)
J'insiste ici d'avantage sur l'incorporation d'huile végétale dans le Gazoil. Puisque cela fonctionne déjà sans modification jusque 30% pour tout type de véhicule diesel.
Je ne parle que de 10% d'huile afin de gader une marge de sécurité par rapport a ce que sont capables d'encaisser les pompes a injection d'une part et parceque j'ai conscience que cela pourrait poser des problemes d'approvisionnement.
Si M.E.L mettait 10% d'huile végétale demain dans son gazoil, il ne serait de toute facon pas suivit avant un bon moment par la concurrence, donc le probleme d'approvisionnement ne se poserait pas. Il est évident que Mr Total fera tout pour ne pas mettre un carburant qui ne nécessite aucune transformation ! Quelle valeur ajoutée pourrait-il apporter pour justifier un prix extremement élevé!??
Certains véhicules dont les véhicules citroen sont déjà garanti pour une utilisation avec 10% de bio-carburant.
L'utilisation de bio-carburant permettrait peut-etre enfin d'apporter des revenus acceptable a nos agriculteurs et une reconnaissance du métier que les diverses subventions leur retirent...
Les résidus d'extraction de l'huile pourraient sans probleme servir a nourrir les animaux.
On nous bassine avec l'ecologie, "la maison brule" ! Nous avons des solutions bien que partielle qui existent et on continue comme si de rien était... Allez Promis en 2008 on vous met 5% de biocarburant (et encore du diester)... d'ici la le déficit de l'etat sera de plus de 1300 Milliards, d'ici la le pétrole aura doublé ou triplé... D'ici la on aura payé encore des tonnes d'amendes pour non transposition des directives Européenes.
On aura laché environ 300 millions a nos chères constructeurs automobiles pour qu'ils puissent nous sortir une voiture familliale qui ne consommera QUE 3,5l/100Km alors qu'ils savent déjà fabriquer une telle voiture.
Quelques utilisateurs d'huile végétale auront pris de lourdes amendes pour utilisation frauduleuse de carburant illégal (uniquement en france).
Et nous en seront toujours a attendre que la maison s'arrete de bruler...
Alors provoquons le débat maintenant !
SixK
En réponse à Hervé LANGE.
Avec nos modes de vie actuels dans les pays riches, je ne pense pas que l'on puisse considérer que la planète soit capable de subvenir largement aux besoins de ses habitants. Je pense au contraire qu'atteindre cet objectif se fera dans la douleur, car passer d'une empreinte écologique supérieure à trois, à une empreinte écologique proche de un, ne pourra se faire que par des changements profonds de notre mode de vie.
Les principaux domaines qui vont devoir faire l'objet de profonds changements sont :
- L'alimentation, avec une alimentation presque exclusivement végétarienne (en Europe, 80 % des terres agricoles sont affectées à nourrir les animaux, laissant peu de place pour la culture de biocarburants).
- La consommation, avec le retour vers la production et la consommation de produits fabriqués localement et l'utilisation de produits consommant le moins possible de matière première et d'énergie, lors de leur production, de leur utilisation et de leur recyclage.
- Les transports de passagers, avec l'utilisation presque exclusive des transports collectifs et l'abandon progressif des voyages en avion pour le tourisme.
- Les transports de marchandises, avec un transfert modal de la route vers le rail (le train est cinq fois moins énergivore que le camion).
- L'habitat, avec la disparition de l'habitat individuel dispersé et la réduction de la taille des logements (à superficie égale, il faut 30 % d'énergie en plus pour chauffer une maison et l'habitat dispersé ne peut pratiquement pas être desservi par les transports collectifs).
Amitiés à Hervé LANGE et aux autres.
François HENRY
En réponse à SixK
Avec un pourcentage maximum de 10 % d'huile végétale dans le gazole, uniquement chez Leclerc, votre raisonnement est totalement réaliste. Mais, avec des pourcentages aussi faibles et sans changements de nos comportements, le Pic de Hubbert ne pourra malheureusement pas être repoussé (pour ceux qui ne connaissent pas le géophysicien Marion King Hubbert, je vous invite à lire mes autres commentaires sur le blog de M.E.L., tapez Hubbert dans le moteur de recherche) et la pollution sera guère abaissée.
Amitiés à SixK et aux autres.
François HENRY
Je pense que ce ne serait pas une bonne idée que d’intervenir sur des débats de société…dans nos catalogues commerciaux. Bien sûr, ce serait formidable du point de vue de l’impact. On pourrait toucher beaucoup plus de gens. Mais à l’inverse, on m’accuserait de faire du « social marketing » pour mieux vendre. Et la crédibilité des échanges s’en trouverait amoindrie.
Je pense quand même que la SNCF devrait pouvoir, en tant que service public, jouer un rôle moteur dans la diminution des transports par camion. Quitte à rechercher les contributions des entreprises ! ! ! En revanche, vous avez raison, le transport terrestre peut être beaucoup mieux organisé. Et surtout, la relation fournisseur/transporteur/client gagnerait à être optimisée. C’est d’ailleurs ce que nous cherchons à faire pour nos produits à marque de distributeur (Marque Repère). Le transporteur est un véritable partenaire qui travaille sur une information directe et en temps réel tant du fabricant que de nos magasins. Cela permet de compléter les camions au maximum, d’éviter des phases d’attente, et de limiter le nombre de camions sur la route. Reparlons-en, ici, prochainement.
Quand étiez-vous à l’école primaire du Sacré Cœur ?
Oui, absolument, nous allons nous investir dans le débat public sur les biocarburants. Nous sommes déjà largement en avance puisque nous commercialisons 50 % des biocarburants vendus par les GMS. Je reviendrai sur ce sujet, cette semaine, dans une note pour expliquer les difficultés d’en faire plus.