Bio
ÉCONOMIE Enjeux de la distribution

Inflation : crise sur le Bio

Crise sur le bio ! Ce n'est pas la cata, mais le retour de l'inflation remet sérieusement en cause le modèle !

La plupart des gammes sont impactées. Les deux leaders du secteur sont à la manoeuvre : chez Carrefour et Market, l'assortiment va être réduit de 10% (Benoit Soury dans Linéaires) et Leclerc recentre son offre sur les hypers. Et aux formats spécialisés (qui étaient largement imposés par des fournisseurs qui voulaient préserver leurs produits de la concurrence des hypers), Joseph Chauvet (directeur marché bio chez E.Leclerc) préfère finalement une exposition très visible de l'offre sur les drives.

Après 4 ans de hausses consécutives, poussées par l'ouverture de trop nombreux magasins, les gammes bio, métaphores de la transformation alimentaire, sont à la peine... Erreur de marketing ? Trop de focalisation sur les seuls militants ou les marchés a fort pouvoir d'achat ? Confusion ou profusion des labels qui au final, en voulant tout segmenter, ne sont plus lisibles ?

Avec des produits jusqu'à 50% plus chers que les produits conventionnels, consommer bio reste un choix très dépendant du niveau de revenus des consommateurs. La baisse des ventes de 4.1% en 2021 (Kantar) a fait naitre le doute.

La chose ne va pas s'améliorer avec l'inflation galopante de 2022, qui poussera à d'autres arbitrages. Le réveil est dur pour ceux à qui il avait été promis un eldorado. C'est même un drame pour certains producteurs, notamment des éleveurs, qui doivent céder au prix d'un lait standard, leur lait bio.

Alors quoi ? Le bio est-il condamné à rester une consommation de niche (6% des ventes) ? Je suis convaincu du contraire. À condition de ne plus se mentir. Notre enseigne restera un acteur leader du bio, mais s'écartant des contraintes trop élitistes de certains fournisseurs, elle fait le choix de renouer avec ses valeurs : fini le bio spécialisé, cantonné à un écrin, que les marques voulaient dissocier des codes populaires de l'hyper ou du supermarché. L'offre bio revient plus fort, avec une cohabitation de nouveau assumée entre marques nationales et marques de distributeurs. Pour que le bio rémunère bien les producteurs, encore faut-il le vendre.

Ce théorème éternel est souvent oublié par les habituels donneurs de leçons. Qu'on le veuille ou non, le développement du bio passe donc aussi par son prix de vente maîtrisé, sinon c'est un gadget pour consommateurs aisés, une forme de distribution sélective... Et alors il est irresponsable d'inciter tant de producteurs à basculer dans ce mode de production.

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PS : pour les passionnés du bio, je conseille la lecture du dernier numéro du magazine Linéaires (avril 2022), très complet sur le sujet.

1 Commentaires

Bonjour.
La question n'est pas d'inciter les producteurs à passer à une production respectueuse de l'environnement et de ce fait avoir des produits "vendables" et moins chers, mais de prendre en compte tous les coûts indirects liés à la production intensive qui ne se voit pas dans le prix final d'un produit mais qui ont un coût indirect pour la société. Évidemment, le chaland regarde son ticket de caisse et il est nécessaire d'imputer ses coût maintenant bien connu sur des produits conventionnels. Consommer durablement et non par effet "mode" Bio reste également un vrai choix personnel, issu d'une prise de conscience. Le modèle de consommation Bio n'est pas compatible avec sa distribution dans des magasins qui ne correspondent plus aux attentes de ceux qui les consomment. Néanmoins, il est indispensable de proposer aux plus grands nombres des produits qui ne nuisent ni à leur santé ni à celle des autres...il faudra donc revoir notre modèle de consommation et préférer se nourrir sainement à consommer des produits "jettables" qui ne nourrissent que notre Ego.
Bien à vous.

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