Acheter Français moins cher
ÉCONOMIE Pouvoir d'achat

Consommation : comment acheter français moins cher ?

L'appel à "acheter français, même plus cher", a montré ses limites pendant la période de confinement. Et je constate qu'avec réalisme, le PDG de Système U rejoint l'analyse des centres E.Leclerc : "Tout le monde n'a pas les moyens de consommer local". Pendant le confinement, beaucoup se sont exprimés ici pour dire combien les fruits et légumes avaient été chers. Moi-même, m'en inquiétant, je m'informais des prix tous les jours et ne pouvait que le constater (il faut dire qu'en plus, les producteurs ont pâti d'une mauvaise météo).

La question aujourd'hui est : comment respecter nos engagements à l'égard des producteurs français, leur permettre une augmentation de leur rémunération, en tenant compte du pouvoir d'achat limité de nombreux consommateurs ?

Je propose 3 pistes :

1) L'Etat doit diminuer les charges qui pèsent sur les exploitations. Certes, les organisations agricoles doivent améliorer leur productivité, mais d'accord avec Dominique Schelcher (dans Le Parisien), la différence entre les prix espagnols et français vient d'abord d'une différence des coûts de production. Et si on est suffisamment malin au niveau européen, on peut aussi obtenir une réduction de cet écart en exigeant des Espagnols qu'ils respectent mieux les normes sociales et écologiques !

2) Toute la chaîne alimentaire, de "la ferme à l'assiette", devrait mieux segmenter les gammes. Celui qui est plus cher devrait dire "pourquoi". Par exemple, dans une foire aux vins, vous pouvez constater qu'il y a des premiers prix, des appellations supérieures et des grands crus. Tout ça cohabite avec des prix différents. Au contraire, dans le secteur des légumes, on n'a pas beaucoup d'arguments pour des prix qui vont du simple au triple. C'est à travailler.

3) Mais surtout, tout le monde ne peut pas payer le prix fort. Si en Bretagne ou en Alsace, la fierté patriotique plébiscite le local même si c'est plus cher, dans la majorité des grandes villes françaises, il faut impérativement du "moins cher" ! Du bon, mais pas cher. Et là, c'est au distributeur de jouer. Dans cette période de déconfinement, mes collègues des Centres E.Leclerc sont en train de construire des filières engagées pour optimiser les coûts et diminuer les marges. Ils lancent aussi des campagnes de rabais en tickets E.Leclerc et réélargissent leurs gammes à l'instar de ce qu'ils font sur les rayons viandes ou vins. Il doit y avoir des gammes de prix pour le porte-feuille de chacun.

Oui, E.Leclerc va continuer à privilégier un approvisionnement français, mais entend bien revenir très fort sur la notion de prix et de pouvoir d'achat. Le bio, le mieux manger, les produits de qualité doivent être 'accessibles. Et ça passe évidemment par des propositions de prix bas. Comptez sur mon activisme. ?

3 Commentaires

Monsieur,
J'ai vu votre intervention sur LCI aussi . Vous m'excuserez mais pas tous les Français sont prêt à payer plus cher pour manger mieux . Perso je veux bien manger mieux mais je n'ai pas les moyens et je pense ne pas être la seule. Pensez aussi à ceux qui n'ont pas trop de moyens . Dans vos magasins (pour ma part Limoges 87) vous avez enlevé tous les produits les moins chers (marques éco + par exemple) , vous avez pensé qu'en faisant cela vous ne pensez pas aux Français avec des petits revenus . Comment ils font pour s'acheter des produits français ou bio sans se ruiner ???
Merci d'y penser , il n'y a pas que des gens riches en France . Moi je viens d'être au chomage avec le covid-19 car mon patron trop perdu d'argent pendant confinement donc contrat non renouvelé
Bonjour ^^

Pour le point 1, j'imagine que demander à nos voisins Outre-Pyrénées de respecter l'environnement serait aussi efficace que de souffler dans un violon. Mais les forcer à respecter les normes sociales ne serait en effet pas un luxe. Ajoutons au passage que les pratiques de certains producteurs espagnols posent problème à toute l'UE, parce qu'une fois l'africain arraché de sa terre par les néo-esclavagistes espagnols, ce dernier peut aller n'importe où dans l'espace Schengen.

Qu'on se fasse concurrencer par les Marocains, c'est dans l'ordre des choses. Mais par l'Espagne, là ya un truc qui tourne pas rond.

Pour le point 2, je me permet de reposter ici un message d'une cliente à Strasbourg (dont je ne divulguerais pas l'identité)
<< oui mes sa je comprend pas pourquoi nos produits français son plus cher que se d'Espagne ou maroc la il y a pas de transport a payé comme l'avion ou bateau il faut m'expliquer car je comprend plus rien car nos producteurs ne les vends pas aussi cher car je le vois quand le paysans vien c pas cher du tout et produit frais et de qualité >>
Et le début de réponse que j'avais apportée
<< Difficile de comparer les prix selon la provenance. Pour le Maroc, le coût de la vie n'est pas le même, idem pour les coûts de production. Pour l'Espagne, là c'est quasiment une mafia qui gère certaines productions, main d’œuvre importée et payée à coup de lance-pierre. Productions avec un important coût écologique. Quant au transport bah le camion coûte plus cher que le bateau. Pour un trajet Maroc/France, c'est grosso-modo 50% plus cher par la route que par la mer. Si si, on peut aller au Maroc par la route en passant par Tanger, le détroit de Gibraltar et l'Espagne et c'est bien plus onéreux que de passer par Marseille ou même par Cadix. Enfin sur certains produits, difficile de comparer en terme de qualité. Essayez d'acheter de la fraise étrangère et de la fraise française et de comparer. L'une a le goût de flotte, l'autre le goût de fraise. >>

Comme quoi ya du boulot pour expliquer aux clients ces écarts de prix. Et c'est pas évident d'expliquer que plus c'est près, plus le transport coûte cher.
Bien sur et de quoi vont vire les agriculteurs français si la grande distribution tire les prix vers le Bas ?

Quand y aura plus aucune exploitation française on ira acheter tout en Espagne ...

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