Inflation : mes réactions à l'intervention télévisée d'Emmanuel Macron hier soir

Au risque de nourrir l'inquiétude des Français en confirmant les impacts de l'inflation sur le pouvoir d'achat, je dis souvent dans les médias mon exaspération de voir le peu de mobilisation de nos décideurs publics et privés (j'y inclus le patronat) contre les hausses de prix.

Eh bien, je pense que l'intervention du Président dimanche soir à la télé change la donne ! On le disait favorable aux seuls industriels ou financiers, il a tout de même surpris son monde. Et parlé concret !

Sur le carburant d'abord : sa demande aux distributeurs de procéder à des "opérations prix coutant" massives et durables est plus réaliste qu'une chimérique vente à perte.

Mes collègues de E.Leclerc se voyaient mal perdre des sous... pour vendre un produit fabriqué pour moitié avec des taxes ! ? A condition que les pétroliers, fournisseurs et raffineurs fassent aussi leurs ristournes, je confirme qu'on est mobilisables... Mais faut pas se faire d'illusion, hein ? Avec de nos 2% de marge en moyenne, on ne joue pas dans la même cour que l'Opep. Mais enfin, je vais revenir vers vous avec des initiatives... Assez vite !! ??

Sur l’alimentaire, la décision d’Emmanuel Macron de signer un accord de modération des marges sur l’ensemble de la chaîne agroalimentaire est une annonce positive. Ça peut vous paraitre abscons, mais c'est contrôlable, donc potentiellement une arme efficace. Sarkozy l'avait utilisée avec succès pour les fruits et légumes.

Mais hier, c'est le changement de ton qui m'a impressionné. C’est la 2ème fois en un mois que le Président de la République dénonce les abus de certains grands industriels. Cela signifie qu'il cautionne la réouverture anticipée des négociations commerciales. Il y a désormais un axe Elysée/Matignon/Bercy et ça devrait convaincre plus de Parlementaires, y compris de la majorité !?

J'en profite pour lui suggérer qu'on suspende (un moratoire permettrait de ne pas avoir à se renier !) certaines dispositions inflationnistes votées récemment, comme la marge obligatoire de 10% imposée sur la revente de produits de consommation courante (eaux minérales, cafés, chocolats, colas qui comprennent peu de matière première agricole française !). Une totale ineptie : on a des hausses de 20% et on oblige l'épicier à renchérir de 10 %. Au profit de qui ? Certainement pas des agriculteurs ! 

Il faudrait aussi supprimer la limitation du taux de promotion sur les produits d’hygiène, de santé ou d’entretien. La parole présidentielle pourrait lever les réticences des parlementaires...

Oui, quelles que soient nos motivations et prises de position d'hier, ce n'est pas se renier que d'évoluer avec les urgences sociales... A suivre !