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Retour sur Peter Gabriel en pleine catharsis

blog peter gabriel « Scratch My Back » (Virgin), son premier album solo depuis 9 ans ! C’est beau, ample, mais non, ça ne scratch pas. Certains même l’ont méchamment décrié, qualifiant de « nougat » le revival du fondateur de Genesis. Injuste, même si en affirmant sa volonté de « rupture », PG a sciemment (courageusement ?) cherché à bousculer son public. Du coup, quand j’ai rejoint, lundi 22/03, l’équipe animatrice du « département musique » de notre enseigne sur les gradins de Bercy, je m’inquiétais. Pour sa prestation parisienne, PG annonçait : « no guitars, no drums ». Et de fait, une fois prématurément interrompu « Sledgehammer », il nous a balancé un ironique « voilà c’est fait », et lisant un texte en français, nous a expliqué son projet : revisiter son œuvre et celle de quelques grands artistes amis, mais en version orchestrale. Que n’a-t-on dit de ce projet. « Un exercice de style éculé » (Emmanuel Marolle, Le Parisien, 23/03), « un retour au minimalisme » (avec 40 musiciens ?). Autant dire n’importe quoi. Lui-même, paraphrasant le mouvement nutritionniste, parle de « slow music ». Que voulez-vous, avec l’âge, certains artistes aiment entourer leur personnage et leur œuvre d’un fatras plus ou moins théorique et conceptuel, histoire de compenser la perte de coffre ou la créativité par une sagesse retrouvée. Ca donne des incongruités comme le fait de devoir consulter le prompteur toutes les cinq secondes (ça casse l’émotion), et aussi les jeux de laser au-dessus de l’orchestre. Trop daté. On se croirait par moment dans un film de Tarkovski. Franchement, ces jeux de lumière et de couleurs, sortes de dessins fluorescents d’un Kupka ou d’un Miro devenu pro du clavier, formaient sur la scène un glacis dont on aurait pu se passer. Car, sur le fond, la prestation de ce grand monsieur reste un éblouissement de chaque instant. La musique, la puissance, la voix, et pour tout dire le génie ont été au rendez-vous. Outre le talent de l’arrangeur, certains morceaux confinaient au chef-d’œuvre (« My body is a cage », d’après Arcade Fire, « San Jacinto », et le somptueux « Signal to noise »). Et l’orchestre philarmonique de Radio France a produit une partition extraordinaire. Ah, ce « Après moi » d’après Regina Spektor !!! On ne peut reprocher à Peter Gabriel de se mettre ainsi « en danger » (comme on le dit si facilement dans le Neuilly artistique). Si la revisitation de « Heroes » de David Bowie a paru un peu fade, l’expérience s’avère malgré tout passionnante. De grands artistes comme Kate Bush ou Youssou N’Dour (présent ce lundi soir pour chanter « In your eyes ») doivent beaucoup au soutien de PG qui les produit parfois. Faire réinterpréter les uns par les autres, comme d’autres tentent de le faire au cinéma, cela peut être un exercice passionnant. Que les résultats soient superbes (souvent) ou mitigés (parfois), qui peut prétendre instruire ainsi un procès aussi inutile.

3 Commentaires

et phil Collins ?
et phil Collins ?
Le 15 octobre dernier à Bercy c'était un moment de pure magie.
J'écoute le cd du concert en boucle.
Cher M.E.L, je sais que vous avez apprécié ce moment car j'étais placé juste derrière vous et c'était difficile de prendre quelques photos.
ça bougeait beaucoup à Bercy ce soir là ( ce qui n'est pas souvent le cas ...)

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