
Plus de Coca-Cola chez Leclerc ? Des précisions s'imposent !
Ca fait belle lurette que je ne suis plus opérationnel dans la négo, même si je suis tout cela avec passion. J'aime les produits Coca... Alors qu'on ne compte pas sur moi pour les dénigrer (même au nom du food bashing !).
En revanche, l'attitude de Coca-Cola telle qu'elle m'est relatée par les acheteurs d'E.Leclerc me laisse perplexe.
Le service com' de Coca a dû faire le job. En alertant la presse sur son différend commercial avec l'enseigne E.Leclerc, la multinationale d'Atlanta tente un coup de pression sur nos magasins. Trump n'aurait pas fait mieux. ☺
Comme il s'écrit et se dit beaucoup de choses pas toujours vraies depuis quelques heures sur ce sujet, j'ai demandé les éléments pour vous faire cette mise au point.
En préambule, voilà comment ça se passe en France : chaque année, la loi impose aux industriels et distributeurs de renégocier leurs tarifs. Durant cette période, chacun joue son rôle : l'industriel tente d'obtenir la hausse la plus forte possible et le distributeur essaie de faire en sorte qu'elle soit la plus limitée possible. A la fin de la période, on tope dans la main... ou pas (c'est rare).
A l'origine du différend : une double hausse de prix !
Dans "l'affaire" Coca-Cola, nos acheteurs avaient semble-t-il quelques arguments valables pour refuser les hausses importantes demandées par la multinationale. Ils estimaient que les demandes de Coca ne reposaient ni sur la hausse du cours du plastique qui sert à faire les bouteilles (70% des ventes de Coca-Cola dans l'enseigne), ni sur la hausse des cours du sucre (au contraire ils ont même baissé de 30% en un an !).
Entre temps, on apprenait que Coca réduira la taille de ses bouteilles à partir de cet été. La bouteille de 1,5L passera ainsi à 1,25L, la bouteille de 2L à 1,75L... Le tout, sans baisse de prix ! Le magazine Capital l'a détaillé dans son dernier numéro (mars 2018 - Dossier "Les hausses de prix qu'on vous cache", pp. 65).
Réduire la quantité sans réduire le prix, vous l'avez compris, cela équivaut donc à une seconde hausse de prix. Pour E.Leclerc, il n'était pas question de regarder les trains (de hausse) passer, d'autant qu'elles impacteront fortement le consommateur.
Au 1er mars (date de fin des négociations), il n'y a donc pas eu d'accord entre Coca-Cola et E.Leclerc pour l'année 2018. Quelles en sont les conséquences ?
Non, Leclerc ne boycotte pas Coca…c'est l'inverse !
Je lis qu'E.Leclerc refuserait de commander du Coca. Mais c'est tout l'inverse ! Les 16 coopératives régionales ont bien passé commande, mais Coca refuse de les livrer.
Les fameuses "puissantes centrales d'achat"…
On voit ce qu'il en est ici quand il s'agit de la relation entre un distributeur et une multinationale (85% des ventes en magasin…). Même si ça fâche les adeptes de la ritournelle sur la puissance des centrales d'achat, je rappellerai dans le cas présent que :
- E.Leclerc pèse 0,7% du CA monde de Coca-Cola… qui est le puissant dans l'affaire ?
- Coca-Cola représente 91% des ventes de cola chez E.Leclerc…qui est dépendant de qui ?
- Le résultat net de Coca l'an dernier a été de 16% contre moins de 2% chez E.Leclerc… qui se sucre ?
Oui, il y a quand même du Coca Cola dans les magasins
En effet, s'il y a un désaccord commercial avec Coca-Cola, cela n'empêche nullement certains magasins de continuer à en vendre quand ils trouvent à en acheter auprès d'importateurs européens. Mais la pression serait paraît-il très forte pour essayer de dissuader ces importateurs...
Au passage et pour rasséréner les adeptes du complotisme de l'évasion fiscale : il n'y a absolument aucun avantage pour E.Leclerc à agir de la sorte. C'est donc un non-sujet.
Non, Eurelec n'a rien à voir dans cette histoire
Eurelec, la société franco-allemande créée avec notre partenaire Rewe n'a absolument rien à voir dans cette histoire, et Coca-Cola ne figure pas dans les fournisseurs concernés par cette entreprise. Là aussi, les rumeurs ne sont pas des vérités...
La justice arbitrera
En refusant de livrer E.Leclerc du jour au lendemain, Coca semble vouloir piétiner le contrat qui le lie à l'enseigne et ne pas respecter la période de préavis pour rupture des relations commerciales.
E.Leclerc a donc saisi le tribunal de commerce pour demander au juge de dire le droit.
Coca servirait-il de lièvre aux multinationales ?
C'est peu de dire que la marque Coca-Cola est un incontournable pour tout distributeur.
Je me demande jusqu'où tous les industriels multinationaux de l'Illec ne sont pas en train de faire du "test Coca", un préambule à une hausse généralisée.
Qu'ils arrêtent de se cacher derrière les petits. Ce qui est en jeu n'a plus rien à voir avec la rémunération des agriculteurs. Clairement on vient taper dans la poche des consommateurs français.
Dès cet automne, la loi issue des Etats généraux de l'alimentation prépare déjà pour le consommateur de belles hausses de prix (relèvement du seuil de revente à perte de 10 points et limitation des promos), on ne va pas en rajouter avec des hausses que les industriels ne peuvent justifier ni par l'évolution du cours des matières premières, ni par un surprix payé aux agriculteurs français !
16 Commentaires
En effet, l'effet de ruissellement de l'augmentation du tarif du soda d'Atlanta vers les producteurs laitiers n'est pas clairement expliqué alors que le prix plus cher à la caisse est tout à fait clair lui. Le foutage de gueule habituel.
Cela dit, en écrivant ces quelques lignes énervées, je me souviens que certains ruraux dans l'Yonne et sans doute ailleurs aussi), se servent du coca pour lutter contre le taupin (vers de la pomme de terre) depuis que dans sa grande sagesse les "sachants" de Bruxelles de Bruxelles ont interdit le produits phyto un peu efficace contre ce parasite et qui s'appelait le capiscol!?!? C'est peut-être cela le lien en Coca et l'agriculture???? ;-)
Bonne journée à vous et à tous.
Oui il est bien possible que Coca-Cola joue les poissons pilotes pour tous ses copains de P&G et autre Nestlé!
Alors que la fiscalité ne baisse pas, dire le contraire c'est mentir, toutes les études le mettent en évidence, augmenter le prix du panier de la ménagère avec une telle impudence est un scandale.
Ce gouvernement tombera de tous les mauvais coups faits au pouvoir d'achat des consommateurs. C'est une honte.
Avec l'arrivée de la Coupe du Monde, hélas une pénurie de Coca pourrait peser négativement sur vos clients (même si c'est qu'un mois)
Ou alors c'est l'occasion de mettre en avant Pepsi en zone promo! Vous allez y arriver!
Le débat sur l'augmentation des tarifs et celui du coca n'est pas du jour. Ca en devient même même un gimmick.
Coca, Ariel, Perrier (les 2 à bulles), Pampers... le prince de Lu, du Head & Shoulder... oufff, parfois il y a un Nivea Allemand ou un L'oréal et même un Nutella italien pour garder un pied en Europe.
Le reste ? des multinationales, machines de guerre au poids capitalistique qui ne souffre presque pas la concurrence mais qui rend des comptes à ses actionnaires. Logique pour un investisseur...
Coca, Procter, Nestlé, Unilever ont réussi ce que d'autres font aujourd'hui beaucoup plus vite : cadenasser, réduire ou racheter ou évincer la concurrence avec ce qu'il faut bien appeler une stratégie de prédation.
Mais cela n'est pas neuf et c'est bien avec l'ensemble des distributeurs que cette état de quasi monopole s'est fait. Inondations de nouveautés dans les gammes, démultiplications des références (sans compter les parfums et les formats) moyennant quelques pepettes...
Tout cela réduit le pouvoir et le champs d'action pour d'autres intervenants.... Ouff, il y a encore pepsi et les sous-marques....
Tout cela réduit aussi le champs (la marge) de négo lsq'il ne reste ou qu'il n'y a qu'un mastodonte et quelques faire-valoir.
Ceci étant le consommateur peut-être aussi actionnaire. Le consommateur français s'offusquera du prix du coca en France s'il y regarde sur 25/30 ans (et on passe la Martingale Ariel). S'il est actionnaire (dont une part de sa retraite ou de ses revenus dépend de ses investissements), il se servira une choppe de cola à la santé de son portefeuille et trouvera un juste compromis à situer un niveau de prix acceptable à son soda préféré... ou detesté.
S'il trouve que la note est sucrée, il pourra toujours réduire ou même renoncer à son double litron cocaïfié... enfin... jusque juillet donc... et investir dans l'une des biotech (française pour le coup) qui s'interesse aux excès, sinon méfaits de sur-consommation. Après tout le coca, c'est bon pour la NASH
Plus de Coca chez Leclerc ? Bahh.... s'il est dealé qq chose pr qq années avec pepsi, on s'y fera. L'argu "ca se vend pas" n'a jamais bien tenu en fait. Convaincu il est ! avec 23% de PDM et une comm adapte et ciblée (authentique), ca doit pouvoir passer. Et si le rouleau compresseur coca marche en France, il n'en est pas partout pareil.
En fait, il n'est pas question de dépendance (ce serait se poser la question de l'oeuf et de la poule) mais de vision un peu plus large que sur du court terme. Ouaippp, y'a p'tête un truc a voir du coté de Pepsi... enfin, s'il ne se mettent pas d'accord de l'autre côté de l'Atlantique.
Quant au poisson pilote ? Ainsi que vous le dites, c'est bien à "envisager" et c'est à la mode par les temps qui courent lsq la financiarisation dépasse la production, la distribution et la consommation et que la situation de presque nécessité permet de rendre caduque l'élasticité d'un prix.
Ouaiippp, le portefeuille n'est pas élastique et deja bien plombé par le niveau de charges global.
M'enfin entre la boisson Shellerienne (dixit William "Donnez moi Madame s'il vous plait mon .... pour mon petit frère") et la potion d'un Panoramix, on va se convaincre que le chaudron vaut bien quelques coups de lyres d'un barde breton juste avec un mandat de confiance (vigilant).
YaPuK
https://www.20minutes.fr/sante/2254643-20180413-maladie-soda-maladie-silencieuse-tant-grave
Accro à cette boisson, j'achète cette marque par habitude. Evidemment que j'ai été un peu ennuyée de ne pas trouver mes canettes favorites en rayon, mais tant pis.
Je pense qu'il y a beaucoup d'enjeux de chaque côté des parties, mais une chose est sûre, je préfère changer de marque (j'ai d'ailleurs pris du cola marque distrib) plutôt que que de laisser Coca m'imposer ses prix (hausse dont je ne me serais probablement même pas aperçue puisque je ne surveille que très rarement le prix payé pour mes canettes).
Merci Michel !
Merci Mr leclerc
Je confirme avoir un ressenti d être pris pour un con et il y a pas d autre mot, pour décrire le mode de fonctionnement de coca cola
Buveur de coca depuis l âge de 6 ans à raison d une bouteille par jour.