
Une immense hausse des prix pour mars ? C'est l'Assemblée Nationale qui le dira ce lundi
Hausse des prix : un lobbying d'enfer auprès de l'Assemblée Nationale va-t-il convaincre les députés au point de faire considérablement monter les prix en mars ? J'espère que la raison va l'emporter.
Tous nos concurrents (et néanmoins collègues) de la distribution ont dit leur perplexité devant cette tentative d'influence. Dans les médias, Michel Biero (LIDL), Dominique Schelcher (Système U), Didier Duhaupand (Intermarché) et Laurent Vallée (Carrefour) ont, comme moi, dénoncé les conditions dans lesquelles est discuté un projet de loi qui peut être très fortement inflationniste.
La question est de savoir si les députés suivront à l'aveugle.
Pensez donc : un groupe influent de grands industriels (l'ILEC) voudrait faire voter lundi un texte qui va rendre quasi-impossible la négociation de leur hausse de tarifs, puisqu'au final, faute d'accord, c'est le fournisseur qui l'imposerait.
Ca parait technique, mais en gros, ça veut dire : "si vous ne m'accordez pas mes hausses de prix, c'est à prendre ou à laisser, je me donne la possibilité de ne pas vous livrer". Un remake de : "Pas de hausse, pas de chocolat" !
Ce groupe d'industriels (ILEC) représente les plus gros chiffres d'affaires des multinationales : Nestlé, Kellogg's, Nivea, Unilever, Coca-Cola, etc.
Ne croyez pas que je fantasme : la première proposition de loi mentionnait clairement ses sources. Le porteur de la deuxième proposition de loi, qu'on lui a substituée, assume publiquement son inspiration.
Hier d'ailleurs, sur BFM, c'est le directeur général de ce syndicat professionnel Richard Panquiault qui portait médiatiquement le projet en expliquant qu'il voulait dissuader les distributeurs...
Tous les professionnels de notre secteur connaissent l'histoire secrète de cette proposition de loi, leurs instigateurs, et leurs connivences. Quel est l'intérêt politique du projet ? L'inflation était à 13% en décembre sur les produits alimentaires. Qui veut mettre les clients dans la rue ? Inutile de vous dire que les organisations de consommateurs n'ont pas été consultées.
Et comme s'il fallait encore une preuve de cette connivence entre syndicats professionnels et certains politiques, le groupe Renaissance fait savoir qu'il présentera ce projet à la presse lundi, aux côtés de l'ILEC et l'ANIA (Association Nationale de l'Industrie Agroalimentaire).
Je ne sais pas ce que va penser le déontologue de l'Assemblée Nationale d'une telle proximité avec les lobbys.
Je ne veux pas m'attaquer nommément à des personnes, ni même à des marques ou des entreprises. Je veux dire, comme mes collègues concurrents, que de toutes façons nous ne saurons pas augmenter les prix au niveau de ce qu'ils veulent nous faire parvenir. C'est ingérable, c'est anachronique. Comme dit Duhaupand : "C'est une folie" ! Il se dit aussi d'ailleurs à Bercy que c'est une "connerie politique".
Certains députés vont-ils se laisser entrainer dans cette galère ? Je les plains. Nos clients sont aussi leurs électeurs.
Aucune de ces multinationales n'assumera publiquement les demandes de hausses de prix de 15 à 30%. Ils ne publieront pas dans la presse leurs hausses de tarifs.
Et donc, désolé, puisque c'est dans nos magasins que ça va se passer, nous ne voulons pas être complices de ces manoeuvres.
7 Commentaires
Si cette loi était votée il n’y aurait plus qu’à prendre ces fournisseurs à leur propre jeu : pas de négociation pas de livraison ! On se rabattra sur d’autres produits et d’autres marques.
Et au final ils seront bien les plus pénalisés s’ils n’ont plus de réseau de distribution !
Évidemment cela exige que tout les distributeurs se serrent les coudes ...
Où en sommes nous?
Les volumes de vente progressent-ils?
Les chiffre d'affaires augmentent-ils?
L'acceptation prix du client est il toujours le même?
Les ruptures de contrats des fournisseurs habituels peuvent-elles être compensées par l'augmentation de volume des petits producteurs?
Cordialement
Mais il est vrai que çà fait des lustres que ces politicards n'ont jamais rien compris au commerce. Ne lâche rien MEL !