Bonne route à Philippe Séligmann, ma plus belle rencontre professionnelle.

Aux étudiants de NEOMA, de l'Iris, à mes enfants, je répète à l'envie que, même si on a du talent, on ne devient pas ce que l'on est (sucessfull, populaire, etc) sans les autres, nos familles, nos amis, sans avoir appris ou avoir été aidé par autrui !

A l'heure où il se sculpte un autre destin, j'aime à reconnaître que Philippe Séligmann, directeur général de la communication de Leclerc (35 ans de maison) demeure ma plus belle rencontre.

Nos tempéraments se sont longtemps abrités derrière un respect mutuel, presque pudique, mais je crois pouvoir dire aujourd’hui qu’il s’agissait d’une forme de fraternité. On a grandi ensemble.

Quand je visite nos magasins, je passe inévitablement devant les publicités historiques de la saga Leclerc. Toutes, ou presque, portent un peu de Philippe Seligmann. Un style, une esthétique, des messages qui, combat après combat, ont donné corps à ce que nous appelons désormais la "mission Leclerc".

"A l'embauche", j’ignorais que nous allions recruter l’un des meilleurs créatifs de la communication française. On a été exigeants mais fidèles avec nos agences: la CLM BBDO de Philippe Michel, Alice avec Nicolas Monnier, Australie avec Vincent Leclabart, et aujourd'hui BETC. Juste un petit adultère avec Jacques Séguéla et mon ami Wolinski. 🤍​

Mais Philippe, d’une modestie presque excessive, n’a jamais rien revendiqué. Il m’appartient de lui rendre son César. D’abord pour avoir supporté ma propre ivresse militante, parfois adolescente et libertaire. Nous fûmes complices de nos délits créatifs, soutenus par des adhérents enthousiastes qui ont osé défendre, auprès de leurs pairs (et de mon propre père Edouard🤗) des images que nul comité institutionnel n’aurait validé sans leur appui.

Je pense à ces dessins hérités de l’esprit de 68 qu’un directeur de cabinet voulut faire décrocher des murs de Paris, craignant que son ministre ne se reconnaisse dans le visage d'un CRS (authentique😂). Ou à ce spermatozoïde revendiquant sa liberté de commercialisation alors qu’il n’était qu’en vente exclusive dans les pharmacies ! C'était avant le SIDA...

Remember aussi la revendication démocratique des bijoux en or nichés parmi des haricots verts ! Et Rimbaud, portraituré par Ernest Pignon-Ernest sur un pignon de banlieue... pour rappeler que la culture est partout à sa place.

Toutes ces créations portent la marque de Philippe : une somme d’initiatives, de débats, de convictions et de nuits blanches (arrosées☝️) où il mettait sa patte, tantôt exalté comme un peintre catalan ou sombre comme Goya, mais le regard malicieux quand il avait "emporté le morceau". Je parle de communication. Mais dans les moments critiques, il sut aussi nous mobiliser, intégrant la sécurité sanitaire au cœur même de notre mission.

J’ai grandi avec Philippe, appris avec lui, il m’a appris à rendre visibles les choses de la vie pour lesquelles on se battait. Il fut Leclerc, plus que beaucoup, et le restera.

Parfois, il se replie, remplit ses cahiers de formes et de motifs. Le dessin est son exutoire, son yoga. En quittant notre équipage, je lui souhaite de continuer à cultiver son amour de l’art et sa foi dans le progrès. Il a réuni une belle équipe au service de l'enseigne. À nous de l’accompagner dans ses projets.

Mes collègues adhérents Leclerc se joignent à moi pour le remercier. Et l'attendent à Landerneau pour sa propre future expo : chiche !👌