CULTURE
Actus - Débats
La culture est partout à sa place
Je ne sais pas si vous aurez l’occasion de le regarder, mais j’ai pris beaucoup de plaisir à suivre la réalisation d’un film publicitaire pour nos espaces culturels. Il sera projeté dans les salles de cinéma durant ce mois d’août.
1) Depuis une dizaine d’années, mon groupe s’est lancé sur le marché des produits culturels (disques, livres, vidéo, multimédia). En zones très fortement urbanisées, ce sont surtout la Fnac et Virgin qui développent les plus gros chiffres d’affaires. Mais les Centres E. Leclerc sont principalement implantés en province ou en banlieue, sur des zones de chalandise où les leaders hésitent à investir du fait d’une prévision de rentabilité plus faible.
J’ai toujours été convaincu qu’en matière culturelle, c’est l’offre qui fait la demande. Si un livre n’est pas exposé ou promotionné, son auteur a peu de chance d’attirer l’attention du public. Puisqu’à peine 28 % des Français poussent la porte d’une librairie, que la pub sur les livres est toujours interdite à la télé, et que les émissions littéraires sont trop tardives pour obtenir une grande écoute, j’ai choisi l’offensive : mettre des livres et des disques partout, sans tabou, dans les hypermarchés et même dans les petits supermarchés. Et bien sûr, dans des magasins spécialisés (nos Espaces Culturels et multimédias), où l’on peut offrir jusqu’à 90 000 références de livres, recevoir des écrivains, réaliser des expositions, écouter des concerts…
C’est comme ça que les « épiciers de Landerneau » sont devenus le deuxième libraire de France, juste derrière la Fnac. La part des produits culturels et multimédia dépasse désormais 3,5 % du chiffre d’affaires du groupe et progresse avec un taux à deux chiffres.
Mais plus que la performance globale du CA, c’est la pénétration d’une offre culturelle élargie en zones sub-urbaines et rurales qui m’intéresse. Je n’ai jamais cru à l’existence « d’un désert culturel français ». S’il est vrai qu’il est plus facile d’aller au théâtre ou au concert quand on habite Lille, Paris ou Lyon, il ne faut pas négliger l’intensité d’une attente forte de la population provinciale.
2) C’est pour contrer le snobisme culturel ambiant que j’ai confié à l’agence Australie le lancement d’une campagne de publicité dans les magazines avec des images un peu « décalées » : Andy Warhol jouant au baby-foot dans un café, Baudelaire attendant le bus aux côtés d’une famille dans un abri, la Callas posant sur le capot d’une jolie voiture à côté d’un jeune de banlieue.
Mais j’ai voulu aussi profiter de la nouvelle législation qui autorise les distributeurs à faire de la publicité sur une trentaine de chaînes câblées (Paris Première, TPS Cinestar, France 4, TF6, LCI, RTL9, TCM, Discovery Channel). Nous lui avons donné une dimension compatible avec le passage en salle de cinéma.
C’est Rob Sanders que nous avons choisi comme réalisateur. A son actif : des films publicitaires pour Volkswagen, Nike…
Et ça donne un spot très sympa, en forme de clin d’œil : un couple de bobos rentre dans un bar tabac provençal. Il y trouve ce qu’il pensait y chercher : un univers de b.o.f. à la Deschiens, a-culturés en apparence, et plongés dans le coma d’une indifférence totale. Sauf que, une fois les amoureux partis, les indigènes ressortent leur Gallimard de dessous la table et zappent le motocross à la télé pour se rebrancher fiévreusement sur un opéra.
Un film contre les poncifs donc, pour rappeler que la culture est partout à sa place et qu’elle n’est pas l’apanage d’une élite.
A la lecture du synopsis qu’on m’avait proposé, j’avais peur que l’opposition des deux mondes tourne à la caricature. En fait, je trouve ce clin d’œil plutôt bien réussi. N’hésitez pas, si l’occasion s’en trouve, à me faire part de vos critiques.
30 Commentaires
Elle est fabuleuse cette publicité.
Il me tarde de la voir "en grand" sur un écran de cinéma/
Félicitations !
J'attends la pub avec une certaine gourmandise...
Quant à la presse, je crois bien avoir vu des pubs pour des livres dans toutes les pages livres, quotidiens ou news mag.
Adso
Bon, MEL, j’avais juste envie de laisser parler mon clavier, no problème, car dans trois soirs c’est wâââcances, d’ ou mon délire suite à la vision de cette publicité .
Pour revenir dans le sujet, si je m’en étais éloigné je m’excuse, je n’ai plus qu’à mettre tous mes oripeaux, fendre le parking qui me sépare du cultureux , dire bonjour aux vigiles de chez Leclerc, p’tain au passage je leur offre même une fleur sauvage et j’ file me « culturer » dans les rayons achalandés … dédiou, vont pas m’expulser pour si peu …hein !
Allez, bravo pour ce film, fallait l’oser , voilà je dirais avant tout qu’ il fallait l’ oser …. même si le gros problème c’est surtout l’accès à la culture dès le plus jeune age et pouvoir se l’ acheter ensuite et là il paraît que nous sommes nombreux… en pleine sécheresse.
@+
C'est un compromis qui vise les petites maisons d'édition qui n'ont pas les moyens de faire de la pub sur les chaînes nationales hertziennes.
Compromis obtenu également suite à l'intervention de la presse, qui tire de cette publicité de confortables ressources.
D'accord avec MEL pour dire que le plus important c'est le référencement : on n'achète que ce qui est exposé. Rien ne m'agace plus que d'aller chez mon vendeur de DVD et de trouver toujours et partout les mêmes navets, alors que je cherche en vain régulièrement des titres qui ne sont mêmes pas référencés. Des quotas pour les salles DVD !
Je pense qu'il faut rendre la culture bien plus accessible qu'elle ne l'est aujourd'hui. Même parfois en ville. Exemple : vous voulez assister à un concert ou un opera, aujourd'hui cela vous coute relativement cher. A quand un opera populaire ?
Bref sur ces bonnes paroles, faire la promotion de la culture est une sage idée.
Il ne faut pas oublier non plus qu'internet est en train de bouleverser les pratiques culturelles : livres, DVD et autres CD se vendent bien en ligne. Et, là, on peut commander depuis la plus déserte des zones rurales.
Je vous remercie pour votre réponse du 1er août.
Je vous réaffirme mon souhait d'interviewer les acheteurs. Compte tenu de ce que vous m'avez écrit, j'ai négocié avec mon directeur de mémoire un délai supplémentaire pour rendre mon travail et grâce soit rendue à Dieu, il a accepté. Donc, oui c'est encore faisable pour fin août/début septembre.
Puis-je alors me permettre de vous demander les modalités pratiques ?
En attendant vos instructions, je vous redonne mes coordonnées :
Harivony Randrianasolo
06 65 34 29 65
harivony_boux@yahoo.fr
Chez Rakotomalala
3 rue Vauvenargues
75018 Paris
En vous réitérant mes sincères remerciements,
Très bonne vacances à vous.
Il faut aussi développer l'esprit critique mais on quitte là le champs de votre action.
Néanmoins il ne faut pas aussi oublier qu'il existe en milieu rural et sub-urbain une culture vivante non encore fixée , innovante, débutante qui a besoin d'être soutenu dans le développement et la difffusion par exemple par l'intermédiaire du soutien des petits centres culturels et MJC ou des association itinérantes...
La culture n'est effectivement pas réservé à l'élite parisienne, mais je crois que sa promotion en province est très mal relayé par les médias. En effet aujourd'hui le principal moyen d'informer les gens de la vie culturelle est la télévision, hors dans les différentes émissions que je regarde comme celle de Laurent RUQUIER il n'est fait état que de l'actualité culturelle parisienne. C'est bien dommage parce que la sincérité des avis de certains chroniqueur de sa bande me donne envie d'aller voir quelques un des spectacles mis en avant, evidemment habitant en province je rechigne à prendre mon billet de TGV en plus de celui du spectacle. Je pense que si l'émission(comme les autres d'ailleurs) s'ouvrait un peu plus à ce qui se fait en région cela encouragerait les gens à sortir de chez eux un peu plus souvent. Les gens ont peur de sortir de peur d'etre déçus, mais s'il y avait des gens pour donner une critique sérieuse sur ce qui se passe à coté de chez eux, ils franchirait les portes du théatre.
l'accroche à la lecture se fait dés le plus jeune âge...habitant l'Ardèche, je dois ma passion pour les livres à mon instit, au bibliobus local et à mes parents qui malgré la nullité de leur culture littéraire ont toujours sacralisé la lecture et m'ont couvert de bouquins quand j'étais gosse...
Je ne crois pas à ce problême de "diffusion" de la culture...elle est évidemment plus présente dans les grandes villes qu"en rase campagne...mais elle reste partout présente, il suffit d'être un peu curieux.
Quant à la télévision,qui, (de bonne foi) pense encore qu'il suffit de diffuser une émission littéraire en Prime-time pour toucher un nouveau public de lecteur...
Ce qui cartonne en librairie ce sont les "écrivains" people... le fils de Sheila, Patrick Sébastien, les invités de Ruquier, Ardisson, et autres Fogiel...
Qui va me faire croire que le jeune à casquette
qui "baby foot" prés d'Andy Warol va acheter Le Clézio ou Jim Harrisson parce qu'il le trouve dans son espace culturel Leclerc entre GTA III et Hulk...
Internet est le plus vaste magasin du monde, si cela rendait le consommateur plus éclectique çà se saurait...
Ce qui manque c'est le "lien" entre le consommateur et le produit culturel...
http://studio5.france5.fr/?fichesEmissions=/france5.fr/programmes/arts_culture/studio5/archives/6827325-fr.php
Pas d’accord, Benjamin. Il y a un vrai problème de diffusion de la culture. Je vous écris d’un coin de la Dordogne où il faut faire 40 km pour trouver un cinéma, une librairie (moyenne) ou une boutique multimédia. La télévision déverse dans chaque maison des villages alentour une offre agréable de divertissements. Les municipalités organisent des rencontres associatives. Mais toutes les personnes âgées, ici autour de moi, ne disposent d’aucunes informations critiques, par exemple sur les nouveaux livres qui paraissent.
Et puis, Erosoft voit juste. Quand il y a un véritable événement culturel, les médias ne lui donnent pas forcément l’importance qu’il mérite. Dictature de l’audimat. Et pourtant, les sponsors comme les organisateurs de tels projets auraient bien besoin d’être soutenus, ou tout simplement d’accroître leur audience, pour que ces événements (concerts, théâtres, débats) attirent encore plus de monde.
Et puis, comme le dit Anne, tous les livres ne se valent pas. Qui (quel média, quel libraire, quelle association ?) organise en zone rurale ou périurbaine une information de qualité sur les livres ou les CD. Internet, comme le dit Pépites ? Encore très peu, même si, j’en conviens, l’information est disponible. C’est probablement un problème de génération.
… à travers toutes ces remarques et les vôtres, convenez que le problème numéro 1, c’est l’accessibilité, celle du produit culturel comme de l’information. C’est ce qui me motive.
J’ai bien aimé vos remarques à tous sur le film. Savez-vous que je ne pourrais le diffuser sur les grandes chaînes hertziennes qu’au 1er janvier 2007 ! Et encore, il nous a fallu pour cela le soutien de la commission européenne.
Enfin un film qui nous montre la culture différemment de la culture snob de télérama!!
La musique est d'ailleurs merveilleusement trouvée et colle parfaitement.
J'ai 20ans et de nombreux amis a moi n'ont jamais ouvert un livre mais certains souhaitent se procurer la musique de votre pub!C'est déja bon signe!!Au fait quelle est l'artiste qui en est l'auteur??
Robinson TRUSSON 20ans Paris 20è.
votre pub est en effet pertinente,bien que celles de la Fnac est elle aussi intéressante avec elle aussi une accroche pertinente. Vous avez trouvez une cible intéressante en passant aussi par les cinémas pout toucher les 12-25ans
Cependant, la culture ne reste pas accessible à tous, surtout quand on a un bac +4, que l'on est passioné par la culture et qu'on a envie de le faire partager mais que l on est chomeur depuis 1 an
les prix restent trop chers (aussi à cause de la T.V.A) et moi qui habite Troyes est obligé d'aller à 50km pour trouver un espace clturel Leclerc.
Enfin pour conclure Leclerc reste malgré tout une belle entité culturelle mais démocratisez la encore plus, avec diverses opérations ou promotions
guillaume
Beaucoup de chemin à parcourir… Je ne prétends à aucune exclusivité. Je pense qu’à quatre ou cinq enseignes (dont la FNAC, Virgin, ...etc) et avec les libraires indépendants, nous ne sommes pas trop pour rendre la culture encore accessible… Bon courage.
Tout à fait d’accord, au moins pour une partie du site. J’imagine ça… pour l’année prochaine.
il s'agissait du code de déontologie de la grande distribution : fidélité contre confiance. Dans l'attente de votre réponse, j'essaie de digérer ma déconvenue.
A bientôt
Je ne pense pas qu’il y ait d’intention particulière. La distribution des catalogues est confiée à des sociétés, qui ont un plan de prospection. Je vais signaler ce fait au centre E. Leclerc le plus proche et lui demander ses commentaires. Merci de m’en avoir informé.
Que faire lorsqu'on a un projet ambitieux à proposer mais que dès que le mot "culture " est prononcé il n'y a plus de répondant (cf banques etc).
Peut-on rencontrer Michel Edouard Leclerc pour en parler?
je lis avec le plus vif interet les propos concenant la place et la diffusion de la culture.
J'ai à ce sujet plusieurs " solutions " et pistes pour développer ces axes auprès de jeunes enfants. Je serais très heureuse de vous les soumettre, mais de manière plus confidentielle que par l'intermediaire de ce blog!
J'envisageais de proposer mes actions au responsable du centre leclerc proche de chez moi; j'habite également en Bretagne, mais dans le 56.
est-il préférable de vous les soumettre d'abord?
j'attends vos précieux conseils.
kenavo.
Myr
Thérèse Massa LE TUNNEL Thélès
Quelqu'un pourrait donner le nom et le compositeur de l'oeuvre qui illustre cette magnifique publicité?
votre annonce est tombée comme sujet de BTS aujourd'hui en Communication des Entreprises. Pourquoi ne pas nous avoir prévenu? En tous cas, une annonce pertinente.
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