SOCIÉTÉ
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Bourse : charité bien ordonnée...
Je trie les journaux de la semaine. Je découpe et je tombe sur ce titre en pleine page du Figaro (16/01) : "La générosité toujours primée en bourse". Quoi, j'hallucine ! Le marché valoriserait-il désormais ces fameux fonds éthiques sur l'intérêt desquels, moi-même, je reste très réservé ? Et bien non ! Au CAC 40, les concepts philosophiques sont d'interprétation limitée. Il ne s'agissait rien d'autre que d'un plébiscite à l'égard des sociétés généreuse... envers leurs actionnaires ! Voilà comment, par un tour de passe-passe sémantique, on attribue, à une simple distribution de dividendes, les vertus d'un comportement altruiste !
32 Commentaires
Je suis entièrement d'accord avec vous. Et, pour continuer dans la série "même les pires crapules sont capables de bonnes actions", j'irais plus loin en citant le plus grand malade de tous les temps, HITLER. Je suis allé voir le film "La chute". Qui donc a pu voir dans ce film une tentative de réhabilitation de l'homme Hitler? Certes il se montre "attentionné" avec sa secrétaire. Peut-être amoureux d'Eva Braun, encore qu'il lui refuse la grâce de son beau-frère. Et surtout, il aime son chien ! Mais cela rend le personnage encore plus flippant ! Oui, même si cela dérange, il y a une part de comportement "ordinaire" chez ce fou, ce grand malade, ce criminel. Il n'en reste pas moins que c'est l'horreur qu'il inspire à chaque minute...
Vous justifiez le lancement de votre blog par la nécessité de développer vos idée hors du cadre restrictif, dites-vous (et critique?) des médias traditionnels. Mais de quelles idées s'agit-il? De celles de l'homme Michel-Edouard Leclerc ou du médiatique M.E.L patron de l'entreprise éponyme? En terme de communication cette distinction n'a d'ailleurs pas de sens, le jugement porté sur l'homme aura des conséquences directes sur l'image du patron et de son entreprise. Il faut se rendre à l'évidence, le blog, nouveau symbole prometteur d'une liberté d'expression planétaire est aussi et déjà, l'instrument d'une nouvelle forme de propagande.Pas blog !
Il serait donc acquis pour tous (cf. infra) que l'ignoble spéculateur " subirait mille tourments dans les flammes de l'enfer, quan bien même il aurait "ses oeuvres"; sans compter la rallonge pour l'hypocrisie! On pourrait peut-être convoquer les quelques bénéficiaires des oeuvres en question pour partciper au jury avant d'ouvir la trappe ; pour eux, même minoritaire, recevoir un tout petit peu fait sens. Doit-on arrêter de lire Mort à Crédit ou Guignol's band parce que Bagatelle pour un massacre est un réelle infâmie? Doit on brûler le tryptique de St Matthieu à St Louis des Français de Rome parce que Carravage est également un assassin? Mon propos n'est pas de renvoyer tout ce petit monde dos à dos et les actes des uns et des autres ne sont pas de mêmes natures et ne portent pas les mêmes conséquences historiques, émotionnelles, économiques, etc... Mais l'homme est pluriel. Le bien et le mal, concepts fluctuants et contrastés selon les êtres, les cultures, les sociétés, cohabitent en son sein avec plus ou monins d'harmonie, l'un primant sur l'autre, l'autre sur l'un. Et puis ça change, ou se stabilise. Et ainsi de suite... Affaire de contraste, de point de vue, de perspective, de camp, de mode, d'influence, de moyens...
Il n'y a pas de différence entre mes idées personnelles et celles que j'exprime dans ma vie professionnelle. Je revendique cette unicité. J'ai toujours voulu (essayé !) plier ma vie prof. à mes convictions perso. J'aurais eu, je crois, les mêmes engagements si j'avais été député, agriculteur ou curé. Les centres E. Leclerc n'ont jamais cherché à me censurer. On se critique, on s'engueule, on débat. Mais j'ai toujours été libre, eux aussi d'ailleurs, et ils ne s'en privent pas. Quand j'engage l'enseigne ou le groupe, c'est après les avoir consultés et convaincus. A l'inverse, personne ne m'a jamais fait exprimer une conviction que je ne ressentais pas. De même, d'ailleurs, ils dissocient la communication du mouvement, qui m'échoit, de la pluralité des actions commerciales ou promotionnelles où je n'apparais jamais personnellement.
Les marges arriere ponctionne aussi le pouvoir d'achat ... Sinon l'article est très intéssant.
Il faut distinguer entre site et blog. D'abord, il y a le site, avec des pages consultables. Ma priorité, c'est de répondre par avance à tous ces étudiants d'écoles de commerce ou de lycées, qui veulent creuser le pourquoi d'une action, s'intéressent à ces sujets, veulent saisir l'argumentaire que, lors d'une conférence ou d'une émission, je n'ai pas eu le temps de développer. Donc, j'insiste ! Je fais bien de la communication ! Même si elle est distincte du site corporate des Centres E. Leclerc, j'y étaye particulièrement mes propres opinions. Le blog, c'est un outil complémentaire. C'est encore un instrument de communication. Pas la peine de faire semblant de lui donner les vertus d'une correspondance privée. Il produit une sorte d'intimité en ce qu'il individualise les questions et les réponses. On est d'accord : c'est une intimité relative puisque des centaines d'internautes ont accès aux réponses. Mais l'interpellation, elle, prend la forme (et la passion) que lui donne l'internaute. Elle m'oblige à écouter mon interlocuteur, sa différence, et à répondre à sa préoccupation personnelle. Et en fonction de cet échange, d'autres internautes se branchent et réagissent. Alors, ce n'est pas le grand soir de la démocratie directe (pas la peine de sacraliser le blog !). Mais vous exagérez quand vous parlez de propagande. Car, pour le coup, au monde des internautes, personne n'est dupe et garde sa liberté d'appréciation.
Le blog est-il le "nouveau symbole prometteur d'une liberté d'expression planétaire"? Evidemment, non. Mais pourquoi le nier aussi : l'évolution des médias traditionnels ne privilégie ni l'échange, ni l'intensification du débat. Les médias sont eux-mêmes rentrés dans un système marchand (augmentation du tirage, recherche audimat, ratissage des annonceurs !). Prétendre que la presse est un outil d'information incontestable devient une grande naïveté. Déjà, tout lecteur se doit de pratiquer "le doute critique". Des milliers d'étudiants en philo ont planché sur le sujet de "la vérité" pour aboutir à cette seule conclusion : il n'y a jamais d'objectivité. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait ni vérité (factuelle), ni sincérité (d'expression ou de jugement). Le blog qui prolonge ou qui complémente l'interview dans la presse, ne se substituera pas à elle. Mais c'est avec les mêmes réserves que le lecteur de la presse décryptera un blog (ce blog !). Donc, blog !
Exact. Les marges arrière ne sont pas répercutées aux consommateurs et donc contribuent à l'inflation. Elles poussent à l'augmentation des tarifs des fournisseurs qui les financent. Elles constituent une rente pour les distributeurs qui trouvent là un prétexte pour ne pas baisser leurs prix. C'est la raison pour laquelle je souhaite leur suppression. Mon enseigne a trouvé un subterfuge en relookant au goût du jour les bons vieux bons d'achat d'après-guerre. On a appelé ça le « ticket E. Leclerc ». Par ce biais, nous pouvons réinjecter une partie de cette marge arrière dans le prix de vente, sans risquer d'être juridiquement répréhensibles. (Une trentaine de députés ont tout de même essayé de faire cesser l'opération en votant un amendement liberticide). Donc, j'insiste, moralement et économiquement, ces marges arrière sont répréhensibles. Le législateur leur a donné un statut légal. C'est ça qui est paradoxal.
Vous allez certainement pouvoir me répondre : comment se fait il que dans un pays comme la France les entreprises reversent leur trésorerie à leurs actionnaires via les dividendes au lieu d'investir l'argent correspondant dans des projets productifs ? Cela veut il dire que ce pays manque à ce point d'imagination industrielle que la meilleure allocation des fonds soit ... de ne pas les allouer ? Depuis quand les dividendes préparent l'avenir et créent les emplois ? Suis-je dépassé par la logique financière ou y a t'il un vrai problème ? Joël PAIN
Au risque de caricaturer, je vois aujourd'hui deux mondes se séparer. D'un côté, les gestionnaires de fonds (retraite, SICAV...). Ils cherchent à rémunérer l'argent de leurs mandants. Ils zappent au gré des opportunités de rendement. Ils sont par nature infidèles. De l'autre côté, le monde des entrepreneurs. Face à la concurrence mondiale, il leur faut innover, investir des montants de plus en plus lourds. Ces derniers ont besoin de temps. Les premiers ne leur en concèdent plus. Ces deux mondes coexistaient dans le capitalisme ancien : modèle paternaliste des sociétés familiales, noyau dur et alliance finance-grande industrie dans les années 60-70, économie mixte selon les modèles français ou italiens, où l'Etat préservait la garantie d'une stratégie de long terme. Tout ceci vole en éclat. La multiplication des choix d'investissement, l'ouverture des frontières, la dilution et l'ubiquité du capital, accélérées par des systèmes d'information informatisés à l'échelle planétaire... renforcent l'autonomie de la sphère financière.
Les stratégies de court terme ne sont plus compatibles avec les programmes d'investissement à long terme. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas insensible au retour de ce que l'on appelle "la politique industrielle". Malgré des apparences ultra-libérales, l'économie américaine fédère ses entreprises autour de grands projets porteurs (armement, aéronautique, exportations, agroalimentaire, etc?). Si "l'Europe puissance" doit se construire face à des systèmes régionaux focalisés sur de tels programmes, nous n'y couperons pas non plus. A défaut de pouvoir attirer les capitaux privés sur un marché qui veut rester très liquide, ne faudra-t-il pas consacrer des financements publics à de grands programmes industriels ? Vous voyez, je n'hésite pas à montrer la limite de mon "libéralisme".
Cher Monsieur, votre discours me plait beaucoup. Je suis membre du comité directeur de Croissance Plus, une organisation patronale qui prone ce genre de comportement... Accepteriez vous de participer à une des nos manifestations afin de développer votre point de vue sur le sujet ? (vous succéderiez à MM. Raffarin, Sarkozy, Mer...) Joël PAIN
Je vous suis complètement sur la dichotomie malsaine entre les attentes "court-termistes" des fonds d'investissements (et autres investisseurs sur les marchés financiers) et les nécessaires besoin de temps et considérations à moyen terme des dirigeants... Ces néo-investisseurs des marchés financiers -souvent plus spéculateurs qu'investisseurs et plus financiers que gestionnaires - ont pris une telle dimension que les entrepreneurs et dirigeants doivent maintenant leur faire allégeance sous peine d'être débarqués ! En revanche, ne croyez vous pas que les grands programmes industriels financés publiquement que vous évoquez ne constitueraient en fait qu'un levier de plus sur lequel spéculer, sans pour autant donner de l'oxygène aux dirigeants toujours sous pression court terme ?
Je ne suis pas un spécialiste de l'économie publique (sa gestion, sa légitimité), mais je constate comme l'économiste Elie Cohen, qu'aux USA, les secteurs informatique, aéronautique, armement, BTP, comme d'ailleurs les grands centres de recherche, appartiennent à l'économie privée, mais doivent largement leur progression de chiffre d'affaires et leur réussite aux programmes publics impulsés et coordonnés par l'Etat fédéral. C'est d'ailleurs ce qui a été fait aussi en Europe avec Airbus. Je ne dis donc pas que l'économie publique est la panacée, mais le modèle keynésien fonctionne tout de même comme un levier non négligeable. La commande publique, ou l'investissement public stratégique, joue le rôle de catalyseur d'énergie. Et quand je dis ainsi la limite de mon libéralisme, c'est tout simplement que je ne trouve pas, dans l'économie financière, cette même motivation.
les systèmes économiques et sociaux vont-ils connaître un bouleversement sans précédent du fait du changement climatique ?
"Quand le ciel nous tombera sur la tête" : c'est dans le magazine Terra Economica.
Merci.
Cela fait déjà un certain temps que j'avais l'intention de vous faire part d'une suggestion pratique. Etant données les dernières "persécutions" subites par les magasins Leclerc du fait de ses concurrents à propos de votre blog comparatif, cela m'a révolté et a accéléré ma démarche. Je suis consciente que vous faites beaucoup d'efforts pour nous, consommateurs. Ma proposition est la suivante: il existe à Osny (95) près de Pontoise, un centre Leclerc où il est possible de payer par tickets restaurant les achats alimentaires (seulement les aliments solides, pas les liquides ou boissons, ce qui est normal). Cela me laissant ainsi la possibilité de faire plus d'achats par ailleurs. Ce système, à ma connaissance, n'existe qu'à Osny. Je suggère donc de généraliser cette excellente initiative à l'ensemble des centres Leclerc, démocratisant ainsi les tickets restaurant chez Leclerc. Je pense que cette possibilité devrait contribuer à vous rendre plus populaire encore et à vous attirer plus de clients, dont ceux des hard discounts (qui n'acceptent pas les tickets restaurant!).
Cordialement,
Juvênia RAULET TAVARES
bertrand.raulet@wanadoo.fr
Je suis entièrement d'accord avec vous. Et, pour continuer dans la série "même les pires crapules sont capables de bonnes actions", j'irais plus loin en citant le plus grand malade de tous les temps, HITLER. Je suis allé voir le film "La chute". Qui donc a pu voir dans ce film une tentative de réhabilitation de l'homme Hitler? Certes il se montre "attentionné" avec sa secrétaire. Peut-être amoureux d'Eva Braun, encore qu'il lui refuse la grâce de son beau-frère. Et surtout, il aime son chien ! Mais cela rend le personnage encore plus flippant ! Oui, même si cela dérange, il y a une part de comportement "ordinaire" chez ce fou, ce grand malade, ce criminel. Il n'en reste pas moins que c'est l'horreur qu'il inspire à chaque minute...
Vous justifiez le lancement de votre blog par la nécessité de développer vos idée hors du cadre restrictif, dites-vous (et critique?) des médias traditionnels. Mais de quelles idées s'agit-il? De celles de l'homme Michel-Edouard Leclerc ou du médiatique M.E.L patron de l'entreprise éponyme? En terme de communication cette distinction n'a d'ailleurs pas de sens, le jugement porté sur l'homme aura des conséquences directes sur l'image du patron et de son entreprise. Il faut se rendre à l'évidence, le blog, nouveau symbole prometteur d'une liberté d'expression planétaire est aussi et déjà, l'instrument d'une nouvelle forme de propagande.Pas blog !
Il serait donc acquis pour tous (cf. infra) que l'ignoble spéculateur " subirait mille tourments dans les flammes de l'enfer, quan bien même il aurait "ses oeuvres"; sans compter la rallonge pour l'hypocrisie! On pourrait peut-être convoquer les quelques bénéficiaires des oeuvres en question pour partciper au jury avant d'ouvir la trappe ; pour eux, même minoritaire, recevoir un tout petit peu fait sens. Doit-on arrêter de lire Mort à Crédit ou Guignol's band parce que Bagatelle pour un massacre est un réelle infâmie? Doit on brûler le tryptique de St Matthieu à St Louis des Français de Rome parce que Carravage est également un assassin? Mon propos n'est pas de renvoyer tout ce petit monde dos à dos et les actes des uns et des autres ne sont pas de mêmes natures et ne portent pas les mêmes conséquences historiques, émotionnelles, économiques, etc... Mais l'homme est pluriel. Le bien et le mal, concepts fluctuants et contrastés selon les êtres, les cultures, les sociétés, cohabitent en son sein avec plus ou monins d'harmonie, l'un primant sur l'autre, l'autre sur l'un. Et puis ça change, ou se stabilise. Et ainsi de suite... Affaire de contraste, de point de vue, de perspective, de camp, de mode, d'influence, de moyens...
Il n'y a pas de différence entre mes idées personnelles et celles que j'exprime dans ma vie professionnelle. Je revendique cette unicité. J'ai toujours voulu (essayé !) plier ma vie prof. à mes convictions perso. J'aurais eu, je crois, les mêmes engagements si j'avais été député, agriculteur ou curé. Les centres E. Leclerc n'ont jamais cherché à me censurer. On se critique, on s'engueule, on débat. Mais j'ai toujours été libre, eux aussi d'ailleurs, et ils ne s'en privent pas. Quand j'engage l'enseigne ou le groupe, c'est après les avoir consultés et convaincus. A l'inverse, personne ne m'a jamais fait exprimer une conviction que je ne ressentais pas. De même, d'ailleurs, ils dissocient la communication du mouvement, qui m'échoit, de la pluralité des actions commerciales ou promotionnelles où je n'apparais jamais personnellement.
Les marges arriere ponctionne aussi le pouvoir d'achat ... Sinon l'article est très intéssant.
Il faut distinguer entre site et blog. D'abord, il y a le site, avec des pages consultables. Ma priorité, c'est de répondre par avance à tous ces étudiants d'écoles de commerce ou de lycées, qui veulent creuser le pourquoi d'une action, s'intéressent à ces sujets, veulent saisir l'argumentaire que, lors d'une conférence ou d'une émission, je n'ai pas eu le temps de développer. Donc, j'insiste ! Je fais bien de la communication ! Même si elle est distincte du site corporate des Centres E. Leclerc, j'y étaye particulièrement mes propres opinions. Le blog, c'est un outil complémentaire. C'est encore un instrument de communication. Pas la peine de faire semblant de lui donner les vertus d'une correspondance privée. Il produit une sorte d'intimité en ce qu'il individualise les questions et les réponses. On est d'accord : c'est une intimité relative puisque des centaines d'internautes ont accès aux réponses. Mais l'interpellation, elle, prend la forme (et la passion) que lui donne l'internaute. Elle m'oblige à écouter mon interlocuteur, sa différence, et à répondre à sa préoccupation personnelle. Et en fonction de cet échange, d'autres internautes se branchent et réagissent. Alors, ce n'est pas le grand soir de la démocratie directe (pas la peine de sacraliser le blog !). Mais vous exagérez quand vous parlez de propagande. Car, pour le coup, au monde des internautes, personne n'est dupe et garde sa liberté d'appréciation.
Le blog est-il le "nouveau symbole prometteur d'une liberté d'expression planétaire"? Evidemment, non. Mais pourquoi le nier aussi : l'évolution des médias traditionnels ne privilégie ni l'échange, ni l'intensification du débat. Les médias sont eux-mêmes rentrés dans un système marchand (augmentation du tirage, recherche audimat, ratissage des annonceurs !). Prétendre que la presse est un outil d'information incontestable devient une grande naïveté. Déjà, tout lecteur se doit de pratiquer "le doute critique". Des milliers d'étudiants en philo ont planché sur le sujet de "la vérité" pour aboutir à cette seule conclusion : il n'y a jamais d'objectivité. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait ni vérité (factuelle), ni sincérité (d'expression ou de jugement). Le blog qui prolonge ou qui complémente l'interview dans la presse, ne se substituera pas à elle. Mais c'est avec les mêmes réserves que le lecteur de la presse décryptera un blog (ce blog !). Donc, blog !
Exact. Les marges arrière ne sont pas répercutées aux consommateurs et donc contribuent à l'inflation. Elles poussent à l'augmentation des tarifs des fournisseurs qui les financent. Elles constituent une rente pour les distributeurs qui trouvent là un prétexte pour ne pas baisser leurs prix. C'est la raison pour laquelle je souhaite leur suppression. Mon enseigne a trouvé un subterfuge en relookant au goût du jour les bons vieux bons d'achat d'après-guerre. On a appelé ça le « ticket E. Leclerc ». Par ce biais, nous pouvons réinjecter une partie de cette marge arrière dans le prix de vente, sans risquer d'être juridiquement répréhensibles. (Une trentaine de députés ont tout de même essayé de faire cesser l'opération en votant un amendement liberticide). Donc, j'insiste, moralement et économiquement, ces marges arrière sont répréhensibles. Le législateur leur a donné un statut légal. C'est ça qui est paradoxal.
Vous allez certainement pouvoir me répondre : comment se fait il que dans un pays comme la France les entreprises reversent leur trésorerie à leurs actionnaires via les dividendes au lieu d'investir l'argent correspondant dans des projets productifs ? Cela veut il dire que ce pays manque à ce point d'imagination industrielle que la meilleure allocation des fonds soit ... de ne pas les allouer ? Depuis quand les dividendes préparent l'avenir et créent les emplois ? Suis-je dépassé par la logique financière ou y a t'il un vrai problème ? Joël PAIN
Au risque de caricaturer, je vois aujourd'hui deux mondes se séparer. D'un côté, les gestionnaires de fonds (retraite, SICAV...). Ils cherchent à rémunérer l'argent de leurs mandants. Ils zappent au gré des opportunités de rendement. Ils sont par nature infidèles. De l'autre côté, le monde des entrepreneurs. Face à la concurrence mondiale, il leur faut innover, investir des montants de plus en plus lourds. Ces derniers ont besoin de temps. Les premiers ne leur en concèdent plus. Ces deux mondes coexistaient dans le capitalisme ancien : modèle paternaliste des sociétés familiales, noyau dur et alliance finance-grande industrie dans les années 60-70, économie mixte selon les modèles français ou italiens, où l'Etat préservait la garantie d'une stratégie de long terme. Tout ceci vole en éclat. La multiplication des choix d'investissement, l'ouverture des frontières, la dilution et l'ubiquité du capital, accélérées par des systèmes d'information informatisés à l'échelle planétaire... renforcent l'autonomie de la sphère financière.
Les stratégies de court terme ne sont plus compatibles avec les programmes d'investissement à long terme. C'est la raison pour laquelle je ne suis pas insensible au retour de ce que l'on appelle "la politique industrielle". Malgré des apparences ultra-libérales, l'économie américaine fédère ses entreprises autour de grands projets porteurs (armement, aéronautique, exportations, agroalimentaire, etc?). Si "l'Europe puissance" doit se construire face à des systèmes régionaux focalisés sur de tels programmes, nous n'y couperons pas non plus. A défaut de pouvoir attirer les capitaux privés sur un marché qui veut rester très liquide, ne faudra-t-il pas consacrer des financements publics à de grands programmes industriels ? Vous voyez, je n'hésite pas à montrer la limite de mon "libéralisme".
Cher Monsieur, votre discours me plait beaucoup. Je suis membre du comité directeur de Croissance Plus, une organisation patronale qui prone ce genre de comportement... Accepteriez vous de participer à une des nos manifestations afin de développer votre point de vue sur le sujet ? (vous succéderiez à MM. Raffarin, Sarkozy, Mer...) Joël PAIN
Je vous suis complètement sur la dichotomie malsaine entre les attentes "court-termistes" des fonds d'investissements (et autres investisseurs sur les marchés financiers) et les nécessaires besoin de temps et considérations à moyen terme des dirigeants... Ces néo-investisseurs des marchés financiers -souvent plus spéculateurs qu'investisseurs et plus financiers que gestionnaires - ont pris une telle dimension que les entrepreneurs et dirigeants doivent maintenant leur faire allégeance sous peine d'être débarqués ! En revanche, ne croyez vous pas que les grands programmes industriels financés publiquement que vous évoquez ne constitueraient en fait qu'un levier de plus sur lequel spéculer, sans pour autant donner de l'oxygène aux dirigeants toujours sous pression court terme ?
Je ne suis pas un spécialiste de l'économie publique (sa gestion, sa légitimité), mais je constate comme l'économiste Elie Cohen, qu'aux USA, les secteurs informatique, aéronautique, armement, BTP, comme d'ailleurs les grands centres de recherche, appartiennent à l'économie privée, mais doivent largement leur progression de chiffre d'affaires et leur réussite aux programmes publics impulsés et coordonnés par l'Etat fédéral. C'est d'ailleurs ce qui a été fait aussi en Europe avec Airbus. Je ne dis donc pas que l'économie publique est la panacée, mais le modèle keynésien fonctionne tout de même comme un levier non négligeable. La commande publique, ou l'investissement public stratégique, joue le rôle de catalyseur d'énergie. Et quand je dis ainsi la limite de mon libéralisme, c'est tout simplement que je ne trouve pas, dans l'économie financière, cette même motivation.
les systèmes économiques et sociaux vont-ils connaître un bouleversement sans précédent du fait du changement climatique ?
"Quand le ciel nous tombera sur la tête" : c'est dans le magazine Terra Economica.
Merci.
Cela fait déjà un certain temps que j'avais l'intention de vous faire part d'une suggestion pratique. Etant données les dernières "persécutions" subites par les magasins Leclerc du fait de ses concurrents à propos de votre blog comparatif, cela m'a révolté et a accéléré ma démarche. Je suis consciente que vous faites beaucoup d'efforts pour nous, consommateurs. Ma proposition est la suivante: il existe à Osny (95) près de Pontoise, un centre Leclerc où il est possible de payer par tickets restaurant les achats alimentaires (seulement les aliments solides, pas les liquides ou boissons, ce qui est normal). Cela me laissant ainsi la possibilité de faire plus d'achats par ailleurs. Ce système, à ma connaissance, n'existe qu'à Osny. Je suggère donc de généraliser cette excellente initiative à l'ensemble des centres Leclerc, démocratisant ainsi les tickets restaurant chez Leclerc. Je pense que cette possibilité devrait contribuer à vous rendre plus populaire encore et à vous attirer plus de clients, dont ceux des hard discounts (qui n'acceptent pas les tickets restaurant!).
Cordialement,
Juvênia RAULET TAVARES
bertrand.raulet@wanadoo.fr