CULTURE Actus - Débats

Exception culturelle : ça dérape...

 Vu la tentation protectionniste souvent exprimée par les milieux culturels français et leur inclination à s'opposer à toute manifestation de libéralisme, j'ai eu longtemps des difficultés avec le concept "d'exception culturelle". Des amis artistes m'ont proposé de solides arguments. Quelques exemples : sans quota de musique francophone, les éructations barbares des productions yankees domineraient les ondes. Sans subvention, point de spectacle vivant de qualité (danse, théâtre) ; le public, c'est-à-dire le marché (sic) n'est pas suffisant. Sans quota de création, les chaînes hertziennes tueraient le cinéma. Sans avance sur recette, point d'oeuvre française de dimension internationale... d'accord, d'accord ! Mais quand je vois des producteurs français, par ailleurs estimables (Marin Karmitz de MK2), s'opposer à l'attribution de fonds publics au film de Jean-Pierre Jeunet, "Un long Dimanche de Fiançailles", je crie "au loup". Certes, le film est produit par une filiale française d'une société multinationale (Warner). Mais c'est un film superbe, tourné chez nous, qui cause notre beau patois, fait vivre nos laboratoires d'images et nos studios (Eclair, Dubois) et promeut nos acteurs sur tous les écrans du monde. La procédure intentée par MK2, Pathé ou UGC, fleure bon la défense d'intérêts corporatistes. Quel est l'intérêt de la culture française dans tout cela ? Marin Karmitz aurait pu plaider une modification rapide des critères d'attribution. Avec les autres, il a préféré porter l'affaire devant le Tribunal administratif. Décevant de la part d'un producteur, réalisateur, diffuseur, emblématique de l'indépendance culturelle française. Paradoxe ultime : à Hollywood, pas d'oscar américain pour Jeunet, le Français. A Paris, peut-être le César du meilleur film français pour Jeunet, dénaturalisé et apatride depuis la décision du Tribunal administratif ! Heureusement, le public ne s'est pas trompé ! Vive le marché, n'est-ce-pas, Marin ?

8 Commentaires

exeption culturelle , mouais

Je prends l'exemple du cinéma , que j'ai pas mal suivi il y a 2 , 3 ans, . J'ai ,à l'époque, vu à peu près 120 films sortis en salles en un an , pour moitié français et pour moitié etranger. Je vous assure que sur les 60 films français que j'ai vu , 2 ou 3 vallaient vraiment la peine de se déplacer. Une grande partie est issue d'un espèce de microcosme friqué intellectuello parisien et nombriliste Je ne suis pas pour financer ces films de fils à papa parisien , ne pensons pas que français ( euh parisien), N'oublions pas ce qui se fait à l'étranger ( asie, amérique du sud) , de grande qualité, et pensons aussi à amener la culture et à faire la culture en province française. Paris tue la culture française.
Pas d'exception juste de la culture rocherdenis

Je suis pour la diversité culturelle et je ne suis pas d'accord avec toi il faut que tous les genres puissent être créés alors évidement je ne dis pas qu'il faut tout aimer, il faut continuer à développer chacun ses goûts. Si on ne commençait à produire uniquement les films qui te plaisent, on finirait pas tomber dans une forme d'élitisme également ;) Il faut de la culture pour tous
Exception culturelle - Re : Erosoft / rocherdenis

D'accord avec Erosoft. On ne peut pas pratiquer à l'avance une forme de censure selon les goûts de chacun. D'accord avec rocherdenis pour qu'on arrête le nombrilisme franchouillard et de tirer sans arrêt sur les productions hollywoodiennes (qu'on ré-encense, le temps d'un week-end au festival de Deauville ! ! !). Il faut aussi imaginer des critères d'attribution de subventions qui soient plus rigoureux, faisant la part moins belle au copinage, aux écoles de pensée, et qui s'appuient sur des critères plus objectifs. Mais l'intérêt de soutenir sur fonds publics une production cinématographique française, c'est de pallier les inégalités de moyens par rapport aux productions internationales. Produire en français, avec un auditoire potentiellement moins important que celui qu'offre le public anglophone, coûte plus cher (s'amortit moins vite).
Cinéma : notre reflet
Dans histoire tout le monde à un peu raison.Le problème de fond c'est celui de la création.
Qu’attend un spectateur : une belle histoire et/ou de la belle image, et/ou de bons dialogues, en tous les cas une émotion et/ou une évasion et/ou une réflexion et/ou une envie de discuter à la sortie autour d’un pot.
A cet égard le cinéma français nous laisse très souvent (pas toujours)sur notre faim.
MEL :
le cinéma coréen ou israélien produisent des films de très bonne facture et ils n’ont pas a priori un marché plus large que le marché francophone.
En France nous avons la chance d’avoir des mécanismes de financement. Dommage que cela soit souvent au profit de films à l’argument et à la créativité faibles, ce qui est inquiétant quand on connaît l’importance du film dans le rayonnement d’une culture (voir Hollywood).
Rocherdenis :
ce qui est distribué en France c’est l’intégralité ou presque de la production française et surtout le meilleur de la production étrangère. Je ne suis pas sur que toutes les productions américaines, chinoises ou indiennes soient bien meilleures que les nôtres.
La question qu’il faut se poser c’est : le cinéma français n’est-il pas le reflet de ce que nous sommes. (voir les thèmes, les valeurs et les dialogues des films de l’entre deux guerres, des années 60 et des années 2000).
Gageons que la concurrence des films asiatiques ou hispaniques de belle facture bousculera le microcosme nombriliste pseudo-intello parisien et la critique complaisante.
Bonjour Monsieur Leclerc,
C'est tout de même réchauffant de découvrir que vous réfléchissiez à la culture en France et à son mode de fonctionnement. Comme je viens tout juste de vous découvrir, je me garderai bien de donner un avis sur les commentaires avancés, notamment au sujet du cinéma dont je suis guère friande. Moi, c'est la musique qui accapare mon temps et mes réflexions. Présidente de deux associations pour le soutien de musiciens, l'une composée de musiciens amateurs et l'autre de professionnels, j'ai donc les deux visions du monde musical et de quoi faire pour réfléchir à la culture en France surtout en ce qui concerne la musique bien entendu, son accueil par le public et par les collectivités locales.
Pour les premiers, je pense que c'est un champ énorme d'investigations nouvelles du possible si l'on veut bien s'en donner les moyens (enfin si l'on a des idées et la volonté parce que les moyens n'en parlons pas, sont toujours nul...). Ce que je veux vous passer comme message, c'est que la créativité et la liberté pourrait bien se trouver de ce côté-là, parmi les amateurs... que les compositeurs se le disent, que les metteurs en scène s'y intéressent aussi et que les élus ne soient pas aussi stupides. Le mélange des arts va naître de ce milieu entièrement libre et créateur parce que libre et non soummis au marché. Utopie, non, seulement une constatation. Il y a eu un tel développement des écoles de musique ces vingts dernières années que les 99 % d'amateurs formés sont bel et bien quelque part à errer à la recherche de pouvoir faire de la musique puisqu'elle est indipensable à leur vie, comme ils y ont goûté un tout petit peu, ils ont besoins d'en faire, il faut les accueillir, les suivre, leur donner accès aux structures, leur faire confiance. Qu'en pensez-vous ?
Quant aux musiciens professionnels, c'est-à-dire le 1 % d'heureux qui a bravé les difficultés du système, les voilà aujourd'hui complètement sinistrés... Nos concerts de musique, ceux dits de "musique savante", disons musique plus élaborée, et bien, ces concerts sont sinistrés, n'ayons pas peur de le dire... Quand vous pensez qu'un musicien français qui a l'honneur d'avoir une ovation au Carnégie Hall se voit "cheu nous" applaudit par quelques centaines de personnes dans une salle de 400 places et que le responsable de la salle de daigne même pas venir lui serrer la main, lui refuse d'inscrire son concert dans sa plaquette annuelle, pas son créneau favori... il y a comme un léger défaut. En janvier, j'avais entendu à la radio que vous aviez suivi les "Folles journées de Nantes", ça alors, me suis-je dis, pas possible. Vous m'êtes devenu tout à coup très sympathique, c'est pourquoi j'écris ce soir. La démarche est tellement insolite venant d'un grand groupe commercial... développer un rayon classique, éviter qu'il ne meurt, le mettre à la portée de tous, mais qu'est-ce qui vous motive ? J'avoue ne pas savoir. Un combat à contre-courant ? Alors-là, bravo. Les musiciens professionnels, mis à part les rares "super élus", ne peuvent pas en vivre... et lorsqu'ils veulent le faire, il leur faut s'endetter pour un avenir, pour quel avenir puisqu'il est sinistré... pas grande envie d'investir ! Je découvre aussi, en m'occupant de la promotion de ce groupe de jeunes talents harpistes dont je cherche désespérément des sponsors, bien sûr, que le concert vivant est écrasé par le marché du disque. Si vous n'avez pas le CD, vous êtes rien, inintéressant. Les journalistes adorent s'enfoncer dans leur fauteuil avec des écouteurs... c'est vrai que c'est plus confortable que les bancs du Sentier des Halles où ils jouent. Et la scène ? Qu'est-ce que vous en faites du vivant sur scène ?
Pourquoi l'émotion des concerts n'est-elle plus recherchée ?
Bon, j'arrête, il y a trop à dire. Et si vous venez au Sentier, je vous ferai mettre le tapis rouge, rien que pour vos initiatives pour la diffusion de la musique classique.
Bien cordialement
Re francoise Acezat (13/06/05)
Wouah, que de commentaires passionnés et passionnants. Que dirais-je ?
1- Il y a incontestablement un développement considérable des concerts amateurs et de toute une vie associative autour de la musique : renouveau et entretien du patrimoine folklorique, chant choral, concerts libres, etc. S’il se trouvait une chaîne de télé pour en suivre les initiatives et animer un club qui, sur Internet, pourrait donner audience à tous ces milliers de concerts enregistrés, ce serait formidable. Oui, Internet et le téléchargement de concerts constitueraient un formidable prolongement à toutes ces écoles de musique qui pourraient entrer en relation les unes avec les autres et multiplier l’audimat.
2- On ne peut pas dire que le monde des concerts soit sinistré. Pas trop d’accord avec vous. Bien sûr, les organisateurs rament. Et les petites formations n’arrivent pas à se produire. Mais, dès que les programmations sont de qualité, le public accourt. Regardez le succès des festivals pendant l’été. Un vrai régal.
3- Mon groupe parraine la Folle Journée de Nantes. J’apprécie l’action de René Martin. En quatre ou cinq jours, il arrive à faire salle comble (des dizaines de milliers d’auditeurs) en réunissant les meilleurs artistes du monde entier. Et le temps de cette manifestation, nous arrivons à commercialiser jusqu’à 25 000 CD, sur la seule sélection opérée par RM. Donc, cela marche.
4- Je ne suis pas vraiment amateur et encore moins expert en musique classique. J’aime tout simplement la musique. J’ai eu l’occasion de découvrir et de travailler avec quelques grands musiciens (Yehudi Menuhin). Ces rencontres ont largement contribué à ma formation personnelle et cela m’a fait plaisir de rendre un peu de cette énergie aux jeunes artistes auxquels nous offrons, chaque fois que c’est possible, une forte présence en linéaires. En dire plus, c’est prendre le risque d’être accusé de faire de la publicité. Alors place aux actes… A bientôt donc, au Sentier ou ici.
Re Babylone (16/05/05)
Je ne sais pas, Babylone, si le cinéma israélien marche si bien que cela. Il me semble que ce sont surtout les publications directement enregistrées en anglais qui font de l’audience et qui rencontrent un certain succès. Quant au cinéma coréen, constatons que si les Français le découvrent aujourd’hui avec un certain engouement, c’est justice. Mais, pour une nouveauté dont on parle dans Télérama, leurs réalisateurs n’en sont pas moins à leur cinquantième ou soixantième production. Preuve que ce cinéma a mis longtemps lui aussi pour trouver son audience.
Mais d’accord avec ta conclusion à Rocherdenis. La concurrence de tous ces films asiatiques, hispaniques, iraniens ou africains, apporte une bouffée de créativité, des langages nouveaux et des thématiques qui ne peuvent que bousculer, comme tu le dis, le microcosme français, et peut-être même l’enrichir. C’est tout ce que nous espérons pour lui.
Bonjour,
Je pense que le cinéma français aurait besoins d'être revu.
Il faudrait que nous arrivions à faire desf films à la hauteur de ce américain; mais avec quel argent?
Je me le demande et je ne suis pas la seule je suppose.
Il faut révolutionner le cinéma français,et je pense que je vais commencer, si personne ne commence personne ne suivra.
C'est tout comme les misérable salaire des acteur français, ça va changer et pour cela il faut que l'ont se battes à plusieurs.
Alors tout d'abord auriez vous des adresses de rpoductions à assez gros budget pour que je uisse leur envoyer mais scénarios de genre fantastique/action/suspense?
Je vous remerci d'avance et vous allez voir nous allons obtenir des resultats.

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