
Beaucoup de questions sur l’impact de la « détaxation » des heures supplémentaires sur l’emploi. J’aurai l’occasion de plancher sur le sujet plus en détail… Mais comme dans bien des articles de presse, on m’attribue des positions parfois très tranchées, je préfère, dès à présent, argumenter sur deux ou trois points.
1)
Impact global sur l’emploi
A court terme, pas d’impact, je n’en vois pas. Je partage l’avis de la plupart des économistes qui se sont déjà exprimés sur ce sujet (Patrick Artus, notamment). Mais si l’on prend la peine de se « projeter » à 3, 4 ans et plus, le dispositif gouvernemental (intégré à un dispositif global d’abaissement du coût du travail) prend une tout autre dimension. Il rompt avec l’idéologie du partage du travail qui opposait emploi et pouvoir d’achat
(« travailler moins, gagner moins pour que d’autres puissent travailler aussi »), et recrée une dynamique sur le marché du travail en revalorisant l’espérance d’un gain supplémentaire.
Depuis trop longtemps, la perspective d’augmentation du pouvoir d’achat était corrélée avec la capacité quasi exclusive de l’Etat de transférer, allouer, subventionner…sur fonds publics ! La mauvaise gestion des gouvernements précédents, la gabegie des 35 heures et l’appel exagéré à la contribution publique…ont tari les caisses de Bercy. Dans les corporations (agriculture, fonction publique), et même dans le syndicalisme le plus aguerri, on ne se fait plus d’illusions. Il ne suffit plus de descendre dans la rue ou de bloquer les transports publics pour faire cracher l’Etat qui se « referait » sur les riches, etc. L’opinion ne suit plus.
Chacun a compris, qu’au moins pour une part, il ne faudra compter que sur soi. Question santé ou retraite, l’Etat-providence, « ça paie plus »
(comme disait Fernand Raynaud). Question pouvoir d’achat, ce n’est pas le partage du travail (les 35 heures) qui permet les augmentations de salaires. Alors autant chercher du revenu en travaillant plus. Bâtir une carrière ou un plan de rémunération, c’est le slogan d’une France qui, à défaut d’en avoir cultivé le goût, doit se remettre au travail !
Bien sûr, tout ça est trop rapidement dit. A lui seul, le dispositif sur les heures supplémentaires n’y suffira pas, il faut aussi poser la question du niveau des salaires. Mais il a un mérite. Sans toucher au montant du RMI, il recreuse l’écart avec les revenus de salariés au SMIC. Dans les secteurs où il y a pénurie de main-d’oeuvre (BTP, plomberie, maçonnerie, emplois de services, etc.), j’y vois une incitation supplémentaire à se remettre sur le marché du travail.
2)
Les heures supplémentaires dans la distribution
On attribue à la Présidente du MEDEF, Laurence Parisot, un propos certifiant que les projets gouvernementaux vont requinquer l’emploi dans la distribution, notamment s’agissant du métier de caissière ! Sans la contredire complètement, je nuance le propos concernant les caissières, mais le confirme pour d’autres emplois pour lesquels il est aujourd’hui difficile de recruter, faute de main-d’œuvre disponible sur le marché.
a) D’abord, établissons bien ceci : un groupement de commerçants indépendants comme Leclerc embauche 1 500 à 3 000 salariés nets supplémentaires par an. Nos adhérents ne recrutent pas en fonction d’avantages fiscaux ou sociaux. Ils recrutent parce que nous avons une stratégie de développement. Nous allons, par exemple, créer au moins 2 000 emplois en 2007. Tout simplement parce que nous ouvrons 18 espaces culturels, 20 à 25 autres concepts spécialisés (sport, optique, parfumerie, etc.). Et aussi parce que nous agrandissons et modernisons des magasins.
Bref, c’est la perspective de chiffre d’affaires qui détermine le taux de création d’emplois et leur niveau de qualification.
b) Dans ce plan de recrutement, la détaxation des heures supplémentaires nous intéresse, s’agissant, par exemple, des « métiers de bouche » (charcuterie, traiteur, boucherie, fruits et légumes, pâtisserie, poissonnerie), ou des ateliers auto (emploi de mécanicien, assistance technique, etc.). Sur ces marchés, la main-d’œuvre de qualité se fait de plus en plus rare. L’apprentissage est trop dévalorisé, tout autant que le travail manuel.
L’augmentation des heures sup. ne se fera donc pas au détriment de l’emploi.
Prenons l’exemple d’un rayon boulangerie-pâtisserie qui emploie une dizaine de personnes dans un hyper. Ce rayon subit dans l’année 4 ou 5 pics d’activité (les bûches de Noël, la galette des rois, la fête des mères, etc.). On ne recrutera pas à temps plein une ou deux personnes supplémentaires pour couvrir ces pics de production.
En revanche, le recours aux heures sup permettra d’augmenter l’offre, donc le CA. Et en corollaire, la rémunération des boulangers. Salariés et chef d’entreprise sont alors gagnants-gagnant.
c) Le cas des caissières est différent. Dans beaucoup de régions, ces métiers s’exercent à temps partiel et font l’objet d’un contrat d’annualisation. Dans la législation actuelle, l’accroissement des heures de travail se fait le plus souvent sous le régime des « heures complémentaires ». Le gouvernement semble ouvrir le nouveau dispositif à ce type de situation, mais je n’ai pas encore compris comment il s’insérera dans les contrats actuels (substitution ?). Toujours est-il que les demandes d’heures supplémentaires me semblent être moins importantes d’autant que juridiquement, elles ne peuvent excéder 10 % du temps travaillé (10 % d’un mi-temps !).
L’effet sur l’emploi sera forcément plus ambigu puisque, sur ce marché, l’offre de travail est plus abondante que dans les métiers techniques.
En conclusion, je suis favorable aux mesures gouvernementales concernant les heures supplémentaires. Mais j’insiste : je crois vraiment que c’est par l’abaissement général du coût du travail que dans les PME, et notamment dans le secteur des services, les chefs d’entreprise seront tentés de recruter plus abondamment. C’est vraiment dans ce sens qu’il nous faut aller. La TVA sociale ? Oui, bien sûr, mais pas à n’importe quelles conditions. On en reparle.
22 Commentaires
Le problème est que beaucoup d'emplois sont à temps partiel et pas seulement les caissières dans les hypers. D'autres secteurs d'activités comme le secteur des services recrutent à temps partiel (moins de 43,33 heures mensuelles)! Evidemment, ça vide les caisses de l'Etat et favorise l'assistanat.
Seule, une réforme sur le temps complet (heures supplémentaires) ne permettra pas "de travailler plus pour gagner plus". Quant à certaines sociétés de service, je ne crois pas que la diminution des charges sociales changerai quoi que ce soit. Bonne joueuse, je veux bien essayer : je reste convaincu que les problèmes continueront, engendrés par une mauvaise gestion ou un manque de transparence.
Tchao M.E.L.
on peut en savoir plus ?
mais encore, la fumisterie de la tva sociale sert a combler les trous et non a créer les pensions de demain.
et encore ce n'est pas le service qu'il faut subventionner, mais l'industrie la balance commerciale en dépend.
Je vous ai compris!
Les banques viennent de se faire épingler par l'UFC : des mauvais contrats ont été souscrit, selon la presse, pour une modique somme de 11,5 milliard d'euros. Ce qui n'incite pas les français d'origine modeste à se préparer une retraite par ce biais là. En contre-partie de l'abattement des charges sociales sur les heures supplémentaires et autres, du travail à temps partiel, est-ce qu'il serait possible d'investir, pourquoi pas comme aux Etats Unis, dans des fonds de pension à l'étranger dans des pays émergents pour capitaliser ? Quelles sont les propositions du gouvernement sur ce sujet ?
Au niveau médiatique, aux heures de grande écoute (les JT), on n'en entend peu ou pas parler.
Tchao M.E.L.
Souhaite vous adresser un dossier de partenariat concernant le projet THE GREEN FLAME ASIA. Projet international qui traite l'environnement et des énergies du futur.
A qui envoyer le dossier, Email et Nom de la personne ?
Merci,
Bien Cordialement,
Olivier renaud
FLO, si tu nous sorts le refrain gaullien de l'algerie française, ça sens pas bon...:-DDD!
j'ai bien du mal a vous croire
vous casses les prix et les petits commerces on ferme leur porte
vos caissières font que 22h a 28h par semaine et vous dites etre d'accoord sur les heures supplementaires mais comment voulez vous dejà que les gens que vous employes vivent
reflechissez un peu tout pour vous rien pour les petits qui usent de leur sueur
Hello,
Vous dîtes :
[..]" Ce rayon subit dans l’année 4 ou 5 pics d’activité (les bûches de Noël, la galette des rois, la fête des mères, etc.). On ne recrutera pas à temps plein
une ou deux personnes supplémentaires pour couvrir ces pics de production. En revanche, le recours aux heures sup permettra d’augmenter l’offre,
donc le CA. Et en corollaire, la rémunération des boulangers. Salariés et chef d’entreprise sont alors gagnants-gagnant."[..]
- On peut tout entendre, penser, invoquer, sensibiliser, mettre en garde , etc ... c'est tout à
l'honneur de votre franchise, libre à chacun ensuite son opinion Mais sur ce coup , l'ami, désolé, c'est limite propagande
de bazar votre histoire . Parce qu'il
me semble que nous vivons dans un pays
réel qui n'a rien a voir avec le
slogan virtuel " travailler plus pour gagner plus"
et où rien n'empêche que des heures sup soient faites
. Rien n'empêche, les chefs d'entreprises, d'autre part , de
payer les heures sup qui sont faites et que le salarié
n'a même plus le courage de demander .... Sans compter
le coût d'une telle mesure et la nouvelle usine
à gaz du droit social qui va émerger, plus
la tentation de fraude ... . Bref, cette histoire d'heure sup est
une duperie quasi doctrinale . Je fais en moyenne 45 a 50
heures par semaine, suis dans la maîtrise et, je
sens déjà monter de la base ce malentendu .
Gérard Filoche n'est pas ma tasse de thé,
mais sur ce coup je ne peux que lui
donner raison . Extrait :
==} Gérard Filoche, inspecteur du travail, confronte le slogan « Travailler plus pour gagner plus » à la réalité des entreprises.
N. SARKOZY A PROMU SA REFORME DES HEURES SUPPLÉMENTAIRES SOUS L’ANGLE DE L’AUGMENTATION DU POUVOIR D’ACHAT ET DE LA LIBERTÉ DE TRAVAILLER PLUS. CETTE LIBERTÉ EST-ELLE RÉELLE ?
Gérard Filoche. Non. C’est l’employeur qui décide unilatéralement du début, de la gestion et de la fin du contrat de travail, de la durée du travail, de faire faire ou non des heures supplémentaires. Dire qu’il y a une liberté pour le salarié en matière d’horaires, c’est mentir.
PENSEZ-VOUS QUE LES EMPLOYEURS VONT FAIRE TRAVAILLER DAVANTAGE LES SALARIES ?
C’est très difficile à apprécier. Il n’existe pas de statistiques sérieuses en France. Les enquêtes sur la durée réelle du travail ne prennent pas en compte les entreprises de moins de 20 salariés où le plus grand nombre d’heures supplémentaires sont effectuées. Cela représente 5 millions de personnes. Par ailleurs, ces enquêtes se basent sur les déclarations des employeurs, mais plus d’un sur deux ne les déclare pas au taux légal. Une étude publiée il y a plus de dix ans par Jean Matteoli, alors président du Conseil économique et social, avait avancé le chiffre de 1,2 milliard d’heures supplémentaires effectuées, l’équivalent de 680 000 emplois. Il y en a certainement beaucoup plus depuis les 35 heures, puisqu’elles ont permis treize heures supplémentaires par semaine au lieu de neuf heures.
PORTER A 25% LEUR RÉMUNÉRATION VA-T-IL AUGMENTER LES SALAIRES ?
Actuellement, il existe six majorations, 10 %, 25 %, 50 %, 100 % et des repos compensateurs à 50 % ou à 100 %. Un seul taux à 25 % fait donc disparaître quatre taux. Normalement, plus il y a d’heures supplémentaires, plus elles doivent coûter cher à l’employeur pour qu’il ne s’en serve pas au détriment de la santé et de l’emploi. Dans les petites entreprises où les salariés ont été maintenus à 39 heures, les heures effectuées après la 36e heure sont majorées de 10 %. La gauche avait prévu qu’à partir du 1er janvier 2005, elles passeraient à 25 %. C’est François Fillon qui l’a empêché en reportant cette date au 1er janvier 2008. Ces salariés travaillent donc plus en gagnant moins, depuis trois ans. L’ancien ministre du Travail a aussi repoussé le contingent annuel d’heures supplémentaires autorisées, de 130 à 220, avec des possibilités de dérogation, jusqu’à 360 heures dans les hôtels-cafés-restaurants. La majoration de 100 % des heures supplémentaires, déclenchée quand on dépasse le contingent, est repoussée d’autant. Ces salariés ont travaillé plus, en gagnant moins.
TOUTES LES HEURES SUPPLÉMENTAIRES SONT-ELLES PAYÉES AUX SALARIES ?
L’immense majorité n’est pas déclarée. Neuf plaintes sur dix à l’inspection du travail concernent les heures supplémentaires non payées. Certains secteurs comme le bâtiment, les chauffeurs routiers, la restauration, le nettoyage ou encore le commerce et les petites surfaces se spécialisent dans le non-paiement. Le forfait jour des cadres, qui peut être étendu à presque tous les salariés aujourd’hui, offre souvent une occasion de ne pas payer les heures supplémentaires. Ces exemples montrent déjà que les salariés travaillent plus et ne gagnent pas plus ou gagnent moins."
je voulais vous demander un petit renseignement
je travaille comme agent de maitrise dans l'une de vos enseigne sous un contrat CDI 35H par semaine .
Hors je travaille plus de 42h pr semaine et je n'ai vu la couleur de la moindre heure supplementaires .
Par contre sur les plannings officiels il faudrait que je note que je travaille 35h par semaine pour pas avoir de souci avec l'inspection du travail.
Trouvez vous cela normal ? tout le monde voudrait pouvoir travailler un peu plus mais 42h payé 35H , c'est un peu facile de faire du profits comme cela
en attendant une reponse de votre part , bonne fin d'annee
Le fait de parler des heures supplémentaires est tout à fait louable de votre part et d'actualité au vue des diverses réformes passées et actuelles, surtout quand on connait l'ampleur qu'à l'enseigne Leclerc dans la grande distribution se traduisant ainsi par de nombreux emplois... et d'heures supplémentaires !
Sur ce sujet, je n'ai qu'une question qui me vient en tête: pourquoi être passé aux 35 heures hebdomadaire en 2002, si c'est pour que 6 ans plus tard, le gouvernement favorise les heures supplémentaires dans les entreprises, réduisant ainsi le principe même de cette loi destinée à travailler moins d'heures par semaine pour employer plus ?
Les heures supplémentaires, par manque de structure et d'encadrement dans leur utilisation, doivent être utilisé uniquement avec parcimonie, et non devenir monnaie courante dans l'entreprise au risque de vite agacer d'une part le salarié qui se voit rarement retribué pour ces heures-ci et d'autre part le patron pour qui une heure supplémentaire lui coûte chere.
Enfin, c'est juste mon avis.
Cordialement, et à bientôt !
C'est ma première visite sur votre blog et je le trouve bien riche ! Mais je voulais vous poser une question en tant que consommatrice et porteuse d'un projet. Je n'ai pas trouvé de rubrique particulière du style "j'ai une idée, un projet ..." Alors je part de cet article dans la rubrique management.
Je souhaite développer une activité de livraison à domicile de produits alimentaires non périssables et de produits connexes à l'entretien d'un foyer. Mon objectif est simple : décharger les foyers des courses que j'appelle "fond de placard" pour leur laisser le temps et le plaisir d'acheter leurs produits frais et autres. J'ai fait le tour des sites des majors de la distribution. Certes, des services de livraison sont proposés, mais ils ne sont pas adaptés. Je comprends bien que l'objectif premier reste de faire venir les clients pour qu'ils consomment. Pourtant, je suis convaincue que l'un n'empêche pas l'autre. Il suffit d'interroger les consommateurs pour le comprendre.
Ma question est la suivante : quelle place laissez vous à ce type d'initiative et quel est votre avis sur la question.
A titre d'exemple, si je souhaite être livrée par votre enseigne, celà m'en coûtera 18,90€. Dissuasif non ?
Que me proposez vous à la place ?
D'un point de vue idéologique, mon projet est viable, mais financièrement, vous savez mieux que moi que je suis coincée.
Que me proposez vous ?
Merci pour votre réponse
Rachel
Je ne vois pas comment ni pourquoi, avec de telles méthodes scandaleuses et inhumaines de management, vous seriez plus "humain" vis-à-vis des consommateurs.
Salutations
Je tire la sonnette d'alarme !!! Je suis agent de maitrise (39h/semaines normalement)dans votre enseigne et je déplore complètement le décalage entre ce qui se dit et la réalité par rapport aux conditions de travail dans vos enseignes, je pense qu'il faudrait que vous y soyez beaucoup plus regardant. Beaucoup d'adhérents ABUSENT, pour exemple un nombre considérables d'heures non payées non récupérées, RTT refusées, non payées, pression énorme pour toujours et encore faire du chiffre, fausse fiche horaires alors quand on entend TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER PLUS c'est complètement faux. Connaissez-vous le slogan qui dit :"CHEZ LECLERC TOUT EST MOINS CHER MEME LES SALAIRES".
Si je fais le calcul du nombre d'heure effectuées par rapport à ce que je gagne je suis au final tout juste au RMI....
Trouvez vous tout cela normal, c'est sur qu'on peut faire du 100% remboursé ou 50% en TEL dans ces conditions..... J'attend votre réponse Merci
les heures sup? recup plus tard!
les dimanches de noel? volontaire designée!
consideration? aucune!
salaire? minimun! pas d'anciennetée, pas de promotion, pas de formation, pas de temps complet!
pression? maximun!
Parents! ne laissez pas vos enfants travailler chez e. Leclerc