
Sur le site de Télérama, sous l’intitulé « J’aime pas les supermarchés », Martine Laval, critique littéraire, réagit a l’attribution du Prix Landerneau à Yasmine Char, « La main de Dieu » (Gallimard).
« Ce qui me chiffonne, c’est que ce prix est organisé par une chaîne de supermarchés rebaptisée Espaces culturels E. Leclerc…Là où l’affaire se corse, où tout cela se révèle pernicieux, très pernicieux, c’est que ce prix Landerneau…a été décerné à une romancière extra…».
Suit une série de questions sur le professionnalisme de nos libraires, le nombre de titres disponibles en fond de rayon, la présence de petits éditeurs, etc…
Eh oui, on en est encore là, dans le Landerneau culturel.
Ce qui me choque, ce n’est pas l’inculture (sic) de la blogueuse (au demeurant sympathique car elle a bon goût). Rien, comme elle le reconnaît ne l’empêche d’aller visiter, d’aller fureter dans nos Espaces Culturels et de se construire un avis objectif.
Ce qui me choque, c’est ce sectarisme revendiqué qui dénigre par avance, disqualifie une initiative sous prétexte qu’elle n’émane pas des « bons acteurs culturels », mais de ces barbares qui faisaient naguère profession de vendre des petits pois. Nous ne sommes pas du même monde, nous dit-on. Eh bien, figurez-vous, les lecteurs non plus, ceux qui fréquentent les milliers de supermarchés français et qui, malgré tout, contribuent à faire vivre auteurs, éditeurs, et tous les acteurs de la filière du livre.
Le propos n’est pas bien méchant. Il n’est pas sans humour, ni autodérision. Il prétend se démarquer d’une pensée élitiste. Et pourtant, il l’est. Il témoigne d’une ghettoïsation inconsciente de la culture.
Les libraires des Espaces Culturels E. Leclerc sont devenus de vrais professionnels du livre. Mais au-delà de ce résultat que je revendique, comment une amoureuse des livres peut-elle encore s’offusquer de ce que les lecteurs puissent en trouver partout, dans les librairies bien sûr, mais aussi dans les kiosques de gares, d’aéroports, et dans les supermarchés.
Tenez, je vous écris ce billet depuis Zurich. J’y suis en réunion avec les dirigeants des Coop Suisse. Ils n’ont pas de grandes librairies comme les nôtres.
Pourtant, sur la table, là, devant moi, c’est Yasmine Char qui fait la Une de leur consumer magazine tiré à 2 500 000 exemplaires. Oui, comme nous, comme nos libraires, ils ont eu un coup de cœur. Bien sûr, me direz-vous, cette jeune femme d’origine libanaise vit aujourd’hui en Suisse, il est normal qu’ils fassent la promotion d’une de leurs compatriotes. D’accord ! Mais c’est bien dans la rubrique littéraire que la chaîne de supermarchés Coop lui consacre une interview de 2 pages. Et avec la volonté d’attirer l’attention d’un large public sur ce livre.
Croyez-moi, Yasmine Char, elle, ne s’en plaindra pas, pas plus que son éditeur.
C’est à ça que sert une initiative comme le Prix Landerneau : un coup de projecteur, un coup de pouce pour un premier roman de qualité. Avec une audience que les seules critiques de Télérama ou du Magazine Littéraire n’atteindront pas. Moi, je n’oppose pas l’action de ces revues spécialisées à toute autre initiative qui permet aux auteurs d’accroître leur lectorat. Cette complémentarité est même souhaitable. Dans l’économie des produits culturels, c’est l’offre qui fait la demande. Plus il y aura d’offres de qualité, quel que soit le statut de l’émetteur, plus la diffusion du livre sera assurée.
13 Commentaires
Si telerama etait la culture cela se aurait, on peut se demander comment la presse de télé peut pretendre a la culture.
plus amusant
""Ce qui me chiffonne, c'est que ce prix est organisé par une chaîne de supermarchés rebaptisée Espaces culturels E. Leclerc.
Je ne connais pas Michel-Edouard Leclerc, mais je ne suis pas certaine que l'on partage les mêmes idées sur la culture (en général) et « sa distribution », autrement dit ce que l'on vend. ""
en fait ce qu'elle ne supporte pas c'est qu'on marche sur ses droits reservés de critique autoproclamée par l'ancieneté, si l'on suit son raisonnement les livres dont elle parle devrait alors etre donnés puisque la culture ne se vends pas.
MEL, pourquoi ne pas donner le lien vers le billet de M. Laval : http://www.telerama.fr/livre/j-aime-pas-les-supermarches,30821.php ?
Merci à Gilles pour le lien, qui permet de se forger une opinion à la lecture des deux billets.
Rien de neuf sous le soleil : en France, les épiciers doivent rester épiciers, et les vaches seront bien gardées.
Ce dogme français se traduit à de multiples niveaux et développe une image vieillote de notre économie, accumulant retards et archaïsmes sur de multiples marchés.
A contrario, quand ça fait les choux gras d'un opérateur "historique", ou en tous cas mandaté, pas de souci : notre pays propose depuis longtemps déjà le triple play et un débit internet exceptionnel.
Pourquoi donc sur la culture, les médicaments, et tout type de produit en général, serait-il impossible de concevoir que des hypermarchés feraient un travail tout à fait respectable ?
Pourquoi Carrefour serait responsable de tous les maux du petit commerce français tout en étant un des fleurons de notre économie et de la Bourse ?
Qui plus est, et cela transpire de Telerama, comme des commentaires des pharmaciens : l'amalgame avec la gondole de petits pois où on trouverait pêle mêle médicaments, alimentation et livres est une CARICATURE EHONTEE de la façon de travailler des nombreuses personnes travaillant en hyper.
Information, désinformation...
Merci pour l'illustration et le sujet, passionnant !
j'ai acheté du gaz clairgaz voila déjà 6 à 8 mois
j'ai l'impression que vos bouteilles durent moins longtemps que celle de ANTARGAZ
IL Y A T IL UN INDICE POUR LE GAZ COMME POUR L ESSENCE ?
SI OUI QUEL EST L INDICE DE VOTRE GAZ ? DE QUEL PAYS VIENT IL ?
J'AI RECU UN COURIER POUR ALLER CHERCHER UN CADEAU POUR L'ANNIVERSAIRE DE MA FILLE QUI A EUT 8 ANS, MALHEUREUSEMENT POUR ELLE, PERSONNE NE SAVAIS ME DIRE CE QUE C'ETAIT.
ON M'A PROPOSER DE TELEPHONER ULTERIEUREMENT.
BIEN SUR ON NE S'ATTEND PAS A RECEVOIRE UNE DS OU DU MAQUILLAGE MAIS BON JE SUIS TOUT DE MEME DECU POUR ELLE
MERCI
MEL c'est à l'amateur d'art et au mécène que je m'adresse en effet je viens de créer une association pour promouvoir des artistes amateurs et je compte réunir à Montpellier l'Europe entière et peut être découvrir de nouveaux talents, puis je compter sur votre aide?
Meilleurs sentiments.
Un ami voulait demander à son centre Leclerc de diffuser mon livre, premier roman. Il semble qu'il faille être référencé.
Comment faire, Cher MEL, pour aboutir à cela et faire connaitre mon bouquin dans vos espaces culturels ?
Cordialement,
Eric FONTANARAVA
Je voudrais faire part ici de mon expérience de petite éditrice en région.
Auto diffusée, j'ai souvent eu l'occasion de présenter mes livres dans les espaces culturels Leclerc. On ne me les a jamais refusés, ce qui m'est par contre arrivé plusieurs fois dans les "vraies" librairies. Au contraire, on m'y propose toujours la remise minimum et j'ai eu l'occasion d'y faire de nombreuses dédicaces avec mes auteurs.
J'ai également une formation en librairie, alors je crois savoir reconnaître un vrai libraire quand j'en vois un. Et j'en ai souvent trouvé dans ces espaces. D'ailleurs des gens avec qui j'ai été formée s'y retrouvent aussi. Alors bien sûr ils sont dirigés par des gens pour qui le livre n'est pas toujours une priorité et il leur faut parfois batailler un peu pour s'imposer. Mais ils trabaillent dans le domaine qu'ils aiment. Et dans bien des cas, c'est leur seule chance de travailler dans une librairie. Aujourd'hui je travaille avec autant de plaisir avec les librairies traditionnelles qu'avec les espaces culturels.
Une question me taraude souvent, si l'espace culturel doit palier à un manque en terme de librairies, pourquoi n'y en a-t-il aucun dans le sud-est de la France ?
Enfin, pour avoir croisé MEL tous les matins pendant plusieurs années, je dois dire que l'épicier est bien loin.
Francine BEAUVERGER
je partage totalement votre sentiment concernant cette blogueuse "sectariste". D'ailleurs s'agit-il seulement de sectarisme ? J'y vois peut être davantage la volonté de préserver tout autant l'image élitiste et bien-pensante des maisons d'édition traditionnelles, que les revenus qu'elles tirent de ce positionnement marketing, comme n'importe quel "fabriquant" de l'agro-alimentaire.
Bref.
Pour rester dans le sujet, je m'interrogeais : pensez-vous qu'il serait opportun et donc envisageable pour les centres que vous dirigez, de créer une maison d'édition ?
Après tout, ne lancez-vous pas des produits à votre marque ? Ne luttez-vous pas contre les abus de positions dominantes ("A quand les oranges en vente dans les pharmacies ?") ? Une certaine logique "jusqu'au boutiste" ne voudrait-elle pas que vous cherchiez à mettre en application dans les actes vos principes libertaires et que vous poursuiviez vos efforts en matière de diffusion de la culture ?
Je vous avoue que ma question n'est pas totalement innocente ; m'étant récemment décidé à écrire et doutant que les maisons sus-citées s'intéressent à mon talent supposé, j'ai imaginé que je ne risquais pas grand chose en vous posant la question.
Même si je suppute qu'en dépit de la louable intention mentionnée dans la charte de ce blog, je ne m'attende pas à une réponse de votre part. Je suppose que mon commentaire se perdra dans les méandres du monde numérique.
Re-bref.
J'en ai terminé avec mon long message.
Permettez-moi enfin de vous écrire que, sans vous connaître, je pressens que vous êtes un "type" bien. La formulation est audacieuse. Mais je suis certain que vous percevrez le respect qui accompagne cette marque de familiarité.
Bonne journée à vous.
Eric Eymard
C'est de l'autre côté de l'Atlantique que je vous écris, où l'on achète sans a priori des livres en supermarchés.
Auteur d'un premier roman, inconnue des cercles parisiens, j'ai du mal à promouvoir mon livre. Nul besoin de préciser que je serai plus que ravie de voir le "Journal d'une Jeune Fille Irlandaise" distribué par les Centres Leclerc.
Helene Elisabeth (de Washington DC)
Je souhaiterai vous faire parvenir un livre que notre maison d'édition vient de publier, non pas dans l'intention de vous convaincre de l'installer dans vos rayons mais simplement pour avoir votre avis sur ce livre : "L'or des talus" de JL Carrasco Peñafiel.
Si cela vous interesse, vous pouvez me contacter à l'adresse mail donnée plus haut.
Cordialement
Xavier
Est ce le meme? Logo COOP:
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