© "Les Mondes Manga" - Ed. EPA Hachette Livre - 2005
Absent, ce week-end, je répondrai aux commentaires dès lundi.
C’est une véritable invasion. 800 mangas parus, l’an dernier, dans l’hexagone. La France est devenue, pour la bande dessinée japonaise, le deuxième marché mondial. Avec un rythme de croissance extraordinaire.
« Manga » signifierait en japonais « image dérisoire ». Véritable phénomène culturel au Japon, ces BD, initialement publiées en noir et blanc (et aujourd’hui, de temps en temps, en couleur), sont éditées en format « poche ».
Caractéristiques : elles se lisent de droite à gauche. Chaque histoire est souvent racontée en plusieurs tomes. Certaines visent plutôt un public garçons-ados (les « schonen ») ; d’autres, les filles (les « shojo »).
Originalité : le trait du dessin est toujours très expressif et le rythme de la narration très lent. Dans la BD européenne francophone, comme dans les comics américains, les auteurs pratiquent une forme « d’ellipse » entre les cases. Et c’est le lecteur qui, s’investissant dans l’histoire, imagine les liens de causalité. Dans le manga, on a affaire à des successions d’images très détaillées, avec des mouvements souvent très décomposés.
La manga mania s’est répandue en France dans les années 80, grâce notamment à la diffusion TV de dessins animés japonais. Mais c’est la publication de
« Akira » de Katsuhiro Otomo, (Editions Glénat, 1999), qui a boosté l’intérêt des bédéphiles pour cette forme d’art graphique.
Le succès tient évidemment au prix peu élevé (5 à 10 €). Mais l’engouement vient surtout de l’adéquation des thèmes abordés avec le monde des jeux vidéo, des CD-Rom et des DVD. En grandissant (on pourrait dire « en vieillissant »), les fans ont tiré la demande vers des mangas encore plus graphiques, des mangas d’auteur, sacralisant quelques monstres sacrés : Jirô Taniguchi (
« Quartiers lointains », « Le journal de mon père »…), Hayao Miyazaki, Osamu Tezuka
(« Ayako »), Akira Toriyama
(« Dragon Ball »).
Dix éditeurs français en sont les promoteurs en France (Kana, Glénat, Pica, Delcourt, Tonkam, J’ai Lu, etc…). Kana, Glénat et Pica réalisent 80 % des ventes dans l’hexagone.
© "Les Mondes Manga" - Ed. EPA Hachette Livre - 2005
Comme
précédemment exprimé ici, je n’étais pas un fan des mangas : lecture a priori difficile, écriture trop lente à mon goût, complaisance dans des formes de violence provoquant irritation et fatigue, prétentions philosophiques conduisant à des morales plutôt fumeuses…
Et puis, j’ai eu la chance d’être guidé par quelques auteurs français. Baudoin, Baru, Boilet ont, dans leur propre œuvre, repris bien des codes du manga. Et l’appréciation de leur travail permet de faire le lien entre notre culture européenne et cet art japonais (encore que les auteurs de mangas n’hésitent pas à revendiquer l’apport formidable d’un Moebius et, plus méconnu, d’un Peellaert
(« Pravda »), dans les années 70).
Les équipes qui animent le secteur « livres » dans notre groupe ont reçu, ces derniers temps, trois ouvrages dont je recommande la lecture. Pédagogiques, d’un abord facile et sans prétentions, ils permettent à tout néophyte d’appréhender ce phénomène culturel.
Les Editions du Rocher publient « Manga : Soixante ans de bande dessinée japonaise », sous la signature de Paul Gravett. Ce journaliste (qui écrit pour « The Guardian », « Neuvième Art » ou « Comics International ») a dirigé de nombreuses expositions concernant la bande dessinée (dont au Musée de la bande dessinée d’Angoulême). Richement illustré, poursuivant une démarche historique, son livre offre une superbe introduction à l’univers graphique japonais.
Le photographe et réalisateur Hervé Martin Delpierre et le journaliste Jérôme Schmidt publient, chez EpA, « Les Mondes Manga ». Ici, la démarche est plus analytique. Elle fait la part belle à quelques grands auteurs. Intérêt : les œuvres sont présentées dans leur contexte sociologique. On passe de la photographie d’un mode de vie à sa représentation manga. Livre très important si l’on veut comprendre la raison pour laquelle cent millions de Japonais achètent plus
d’un milliard de mangas par an.
Enfin, Fabien Tillon (critique de BoDoï et de Phosphore) publie, chez Nouveau Monde, un petit opuscule fort intelligemment réalisé, « Les mangas ». Pour 3 € (voilà qui respecte l’éthique manga ! ! !) et le temps de traverser Paris en métro (ou la rade de Brest en bateau !), vous ne passerez plus pour un ignare lors du prochain festival de BD que vous ne manquerez pas de fréquenter.
Au fait, Quai des Bulles à Saint-Malo (je n’y serai malheureusement pas), c’est du 28 au 30 octobre.
26 Commentaires
Que s'est-il vraiment passé le 22 novembre 1963 ? Lisez le témoignage de Jack Frost...
Faites passer le message, c'est urgent !
Merci.
Et Bravo pour la qualité de votre site.
(Nooooooon je ne vous demande pas votre avis sur ce dernier... non, non...;-)
A.
« complaisance dans des formes de violence provoquant irritation et fatigue, prétentions philosophiques conduisant à des morales plutôt fumeuses… »
C'est ce que je retiens de votre billet, rapporté non pas aux BD mais aux dessins animés que certaines télévisions passent presque en boucle à destination des enfants.
J'ai un petit garçon qui va faire quatre ans le mois prochain, et il devient difficile (du moins en Italie, mais je pense que ce doit être pareil en France, vu les chiffres que vous annoncez pour l'édition) de lui faire voir des dessins animés qui ne soient pas violents, voire déments, truffés de monstres plus horribles les uns que les autres et proposant toujours une allégorie outrancière du manichéisme entre le bien et le mal, les bons et les méchants, j'en passe et des meilleurs.
Une chose qui me frappe dans ces dessins animés, à 90% japonais, c'est le caractère très occidentalisé des personnages, et je me demande si les japonais voient les mêmes chez eux ou s'il s'agit de versions plutôt destinées à l'exportation.
Jean-Marie Le Ray
Bayard
* Ou vous êtes né dedans et le manga est une évidence
* Ou vous êtes un peu plus agé, amateur de BD franco-belge-canal-historique et le genre souffre d'une très mauvaise image.
J'étais plutôt de la seconde catégorie. Quand je me suis remis sérieusement à la BD il y a 3-4 ans, j'ai du un peu me faire violence pour découvrir le manga. Et je ne le regrette pas. J'ai découvert des BD d'une richesse et d'une qualité extraordinaires. Cela ne veut pas dire que j'aime tout, le manga est un art industriel qui doit être abordé comme le cinéma américain. Il produit des oeuvres médiocre en quantité industrielles mais aussi des chefs d'oeuvres. Le tout est de trouver ces oeuvres et d'apprendre à les apprécier.
Pour une première approche très agréable pour l'amateur de franco-belge qui veut tenter la découverte, le livre "les mondes mangas" est un très bon choix. On y acquiert ses premiers repères.
A bientôt.
GROSJEAN
Les valeurs culturelles associées ne sont pas forcement les meilleures, mais les mangas offrent une ouverture culturelle sur un autre monde qui est un véritable bénéfice pour notre jeunesse.
Il existe d'autres sources et formes de contenu graphique susceptibles de passionner la jeunesse,
j'espère que vous réitèrerez cette démarche d'ouverture, il serait dommage de se cantonner aux produits trop bien marketés.
Votre marque s'est construite sur la différentiation et l'innovation, j'espère que vous cultivez ces valeurs avec l'équipe livre.
Encore une erreur. Les animés japonais ne sont pas des dessins animés pour enfants, sauf spécifications. Le "dessin animé" est au Japon, considéré comme un art à part entière (comme le cinéma).
Le Club Dorothée avait commis l'erreur de faire passer les animés japonais, à la base réservé à un public adulte et n'ayant pas les mêmes références culturelles que le public français, pour des dessins animés pour enfants. Il serait peut-être temps d'arrêter la confusion.
Il existe des animés et des mangas pour enfants, par exemple "Unico, la petite licorne", "Princesse Saphir"...etc.
@MEL
Quelques auteurs français se sont lancés dans le "manga". Pouvez-vous nous en parler ?
« Il serait peut-être temps d'arrêter la confusion. »
Moi j'aimerais bien, j'aimerais beaucoup ça, même, mais ce sont les télés qui diffusent ça qui font la confusion. Je sais, si on veut pas regarder une émission, il suffit d'éteindre ou de zapper.
Pourtant avec les gosses, c'est pas toujours évident, la plupart du temps on passe à autre chose, mais comme souvent avec les règles, il y a toujours les exceptions corollaires...
Jean-Marie Le Ray
Vous avez raison. La démarche de mon enseigne se veut plus universelle. Pas question de se cantonner à des produits « pré-vendus » par le marketing.
Cette note, vous l’avez bien compris, n’est qu’un clin d’œil, une réaction, un élément d’information. Sur ce blog personnel, je réagis par « petites touches » en fonction d’opportunités ou de centres d’intérêt très divers. Et surtout avec une liberté (selon les thèmes) qui n’a rien à voir avec l’illustration d’une stratégie commerciale.
Bien vu : on adhère tout de suite à l’écriture manga, ou alors ça prend vraiment du temps. C’est mon cas.
Je suis convaincu qu’il s’agit d’un immense phénomène culturel ! Mais j’ai du mal à y reconnaître le bon grain de l’ivraie.
La violence, l’écriture scatologique, la noirceur…ne sont pas des traits caractéristiques propres à la culture japonaise. Tarantino aux USA et tous les auteurs anglo-saxons des films gore…cultivent ce genre d’excès.
En fait, il y a toujours eu des productions culturelles « violentes ». Ce qui m’impressionne aujourd’hui, c’est l’incapacité de nos artistes (ou la difficulté) de valoriser son antidote. Paradoxalement, on parle de retour aux valeurs essentielles. Mais la peinture comme l’écriture (Houellebecq ! ! !) ou le théâtre (les simagrées d’Avignon, cet été) semblent incapables d’illustrer « le beau, le bon, la paix » ! Comme si ces valeurs ne pouvaient être accessibles qu’après une cure indigeste de gore et de glauque.
Oui, au Japon, les spectateurs voient les mêmes « animés » qu’en Europe. Et donc le problème de la violence se pose dans les mêmes termes sur tous les continents, surtout quand il s’agit des productions destinées à la jeunesse. Il faut savoir faire le tri, la protéger de l’excès.
Mais attention : n’oubliez pas, il n’y avait rien de plus violent « de notre temps » que les contes de Charles Perrault : les femmes décapitées par Barbe Bleue, la grand-mère du petit chaperon rouge mangée par le loup … Et si le monde de la petite enfance est peuplé d’innombrables fées et princes charmants, il est aussi hanté par toutes sortes d’horribles sorcières, les plus épouvantables, qu’on exorcise, par exemple aujourd’hui, à l’occasion d’Halloween ! ! !
J’ai lu le dernier Astérix. Je ne l’ai pas lu avec un regard conformiste. Et j’ai bien compris que notre ami Uderzo voulait prouver qu’à son âge, et après un aussi fantastique succès, il savait innover. Toutes choses qui nous le rendent sympathique.
Mais le résultat, hélas, est navrant. Heureusement, il nous reste la lecture de tous les tomes précédents. Et dans ce gisement, il y a de formidables petits coins de paradis.
Je vous remercie pour les réponses que vous avez données à mes différents messages, même si, infortunément, celui qui me tient le plus à coeur reste encore sans réponse...
Jean-Marie Le Ray
Ne sachant ou mettre ce message je le poste içi.. Ce matin en allant faire mes courses dans le cetre d'Arès 33740 surprise pulls avec fourrure col et poignet????
Fourrure venant d'où???A l'heure ou l'Afipa lutte vous qui vous pronez respectueux de tout..Là il me semble que vous avez double casquette???
On ne peut se dire respectueux de la nature et faire de l'argent avec je ne sais quelle fourrure..Venant de n'impote où..
Dans tous les cas vendre de la fourrure est indigne d'un étre humain, et encore plus de vous qui induisez les gens en erreur..
Il faut aller au bout de ses convictions...et assumer ses choix..
Vous aurez certainement une bonne réponse a donner (ou pas de réponse du tout)
sandrine meynard
A noter en édition épuisée chez Caterman l'excellent livre de Groensteen sur les mangas.
Plus d'autres magazines disparus parfois depuis...
19 éditeurs de mangas cette année ou presque, ce n'est plus un phénomène, c'est un secteur !
Je vous confirme que la centrale nationale de référencement des centres E.Leclerc ne propose à ses magasins aucun produit textile comportant de la fourrure véritable.
Par ailleurs, aucune opération régionale ou locale n’a fait la promotion de vêtements comportant de la fourrure d’origine animale importée de Chine.
Interessant article, je suis heureux de savoir que vous ayez pu vous intéresser de plus prêt à cet extraordinnaire média, malgré des apprioris semble-t-il négatifs.
je cherche un mangas c'est un garcon qui se bat il porte des gans rouge une casquette rouge c'est tout se que je me souvient si vous pouvaiemt maider pour les titre je vous remercie