Dans les coulisses de l'atelier d'Ernest Pignon-Ernest

Entrez avec moi dans l'atelier d'Ernest Pignon-Ernest. C'est lui qui sera à l'affiche cet été, à Landerneau, dans notre fondation.

Outre l'affection que nous partageons l'un pour l'autre, nos parcours respectifs n'ont cessé de se croiser. Oserais-je rappeler cette anecdote ? Nos deux noms, sans être vraiment des pseudos, sont de pures compositions avec celui de notre état civil.

Lui, pour se différencier d'un autre Pignon, prénom "Edouard", a ajouté un deuxième Ernest. Juste pour insister ! ??

Moi, quand quelques méchantes langues voulaient me dissocier de mon père, j'ai au contraire ajouté un "Edouard" pour me lover dans la continuité familiale. (ça fera toujours jaser les psys !!?).

Un peu comme Gérard Fromanger, qui a inauguré les expositions du Fonds Leclerc, Ernest est entré dans ma vie dès la fin des années 70, avec la figure de Rimbaud.

Les happenings, les installations de ce pionnier de l'art urbain, revendiquent volontiers la paternité ou l'influence intellectuelle de ses figures d'artistes célèbres : écrivains (Neruda), cinéastes (Pasolini), etc.

Aussi, à Landerneau, on découvrira derrière sa formidable capacité de "mise en scène", les talents d'un artiste qui ne revendique aucune rupture avec le passé, mais au contraire en magnifie les plus belles oeuvres (littérature, peinture, sculpture) comment autant d'étendards pour un ultime espoir.

Peut-être, ceux de ma génération, au détour d'une rue de Naples, de Soweto ou même de Montauban se rappelleront ces figures "derrière la vitre", sur les murs, dans les ruines après les combats, ou même à la prison Saint-Paul (à Lyon).

Ernest fait volontairement des oeuvres éphémères, altérables, et définitivement se fiche du marché ou des côtes. Il est un amoureux passionné du dessin, qu'on dit classique, tant ses traits sont juste beaux, magnifiques, profonds, amples...

Alors, ceux qui, galeristes ou critiques d'art, n'auraient pas su reconnaitre son talent "à temps", ceux qui l'ont ironiquement raillé quand il est rentré à l'Académie, devront reconnaitre, après les milliers de visiteurs du Palais des Papes, le talent... et l'engagement indéfectible de cet immense artiste pour la culture... et aussi la liberté, tant il fut et reste en complète proximité avec ceux qui luttent toujours contre les oppressions politiques, raciales et sociales.

On le fêtera au Fonds Leclerc pour la Culture à partir du 12 juin.