Hommage à André Juillard
André Juillard, l'élégant dessinateur des "Sept Vies de l'Épervier" et de "Masque Rouge" nous a quitté.
Pour épancher notre tristesse, nous nous enthousiasmerons sur l'idée de retrouver, en librairie, à Noël, sa dernière reprise de "Blake et Mortimer", avec "Signé Olrik" (Dargaud Editeur).
Pour moi, André n'était pas seulement l'un des plus grands auteurs français de BD, meilleur album à Angoulême en 1995 avec son "Cahier Bleu". Il était un ami discret, pudique, fédérateur avec Anne, son épouse, d'une belle équipe de deux générations de copains scénaristes ou dessinateurs. Mes plus jeunes abonnés ici doivent connaitre Moebius, Mezières, Druillet...
Lorsqu'au milieu des années 90, à la demande insistante du maire d'Angoulême, j'obtenais des adhérents E.Leclerc de pouvoir sauver financièrement le festival, je n'imaginais pas que le monde du IXe Art pouvait être aussi divisé et parfois soumis aux tensions de petites coteries baignées d'idéologies à deux "bulles".
J'eus le droit, dès la première AG, aux interpellations d'un Professeur Choron éméché et quelques autres anticapitalistes. 😉 André Juillard m'a mis la main sur l'épaule et crédité de son merveilleux sourire légendaire.
Chaque année, j'ai eu le droit de partager quelques festivités oenologiques (j'ai participé à l'appro 😂), avec le majestueux Philippe Druillet et les jeunots d'alors, François Avril, Jacques de Loustal, Régis Loisel et quelques autres dont l'amitié fut des plus rassurantes.
C'est aussi André Juillard qui m'a convaincu de constituer un fonds, une collection de planches, alors que les politiques publiques d'acquisition (musées, FRAC) ne s'intéressaient pas à la bande dessinée. Il m'a fait rencontrer des galeristes passionnés comme Christian Desbois, Daniel Maghen, Jean-Baptiste Barbier, Bernard Mahé et toute la bande des "petits papiers".
Il aimait la Bretagne, son Perros-Guirec. Avec d'autres dessinateurs de l'ouest comme Jean-Charles Kraehn, Laurent Vicomte ou Franck Le Gall, il défendait une bande dessinée populaire, ne sacrifiant ni le récit (avec notamment Patrick Cothias, Yves Sente), ni une esthétique réaliste, soignée... et soucieuse de plaire à un large public.
Un grand artiste, un pédagogue, un promoteur du dessin et des arts, un vrai humaniste ! J'aimais bien cet homme-là.
3 Commentaires
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Oui une exposition rétrospective a Landerneau serait un hommage mérité.
En attendant jusqu'au 22 septembre il y a une exposition d'une partie de ses œuvres moins connues pour certaines depuis le 11 juillet a la chapelle des Paulines a Treguier. Je vais essayer de m'y rendre mais depuis le désert du Sonora ce n'est pas évident.
Y a t'il même un catalogue?